Zlatan et les collectionneurs de maillots

Cher journal

Je n’ai pas beaucoup de temps, aujourd’hui. Oui, avec le PSG, nous jouons dans quelques heures contre Bastia. Sincèrement, j’ai l’impression que l’on joue chaque semaine contre une équipe corse. Qu’ils instituent le championnat de Corse, cela ira plus vite. Au moins, on passerait la moitié de l’année au soleil, sur leur île où ils élèvent des sangliers, avec les supporters qui attendent en dehors du stade et qui font des concours pour savoir si l’un d’entre eux va réussir à jeter un fumigène par-dessus le stade pour le faire atterrir sur la pelouse. Bref, la semaine dernière, dans le championnat corse, nous avons affronté Toulouse. « Tolosa » , en corse. Je n’ai pas compris. Quelques jours plus tôt, le PSG avait battu 3-1 cette même équipe de Toulouse sans Zlatan. Tout le monde avait alors dit que le PSG jouait mieux sans Zlatan. Mais alors, cher journal, comment expliquer que cette fois-ci, nous ayons gagné 4-0, avec un but et une passe décisive de Zlatan ? Je crois avoir la réponse : les Tous Losers avaient fait jouer la réserve. Sinon, Zlatan n’aurait pas pu se promener au milieu de leur défense, ou leur faire trois fois le même dribble dans leur surface sans que personne n’intervienne. En même temps, les mecs font une défense avec Yago, le perroquet dans Aladdin, et ils pensent pouvoir faire peur à Zlatan. Qu’ils mettent au moins Jafar ou le Génie, cela aurait eu plus de gueule.

Le plus drôle, dans ce match au « Stadium » (au fait, donner un nom latin à votre stade, c’est censé faire intello ? Tu m’étonnes, l’intello à lunettes à qui Zlatan foutait des torgnoles dans la cour de récré), c’est qu’à la fin de la rencontre, Zlatan a dû donner son maillot au président de Toulouse. Non, mais tu imagines ? Ton club se prend quatre grosses noix là où en général tu te mets du talc, et toi, qu’est-ce que tu fais ? Tu viens en redemander une. « C’est pour mon fils » , qu’il a dit à Leonardo. C’est bon, je la connais, celle-là. C’est bizarre, mais les fils de Zlatan, eux, n’ont jamais réclamé le maillot du Téfécé. Tes fessées, oui. Bon, à part ça, cette semaine, Zlatan a également joué avec la Suède contre l’Argentine. Pour l’occasion, j’ai été obligé de dire que Messi était le meilleur joueur du monde, pour lui faire plaisir, à Astérix. Bah ouais, qu’il soit le joueur qui utilise la meilleure potion magique, certainement, mais le meilleur joueur du monde, quelle bonne blague. Zlatan préfère largement le Toon Agüero. Lui, au moins, il a vraie dégaine. Et un beau-père qui a de vrais ennuis avec le FISC italien.

Sinon, il m’est arrivé quelque chose de très étrange cette semaine. Je me suis retrouvé dans une pièce avec un journaliste français, Christian Jean Pierre, qui m’a fait écouter une version « Zlatan » de la chanson de Zorro. La tristesse du truc. Zlatan a rarement été aussi mal à l’aise depuis son arrivée en France. Et puis, merde, c’est quoi ce délire d’avoir trois prénoms ? Est-ce que moi, je m’appelle Zlatan Jonas Pontus ? Et ensuite, pendant tout notre entretien, le mec n’a pas arrêté de me parler du Barça. Je suis sûr qu’il était à deux doigts de me demander de lui ramener le maillot de Messi. Zlatan l’aurait redirigé vers le président de Toulouse, qui a certainement une jolie collection. Ou vers le gros Loulou à crête. Tiens, j’ai vu que cette semaine, tout le monde avait encore parlé de Zlatan. Joey Barton s’est plaint que Zlatan gagnait plus d’argent que toute l’équipe de Marseille réunie. Il a oublié de préciser que Zlatan avait gagné plus de trophées que toute l’équipe de Marseille réunie. Heureusement qu’ils ont recruté Roméo, cela va apporter un peu de romantisme dans cette équipe de maçons. Et ce ne sont pas les maçons du cœur, hein. D’ailleurs, nous allons les affronter deux fois de suite à la fin du mois. Zlatan en tremble d’avance. Surtout si c’est Souleymane Diawara au marquage. Quand on parlait de perroquets…

Bon, pour finir, une chose improbable. Depuis l’annonce de la signature de Beckham, mon Golden Boy Retriever favori, je vois de plus en plus de journalistes en talons de 12 centimètres se pointer devant le Camp des Loges. On dirait les amies d’Helena en Suède. Elles ont toutes demandé à voir David. Sauf que lorsqu’on leur a envoyé David Bechkoura, le coach des U-19, elles n’ont pas vraiment compris ce qu’il se passait. « Mais non, le beau gosse qui pose en slip » a dit l’une d’entre elles. Et là, on leur a envoyé Christophe Jallet. Les cons, putain. Allez, je te laisse, cher journal. Le championnat corse m’attend. J’espère que mon pote Angoula sera là. Un mec qui avait déclaré dans la presse, en septembre dernier, qu’il n’était pas mon fils. D’accord. Merci pour la précision. À bientôt.

Z.

NB : Pas mal, la passe d’Özil, effectivement. Mais bon. Que Mamadou soit nul au marquage, ce n’est pas franchement une nouveauté, si ?

PS : À l’occasion du match entre ma Suède et l’Argentine, j’ai ressorti cette vieille photo de moi et Lionel, à l’époque où il était encore paraplégique. Je vous le dis : cette potion magique peut vous changer un homme. Même un homme avec une petite tête de dinosaure.

Ceci est évidemment une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels et avérés serait fortuite. Enfin, pas tant que ça.