Barça-Lyon : le guide anti-manita

Être parisien

C’est une question de sémantique : littéralement, manita signifie petite main, ou menotte. Hors cas de polydactylie natale, il faut donc encaisser cinq buts. Ni plus ni moins. Les puristes préciseront qu’il faut aussi n’en marquer aucun, les réalistes remarqueront qu’une pichenette ne pèse pas lourd contre une bonne mandale. Quoi qu’il en soit, la science et le Pequeño Roberto sont formels : en 2017, le PSG n’a pas encaissé une manita, mais une hexadactylita.

Ne pas être madrilène

« Leur mettre une manita est une tradition » : le kif du dimanche date du 28 octobre dernier et il est signé Gerard Piqué. Qui d’autre ? En même temps, difficile de donner tort à Shakiro : le Barça compte à ce jour huit petites mains collées au Real. Par respect pour la terminologie autant que pour la Maison-Blanche, nous ne retiendrons pas le 7-2 de 1951-1952. Et nous évoquerons encore moins le set collé par le Barça au Santiago-Bernabéu le 2 mai 2009 (2-6), avec un doublé d’Henry, un autre de Messi, un pion de Puyol et un dernier but du futur fossoyeur de la Coupe Davis. Oups ! Trop tard.

Ne pas se pointer avec un entraîneur sur la sellette

Conséquence directe dudit 28 octobre : Julen Lopetegui valide son annus horribilis en dégageant après dix petites journées de championnat. Mais la manita reçue au Camp Nou n’est qu’une goutte dans un vase déjà rempli de cinq défaites en 13 matchs. Tandis qu’à Lyon, les choses sont claires. Il n’y a qu’à écouter Jean-Michel Aulas, dimanche dernier dans Téléfoot : « Il a dit que sa priorité était de rester. Ma décision n’est pas prise.(…)Mais j’aurai un entretien avec Bruno avant Barcelone pour lui dire le fond de ma pensée.(…)En tout cas, Bruno est un bon entraîneur. » C’est dit ! Affaire classée, Bruno est un bon entraîneur. Pas de gifle à craindre pour cet OL.

Ne pas être un singe

Ni une hôtesse, ni une ex, ni un passant, ni Gilles Verdez… Du moins, en cas de rencontre avec Joeystarr.

Ne pas encaisser un doublé en deux minutes

D’abord parce que les chiffres sont formels : deux buts, ça fait déjà 40% d’une baffe à cinq doigts. Et puis, soyons réalistes, parce que ce n’est pas super bon pour le moral. Demandez donc à la charnière Cris-Boumsong de 2009, qui a vu Thierrry Henry la déposer deux fois avant la demi-heure de jeu. Alors, en 2019, on évite de se faire prendre dans le dos et tout se passera pour le mieux.

Attaquer à bon escient

Pour passer au next step, le mieux est d’éviter la baffe d’entrée. Comment ? En commençant par la base : ne pas confondre drague et harcèlement. Et ça tombe à pic, l’association Stop Harcèlement de rue a dressé un petit guide permettant de distinguer les deux approches. « La notion principale est le consentement, rappelle Marine. On dit souvent que la drague est une main qui se tend, alors que le harcèlement est une main qui s’abat. » Tendre la main pour ne pas s’en prendre une dans la gueule, donc. « Il y a aussi des lieux et des attitudes plus favorables, il faut être observateur. Mais la base, c’est l’accord de l’autre. S’il y a refus ou simplement pas de réponse, il faut lâcher l’affaire. Ah, et il n’est pas inutile de respecter les règles de politesse basiques ! » Conclusion : amis lyonnais, dites bonjour et respectez le Barça. Sur un malentendu, ça peut marcher.

S’en remettre à la VAR

Messi aurait-il mis la manita de Dios, contre l’Espanyol en 2007, avec l’arbitrage vidéo ? Non, pas plus que Maradona 21 ans avant lui. Le football en serait-il sorti grandi ? Chacun son opinion. Ce qui est sûr, c’est que Diego ne serait pas devenu D10S, que Knysna ne serait resté qu’une obscure bourgade sud-africaine et que Châteauroux n’aurait pas égalisé contre Caen. En résumé, si la VAR peut éviter une manita aux Lyonnais, ils devront faire sans elle pour écrire l’histoire.

Passer par le Louvre (et apprendre l’akkadien)

Se diriger vers l’aile Richelieu. Rez-de-chaussée, département Antiquités orientales, salle 227. Là, se pencher sur les signes cunéiformes gravés sur un monolithe de basalte noir, 2,25 mètres de haut sur 55 centimètres de large. Oui, oui, vous ne rêvez pas : vous êtes bien en train de lire la loi du talion écrite sur la stèle du Code de Hammurabi. Et que dit le sixième roi de Babylone ? En gros, œil pour œil, dent pour dent. Ce qui ne vous évitera pas une manita, mais, traduit en termes footballistiques, signifiera qualification en quarts de finale grâce à la règle du but à l’extérieur. Le charme discret de l’akkadien.

Regarder des tutos sur Internet

Jean Gilles est instructeur de krav-maga au Club parisien de self défense des Abbesses. Et pour lui, la première chose à faire pour ne pas se ramasser une mornifle est simple : « Éviter de susciter l’envie chez l’autre de vous en coller une ! » Oui, mais si l’envie est si forte que ça en devient un besoin pressant, chez cet « autre » mal intentionné ? « Alors il faut courir vite ! (Rires.) » Mais encore ? « De manière générale, il faut être solide sur ses appuis, opposer l’avant-bras, se protéger la tête et les parties vitales. Après, ça dépend vraiment de l’attaque. Il y a plein de tutos sur le Net, vous trouverez tout ce qu’il vous faut ! » Même pour éviter une sortie d’Anthony Lopes ?

Ne pas savoir compter jusqu’à cinq

La méthode Coué pour les nuls.

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