Manchester 1-2 Nancy/Toulouse

Agenouillé sur la pelouse d’Old Trafford après avoir reçu un beso de tous ses coéquipiers, son coach et tous les membres du staff, Wissam Ben Yedder savoure. Mais à quoi peut bien penser le natif de Sarcelles qui n’arrive pas à lâcher ce large sourire depuis le coup de sifflet final ? À son doublé qui permet à Séville de retrouver les quarts de finale de la C1 soixante ans après sa dernière apparition dans le dernier octogone ? À son face-à-face manqué en fin de rencontre ? À Vincenzo Montella, qui lui a une nouvelle fois fait commencer la rencontre sur le banc de touche ? Ou bien à Didier Deschamps qui doit sûrement le regarder depuis son canapé ?

Ben Yedder a égalé Trezeguet

Car oui, en claquant un doublé en huitième de finale de Ligue des champions à Manchester United, Wissam Ben Yedder a envoyé un vrai message au sélectionneur des Bleus, qui doit balancer ce jeudi sa liste pour les prochains matchs amicaux. Connue pour son pragmatisme, la Desch’ n’est pas insensible aux chiffres. Et ceux-ci plaident largement en faveur de l’ancien Toulousain, devenu ce mardi soir le premier joueur français à claquer un doublé à Manchester United en Ligue des champions. Mieux, Wissam Ben Yedder en est désormais à huit buts cette saison en C1 (en mettant de côté ses deux réalisations en barrages), une performance que seul David Trezeguet a réussi en 2001-2002 chez les footballeurs français. Encore ? WBY est le premier joueur français, depuis Jean-Pierre Papin, à passer aussi rapidement la barre des dix buts en C1 puisqu’il ne lui a fallu que douze petits matchs pour l’atteindre. Allez, un dernier chiffre : cette saison, l’ancien Toulousain claque un but toutes les 63 minutes en Ligue des champions. Costaud.

Lenglet LV1

Si Wissam Ben Yedder mérite d’être ovationné par la centaine de supporters de Séville venus faire le déplacement à Manchester, ces derniers ne doivent pas oublier de saluer un autre Français, auteur d’une prestation XXL : Clément Lenglet. Toujours bien placé, le défenseur central de 22 ans s’est montré impérial dans les airs comme sur terre où ses nombreux retours ont permis à Sergio Rico de passer une soirée plutôt tranquille. Et ce n’est pas Romelu Lukaku, qui s’est tapé l’ancien capitaine de Nancy sur le dos durant toute la rencontre, qui va dire le contraire. Comme pour Ben Yedder, cette performance face à Manchester n’est finalement pas une surprise, tant Lenglet a su s’imposer, sans faire de bruit, comme un titulaire au poste depuis son arrivée en Andalousie en janvier 2017 où il enchaîne les prestations de haute volée. Jorge Sampaoli, Eduardo Berizzo et désormais Vincenzo Montella, tous n’ont pas hésité à confier les clés de la défense au natif de Beauvais qui en fait plutôt bon usage.

French connection

Finalement, les cas de Wissam Ben Yedder et de Clément Lenglet prouvent plusieurs choses. Premièrement, que les Français se plaisent à Séville, à l’image aussi de Steven Nzonzi, rayonnant dans l’entrejeu, ou encore de Sébastien Corchia, solide dans son couloir droit jusqu’à sa blessure en février dernier, et de Samir Nasri qui avait semblé retrouver de sa superbe en Andalousie la saison dernière. Deuxièmement, cela montre que les joueurs français qui évoluent dans des clubs de « seconde zone » en Ligue 1 ne sont pas obligés d’attendre un appel du Paris Saint-Germain ou de l’AS Monaco pour disputer des quarts de finale de Ligue des champions. Enfin, le duo Ben Yedder-Lenglet est le symbole du recrutement parfaitement réussi du FC Séville – et de Monchi, désormais parti faire parler son réseau à la Roma –, qui n’a pas hésité à lâcher quelques millions sur un avant-centre du Téfécé ou sur un défenseur central de l’AS Nancy-Lorraine qui ne pèse que dix-huit rencontres de Ligue 1. Tout l’inverse de Manchester United en somme.