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« Au LOSC, on embarque à bord d’Ariane 3 »

Propos recueillis par Maxime Delcourt
6 minutes
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Présentatrice météo sur France 3 Nord-Pas de Calais depuis 1999, Anne-Sophie Roquette est surtout connue dans le milieu du football pour avoir été la première speakerine dans un stade français, au LOSC plus précisément, et ce depuis 1989. Autant dire qu'on ne lui la fait pas : Lille, elle connaît et elle en parle.

Comment as-tu débuté en tant que speakerine ?Pour tout dire, le speaker présent avant moi a été tué dans un accident de voiture, et comme son remplaçant avait un peu trop l’accent du Nord, le président de l’époque voulait amener un peu de nouveauté. A cette époque, il recevait beaucoup de lettres de femmes de supporters qui se plaignaient que leur mari n’était jamais présent à la maison le week-end. De ce fait, il voulait montrer que le foot n’était pas fait que pour les hommes. Et donc, durant l’été 1989, je suis venu faire un casting dans le stade Grimonprez-Jooris, complètement vide qui plus est. Le président a fait semblant de réfléchir et il m’a dit : « Allez hop, je vous prends. » Mais j’étais passionnée de foot, et du LOSC en particulier, depuis toute petite.

Tu penses que ça a marché ? Que les femmes se sont déplacées davantage au stade ?Je ne sais pas si ça a eu une influence directe sur la prise de conscience. Ceci dit, ça a entre guillemets montré aux hommes que les femmes pouvaient s’intéresser au foot. Je pense d’ailleurs qu’il y a toujours eu des femmes pour s’intéresser aux sports. La preuve, ma maman était vraiment fan de sport, et de foot particulièrement, alors que mon père s’en fichait complètement. Mon arrivée a juste été un message pour casser l’image du foot, mais je ne suis pas sûr que ça ait fait venir plus de femmes au stade.

De quelle image parles-tu ? Du côté un peu beauf qu’on attribue souvent au foot ?Moi, je ne trouve pas que le foot soit un sport beauf, c’est un sport populaire. Et il ne faut pas confondre populaire et populiste. Ce que j’aime d’ailleurs dans le peuple du football, c’est qu’un chirurgien peut-être assis à côté d’un chômeur, un chef d’entreprise à côté d’un plombier, et tous partagent la même passion. Si le foot n’était pas là, jamais ces personnes ne se seraient parlées ou rencontrées.

Comment instaure-t-on une relation de confiance et de partage avec les supporters ?Déjà, je suis consciente qu’on ne peut pas plaire à tout le monde (rires). Mais je pense que j’ai été pas mal adopté par une bonne partie du public. Je fais partie des mœurs du LOSC maintenant. J’ai mes valeurs, je prône sans cesse le respect de l’adversaire parce qu’il faut qu’il y ait deux équipes sur un terrain pour que le match soit bon. Je respecte encore plus les supporters adverses. Simplement parce que je sais que les miens font, comme eux, d’énormes sacrifices pour traverser toute la France, parfois l’Europe, pour suivre leur équipe. Il y en a qui ne partent pas en vacances pour suivre le LOSC toute l’année, ils se serrent vraiment la ceinture.

Il y a deux ans, tu as été élue Micro d’or par la LFP… Je t’avoue que je ne connaissais même pas ce prix…Et pourtant, c’est mon troisième (rires). Mais bon, c’est un titre qui ne veut pas dire grand-chose. Tu es noté par les délégués et les journalistes qui te jugent sur ton programme musical, sur tes échanges, etc. Je suis plus flattée par le fait que le LOSC ait reçu le titre de meilleur public de France pour la deuxième année consécutive. Ça me fait beaucoup plus plaisir que de recevoir le Micro d’Or, dont les statuettes sont rangées dans une boîte chez moi. Mais bon, c’est l’occasion de faire un petit coup de projecteur sur le LOSC de manière sympa.

Cette récompense pour le LOSC est surprenante. Pour ma part, j’ai trouvé que l’ambiance au Grand Stade était beaucoup moins flagrante…J’ai pensée la même chose que toi. Je trouve qu’il y a moins de proximité, mais bon je ne vais pas critiquer le Grand Stade. Il est génial et on l’attend depuis si longtemps. Mais au niveau ambiance, ça a changé un peu. Quand tu mènes 3-0 et que tu n’entends pas un bruit dans le stade, tu t’inquiètes un peu quand même. Après, c’est peut-être un nouveau public qui doit s’approprier les valeurs. Mais je ne peux pas dire que cette année aura été la meilleure en tant que speakerine, sauf le dernier match contre St-Etienne où les supporters ont tout donné.

Tu chantes l’hymne du club à chaque début de match. Comment on se l’approprie ?Ben, justement, je ne l’ai pas fait le 26 mai, je n’ai pas eu le temps. Mais je m’en suis voulu. D’autant que je suis très superstitieuse (rires). J’ai vraiment cru que c’était de ma faute si on avait fait match nul. Sinon, pour l’hymne, son histoire est simple : pour accompagner la qualification en Ligue des Champions en 2002, il fallait de nouvelles chansons. On s’est donc approprié l’air de l’hymne à Jean Bart, et, pour les paroles, c’est un supporter du LOSC qui les avait postées sur un forum. Il nous fallait un hymne très prestigieux et très solennel, un peu à la « You’ll Never Wake Alone » . Et honnêtement, je le trouve très beau.

Depuis le temps que tu es là, j’imagine que tu dois côtoyer régulièrement les joueurs et les dirigeants ?Non, parce que je ne travaille pas pour le LOSC. Mais bon, c’est vrai qu’avec le temps, une petite relation s’établie forcément, je pense notamment à Rio Mavuba ou à Franck Béria qui sont des amours de garçons. Après, ce sont des personnes tellement sollicitées que je n’ai pas envie d’en rajouter. Et puis la plupart d’entre eux, même s’ils pourraient être mes fils, m’intimident. Tout simplement parce que je suis très impressionnée par le sport de haut niveau, ça demande beaucoup de sacrifice. Mais bon, c’est vrai que côté personnalité, on est plutôt gâté à Lille. On a un groupe génial. J’espère qu’on ne va pas tous les perdre (rires).

Justement, comment juges-tu l’évolution du club depuis quelques années ?Ben là on embarque à bord d’Ariane 3 (rires). Si je reprends de 1989 à aujourd’hui, on est passé du petit club associatif géré par la mairie de Lille à un gros club de Ligue 1 géré par une véritable entreprise. Ça n’a plus rien à voir. Aujourd’hui, le LOSC est en passe de devenir une véritable machine du football. On commence à être connu et reconnu. Ce n’est pas parce qu’on ne joue pas l’Europe l’année prochaine que tout s’arrête. Ça s’est joué à rien. Quand on voit ce que le club est devenu, c’est formidable. Je me rappelle qu’au centre de formation de Grimonprez-Jooris, il y avait des rats qui se baladaient dans le vestiaire, alors qu’aujourd’hui le centre d’entrainement est l’un des meilleurs d’Europe.

Tu imagines faire ce métier pour un autre club ?Je l’ai déjà fait en même temps que Lille pour des clubs à plus bas niveau : pour Roubaix et pour les gros matchs de Dunkerque notamment. Mais le faire pour un autre club que Lille, je ne pense pas pouvoir. Ou alors en étant neutre, comme je l’ai fais lors de la dernière finale de la coupe de la Ligue. Lille, c’est mon club (rires).

Comment concilies-tu tes activités de présentatrice et celles de speakerine ?Je suis intermittente du spectacle, donc je travaille pour beaucoup de monde différent. En plus du LOSC et de France 3, j’anime des conventions, des journées festives, je fais des films, etc. Mais c’est simple, quand sort le calendrier de la Ligue 1, dont le prochain est le 13 juin, je regarde les matchs à domicile et je réserve mes vendredis, samedis et dimanches. Et à partir de ce moment-là, je sais que je ne pourrai pas travailler ailleurs. Le LOSC a la priorité sur tout. C’est normal, j’y suis depuis longtemps. Je n’ai loupé que deux matchs dans ma carrière, dont le célébrissime Lille-Martigues où le LOSC avait mis 7 buts. Je l’ai longtemps regretté (rires).

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Propos recueillis par Maxime Delcourt

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