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Danijel Subašić, gardien d’une époque

Par Chris Diamantaire
Danijel Subašić, gardien d’une époque

L'emblématique gardien de l'AS Monaco a annoncé ce lundi la fin de son histoire sur le Rocher après plus de sept années bercées par quelques doutes et d'infinis souvenirs. Il était le dernier joueur monégasque à avoir connu la Ligue 2 et l'intégralité de l'ère Rybolovlev.

Lorsqu’il est temps de tirer les bilans sportifs, l’heure de saluer chaleureusement les hommes, il est parfois bon de se remémorer les moments où il faisait froid. Comme au cœur de l’hiver 2012, à La Turbie, où parmi une assemblée de ce qui n’étaient alors que des mercenaires auxquels l’histoire ne savait pas bien encore quelle destinée accorder, Danijel Subašić a posé ses valises et son allure flegmatique d’homme que le combat n’effraie pas. À ses côtés, d’autres soldats, disparus trop vite, mais toujours présents quelque part, au détour d’un souvenir – Kagelmacher, Tzavellas, Koman –, des compagnons de lutte qui n’ont pas lâché leur destin – Dirar – et des héros aussi éphémères que respectables – Ibrahima Touré. Et puis quelques noms dont l’on peine à se remémorer ou que l’on préfère oublier. C’est là toute la grandeur du sport : se séparent inévitablement dans les têtes ceux qui le font et ceux qui le subissent, ceux qui repartent sans qu’on ne le remarque et ceux qui impriment des mémoires qui avaient tout pour leur rester étrangères. Subašić avait tout pour ne rester qu’un étranger, une pièce rapportée, un vague souvenir, une anecdote qu’on ne raconte même pas. Et c’est pourtant comme un vrai Monégasque qu’il repart aujourd’hui du Rocher, avec sans doute une dernière conquête en tête, encore un petit bout d’avenir sportif à construire, mais une nostalgie déjà bien présente. Et un homme qui crée de la nostalgie est un homme qui a réussi sa mission.

Gardien du sourire

Des innombrables souvenirs que suscite le septennat du portier croate à l’AS Monaco, deux résumeraient sans doute symboliquement tous les autres. D’abord, ce sourire qu’il a offert, au bout d’une saison qui n’aurait pu être que tristesse. Ce sourire de soulagement et de liberté, aussi fou qu’enfantin quand, à l’ultime journée de la saison 2011-2012, se rêvant en Rogerio Ceni ou José Luis Chilavert des bas-fonds de la Ligue 2, il est allé chercher le ballon, l’a placé à neuf mètres du mur, puis, presque nonchalamment, au fond des filets du gardien adverse contre Boulogne-sur-mer, au stade… de La Libération.

La survie dans l’enfer de la Ligue 2 était déjà acquise depuis bien longtemps, mais c’était là un retour aux joies simples, à l’innocence après la peur. Et puis il y a le jour, tout aussi glorieux que symbolique cette-fois ci, où il a évité les larmes et offert un printemps européen à un club qui avait bien cru ne plus jamais en revoir. C’était au stade Louis-II, en mars 2015, à une dizaine de minutes du terme d’un huitième de finale retour étouffant. Olivier Giroud a sans doute cru alors offrir le but de la qualification aux Gunners. Tout le stade a d’ailleurs cru que le ballon allait rentrer, qu’il était peut-être rentré, même. Mais non, il y avait Suba, son aura et son style improbable, qui ont par moment fait de lui un gardien aussi fantastique que fantasque.

Dans la légende

Par moment seulement, car ce ne serait pas lui rendre hommage que de raconter des fables. Subašić n’a jamais été un très grand gardien. Cela se voyait dès la Ligue 2. Cela se voyait quand il restait figé sur sa ligne ou quand il partait à l’abordage. Cela se voyait souvent. Mais, à défaut d’être toujours irréprochable, il avait son style, le vrai, celui qu’on ne peut dupliquer et qui façonne les gardiens qu’on aime. Celui qui lui a fait tutoyer le record de Gaëtan Huard, celui qui l’a fait devenir champion de France et qui l’a emmené jusqu’en finale de Coupe du monde. Maladroit comme un panda, malin comme un chat, c’était ça, Suba : un gardien attachant qui a grandi d’un même élan que son club. Un club qui s’est pourtant toujours évertué à lui mettre des concurrents dans les pattes, sans que ça ne lui fasse perdre l’équilibre. « Je n’ai pas peur de perdre ma place ici. Le foot se joue dans la tête et je l’ai compris », assénait-il fièrement. Il a fini par la perdre un jour, comme tout le monde. Mais le foot se joue aussi dans les cœurs et, à l’image de Jean-Luc Ettori ou de Flavio Roma, il sera difficile de l’enlever de celui des supporters monégasques. Les mêmes à qui ce paradoxe ganté aura sans doute fait dire les mauvais jours : « Ce mec est vraiment gardien de but ? » Et pour l’éternité : « Ce mec est vraiment des nôtres. »

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