Cheikhna Demba : « J’étais prêt à faire cette grève de la faim »

Avez-vous été rassuré par l’annonce faite par la fédération malienne, qui a décidé que Mohamed Magassouba sera accompagné par un collège – dont on ne connaît pas encore la composition – pour les deux prochains matchs face à la Tunisie ?Magassouba est à la tête de la sélection depuis quatre ans et demi. Nous connaissons ses qualités, ses capacités, mais je ne lui fait plus confiance. Le Mali est à deux matchs d’une qualification historique pour la Coupe du monde, et on se doit de mettre toutes les chances de notre côté. La fédération a décidé qu’il sera épaulé par d’anciens internationaux. On entend les noms de Seydou Keïta, de Frédéric Kanouté, de Cédric Kanté, de Mohamed Sissoko, d’Éric Chelle… Je ne sais pas qui viendra, mais je dis qu’il faut laisser le football aux footballeurs. Ces gens-là ont porté le maillot des Aigles, ils connaissent très bien le football, nous avons besoin d’eux.

Mais vous n’avez pas obtenu le départ de Magassouba…Après l’élimination face à la Guinée équatoriale, j’aurais aimé qu’il s’excuse auprès des Maliens et qu’il démissionne. Il ne l’a pas fait. Moi, je le respecte, je ne veux pas l’insulter, mais il aurait dû partir de lui-même. Je n’ai pas demandé son renvoi, mais qu’il ne s’occupe plus de la sélection seul, avec son staff technique. J’avais dit que si rien ne bougeait d’ici au 17 février, j’entamerais une grève de la faim pour protester. J’étais vraiment prêt à le faire.

Une grève de la faim pour une simple question liée au football, au risque de mettre votre santé en jeu, ce n’est pas un peu excessif ?Peut-être pour vous. Mais pas pour moi. Je suis un passionné. Cette grève de la faim, je voulais la faire devant le siège de la fédération, à Bamako. J’avais reçu le soutien de nombreuses personnes, et certaines semblaient prêtes à m’accompagner. J’aurais même été prêt à mourir ! Je suis sérieux. Cela fait des nombreuses années que je suis le vice-président des Supporters des Aigles du Mali, j’ai suivi l’équipe partout, y compris au Soudan du Sud, au Burundi… Cette équipe, pour beaucoup de Maliens et pour moi, représente énormément de choses. Le peuple attendait que le Mali gagne la CAN. Il ne l’a pas fait. Et vous connaissez la situation du pays… (La guerre y sévit depuis 10 ans, NDLR.) L’État a injecté beaucoup d’argent pour la sélection nationale ces dernières années. Cet argent, il aurait aussi pu servir à construire des routes, des écoles, des hôpitaux ou lutter contre le terrorisme. Moi, je suis un patriote, et je demandais juste que les dirigeants de la fédération prennent leurs responsabilités.

Avez-vous parlé à Mohamed Magassouba récemment ?Non. Pas depuis notre retour du Cameroun.

Qu’attendez-vous de lui pour les deux matchs face aux Tunisiens ?Qu’il écoute les conseils de ceux qui viendront travailler avec lui. Je pense aussi qu’il devrait rappeler des joueurs comme Moussa Marega ou Abdoulaye Diaby, des attaquants qui peuvent nous apporter beaucoup. On doit appeler les meilleurs pour affronter la Tunisie. On doit aussi tout faire pour convaincre Moussa Dembélé de jouer pour le Mali.

Si le Mali se qualifie, il est fort probable que le sélectionneur poursuive sa mission…On fera le point après. Si le Mali est éliminé, je ne vois pas comment Magassouba pourrait rester. Moi, je suis confiant, je pense que ce collège qui va accompagner le coach va apporter son expérience, sa connaissance du football.