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Romain Perraud : « Les Anglais ne connaissent même pas l’existence de Brest »

Propos recueillis par Thomas Morlec
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Après avoir aidé les Brestois à rester en Ligue 1, Romain Perraud a mis le cap sur la Premier League. Une saison et demie plus tard, le latéral gauche vit un rêve éveillé à Southampton. Entretien.

Est-ce que tu peux nous expliquer comment s’est passé ton départ de Brest ? En janvier-février 2021, j’ai été approché par Leeds et Southampton. À partir de là, je laisse mes agents s’en occuper. De mon côté, j’essaye surtout de me focaliser sur ce que j’ai à faire avec Brest. On joue le maintien, bien comme il faut en plus, donc je fais en sorte de ne pas trop m’attarder sur ces sollicitations. Ma mission première était de laisser le Stade brestois en Ligue 1. Après, tout s’est bien goupillé, les échanges se sont accélérés vers le mois d’avril. Ça a été une fin de saison bien stressante.

Pourquoi avoir choisi Southampton ? C’est Leeds qui m’a contacté en premier, mais les négociations se sont arrêtées assez subitement. Southampton s’est montré très chaud, le projet m’a tout de suite séduit. Le club me semblait structuré, plutôt sain, et la philosophie de jeu me correspondait. Puis le recruteur du club m’a dit qu’il m’avait vu évoluer à 52 reprises, ça m’a mis en confiance.

le recruteur de Southampton m’a dit qu’il m’avait vu évoluer à 52 reprises, ça m’a mis en confiance.

Tu as semblé très marqué quand tu as quitté le Finistère…Clairement, ça a été dur de quitter Brest. Il y avait une vraie attache émotionnelle, sentimentale avec ce club. Je me souviens de la vidéo que j’ai envoyée sur le groupe à tous les copains du vestiaire pour annoncer mon départ. J’avais d’excellents rapports au Stade brestois, que ce soit l’intendant, le kiné ou encore le directeur sportif Greg Lorenzi. Je m’y sentais vraiment bien, et ça ne m’aurait pas dérangé de rester non plus. Mais jouer en Premier League, c’était un rêve de gosse. Quand la proposition est arrivée, pour moi c’était clair, je voulais tenter ma chance dans ce championnat mythique et ne pas louper le train.

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué lors de tes premières semaines en Angleterre ? L’intensité au niveau des entraînements m’a impressionné. Dans mon jeu, je suis habitué à en mettre, mais là-bas, l’esprit de compétition, c’est quelque chose d’assez fou. J’avais l’impression d’être arrivé dans un autre univers, il n’y avait aucun cadeau. Les Anglais ne connaissent même pas l’existence de Brest. Je n’ai pas eu de temps pour m’acclimater. Le vrai choc, c’est mon premier match à Goodison Park avec le retour des supporters. Les 15-20 premières minutes, j’avale la trompette, je suis cramé complet, ça va trop vite. J’ai pris conscience qu’il allait me falloir du temps pour m’adapter à ce championnat.

Au contraire, qu’est-ce qui a pu te décevoir ? Je venais de Brest, un club familial où il y avait une vraie alchimie. Tous les joueurs s’entendaient bien, on était tout le temps ensemble à se faire des bouffes, regarder la Ligue des champions, même les week-ends. En Angleterre, tout de suite, ce n’était pas la même chose. C’est comme si tu allais un peu au boulot. C’est plus des collègues de travail, et encore, chez les Saints, ça reste familial, mais la différence, elle est là. Chacun partage ses moments avec ses proches, mais sans ouvertures pour créer une vraie ambiance d’équipe. C’est un mode de fonctionnement nouveau pour moi.

Comment s’est passée ton acclimatation ? L’année dernière a été assez compliquée, notamment avec le Covid-19. Noël et Nouvel An, j’étais seul parce que personne ne pouvait venir en Angleterre à cause des restrictions. Mais après, c’est dans ces moments-là que tu mets à rude épreuve ton mental, où tu te construis en tant qu’homme. Il faut savoir faire le dos rond et se créer une carapace. C’est ce que j’essaye de faire depuis que j’ai commencé ma carrière.

En France quand on investit sur toi, tu joues. Outre-Manche, c’est pas la même histoire, tu n’as pas le temps.

Lors de ta première saison, tu as pu jouer 23 matchs. C’est plus que correct pour une découverte de la Premier League, non ? C’est déjà bien. Quand tu arrives en Premier League, quel que soit le prix de ton transfert, on n’y prête pas une grande attention, étant donné que les postes sont doublés, voire triplés. Je pense que dans l’ensemble, j’ai beaucoup appris, que ce soit sur le terrain ou sur le banc. Certains matchs ont été compliqués, mais le bilan pour moi est positif.

Quand est-ce que tu as eu le déclic ? Je vivais une période difficile en début d’année 2021, j’avais la tête au fond du seau. Je n’étais pas titulaire, je venais d’arriver et on s’en va jouer à Tottenham. On gagne 3-2 là-bas, je parviens à être décisif, et l’équipe enchaîne bien. C’est véritablement un soulagement pour moi, j’avais enfin réussi à faire surface, c’est un moment charnière dans cette saison. Mon premier match référence face à un gros du championnat.

Comment as-tu vécu la concurrence ? En Angleterre, c’est exacerbé. En France, quand on investit sur toi, tu joues. Outre-Manche, ce n’est pas la même histoire, tu n’as pas le temps. Tu loupes un ou deux matchs, tu files sur le banc, et il faut l’accepter. Tu n’as que deux solutions dans ce genre de cas : soit tu abandonnes totalement et tu cherches à te casser au bout de six mois, soit tu serres les dents. Après, il faut savoir saisir les opportunités. Récemment, mon coéquipier Tino Livramento s’est blessé, j’étais profondément triste pour lui parce que je ne pense pas qu’à ma gueule, il faut être humain, mais ça fait partie du jeu et la concurrence, c’est ça.

Tu es assez proche de Sékou Mara et Ibrahima Diallo ? C’est toujours plus simple entre Français, même si on essaye de parler un maximum anglais avec tout le monde. On a une connexion naturelle qui fait qu’on se retrouve souvent à table, on parle beaucoup et on se soutient un maximum. On a la chance d’être pas mal de francophones, donc quand l’un de nous a besoin de conseils, on s’entraide beaucoup. Quand Sékou est arrivé, on lui a direct donné l’adresse de notre coiffeur, les endroits où aller en ville ou encore les meilleurs quartiers pour s’installer.

Cette saison, tu as déjà planté deux buts et délivré deux passes décisives. Tu as l’impression d’avoir passé un cap ? Les stats sont importantes, mais mon premier rôle, c’est de bien défendre parce que je suis latéral. Mais c’est clair que quand tu marques, que tu fais des passes dé, ça t’aide à te libérer. Pour l’instant, ça se passe bien pour moi. Je passe des paliers au fur et à mesure.

Ça t’a fait quoi de marquer ton premier but en Premier League ? C’est fort. Sur le moment, tu reçois une vraie décharge d’adrénaline, surtout que c’était à la maison. Tout le stade explose, c’est fantastique. C’est un cocktail de plein d’émotions positives, et tu as envie d’y regoûter.

Vous avez fait un match nul contre le leader, Arsenal. Est-ce que tu peux revenir sur cette rencontre ? On a traversé une période compliquée avec quatre revers consécutifs. Il y a eu pas mal de secousses autour du club. Ce match nul à domicile contre les Gunners met un coup de tampon sur les progrès de notre équipe. Durant les 20 premières minutes, ils ont essayé de nous mettre au tapis, mais on a eu une réaction fantastique. On a montré de bonnes choses, et quand tu fais un nul contre le leader à la maison, que tu es parvenu à battre Chelsea, ça montre qu’on est une équipe chiante à jouer.

Pour moi, dans notre jeu et dans la façon dont le club réfléchit l’objectif, ça doit être de la 9e à la 12e place.

Ça va faire dix ans que les Saints ont retrouvé la Premier League. Ces dernières années, la 15e place colle à la peau du club. Tu penses que vous pouvez aller plus haut ? C’est tellement compétitif qu’il faut déjà atteindre les 40 points. C’est bateau, mais il faut se maintenir avant tout et plus si affinités. Pour moi, dans notre jeu et dans la façon dont le club réfléchit l’objectif, ça doit être de la 9e à la 12e place. Ce n’est pas inimaginable.

Quand tu regardes les chemins parcourus, qu’est-ce que tu te dis ?Quand tu as de l’ambition, tu évites de regarder dans le rétroviseur, mais de temps en temps, quand tu as moins le moral, ça fait du bien d’être fier de soi-même. C’est ce que j’essaye de faire. J’ai un parcours assez atypique, j’étais en équipe de France à Colomiers, après j’ai galéré à Nice… mais quand je vois tout ce que j’ai accompli, ma seule envie, c’est de tout faire pour donner tort aux gens qui n’auraient pas misé un rond sur moi.

Est-ce que tu as un modèle dans le foot ? Quand j’étais petit, j’étais fan de Cristiano Ronaldo, c’était comme une idole. Je me souviens, mes premiers souvenirs de foot, c’était à l’Euro 2004 où le Portugal perd en finale contre la Grèce, je portais son maillot de Manchester United sur les épaules. Aujourd’hui, c’est différent, je suis toujours les équipes que j’idolâtrais, mais je regarde surtout les joueurs à mon poste, comme Robertson de Liverpool, pour progresser.

Ce qui est différent aussi, c’est que maintenant, les ballons que Ronaldo tente de mettre au fond des filets, tu les arrêtes…C’est une histoire de malade. En rentrant à la maison, je me suis dit qu’il n’y avait que le foot pour offrir ces belles histoires. Tu imagines, pour mon premier match à Old Trafford, je réalise ce sauvetage, c’est un souvenir qui restera gravé à jamais.

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