Alessandro Bastoni, le défenseur moderne ultime

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« Est-ce que j’ai bien dormi ? Pas beaucoup, l’adrénaline était très forte. Je n’ai pas besoin de rêver, la réalité que nous vivons a déjà tout d’un rêve, je profite de ces moments. » Le lendemain de la qualification face au Bayern en Ligue des champions, Alessandro Bastoni s’offre un petit moment de philosophie dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport. À quoi bon rêver quand la réalité est tout autant merveilleuse ? Il faut dire que depuis quelques saisons, l’Inter vit une parenthèse éveillée, entre la finale de Champions en 2023, le Scudetto la saison dernière et une fin d’exercice 2024-2025 tout aussi palpitante, malgré les quelques notes négatives des derniers jours (trois défaites consécutives en une semaine : en championnat face à Bologna (1-0), en demi-finales de Coppa face au Milan (3-0) et à la maison contre la Roma (1-0)).

La double confrontation face au Bayern sonnait comme un véritable test pour les Nerazzurri, un test qu’ils ont réussi non sans difficultés, mais avec leurs qualités : conviction, rigueur et détermination. Un quart de finale où un homme s’est montré brillant et impérial : Alessandro Bastoni. Deux matchs références pour le défenseur italien qui a réussi à se mettre dans la poche un Michael Olise virevoltant. « C’est un défenseur de classe mondiale, très peu sont à son niveau », lâchera même après la rencontre Simone Inzaghi. Plus que jamais, l’ancien giocatore de l’Atalanta s’impose comme la référence à son poste en Italie, et plus généralement en Europe.

Ministro della difesa

« Il a cinq ans de moins que moi, mais il est déjà beaucoup plus fort et plus mature. Vous verrez… » Nous sommes en 2016, et Mattia Caldara est l’un des premiers à constater l’ampleur du phénomène Alessandro Bastoni. Ce dernier a tout juste 17 printemps et vient d’être lancé en pro par un certain Gian Piero Gasperini, fraîchement nommé entraîneur de l’Atalanta. « Des joueurs comme lui, j’en ai très peu vu dans ma carrière », se permettra même le Mister bergamasque.

Presque dix piges ont passé et c’est désormais avec un autre maillot nerazzurro, celui de l’Inter (au club depuis 2019), que Bastoni ne cesse de martyriser les attaquants adverses. À 26 ans, le numéro 95 interiste – numéro choisi en honneur de son grand frère né en 1995 – est au sommet de son art, s’imposant comme LE pion essentiel de l’Inter de Simone Inzaghi, avant même Lautaro, Barella ou encore Dimarco.

Solide dans les duels, un excellent sens de l’anticipation, une capacité à défendre aussi bien recroquevillé dans sa surface qu’à 50 mètres de son but, des pieds de velours lui permettant de relancer proprement… Bastoni a tout du défenseur ultime et moderne. Une palette qui impressionne : « Il sait aussi bien défendre en un contre un qu’avec de l’espace dans son dos, il peut jouer dans une défense à 4, une défense à 3, dans l’axe ou même sur un côté. Bastoni sait tout faire », souligne Beppe Bergomi, le plus capé des défenseurs nerazzurri.

Un profil complet qu’il doit à son expérience. En effet, Bastoni a pu évoluer sous les ordres des plus grands tacticiens de la Botte, de Gasperini, à Inzaghi, en passant par D’Aversa ou encore Conte : quatre entraîneurs avec une philosophie de jeu et une animation défensive différente dont il s’est nourri. Il est incontournable à son poste dans le paysage foot actuel. Cela va au-delà de son rôle de base : être un excellent défenseur ne lui suffit pas.

Le « phénomène » Bastoni

Revenons en 2016, toujours avec Gian Piero Gasperini. Alors que le jeune Bastoni vit ses premières expériences  professionnelles, le Mister sait déjà que son poulain n’est pas seulement un excellent défenseur : « Techniquement, il est au-dessus des autres et n’a rien à envier aux autres. Il a les pieds d’un milieu de terrain. » Visionnaire ? Si traditionnellement, le défenseur italien se contente d’être solide et rugueux dans les duels et, à la récupération du ballon, de relancer court sur son numéro 6, Bastoni n’a que faire des traditions. De la même manière que Calafiori, le Lombard est venu bousculer les codes. Il n’est ainsi pas rare de le voir récupérer le ballon et se projeter sur 25-30 mètres, se transformant alors en milieu de terrain box-to-box.

Des qualités de projection qui font de Bastoni un joueur essentiel aussi bien en phase sans ballon qu’avec le ballon. « Les défenseurs avec des qualités techniques aussi poussées que celles de Bastoni sont des denrées rares. Il ne sait pas seulement relancer proprement, il est également capable de dribbler et de se projeter, ce qui fait de lui un phénomène », précise Bergomi. Ne vous méprenez pas, on ne parle pas ici d’un défenseur qui fonce tête baissée. Les percées de Bastoni sont mûrement réfléchies, créent le surnombre et s’avèrent très souvent efficaces.

Des statistiques viennent l’attester : sur cette saison 2024-2025, Bastoni est le défenseur (du top 7 européen) ayant réalisé le plus de passes clés. À titre de comparaison avec Pau Cubarsí, qu’il va retrouver ce mercredi soir à l’occasion de la demi-finale aller contre le Barça, l’international italien a distribué neuf passes dans la surface adverse cette saison en Ligue des champions, contre une seule pour le Barcelonais. Il a aussi signé 24 passes clés (contre 17 pour le Catalan) et réalisé quatre fois plus de courses dans le dernier tiers adverse (19 pour Bastoni, 5 pour Cubarsí). Si Lamine Yamal & cie s’attendent déjà à vivre un calvaire pendant 180 minutes (ou plus, si affinités), les défenseurs et les milieux catalans ne seront pas non plus épargnés par le cyclone Bastoni, attendu à Montjuïc sur les coups de 21 heures.

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