Omar Daf à Dijon : western en Ligue 2

Omar Daf sera bien là pour la reprise de l’entraînement de Dijon, le 22 juin prochain. À cette date, il aurait dû se trouver à un peu plus de 170 bornes de là, à Sochaux, en compagnie de son adjoint Stéphane Mangione, un ancien attaquant du DFCO (1999-2003 et 2004-2009), puisque les deux hommes étaient sous contrat jusqu’au 30 juin 2023. « Il me tanne depuis qu’on se connaît pour que je vienne visiter Dijon, il me dit que c’est une ville magnifique », nous avait confié l’ancien international sénégalais lors d’une discussion informelle, il y a plus d’un an. À cette époque, le duo ne se doutait pas que l’escapade d’un week-end souhaitée par l’un allait se transformer en un séjour de deux ans dans la Cité des Ducs. Et Mangione, qui revenait à Dijon – où continuaient de vivre sa compagne et leurs enfants – dès que Daf accordait un congé à son effectif et à son staff, pourra désormais aller boire son café au centre-ville, avant de filer à l’entraînement.

« Trahison » , « coup de poignard » et riposte

Mais avant d’en arriver à ces petits plaisirs simples de la vie quotidienne, les jours ayant précédé l’arrivée imminente du tandem – qui pourraient être accompagné par Gérard Gnanhouan, l’entraîneur des gardiens, et Antoine Helterlin, le préparateur physique – ont été assez animés. Et il n’est pas certain que Daf tombe dans les bras de Samuel Laurent pour évoquer le bon vieux temps quand Dijon et Sochaux s’affronteront en championnat. Entre les deux hommes, le lien s’est vite distendu avant de rompre définitivement au début du mois de juin, quand le nom de l’entraîneur de 45 ans a commencé à circuler à Dijon, à la recherche du successeur de Patrice Garande. RMC avait balancé l’info de l’intérêt réciproque que se portaient Dijon et celui qui avait conduit Sochaux aux barrages d’accession en Ligue 1 face à Auxerre.

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— Dijon FCO (@DFCO_Officiel) June 17, 2022

Dans un premier temps, Samuel Laurent avait nié. Mais le 5 juin, le DG sochalien aurait bien reçu un coup de fil de son futur ex-entraîneur, lequel lui avait fait part de ses envies d’ailleurs. Le dirigeant, soupçonnant que des négociations entre Dijon et Daf ont eu lieu dans son dos, sort la sulfateuse, et critique l’attitude de Dijon et de son président Olivier Delcourt. « L’attitude du DFCO est déplorable. Un club qui contacte un coach sous contrat (30 juin 2023) et ne prend pas la peine de m’appeler, alors qu’il y a des discussions depuis des semaines… » Puis Laurent, bien remonté, évoque une « trahison » et « un coup de poignard dans le dos » de la part de Daf. Tout en s’empressant d’ajouter que si le DFCO veut le Sénégalais, il faudra casquer. Et au minimum 1 million d’euros…

Évidemment, Daf a réagi via un communiqué cinglant adressé le 6 juin à L’Est républicain, dans lequel il démonte consciencieusement les arguments de son dirigeant. « J’ai toujours voulu m’inscrire dans le long terme au FCSM, et au mois d’avril, nous avions trouvé un accord pour prolonger mon contrat, mais la direction n’a pas trouvé le temps de le formaliser par écrit. Et après l’élimination face à Auxerre, le ton de la direction à mon égard a changé. Depuis, le projet sportif se fait sans prendre en compte mon avis sur le mercato. » Et cela aurait poussé certains clubs, dont Bordeaux, Le Havre et Dijon, forcément mis au parfum par le téléphone arabe, à le contacter. « En aucun cas nous n’avons contacté Daf depuis plusieurs semaines. J’ai été informé il y a très peu de temps de son souhait de quitter Sochaux, et comme d’autres clubs, Dijon s’est positionné », avait confié Olivier Delcourt, le président dijonnais, au Bien Public.

« S’ils peuvent un peu emmerder Dijon et Daf, ils ne vont pas se gêner »

Reste à savoir où se situe la vérité. La seule certitude repose sur le poids des mots employés par Laurent et Daf : les deux hommes ne pouvaient plus travailler ensemble, ce que le premier a parfaitement acté. Il a pris contact avec plusieurs entraîneurs, dont Sébastien Desabre, lié à Niort jusqu’au 30 juin 2023, Zoumana Camara, à la tête des U19 du Paris-SG, Olivier Guégan, Luka Elsner ou encore Oswald Tanchot, qui présentent l’avantage d’être libres. « Dans le camp de Laurent, on dit que Daf voulait partir, qu’il a actionné ses réseaux médiatiques locaux pour se positionner en victime et justifier ses envies de départ. Et du côté des soutiens de l’entraîneur, on confirme que le recrutement a été fait sans qu’il ne soit consulté, bref que ses dirigeants lui ont fait à l’envers, et que la promesse orale de la prolongation n’est jamais arrivée par écrit », résume une source proche d’un dossier assez complexe.

Le DFCO, qui n’entendait pas verser un rond au FCSM, a patiemment attendu que Daf et Sochaux finissent par se mettre d’accord. Le club côte-d’orien, qui s’était penché sur plusieurs profils (Patrice Beaumelle, Olivier Guégan, Frédéric Bompard, Alain Casanova) a fait du Sénégalais sa priorité absolue, même si un plan B a existé pendant quelques jours, au cas où… « Il n’y avait quasiment plus aucun obstacle pour que Daf s’engage avec Dijon. La reprise de l’entraînement du DFCO était fixée au 22 juin, il n’y avait donc plus trop de temps à perdre. Et Sochaux voulait tourner la page. Si ça a traîné un peu en longueur, c’est que Sochaux n’avait pas encore trouvé de coach. Et s’ils peuvent un peu emmerder Dijon et Daf, ils ne vont pas se gêner. C’est de bonne guerre », ricane cette même source. Le DFCO avait hâte de finaliser ce dossier, car un autre, bien gratiné également, l’attend. Celui des retours de prêt de plusieurs joueurs, dont certains sont clairement indésirables (Didier Ndong, Mounir Chouiar ou Moussa Konaté). Une joyeuse bande qui n’a pas laissé que de bons souvenirs dans le coin. Le DFCO a encore un peu de taf pour s’occuper cet été. Mais il tient déjà son Daf.