Lucas d’école

Un coup de rein chirurgical et un pied droit (parfois) capable des plus belles merveilles. Ce samedi, le dernier rempart des Terriers Ben Hamer a dû regretter d’avoir croisé la route de Lucas Moura. Si Fernando Llorente a fait son match, que les trois poumons de Moussa Sissoko ont encore une fois été vus à l’œuvre et que le terrible Heung-min Son a pointé le bout de son nez en fin de partie, entre autres, c’est bien le Brésilien qui a causé le plus de misères à celui qui a récemment piqué la place de Jonas Lössl dans les bois d’Huddersfield. Le show a commencé après l’ouverture du score signé Victor Wanyama (24^e), avec un appel vers l’extérieur suivi d’une frappe pure en première intention direction le petit filet opposé (27^e). Il a fallu attendre la fin du deuxième acte pour assister au grand finish, avec un enchaînement dans la surface et une frappe vicieuse en déséquilibre (87^e) puis la lucarne trouvée de près dans la même position qu’en première période (93^e). Bref, c’était son moment, et même Lucas Junior a pu en profiter.

How special is this! Lucas Moura scores a hat-trick against Huddersfield and wants to celebrate with those closest to him ❤️ pic.twitter.com/yVpSGzjyGv

— Soccer AM (@SoccerAM) 13 avril 2019

Jour de premières

Avec ce coup du chapeau, en plus d’accrocher sa formation au podium en redoublant Chelsea (une unité d’écart à nombre de matchs égal), le plus beau sourire de Premier League a fait d’une pierre deux coups. D’abord, c’était la première fois qu’il frappait à trois reprises sur une seule partie depuis son arrivée sur le Vieux Continent en 2013, son dernier exploit du genre remontant à un déplacement à Recife avec Santos (2-4) en Serie A brésilienne il y a plus de six ans et demi. De plus, il s’inscrit dans le même temps sur les tablettes des Spurs en devenant le premier bonhomme à planter un triplé au cœur du nouvel écrin flambant neuf, le « Tottenham Hotspur Stadium » .

Le BFF de Marquinhos a le vent en poupe, puisqu’en ce moment, il revient très très fort. Il y a deux semaines à Anfield, l’ancien Parisien avait fait espérer les siens en égalisant à 20 minutes du terme dans un choc crucial, n’empêchant malheureusement pas un revers au bout (2-1). En milieu de semaine en quart aller de C1 face à Manchester City, son entrée pleine d’envie avant l’heure de jeu à la place d’Harry Kane (blessé) avait été largement bénéfique, et avait sans doute fait réfléchir Mauricio Pochettino quant à son choix de ne pas aligner sa flèche auriverde d’entrée. De quoi revenir au premier plan pour un joueur qui, après une grosse entame d’exercice 2018-2019, a connu une blessure au genou (début janvier), quelques bancs secs et une petite disette en attaquant la nouvelle année.

Seleção, entends-tu ?

Avec sa prestation de ce week-end, le beau Lucas facture désormais dix pions en championnat depuis août, et ce n’est pas rien pour un garçon qui avait quitté la capitale française dans la déprime et qui n’avait trouvé la faille qu’à l’occasion d’un obscur match de FA Cup sur la pelouse de Rochdale lors de ses six premiers outre-Manche. Planté parmi les hommes comptant le plus d’apparitions cette saison dans l’effectif de Tottenham malgré un statut qui n’est pas celui d’un titulaire indiscutable, l’auteur du « Champion mon frère » répond présent, y compris en matière de statistiques, même s’il reste derrière les machines Kane et HMS à ce niveau-là.

Au vu des pépins de l’avant-centre anglais (blessure aux ligaments et peut-être fin de saison) et de Dele Alli (fracture de la main et incertitude pour la manche retour contre City), Moura va avoir la place pour continuer son œuvre, alors que l’on entre dans les matchs les plus excitants. Et également envisager un autre objectif : rappelé en Seleção en octobre pour une mi-temps jouée face à l’Arabie saoudite (après plus de deux ans de traversée du désert), mais plus convoqué depuis, le joueur aux 35 capes a certainement dans un coin de la tête la Copa América qui se tiendra en mai prochain aux USA. Si Tite est prêt à les entendre, l’ailier a quelques arguments à faire valoir.