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Euro 08 – Espagne – Italie : Gard(i)en party à Vienne

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4 minutes
Euro 08 – Espagne – Italie : Gard(i)en party à Vienne

L'arrivée du beau temps, deux équipes en confiance et adeptes du jeu court, des avants-centres ayant culminé à plus de 25 pions en saison régulière, cet Espagne-Italie a la saveur des oppositions de styles mémorables, avec du spectacle et des buts à la pelle. Sauf qu'à la différence de Portugal-Allemagne, ce quatrième et dernier quart de finale opposera avant tout les deux meilleurs gardiens du monde. Un véritable match dans le match qui décidera qui de Buffon ou de Casillas, tous deux capitaines de leur sélection, est l'incontestable numéro un des numéros uns.

Ils étaient encore trois à prétendre au trône il y a de cela une semaine. Mais, malgré une aptitude à gérer le money time perfectionnée sous le joug de José Mourinho, malgré son mètre quatre-vingts dix-sept, Petr Cech a maladroitement relâché un ballon aérien à trois minutes d’une qualification en quarts de finale. Une sortie kamikaze en guise de passe décisive, donnant aux Turcs l’occasion de revenir dans un match que la République Tchèque a pourtant contrôlé de bout en bout.

Depuis cette fameuse 87ème minute, ils ne sont donc plus que deux candidats au titre de meilleur portier de la planète football : Gianluigi Buffon et Iker Casillas. Deux mastodontes ayant gagné pléthore de trophées avant même d’entamer leur quatrième décennie, période durant laquelle les gardiens connaissent leur apogée tant en termes de niveau que de palmarès – n’est-ce pas Dino Zoff et Edwin Van der Sar ?

Buffon le tenant contre Casillas le challenger

Leur dernière confrontation en match officiel remonte à 2005, lors d’un huitième de finale de Ligue des Champions. A l’époque, Iker Casillas était encore un jeune gardien irrégulier capable de se trouer dans les moments chauds. Buffon était alors l’incontestable numéro un, de l’avis même de tous ses collègues, ce qu’il allait confirmer lors la Coupe du Monde allemande. « Pour tous les jeunes, quand nous avons débuté notre carrière, c’était déjà la référence » , se rappelle Casillas.

Puis Buffon décida de rester à la Juve malgré la relégation administrative subie par les Bianconeri, « pour découvrir de nouvelles ambiances, jouer dans des stades à l’atmosphère différente, afin de m’améliorer » . Buffon, ou comment passer en quelques mois d’une finale de Coupe du Monde aux joutes du vendredi soir en Serie B. Si son choix fut salué par les supporters et par la presse, qui n’hésitaient pas à qualifier les Vieira, Thuram et autres Cannavaro de mercenaires, il l’a peut-être desservi dans sa course au titre honorifique de roi des gardiens.

Pendant que Buffon disputait des matchs couperet contre Rimini ou Piacenza devant 8000 spectateurs, Casillas était chaque semaine sous le feu des projecteurs en Liga comme en Ligue des Champions. Ses défenseurs, Cannavaro le premier, eurent de surcroît la bonne idée de tout faire pour le mettre en valeur. Le temps de glaner un surnom – San Iker, en référence aux miracles qu’il accomplis sur sa ligne – et de remporter deux nouveaux titres quasiment à lui tout seul, et voilà Casillas pratiquement intronisé meilleur gardien du monde ex-aequo, avant même que Buffon n’ait l’occasion de défendre son titre. Les absents ont toujours tort, comme on dit…

L’Euro austro-helvète était fait pour ça. Et pour le moment, il faut être honnête, il n’y a pas vraiment eu de match. Buffon a arrêté un penalty importantissime face aux Roumains et a épargné à la Squadra une énorme fessée face à la bande à Van Basten. L’arrêt du tournoi est également signé Gigi. Sur une splendide frappe enveloppée de Benzema, Buffon fit admirer son énorme détente mais surtout son sens inouï de l’anticipation, si bien que pendant 90 minutes, les joueurs tricolores eurent l’impression de devoir attaquer un but de hand tout en défendant des poteaux de rugby. Aujourd’hui, Buffon est l’incontestable leader d’une Squadra qui manque cruellement de patron défensif.

De son côté, Casillas n’a pas eu grand-chose à faire, mais n’a pas non plus sorti le grand jeu. On se demande encore comment la mollesse de la frappe de Zlatan Ibrahimovic a pu surprendre le portier de la Selección. Le portier du Real est-il meilleur lorsqu’il est beaucoup sollicité ? Peut-être. Plus spectaculaire que son adversaire du jour mais moins décisif, il peine encore à habiter sa surface de réparation. Qu’a-t-il de plus, alors ? Des réflexes d’extraterrestre – « Il joue à un très haut niveau et je l’observe souvent, pour m’améliorer et apprendre de nouveaux gestes » , avoue Buffon – et un palmarès en club bien plus fourni. San Iker a en effet déjà remporté deux finales de Ligue des Champions à seulement 27 ans, alors que la ligne de stats de Gigi, vierge de tout titre en C1, a été administrativement amputée de deux titres de champion d’Italie avec la Juve. Ne manque plus qu’à Casillas la consécration avec son équipe nationale, qui ferait de lui l’inéluctable number one. Ce soir ou jamais ?

Par Marc Hervez

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