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Pourquoi Ben Arfa a déjà dépassé Messi

Par Alexandre Pedro
Pourquoi Ben Arfa a déjà dépassé Messi

Hatem Ben Arfa assure qu’il aurait pu évoluer au niveau de Lionel Messi. Alors oui, vous pouvez vous moquer et vous le payer pour pas cher. Sauf qu’à sa façon, l’enfant terrible du foot français a déjà surclassé le collectionneur de Ballons d’or.

« Je regrette de ne pas avoir été mature plus tôt, parce que je pense qu’aujourd’hui, j’évoluerais à un plus haut niveau. Peut-être que je serais comme Messi aujourd’hui. Mais j’ai encore le temps, je peux le rattraper. » Hatem, tu es indéfendable. Qu’est-ce que tu es allé dire à Surface ? Sérieusement ? Si tu voulais poser en costard, tu aurais au moins pu viser GQ ou les Inrocks (ah, déjà fait ?). Voire torse nu dans Men’s Health.

En même temps, comment t’en vouloir ? Qui d’autre que toi oserait la comparaison avec un type qui facture 301 pions à tout juste 25 ans ? Tu devines qu’on va encore se payer ta tête. On va te ressortir ta situation actuelle. Newcastle, putain, Hatem ! On va te renvoyer à tes stats (même pas 40 buts en pro au même âge), tes promesses déçues, tes bouderies, tes histoires de secte chez Abd Al Malik, tes lectures (essentiellement les quatrièmes de couverture de philosophes allemands) ou cette propension à promettre un peu pour beaucoup décevoir derrière. Alors quand tu parles de rattraper Messi, on préfère encore croire à une victoire de Sandy Casar sur le Tour de France ou la possibilité que Fabien Onteniente devienne le Blake Edwards français.

Hatem, tu es une cause esthétique

Mais tu sais quoi, Hatem ? On ne t’en veut pas. Longtemps, on a voulu croire que tu serais immense. On avait de grands projets et de grands clubs pour toi. Sérieux, il avait quoi de plus que toi, le petit Argentin ? Un peu de vitesse, quelques bons dribbles et un pied gauche qui sait viser. Mais toi, Hatem, tu avais autre chose. Tu avais la fulgurance, la folie et déjà l’inconstance de ceux qu’on a envie de protéger contre les aveugles et les ignorants. Parce que voilà ce que tu es : une cause esthétique. Philosophique même, comme on t’avait fait remarquer quand on te mettait en couv’ (en jogging) : « Ma façon de jouer, c’est une façon de voir la vie… Ton jeu, c’est ce que tu es… Je ne peux pas être pépère, formaté. »

C’était plutôt bien répondu ça, Hatem. Et tu as raison dans le fond. La vie, elle ressemble plus à ton roman torturé qu’à un conte de fée chargé aux hormones de croissance. La vie est faite d’attentes (souvent trop élevées), de quelques moments de bonheur et de beaucoup de Nigel de Jong. Quand Messi donne tout, tout de suite et tout le temps, toi, tu distilles ton talent avec parcimonie. Tu nous forces à imaginer le joueur que tu aurais pu devenir. Et à chaque fois, on retombe dans le panneau. C’est con comme un slalom contre Blackburn ou une magnifique infidélité à ton pied gauche face à Aston Villa.

Mieux vaut avoir tort avec toi que raison avec Messi

On t’aime, on te déteste, on te pardonne (pour certains), mais on discute, on s’écharpe même sur ton cas. Trop jeune, trop tôt, trop payé, trop bête, trop banlieue, trop décevant. Sauf que tu n’es redevable de rien à personne. Ce n’est pas de ta faute si on a envie de toujours croire en toi. Un jour, Jérôme Leroy avançait que la vraie grandeur c’était d’arriver à faire « croire qu’on aurait pu faire plus » . Ce n’est peut-être pas du Nietzche, mais on achète. Aussi grand soit-il par ses statistiques et son palmarès, le mec de Rosario ne laisse pas beaucoup de place à l’imagination. Et il ne s’agit pas d’une question de maturité.

Tu le sais bien. Dans le fond, tu ne veux pas être lui. Tu ne veux pas cette unanimité, tu ne cours pas derrière les records. Nous, on ne veut pas de ça pour toi. On veut continuer à avoir raison pour toi, alors que tout pousse à croire qu’on se goure. On veut continuer à défendre Ben Arfa, demander ton retour en équipe de France, fermer les yeux sur ton retour en équipe de France, crier au génie parce que tu auras mis un doublé à Wigan et penser que le meilleur est peut-être à venir. Parce qu’il l’est peut-être. Alors Hatem, on te le répète une dernière fois : laisse Messi là où il est.

Par Alexandre Pedro

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