Mahdi Camara, le bon est de sortie

À Brest, il n’a jamais fait de vagues. Pas de déclarations tapageuses, ni de célébrations excessives ou de coups d’éclat hors terrain. Mahdi Camara appartient à cette école-là : celle des joueurs de l’ombre qui finissent par éblouir. Cette saison, aux côtés de Hugo Magnetti et Pierre Lees-Melou, ses stats parlent pour lui : 5 buts, 3 passes décisives en Ligue 1, des prestations remarquées dans la belle épopée des Ty-Zefs en Ligue des champions, et surtout, une régularité impressionnante. Signe de son impact, notamment offensif : Mahdi Camara tire plus que 90% des milieux des cinq grands championnats européens, et réussit plus de dribbles que 82% d’entre eux (selon le site de statistiques FBREF). Un profil rare, capable de casser les lignes comme de finir les actions. De quoi sérieusement attirer les regards. Et ça tombe bien : il a un bon de sortie en poche.

L’Angleterre, un championnat fait pour lui ?

À l’automne, il a prolongé jusqu’en 2027, mais un pacte verbal avec Grégory Lorenzi, le directeur sportif brestois, lui ouvre la porte en cas d’offre sérieuse. Et dans le cas de Camara, « offre sérieuse » rime forcément avec « projet ambitieux ». Car le bonhomme a coché toutes les cases à Brest : cadre du vestiaire, chouchou du coach, métronome au cœur du jeu. Il ne triche jamais, ne lâche rien, et enchaîne les matchs avec la même intensité. Résultat : un profil qui pourrait plaire de l’autre côté de la Manche, là où on affectionne les profils box to box et les joueurs capables de nettoyer les zones grises.

Il y a deux ans, le joueur formé et lancé en pro à l’AS Saint-Étienne a dit non à la Serie A (le Torino et Lecce le suivaient, selon L’Équipe), car le Franco-Gambien voulait encore briller dans l’Hexagone. Aujourd’hui, après trois saisons dans le Finistère, on peut aisément dire que l’objectif est atteint. L’heure est-elle venue de passer à l’étape suivante ? Pourquoi pas un club de milieu de tableau en Premier League, lui qui confiait dans L’Équipe en octobre 2024 que ce championnat correspondait à ses qualités ? Pas une mauvaise idée.

C’est quelqu’un qui Mahdi

Avec une valeur marchande estimée à 10 millions d’euros selon Transfermarkt, il ne coûte pas plus cher qu’un bon latéral anglais. Autrement dit, n’importe quel club de Premier League peut régler l’addition sans sourciller. Alors oui, la marche semble (pour le moment) un peu trop haute pour les mastodontes du royaume que sont Liverpool, Manchester City ou Arsenal, mais pour des esthètes du ventre mou comme Brighton, Brentford ou Fulham, ça sent la belle affaire. Et même pour des géants fatigués comme Tottenham ou Manchester United, toujours en quête de rédemption, l’idée n’est pas si saugrenue.

Éric Roy, son coach du côté de Brest, ne fait pas de mystère. « Mahdi intégrera forcément un grand club assez prochainement », balançait-il en conférence de presse en janvier. Le message est clair, tout le monde est au courant, le joueur, le club, et probablement les recruteurs qui squattent les tribunes : l’appel du niveau supérieur, c’est maintenant. Et quoi de plus symbolique que ce duel contre l’OM, son club de cœur, pour montrer, s’il en a encore besoin, ce qu’il a dans le ventre ? Un retour aux sources à haute intensité pour l’enfant de Martigues, qui n’a jamais vraiment eu droit aux feux des projecteurs dans sa région. Surprenant ? Pas tant que ça, car dans le fond, Mahdi Camara n’a jamais cherché la lumière. Elle finit juste par le trouver.