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Maurizio Sarri, prophète en son pays

Par Adrien Candau
Maurizio Sarri, prophète en son pays

Débarqué à Naples à l'été 2015, Maurizio Sarri n'a pas su renverser l'hégémonie nationale de la Juventus. Mais il a pu faire du Napoli l'équipe la plus enthousiasmante et ludique à regarder de la Botte. Un travail de fond qui lui a valu d'être élu par ses pairs meilleur entraîneur de la saison 2015-2016. Signe que l'enjeu prend de moins en moins le pas sur le jeu, dans une Serie A aux accents plus offensifs.

Ne surtout pas se fier à sa dégaine. Malgré ses joggings délavés, son haleine de cloppeur compulsif et ses conférences de presse fortes en gueule, Maurizio Sarri est un styliste, un vrai. Un type qui n’a jamais cessé de conjuguer football avec beau jeu. Alors quand le Misternapolitain reçoit en ce début de semaine le prix du meilleur entraîneur de la saison 2015-2016, l’événement revêt une saveur forcément particulière pour lui. Car au pays du résultat et de la gagne à tout prix, Sarri offre une respiration régénérante de football décomplexé et instinctif. De quoi lui permettre de coiffer au poteau Massimiliano Allegri, pourtant tenant de tous les trophées nationaux majeurs.

De la nécessité du style

Une reconnaissance que Sarri s’est construite en ne s’attachant qu’à suivre obstinément un seule formule : la sienne. Technicien sans concession, il jongle avec le scepticisme ambiant qui accompagne son arrivée à Naples pour imposer son système, un 4-3-3 mobile et très agressif, dont le pressing haut et les redoublements de passes courtes sèment la zizanie dans les défenses adverses. Un système de jeu et une formation quasi immuables, quelle que soit la nature de l’adversaire. Récemment, à l’heure d’affronter le Real Madrid en huitième de finale de C1, Sarri déclarait ainsi en conférence de presse que ses joueurs allaient envoyer du jeu, coûte que coûte : « Je leur ai dit que j’accepte n’importe quel résultat, mais que je n’accepterai pas que mes joueurs aient peur. Nous allons tenter de réaliser la folie de jouer notre football ici à Santiago Bernabéu, et si nous n’y parvenons pas, nous saurons que nous jouons face au champion d’Europe en titre et du monde. » Une approche jusqu’au-boutiste, qui place l’impératif de jouer plutôt que la nécessité de gagner au centre de son projet. Et qui contraste avec le style plus pragmatique de Massimiliano Allegri, qui s’est vu devancer par Sarri cette saison lorsque leurs homologues ont dû voter pour celui qu’ils considèrent comme le meilleur technicien du dernier exercice. « Ce sont deux excellents entraîneurs, mais Sarri est plus idéologique qu’Allegri. Il incarne plus ses équipes, leur donne une identité plus prononcée, analyse Corrado Orrico, ancien entraîneur de l’Udinese et de l’Inter. Le Napoli propose un jeu très attractif, capable de plaire à tous ceux qui aiment le football. » « Pour une fois que j’arrive devant Max(Allegri, ndlr)… C’est une énorme satisfaction parce que, normalement, c’est une récompense qui est attribuée à celui qui remporte le championnat » , déclarait pour sa part Sarri lundi dernier.

L’inspiration Sarri

Les comparaisons avec le style de jeu prôné par Allegri et la Juve, qui optent pour un football où les velléités offensives restent savamment dosées en fonction de l’adversaire, pullulent d’ailleurs dans la Botte depuis que Sarri prône le Joga Bonitoà Naples. Si bien que, quand vient l’heure de choisir son camp, ce n’est plus le ras-le-bol de l’hégémonie de la Juve qui domine dans les discours, mais bien la mise en avant de la caution style du Napoli de Sarri. « Compte tenu du jeu développé, j’aurais voulu voir le Napoli de Sarri remporter la Serie A cette année » , poursuit Orrico. « J’espère que le Napoli remportera la Serie A » , déclarait pour sa part le puriste Zdeněk Zeman en janvier 2016. J’aime ce que fait Sarri avec cette équipe. Ils jouent un football d’attaque, qui attire les foules. » Même les anciens découpeurs du pays distribuent des fleurs, comme Gennaro Gattuso, entraîneur de Pise : « Voir lesAzzurrijouer aussi bien met notre football à l’honneur. »

Une philosophie qui entre en résonance avec les mutations récentes de la Serie A, dont les dirigeants semblent de plus en plus enclins à innover en faisant confiance à des entraîneurs relativement novices (Montella, Simone Inzaghi, Eusebio Di Francesco, Mihajlović …) et porteurs de projets de jeu plus orientés vers l’avant. De fait, la Serie A compte déjà six équipes ayant marqué 50 buts ou plus, contre deux en Allemagne et en France ou quatre pour l’Espagne (seule la Premier League fait aussi bien). C’est également le championnat du top 5 européen qui compte le plus grand nombre de buteurs ayant atteint ou dépassé la barre des 20 buts (Belotti, Mertens, Džeko, Icardi). Enfin, symbole d’une ligue professionnelle ou l’équilibre attaque-défense n’est plus une obsession, le Toro de Siniša Mihajlović, quatrième pire défense du championnat, joue à fond la carte de l’offensive avec déjà 54 buts inscrits en Serie A cette saison. « Naples et Sarri sont des exemples pour toute l’Italie et on ne peut que leur dire merci. Avec ces gamins, ils font quelque chose d’extraordinaire, car la façon dont ils jouent est aussi appréciée par leurs adversaires » , synthétisait en février dernier Arrigo Sacchi. Alors tant pis si le Mister napolitain et les siens tombent encore face aux Bianconeri ce soir. Car à défaut de rivaliser sur le terrain, Sarri aura su remporter la bataille des idées et du style. Face à cette Juve-là, qui dévore tout sur son passage, c’est déjà une victoire.

Par Adrien Candau

Tous propos issus de la Gazzetta dello Sport, Il Mattino et Sky Sports

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