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Florian Kohfeldt, le Werder supérieur

Par Julien Duez.
Florian Kohfeldt, le Werder supérieur

À 36 ans, Florian Kohfeldt compte parmi les révélations de Bundesliga cette saison. Piètre gardien de but, mais véritable clubman, l’entraîneur du Werder Brême s’apprête à affronter le Bayern pour la deuxième fois en moins d’une semaine. Cette fois-ci en demi-finale de Pokal et avec l’espoir de rapprocher un peu plus son équipe d’un retour sur la scène européenne, dix ans après sa dernière apparition.

C’est un fantasme que certains ont pu avoir étant enfant : être au stade et voir son équipe se ramasser. À ce moment-là, l’entraîneur décide de faire entrer un spectateur sur le terrain à la place d’un joueur, pour leur donner une leçon d’humilité. Ce spectateur c’est nous, on marque alors un but salvateur et on passe du statut de supporter anonyme à celui de héros de tout un club. Cette histoire, c’est un peu celle de Florian Kohfeldt, bien qu’elle ne se soit pas exactement écrite de cette manière. Lorsqu’il a neuf ans, le gamin de Siegen, petit bourg de Rhénanie, intègre l’équipe C du Werder Brême, l’équipe de son cœur. Il est gardien de but, mais sa carrière tourne court. « J’ai longtemps travaillé pour être professionnel, mais ça n’a finalement pas marché parce que je n’étais pas assez bon. Je ne peux pas me cacher derrière l’excuse de la blessure. »

Un coup dur rapidement balayé d’un revers de la main. Kohfeldt se concentre plutôt sur les études et obtient un diplôme en sciences du sport et de la santé. En parallèle, il commence à entraîner les jeunes du Werder. Sa revanche sur le monde du football peut commencer. Promu successivement adjoint de Viktor Skripnik, puis entraîneur de la réserve en D3, le voici aujourd’hui, à 36 ans, à la tête de l’équipe première et sur le point d’affronter le Bayern en demi-finale de Pokal.

Jamais deux sans trois

Le Bayern, ou le caillou dans la chaussure par excellence du Werder cette saison. Battu lors de la phase aller à domicile (1-2), le club de la Hanse s’est repris les pieds dans le tapis à Munich (1-0) le week-end dernier. La première défaite des hommes de Florian Kohfeldt en 2019, venue stopper net une série de douze matchs sans perdre et de… 29 en ayant inscrit au moins un but (soit autant que le nombre de journées disputées en championnat, un cas unique cette saison en Bundesliga). Ce mercredi, les Brêmois auront droit à une troisième chance pour se rattraper et pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit de la dernière marche avant d’accéder à la finale de la Coupe d’Allemagne. Une opportunité que le Werder se doit de saisir à pleines mains s’il veut retrouver l’Europe la saison prochaine, après dix ans d’absence.

Comme le Stade rennais en France, les Vert et Blanc, englués dans le ventre mou de Bundesliga, n’ont que peu de chances d’accéder à la scène continentale par la voie du championnat. Pour mettre fin à la traversée du désert, il faudra donc sortir un exploit face au Rekordmeister, actuellement en pleine bourre (dix matchs sans défaite en Bundesliga). Pas de quoi inquiéter Kohfeldt, optimiste de nature : « Je crois que ce qui est déterminant dans le sport,[…]c’est de travailler ces petits détails qui font que les choses changent. Quand je me déplace face au Bayern, c’est pour y gagner. Sinon, je n’aurais plus qu’à laisser tomber. »

Pas là pour être un pote

Malgré son jeune âge et son absence d’expérience au plus haut niveau, Florian Kohfeldt, arrivé sur le banc du Werder en octobre 2017, compte parmi les révélations de Bundesliga cette saison. Et pour cause, depuis 2006, la carrière du blondinet ne s’écrit qu’en lettres vertes et blanches. Troisième entraîneur de suite à être issu de la réserve, Kohfeldt sait qu’il doit beaucoup de sa réussite à ses 75 matchs disputés avec l’équipe B, dont il a assuré le maintien en D3 quelques mois avant de remplacer Alexander Nouri sur le banc de l’équipe première. Une jolie consécration pour ce jeune père de famille qui se rappelle volontiers des balades à vélo avec sa femme sur les bords de la Weser : « Je jetais un coup d’œil au stade et je me disais : « Bon sang, ce serait quand même fou de pouvoir y être ! » »

Aujourd’hui, le Weserstadion est son jardin et un chaudron qui bouillonne à chaque rencontre de son équipe, laquelle compte parmi les plus âgées de Bundesliga, avec 26 ans de moyenne d’âge. Ce qui n’empêche pas Kohfeldt de faire confiance à de jeunes talents, comme les frères Johannes et Maximilian Eggestein, Milos Veljković ou Josh Sargent. Et pour maintenir l’harmonie avec les anciens, rien de mieux que de jouer sur la hiérarchie qui maintient le groupe naturellement en place. « Chez moi, les cinq plus jeunes rangent le matériel après l’entraînement et les cinq plus vieux peuvent s’en aller.[…]Cela instaure un climat de respect. L’important, c’est que les gars sachent que je suis derrière eux à tout moment. » Derrière eux, mais dans les limites imposées par la relation entre un entraîneur et ses joueurs. Cela, Florian Kohfeldt en a fait une maxime de vie : « Je fais en sorte d’établir une relation personnelle avec eux, car j’ai affaire à eux au quotidien. Mais cela ne doit pas être mal interprété. Aucun des gars du vestiaire n’est mon pote. »

Réalisme et justice

Pour l’instant, la mayonnaise prend, et la complicité avec Frank Baumann, directeur-général du Werder et qui l’a propulsé à la tête de l’équipe première, est bien présente. « Je crois qu’au Werder, on dégage plus de temps pour atteindre le succès. Ce qui ne signifie pas que l’on travaille sans regarder les résultats. Ici aussi cela devient agité lorsque l’on perd quatre fois d’affilée. » S’il n’en est pas encore arrivé là, Florian Kohfeldt ne se voit pas pour autant vivre la même destinée qu’Otto Rehaggel et Thomas Schaaf, restés tous deux quatorze ans aux manettes du club. « La surveillance derrière ce boulot s’est renforcée avec les années. Le monde tranquille du Werder de jadis n’est plus. Ici, on a deux sites Internet pour lesquels travaillent 40 personnes en permanence. Ajoutez à cela tous les gros médias. Vu la situation, je suis sceptique quant à l’idée de rester quatorze ans » , explique-t-il.

Alors en attendant de voir s’il parvient à ramener le Werder en Europe, Kohfeldt, dont le contrat court jusqu’en 2021, continue de bosser à sa manière et selon ses valeurs. Dans la Hanse, l’enthousiasme qu’il suscite n’a d’égal que son importance dans la réussite de ses joueurs. Comme pour lui rappeler subtilement de maîtriser ses nerfs, lui qui, dans sa jeunesse, n’avait pas hésité à se barrer en plein match ou à quitter l’école pendant une partie de basket, simplement parce qu’il estimait que l’arbitre avait désavantagé son équipe. Cette saison, la chose s’est répétée une fois, contre Francfort, lorsque l’arbitre l’a expulsé de son banc, en raison de son comportement. Face au Bayern, sa présence sera requise pendant 90 minutes. Et plus si affinités.

Par Julien Duez.

Propos de FK recueillis par 11Freunde.

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