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Carlos Henrique Raposo, mytho do Brasil

Par Ruben Curiel
Carlos Henrique Raposo, mytho do Brasil

Au pays du « joga bonito », un homme s'est fait remarquer dans les années 80. Carlos Henrique Raposo, faux footballeur de profession. Sa couverture était simple : signer des contrats grâce à des amis dans le monde du foot, et simuler des blessures pour ne pas que son piètre niveau soit révélé au grand jour.

L’homme est élégant et fréquente les discothèques les plus huppées de Río. Rapidement, sa ressemblance avec Franz Beckenbauer lui fera gagner le surnom de Kaiser. Son aisance fera le reste. Dans la nuit brésilienne, il se rapproche des meilleurs footballeurs du moment : Ricardo Rocha, Mauricio, Renato Gaúcho, Romário, Branco, Bebeto ou encore Carlos Alberto. Lui, c’est Carlos Henrique Raposo, aujourd’hui coach personnel, et résident d’un luxueux quartier de Río de Janeiro. Ces amitiés outre le fait de lui offrir carte blanche dans les boîtes de nuit carioca lui permettront surtout de mettre en place son plan. L’idole de Botafogo, Mauricio, est son ami d’enfance et son premier complice. Raposo décroche son premier contrat en 1986 avec le Bota, mais ne jouera pourtant aucun match avec le club. « Je faisais des mouvements bizarres à l’entraînement, je me touchais la cuisse, et je restais une vingtaine de jours à l’infirmerie. À cette époque, la résonnance magnétique n’existait pas » , explique un Carlos Henrique repenti, lors d’une interview sur une chaîne de télévision brésilienne. Et d’ajouter : « Quand les jours passaient, je consultais un ami dentiste. Il me donnait un certificat. Les mois passaient ainsi. » L’année écoulée, l’arnaqueur veut changer d’air.

Le patient brésilien

Cela ne pose aucun souci lorsqu’on possède un certain Renato Gaúcho dans son carnet d’adresse. Raposo rejoint son pote à Flamengo. Évidemment, il passera la saison sans vêtir le maillot du club. Cette fois-ci, Gaúcho témoigne : « Je savais que Kaiser n’aimait pas le ballon. À l’entraînement, il s’arrangeait avec un coéquipier pour qu’il le blesse. Il se dirigeait ainsi vers l’infirmerie. » Le mytho brésilien y jouait l’un de ses tours les plus savoureux : Raposo se pointait à l’entraînement avec un énorme téléphone mobile et s’inventait une conversation en anglais, racontant à ses coéquipiers que des clubs européens voulaient le recruter. Une combine démasquée un jour par un médecin de club qui avait vécu en Angleterre. On découvre même que le téléphone est en fait un jouet. Le Brésilien compte aussi un autre allié de taille : la presse.

Conquis par ce joueur qui va de club en club, les médias brésiliens lui consacrent quelques articles. « J’ai des facilités pour me faire des amis. Beaucoup de journalistes m’appréciaient. Je n’ai jamais été incorrect avec quelqu’un » , explique le joueur aussi passé par Independiente (où il disputera six rencontres officielles), ou encore Fluminense (quinze matchs joués). Un autre de ses fidèles serviteurs se nomme Ricardo Rocha. « C’est un grand ami, un super gars. Mais il avait un problème avec le ballon. Je ne l’ai jamais vu jouer. Dans un duel de mytho, Pinocchio perdrait face à Kaiser » , affirmait l’ancien joueur du Real Madrid. Son voyage se poursuivra au Mexique, au Puebla FC. Idem, le bilan sera de zéro match disputé. Le routard se dirige vers l’eldorado américain, pour signer un contrat de trois mois avec le club d’El Paso. La suite est déjà connue. « Je signais à chaque fois un contrat très court, qui ne dépassait pas quelques mois. Je recevais les primes, et je restais lors de la période déterminée » , raconte Raposo. Une méthode qui lui évite tout ennui avec les dirigeants.

La retraite à Ajaccio

En 1989, Raposo retourne au Brésil et signe pour le Bangu AC. Autre club, autre anecdote juteuse. L’entraîneur décide de le convoquer pour un match et l’envoie même à l’échauffement. La peur d’être découvert envahit le Brésilien. Mais son ingéniosité prendra comme souvent le dessus. Raposo provoque un supporter adverse et lui assène une immense droite au bord du terrain. L’arbitre l’exclut et sauve la réputation de l’embrouilleur du siècle. Au vestiaire, l’entraîneur s’énerve et lui demande des explications : « Dieu m’a donné un père et me l’a enlevé. Maintenant que Dieu m’a donné un second père (faisant référence au coach de Bangu, ndlr), je ne laisserai aucun supporter l’insulter. » Un ancien coéquipier racontera plus tard que l’entraîneur l’a embrassé et l’a fait prolonger pour six mois. L’imposture ne s’arrête jamais.

Le goût de la nuit toujours aussi présent pendant sa « carrière » , Raposo raconte : « Lors des mises au vert, je venais deux ou trois jours avant à l’hôtel, et je louais des chambres à l’étage du dessous. J’emmenais une dizaine de femmes. On avait même pas à s’échapper, juste à descendre les escaliers » racontera le globe-trotteur. Après avoir côtoyé les clubs de Guaraní et de Palmeiras, Raposo franchit l’océan Atlantique et se dirige vers le Gazélec Ajaccio. Lors de sa présentation en grande pompe organisée par le club corse, le joueur panique : « Le stade était petit, mais plein de supporters. Je pensais que j’allais seulement entrer sur la pelouse et saluer. Mais ils avaient mis des ballons sur le terrain. Je ne savais pas quoi faire, alors je les ai tous dégagés dans les tribunes et je me suis mis à embrasser l’écusson du club. Les fans étaient hystériques. Je n’allais pas me faire griller le premier jour… » se rappelle-t-il. Après vingt ans de ruses et de tromperie, Carlos Henrique Raposo se retire en Corse, à l’âge de 39 ans. Et ne regrette absolument rien : « Les clubs ont arnaqué et arnaquent encore beaucoup de footballeurs. Il fallait bien que quelqu’un se venge pour eux. »

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Par Ruben Curiel

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