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L’AS Nancy Lorraine ne pique plus

Par Alexandre Plumey
L’AS Nancy Lorraine ne pique plus

Ce lundi, à l'occasion de la 31e journée de Ligue 2, l’AS Nancy-Lorraine reçoit l’AC Ajaccio dans un match qui ressemble déjà à celui de la dernière chance pour les hommes d'Albert Cartier. Avec huit points de retard sur le barragiste Quevilly-Rouen, il faudrait un miracle pour que l'ASNL ne sombre pas en National. Récit d'une descente aux enfers.

Un soir d’avril 2019, l’AS Nancy-Lorraine et l’AC Ajaccio – qui s’affrontent ce lundi soir en clôture de la 31e journée de Ligue 2 – croisaient le fer pour ne pas descendre. À l’époque, les Nancéiens l’avaient emporté (1-0) grâce à un but tardif de Laurent Abergel avant d’assurer leur maintien plus aisément que leurs homologues insulaires. Sauf que depuis, les Corses sont devenus prétendants à la montée. De son côté, Nancy, lanterne rouge de Ligue 2 (avec 23 points en 30 matchs), file tout droit vers le National. Sans montrer, cette fois, la moindre faculté à s’extirper de la zone rouge après Noël comme ce fut le cas chaque saison depuis 2017, année de la descente dans l’antichambre de l’élite.

Après avoir pourtant terminé huitième l’an dernier, son meilleur classement sur la période, l’ASNL a commencé à voir les nuages arriver en masse. Il y a un an, l’entraîneur Jean-Louis Garcia avait d’ores et déjà fait le choix de ne pas prolonger son contrat. Une bonne nouvelle pour le nouveau président de Nancy, Gauthier Ganaye, qui n’avait nullement l’intention de lui proposer. « Il ne répondait pas aux critères du projet que je souhaitais installer, rembobine le successeur de Jacques Rousselot. J’ai eu la naïveté de penser que l’on pouvait répliquer le précédent succès de Daniel Stendel à Barnsley (autre propriété du groupe montée en deuxième division anglaise en 2019). » Car oui, en cet hiver 2020, la trêve des confiseurs a plutôt été celle des banquiers avec le rachat de l’ASNL par New City Capital, consortium d’investisseurs sino-américains passés par l’OGC Nice (2016-2019). Deux ans plus tard, le résultat n’est pas au rendez-vous.

Les Anglais respectent l’autorité. Ici, ils se plaignaient de séances trop longues, trop dures, alors qu’avec Albert aujourd’hui, ils acceptent.

« J’ai sous-estimé la différence culturelle »

Après l’instauration d’un gegenpressing (en théorie, « contre-pressing » à la Klopp) aussi inefficace à vue d’œil qu’incompris par les joueurs, quatre points en dix rencontres et un limogeage express du tacticien allemand, l’heure était au changement avant même octobre. Benoît Pedretti passe de la réserve aux pros avant d’être remplacé par Albert Cartier début 2022. « J’ai sous-estimé la différence culturelle entre les joueurs anglais et les Français. Les Anglais respectent l’autorité de Stendel. Ici, ils se plaignaient de séances trop longues, trop dures, alors qu’avec Albert aujourd’hui, ils acceptent », note l’ex-bras droit de Gervais Martel au RC Lens. Ce dernier fut d’ailleurs un allié de poids pour vanter les compétences de son protégé auprès de son ami Jacques Rousselot.

Le premier exercice sans « JR » aux manettes commençait déjà mal. Et pas uniquement, car seuls douze joueurs composaient l’effectif à la reprise en juin. « Comme si rien n’avait été anticipé », note un membre du précédent staff. Après 27 ans de présidence, une Coupe de la Ligue, deux titres de champion de Ligue 2, deux épopées européennes, Jacques Rousselot avait enfin réussi à vendre. Démarche entreprise depuis plusieurs années à force d’assumer seul les pertes financières devant la DNCG. « Il a vendu pour ne plus perdre d’argent. Il était épuisé psychologiquement de présenter la situation à des gens pas intéressés par le foot, souffle un proche de l’ancien patron. Sur la vingtaine d’offres reçues, c’est la moins farfelue. »

Quand le boss est loin, comme dans chaque entreprise, le comportement n’est pas le même.

Celle-là se soldera par un chèque d’une dizaine de millions d’euros, dont trois pour éponger les dettes. Et un départ, sans tambour ni trompette, lors d’une saison à huis clos. Puis des regrets au regard de la situation sportive et administrative, à croire un intime : « Il est tracassé, il a le sentiment d’avoir trahi en vendant. Le monde du foot lui manque, sauf que ce n’est plus tout à fait le même… » Fini ces présidents paternalistes, capables d’entrer dans le vestiaire si besoin. « Il était proche de nous. Quand ça n’allait pas, il aimait dire :« Je crois en vous, n’écoutez pas ce qui se dit autour », rappelle Michaël Chrétien, défenseur latéral (2002-2011 et 2015-2018). C’est ce qui manque au club. Dans les bureaux et dans le vestiaire. Quand le boss est loin, comme dans chaque entreprise, le comportement n’est pas le même. »

C’est donc ça, « un dirigeant du XXIe siècle » ?

Gauthier Ganaye n’habite pas Nancy, mais le nord de la France. Le trentenaire partage son emploi du temps avec la présidence d’Ostende en Belgique. « La saison passée, les résultats étaient bons, donc ce fonctionnement, connu dès le début, ne posait pas question, répond-il au sujet de son absence au quotidien. Ma venue au stade créerait-elle un climat sain, propice à la performance, alors que le maintien est encore atteignable ? » Dès l’audit réalisé à son arrivée, le nouvel homme fort à distance pensait compter sur les trois (plus que deux désormais) directeurs généraux et une bonne connexion wifi pour enchaîner les visioconférences afin de fixer le cap. Mais le Nordiste a surtout constaté « une certaine inertie, comme chaque club annoncé en vente. Sauf qu’on n’allait pas ajouter des salariés alors qu’il y avait déjà un déficit d’exploitation ». Ses rares collaborateurs directs au club assurent qu’il « est à la tâche avec les outils d’un dirigeant du XXIe siècle ». Les autres attendent des réponses à leurs mails.

Comment présenter un projet à des futurs sponsors ? Même nous, on ne le connaît pas à court, moyen et long terme.

Alors que le tableau sportif tend plus vers un blanc très pale qu’un rouge vif, l’administratif n’est pas plus reluisant. Certains salariés se sentent « livrés à eux-mêmes. Comment présenter un projet à des futurs sponsors ? Même nous, on ne le connaît pas à court, moyen et long terme. » Un autre du centre d’entraînement se demande « ce qu’ils sont venus faire ici. C’est comme si tu achetais une maison et que tu la laissais tomber en ruine sans investir ». Tandis que six mois après leur arrivée, les nouveaux investisseurs qui investissent déjà peu décidaient d’inscrire l’équipe féminine en Régional 1 plutôt qu’en D2 pour des raisons économiques. Un mois plus tard, afin de renflouer les caisses, le président bicéphale vendait Mickaël Biron au grand frère d’Ostende avant de se le faire prêter dans la foulée.

« L’ASNL était plus près de la mort à notre arrivée »

Cette situation économique a poussé la métropole du Grand-Nancy à étaler le paiement du loyer du stade, alors qu’en parallèle, le groupe vient d’investir dans le club de Kaiserslauten. Se pose ainsi la question de la suite en cas de descente : « Les actionnaires ne se déroberont pas. Nous avons acheté le club lorsqu’il était 17e de L2, donc le risque existait déjà. L’ASNL était plus près de la mort à notre arrivée qu’aujourd’hui », juge Gauthier Ganaye. Une analyse non partagée par Pablo Correa, coach historique (2002-2011 et 2013-2017). « La situation appartient aux gens en place. Je ne dis pas ça car je fais partie du passé récent de l’ASNL. S’ils étaient premiers, est-ce qu’on dirait que c’est l’héritage de celui d’avant ? Non, on dirait que les repreneurs ont réussi et que c’est grâce à eux. À Toulouse, personne ne parle d’Olivier Sadran. »

S’ils étaient premiers, est-ce qu’on dirait que c’est l’héritage de celui d’avant ? Non, on dirait que les repreneurs ont réussi et que c’est grâce à eux. À Toulouse, personne ne parle d’Olivier Sadran.

L’homme aux pleins pouvoirs sous Jacques Rousselot « assume ses erreurs » et appelle « ceux en poste à faire pareil. Même ceux que j’ai mis en place… à tort. Mais ça, on ne le sait qu’après ». Ces mauvais choix sportifs des ancienne et nouvelle directions se traduisent sur le terrain, puis au classement et dans les finances. Une cellule de recrutement « si complexe à cerner que des agents rechignent à faire des deals avec, poursuit l’un d’eux. Sergei Chernik, Patrik Eler, personne n’en voulait. Eler ,’a été recruté que sur vidéos et qualifié de « coup de poker » en réunion. » De son côté, Éric Martin a réussi son propre transfert. Désormais à la retraite, l’ancien responsable du recrutement s’est vu confier des missions de scoutingen Afrique pour… New City Capital. Même flottement au centre de formation où il est demandé aux entraîneurs de solliciter leurs confrères en clubs pros au sujet des éléments non gardés le 30 avril. « C’est la première fois que Nancy travaille ainsi. Les réunions de projection n’ont jamais été aussi courtes et tardives dans la saison », appuie un habitué de ces sessions. Un chardon qui ne pique plus beaucoup chez les professionnels donc. Encore pire, il dépérit. Sans avoir la certitude que les racines soient encore en vie.

Par Alexandre Plumey

Tous propos recueillis par AP.

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