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Football History X

Le topic où l'on parle de l'histoire du foot ou de l'histoire tout court...
Message posté par Polstergeist
A l'ère de l'autotune, entendre de vraies belles voix, ça fait plaisir. Même si beaucoup pensent que ces chansons sont ringardes, elles ont en réalité beaucoup de charme !

Pour ce qui est de la country, le Yodel a été introduit par les immigrants germanophones. On parle très souvent de l'immigration italienne ou irlandaise, mais on oublie l'importance de celle d'Allemagne et d'Europe centrale. Avant la WW2, on estimait que plus de 45 millions d'Américains parlaient l'allemand ou le comprenaient. Au début du 20ème siècle, la moitié de la population de l'état de Pennsylvanie parlaient l'allemand. D'ailleurs, il existe ce qu'on appelle l'allemand pennsylvanien parlé par les Amish notamment.


Comme multiples influences de la Country on peut ajouter le blues des noirs, la mandoline des migrants italiens, la guitare hawaïenne, le fiddle des anglo-celtiques, la guitare classique espagnole, l'accordéon, la valse et la polka d'Europe centrale, etc.
Message posté par Polstergeist
A l'ère de l'autotune, entendre de vraies belles voix, ça fait plaisir. Même si beaucoup pensent que ces chansons sont ringardes, elles ont en réalité beaucoup de charme !

Pour ce qui est de la country, le Yodel a été introduit par les immigrants germanophones. On parle très souvent de l'immigration italienne ou irlandaise, mais on oublie l'importance de celle d'Allemagne et d'Europe centrale. Avant la WW2, on estimait que plus de 45 millions d'Américains parlaient l'allemand ou le comprenaient. Au début du 20ème siècle, la moitié de la population de l'état de Pennsylvanie parlaient l'allemand. D'ailleurs, il existe ce qu'on appelle l'allemand pennsylvanien parlé par les Amish notamment.


Encore aujourd'hui, les Américains se réclamant d'une ascendance allemande sont fort nombreux aux Etats-Unis : le US Census Bureau en comptabilise plus de 45 000 000 pour 2017, devant les Irlandais ou les Italiens, par exemple. Il n'y a pas eu beaucoup de films sur eux, au contraire des Irlandais ou des Italiens, mais ils sont bien présents et n'oublient pas leur origine.

De toute façon, ce sont toutes les Amériques qui reçurent de nombreux émigrés allemands au XIXe siècle : si toute l'Europe est en plein boom démographique, l'Allemagne plus encore. Ne pas oublier que si Louis XIV ou Napoléon purent dominer l'Europe, c'est d'abord parce que la France était alors le pays le plus peuplé d'Europe. Rappelez-vous la fameuse phrase de Napoléon après Eylau : "Une nuit de Paris réparera tout ça." Au XXe siècle, c'est l'Allemagne qui prend l'avantage et est capable de tenir tête, presque seule, à la France, au Royaume-Uni et à la Russie, puis impose sa férule à l'Europe presque entière parce qu'elle s'appuie avant tout sur une forte population.
Message posté par Polstergeist
Il y a d'ailleurs un bonhomme à la crinière blonde improbable, agité et vindicatif, qui est d'origine allemande...

Tu fais bien de citer Napoléon. Les Allemands ne remercieront jamais asssz les Français pour avoir oeuvré à leur unification... C'est ce qui s'appelle se tirer une balle dans le pied. Dum-dum, la balle.


Un autre président, plus glorieux celui-là, Eisenhower, n'était-il pas lui aussi d'origine allemande ?
Message posté par Polstergeist
Il y a d'ailleurs un bonhomme à la crinière blonde improbable, agité et vindicatif, qui est d'origine allemande...

Tu fais bien de citer Napoléon. Les Allemands ne remercieront jamais asssz les Français pour avoir oeuvré à leur unification... C'est ce qui s'appelle se tirer une balle dans le pied. Dum-dum, la balle.


Ce sont d'ailleurs les deux Napoléon que les Allemands peuvent remercier.
"La Pologne va écraser l'Allemagne, Mussolini sera congédié par le roi d'Italie, Hitler sera enfermé dans une maison de santé et la guerre civile qui suivra sa chute s'achèvera par une intervention française."

Maurice Privat, dans ses "Prédications mondiales" pour 1940 où il annonçait "une année de grandeur française".

Voilà un type à qui je ne confierais pas mon Lotofoot !
Message posté par bobbysanno
"La Pologne va écraser l'Allemagne, Mussolini sera congédié par le roi d'Italie, Hitler sera enfermé dans une maison de santé et la guerre civile qui suivra sa chute s'achèvera par une intervention française."

Maurice Privat, dans ses "Prédications mondiales" pour 1940 où il annonçait "une année de grandeur française".

Voilà un type à qui je ne confierais pas mon Lotofoot !


Ni les noms des prochains vainqueurs de la C1 et de l'Euro.
Message posté par Fred Astaire
Ni les noms des prochains vainqueurs de la C1 et de l'Euro.


Bah, autant l'Euro réserve parfois des surprises, autant la C1 est devenue la chasse gardée d'une huitaine d'équipes... Peu de chances de se tromper !
Message posté par bobbysanno
Bah, autant l'Euro réserve parfois des surprises, autant la C1 est devenue la chasse gardée d'une huitaine d'équipes... Peu de chances de se tromper !


Seuls parmi les favoris, ou supposés tels, seuls Paris, City et l'Atletico ne l'ont jamais gagné.
Message posté par elchivo2
Certes, en C1, il y a une jolie différence entre le top 8 et les autres et en plus le fait que cela se joue en 2 matchs réduit encore le nombre de surprises, mais il y a quand même eu un Chelsea horrible vainqueur et aussi l'Ajax qui était pas loin d'aller au bout. Sur les 8 dernières années, ça fait 1/8 d'énorme surprise et presque 2/8 si les hollandais n'avait pas craquer contre Tot à la fin. Dans le foot même quand il y a de grande différence entre les équipes, il peut tout de même y avoir des surprises. C'est toute la beauté de ce sport.


Je parlais des vainqueurs, pas des finalistes. Mais, oui, il peut y avoir des surprises. Chelsea 2012 et Liverpool 2019, qui faisaient (Chelsea) ou font (Liverpool) partie d'une oligarchie richissime qui écrase leurs championnats domestiques, n'en sont pas pour moi. De mon point de vue, le dernier vainqueur surprise, c'était le Pool en 2005.
Message posté par elchivo2
Ce n'est pas une surprise que chelsea ait remporté la C1 sur ces 15 dernières années. Mais en 2012 c'est pas loin d'être la pire équipe en 1/8. Et en championnat, ils finissent 6 ou 7 eme cette année là.
Je ne pense pas qu'on puisse définir les favoris juste en fonction du budget sinon le Barca serait un grand favoris cette année aussi.


Je ne les définis pas uniquement en fonction de leur budget. Mais en relevant aussi qu'ils écrasent leurs championnats domestiques. Au début de la saison 2019-2020, le Barça fait assurément partie de cette oligarchie. Ces clubs oligarques peuvent avoir un coup de moins bien, un jeu dégueulasse, etc., mais ils restent dominants sur une période assez longue.

Si, en septembre 2019, on t'avait dit : "Le Barça va gagner la C1", tu n'aurais certainement pas dit : "Peu probable !"

Chelsea est champion d'Angleterre en 2010, vice-champion en 2011, si on t'avait dit en septembre 2011 : "Chelsea va gagner la C1", tu n'aurais certainement pas dit : "Peu probable !"

Aujourd'hui, cette oligarchie rassemble Real Madrid, FC Barcelone, Paris Saint-Germain, Juventus, Bayern, Liverpool, Manchester City : des équipes qui se qualifient quasi-systématiquement pour la C1 et écrasent leurs championnats respectifs. Mais celle-ci est mouvante : Lyon faisait partie de cette oligarchie dans les années 2000, Milan AC et Internazionale en ont été éjectés... Mais c'est en Angleterre que les recompositions de l'oligarchie footballistique européenne sont les plus fréquentes : MU, Arsenal et Chelsea étaient les clubs dominants des années 2000, ils sont aujourd'hui décrochés. Et je terminerais en écrivant quelque chose qui va certainement te surprendre : je ne considère pas la victoire du FC Porto en 2004 comme une surprise complète, puisque le FC Porto était un membre de l'oligarchie dans les années 2000. Il dominait alors outrageusement le championnat portugais et réalisait régulièrement de bonnes performances en Coupes d'Europe. Une victoire de l'OL aurait aussi été une demi-surprise.
Message posté par elchivo2
Quant au barça de cette année, en suivant de loin on pouvait croire qu'ils avaient leur chance, mais les types qui suivent ça de prêt était très pessimiste.


Hop ! hop ! hop ! le Barça n'a pas encore perdu la C1 2019-2020. On peut être pessimiste, oui, mais s'il gagne, je ne hurlerais pas à la surprise du siècle.
Je mets ça ici, pour arrêter de polluer le forum "politique" :

Johann Chapoutot, La loi du sang, 2014, pages 527-528 : "Lire les sources que nous avons recueillies et leur accorder de l’importance ne signifie pas que l’on postule un programmatisme marmoréen ou que l’on professe un intentionnalisme naïf. S’intéresser à ce qui fut écrit ne veut pas que dire que "tout était écrit", loin de là : l’historien qui s’intéresse à ces textes livre sa contribution au travail général de la communauté historienne, qui tente de reconstituer des processus en rappelant la dialectique qui existe entre les discours et les pratiques, les conditions et les contextes.
Il est aisé de dire et d’écrire. Les idées jouissent d’une radicalité libre et sans limites. Que de telles idées deviennent impératives, voire performatives, dépend de contextes particuliers, situés dans des temps et des lieux spécifiques, que l’historien doit reconstituer. L’exemple le plus saisissant (par la radicalité des idées avancées et du crime commis) est sans doute celui de l’antisémitisme biomédical. On écrit, depuis le XIXe siècle, que les Juifs sont des "bacilles" - et les fascicules de formation idéologique nazis manquent rarement de rappeler les propos de Lagarde. Hitler, dans Mein Kampf, épouse cet antisémitisme radical, qui est celui de l’extrême droite qu’il fréquente depuis sa jeunesse autrichienne : "bacille", "parasite", "microbe", qui vient contaminer et détruire l’organisme qui l’accueille, le Juif est un péril biologique. Les travaux sur la Shoah ont cependant montré que la politique antijuive des nazis ne devient éradicatrice que fort tard. Vernichten ("anéantir") les Juifs signifie d’abord les faire disparaître en tant que peuple du sol allemand puis européen, par l’émigration forcée.
Les idées avancées par l’antisémitisme biomédical ne sont que des conditions de possibilité d’actes qui, de pensables et possibles qu’ils étaient, vont devenir souhaitables dans un contexte spécifique, celui de l’automne 1941 : la brutalité de la politique nazie de ghettoïsation des Juifs de Pologne, puis d’ailleurs, dans les ghettos du Gouvernement général entraîne une situation sanitaire catastrophique telle que, comme l’a montré Paul Weindling, le meurtre s’impose, un meurtre qui épouse les justifications sanitaires et revêt la forme de procédures médicales. Si, de surcroît, on s’accorde sur le fait que la décision de tuer tous les Juifs d’Europe a sans doute été prise en décembre 1941, au moment où, du fait de la guerre à l’Est et de l’entrée dans le conflit des Etats-Unis, la hiérarchie nazie se retrouve dans la situation de 1917-1918 et dans la perspective d’un nouveau "novembre 1918" - révolution juive, capitulation, défaite –, on achèvera de se convaincre que l’étude des idées nazies et de l’univers mental des acteurs est particulièrement féconde pour comprendre ce que l’homme fait à l’homme."
Pour ceux que ça intéresse, je confirme ce que j’écrivais il y a quelques jours sur le forum "politique" : le "Que sais-je ?" de Bensoussan sur la Shoah est fort bien fait (même si on pourra trouver à redire sur quelques points).

Bensoussan corrobore mes intuitions – ou plutôt mes réminiscences – concernant le projet génocidaire nazi (synthèse entre fonctionnalisme et intentionnalisme, rôle décisif de la guerre dans la radicalisation conduisant de la persécution au meurtre de masse).

Ainsi, page 22 de la 6e édition (2016), Bensoussan écrit : "Le régime nazi ne semble pas avoir envisagé d’emblée le meurtre de masse." Mais il précise, en note infrapaginale : "Quoique, en 1937 déjà, le service de la sécurité (SD) évoquait la déportation vers des régions inhospitalières où les Juifs seraient "isolés et voués à disparaître progressivement"".

Mais c’est page 50 qu’il se montre le plus intéressant et le plus clair : "Le destin du judaïsme européen a sans doute été décidé dès l’invasion de la Pologne en septembre 1939. Il a été scellé avec l’invasion de l’URSS. D’un génocide différé et géographiquement éloigné [plan Madagascar, par exemple], on est passé à un génocide immédiat et sur place. Le sort des armes allemandes dictait celui des Juifs d’Europe. Qu’il ait été défavorable, et il s’agissait alors, en mettant à mort le peuple juif, d’éviter le "coup de poignard" de 1918. Qu’il ait été favorable, et c’était la possibilité d’en finir non seulement parce que les possibilités d’émigration étaient inexistantes mais surtout parce que le contrôle de la quasi-totalité des Juifs d’Europe était l’occasion de les éliminer définitivement.
De 1939 à 1941, la politique raciale allemande s’est radicalisée par bonds successifs. La guerre est le fil conducteur de cet empilement de décisions. Les tenants de la thèse fonctionnaliste sous-estiment l’arrière-plan idéologique non seulement du nazisme, mais plus largement de cette nébuleuse intellectuelle forgée dans la seconde moitié du XIXe siècle qui mêle idéologie volkisch, darwinisme social, eugénisme, antisémitisme "biologique" et racisme. Ceux de la thèse intentionnaliste perçoivent insuffisamment le rôle de la surenchère politique "auprès du Führer", celui de la dynamique du terrain et surtout le rôle de la guerre, dès septembre 1939, comme facteur de rupture dans la politique allemande à l’endroit des Juifs."
Merci c'est très intéressant, c'est un débat épistémologique que je ne connaissais pas !
Ça fait également penser à la thèse du consentement sur la 1gm, d Audoin-rouzeau, opposé à la brutalisation de la société. Ou plutôt on y oppose (Antoine Prost en tête) la thèse de la contrainte, le résumé du débat est bien retranscrit sur wiki.
vous verrez passer sûrement aujourd'hui un article sur la "découverte du tombeau de Romulus".
en tant que prof d'histoire au collège, je me dois professionnellement même en pause pédagogique d'intervenir. ma conscience pro est une muse exigeante.
rapidement un point "scientifique" approximatif :

- les historiens sont arrivés à la conclusion que les mythes fondateurs de la civilisation romaine sont bien des mythes justement, et une ré-écriture romancée de la réalité plus prosaïque à la manière de l'Iliade pour les cités grecques.
qu'un type appelé Romulus ait existé est donc déjà peu probable en soit. qu'il ait fondé Rome encore plus. à la rigueur, il semble qu'un rituel de fondation d'une "cité" au sens politique ait eu lieu sous la férule d'un homme / famille du nom semble probable. m'étonnerait qu'il ait tété de la louve - tué son frère sur le sillon... mais Rome est à la base une ville fondée par les grecs (hypothèse 1) ou les étrusques latins (2).
- le tombeau date de toute façon du VIe siècle de ce que j'en ai lu et les annalistes romains disent -753. ça colle moyen.

en fait la conclusion la plus logique c'est que ce tombeau soit une sorte de temple / autel à Romulus, figure tutélaire de la ville à la manière des cultes impériaux largement plus tardifs ou de ceux de toute façon, dédiés aux premiers rois romains et donnés par les Rex Sacrorum.

voilà voilà. j'espère que mon statut de fonctionnaire public de l'éducation dans le secondaire pour des enfants de 11 ans fasse pour vous autorité :)
Message posté par Nifa
Merci c'est très intéressant, c'est un débat épistémologique que je ne connaissais pas !
Ça fait également penser à la thèse du consentement sur la 1gm, d Audoin-rouzeau, opposé à la brutalisation de la société. Ou plutôt on y oppose (Antoine Prost en tête) la thèse de la contrainte, le résumé du débat est bien retranscrit sur wiki.


Oui ! débat historiographique aussi fort intéressant et dont Jean-Yves Le Naour propose une bonne mise au point ici (quoiqu'un peu ancienne) : https://laviedesidees.fr/Le-champ-de-bataille-des.html

Mais débat historiographique tout aussi indémerdable, qu'il faut dépasser pour proposer une synthèse.

Par ailleurs, à propos des carnets de Barthas, principale source de "l'école de la contrainte", je proposais il y a quelques temps cette recension :

Louis Barthas, Carnets, 1978 : "J’ai les héros en horreur. Ils ont les mains tachées de sang."

Publiés pour la première fois en 1978, les carnets de l’irrévérencieux tonnelier socialiste Louis Barthas s’inscrivent au cœur d’un débat historiographique majeur. En effet, comment les poilus ont-ils tenu plus de quatre ans dans l’enfer de la Grande Guerre ? Pour répondre à cette question, deux écoles s’opposent. D’une part, celle du consentement patriotique, issue de l’Historial de la Grande Guerre, qui insiste sur la culture de guerre et le nationalisme plus ou moins diffus qui imprégnaient les soldats du front. D’autre part, celle de la contrainte, rassemblée au sein du CRID 14-18, qui montre que les soldats du front ne manifestèrent pas particulièrement de patriotisme et ne tinrent que sous la menace des sanctions disciplinaires. Autrement dit, les poilus furent-ils acteurs – et parfois héros – dans la guerre, ou bien ne furent-ils que des victimes – parfois non-consentantes comme les mutins ?

Présentés par Rémy Cazals, les carnets de Louis Barthas apportent beaucoup d’eau au moulin de l’école de la contrainte : "si nous souffrions ainsi stoïquement sans plaintes inutiles," écrit Barthas, "qu’on ne vienne pas raconter que c’était par patriotisme pour défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, pour que ce soit la dernière guerre et autres balivernes, c’était tout simplement par force, parce que victimes d’une implacable fatalité on devait subir son sort, chacun sachant bien que pris dans les dents terribles d’un formidable engrenage, il serait broyé à la moindre velléité de révolte. Et perdant notre dignité, notre conscience humaine, nous n’étions plus que des bêtes de somme avec comme elles leur passivité, leur indifférence, leur hébétude."

Mobilisé du 4 août 1914 au 14 février 1919 ("cinquante-quatre mois d’esclavage !"), Barthas tint quotidiennement des carnets de notes. A son retour chez lui, il reprend ses notes, les lettres et cartes postales qu’il envoya du front à sa famille, et rédige ses mémoires de guerre dans 19 carnets d’écolier. Cette rédaction lui prend néanmoins plusieurs années, comme le prouve – dans les dernières pages du quinzième cahier – une citation d’une lettre ouverte d’Anatole France parue dans L’Humanité du 18 juillet 1922. Selon Rémy Cazals, Barthas serait un témoin particulièrement fiable pour connaître les sentiments des poilus car il n’était pas un intellectuel (travailleur manuel, il ne dépassa pas le certificat d’études primaires bien qu’il se classa premier de son canton et qu’il lut assidument Hugo, Marx, Guesde ou Zola) et resta tout au long de la guerre un homme du rang (au mieux, il fut caporal). Ainsi, il vivait "en permanence au sein de son escouade". Barthas serait donc le "bon témoin" par excellence, à l’opposé des intellectuels diplômés qui seraient souvent imprégnés de nationalisme et seraient plus réceptifs à la propagande guerrière et germanophobe, à l’opposé aussi des officiers et sous-officiers qui ne connaîtraient pas toujours le quotidien des tranchées : "l’escouade est une petite famille," note Barthas, "un foyer d’affection où règnent entre ses membres de vifs sentiments de solidarité, de dévouement, d’intimité d’où l’officier et le simple sergent lui-même sont exclus ; devant eux, le soldat ne se livre pas, se méfie, et un officier qui voudra tenter de décrire comme moi cette vie étrange de la tranchée n’aura jamais connu si ce n’est quelques fois par surprise les vrais sentiments, le véritable esprit, le net langage du soldat ni son ultime pensée."

Néanmoins, on se gardera de généraliser à partir du seul témoignage de Barthas. D’abord, parce qu’un seul témoignage ne saurait suffire. Ensuite, parce que ce témoignage est fortement orienté par les convictions pacifistes et antimilitaristes de l’auteur. En effet, à quelques rares exceptions près, tous les officiers et sous-officiers sont des incapables, des brutes sanguinaires, uniquement soucieux de leur confort et de leur avancement, multipliant brimades et humiliations à l’encontre des soldats du rang. Au contraire de ce que prétendent les communiqués officiels et les journalistes de la "presse servile", au contraire de ce que pensent les civils abusés par ce "bourrage de crâne", au contraire de ce qu’espèrent officiers et sous-officiers, Barthas et les autres soldats du rang – Français et Allemands – font la guerre sans aucun enthousiasme, patriotisme ni haine de l’ennemi. Ils sont des victimes, des martyrs, du bétail qu’on conduit à l’abattoir. Ils n’espèrent rien d’autre que sauver leur peau et ne marchent que galvanisés par l’alcool, trompés par les ruses des officiers, sous la menace du conseil de guerre ou des "sergents marchant en serre-file pour faire marcher les traînards et les abattre à coups de revolver à discrétion."

Face à cette "Terreur militariste", la seule résistance possible est collective. Elle prend la forme des fraternisations entre soldats français et allemands et des mutineries qui se font, "bien entendu", au chant de "L’Internationale qui sera toujours l’hymne des opprimés, des malheureux qui exaltent leurs plaintes, leurs espérances." Contre "les riches embusqués qui laissaient [se] battre ceux qui n’avaient rien à défendre", Barthas convoque alors toute la mythologie du Grand Soir : "la même communauté de souffrances rapproche les cœurs, fait fondre les haines, naître la sympathie entre gens indifférents et même adversaires. Ceux qui nient cela n’entendent rien à la psychologie humaine. Français et Allemands se regardèrent, virent qu’ils étaient des hommes tous pareils. Ils se sourirent, des propos s’échangèrent, des mains se tendirent et s’étreignirent, on se partagea le tabac, un quart de jus ou de pinard. Ah ! si l’on avait parlé la même langue ! Un jour un grand diable d’Allemand monta sur un monticule et fit un discours dont les Allemands seuls saisirent les paroles mais dont tout le monde comprit le sens, car il brisa sur un tronc d’arbre son fusil en deux tronçons dans un geste de colère. Des applaudissements éclatèrent de part et d’autre et L’Internationale retentit. Ah ! que n’étiez-vous là, rois déments, généraux sanguinaires, ministres jusqu’au-boutistes, journalistes hurleurs de mort, patriotards de l’arrière, pour contempler ce sublime spectacle ! Mais il ne suffisait pas que les soldats refusassent de se battre, il fallait qu’ils se retournent vers les monstres qui les poussaient les uns contre les autres et les abattre comme des bêtes fauves."

Au final, entre l’école de la contrainte et l’école du consentement patriotique, la vérité est certainement dans un entre-deux : certains soldats furent des patriotes, d’autres ne furent sensibles qu’à la contrainte, beaucoup évoluèrent sans doute d’un sentiment à l’autre au gré des événements et des émotions.
Message posté par Richard Vagner
vous verrez passer sûrement aujourd'hui un article sur la "découverte du tombeau de Romulus".
en tant que prof d'histoire au collège, je me dois professionnellement même en pause pédagogique d'intervenir. ma conscience pro est une muse exigeante.
rapidement un point "scientifique" approximatif :

- les historiens sont arrivés à la conclusion que les mythes fondateurs de la civilisation romaine sont bien des mythes justement, et une ré-écriture romancée de la réalité plus prosaïque à la manière de l'Iliade pour les cités grecques.
qu'un type appelé Romulus ait existé est donc déjà peu probable en soit. qu'il ait fondé Rome encore plus. à la rigueur, il semble qu'un rituel de fondation d'une "cité" au sens politique ait eu lieu sous la férule d'un homme / famille du nom semble probable. m'étonnerait qu'il ait tété de la louve - tué son frère sur le sillon... mais Rome est à la base une ville fondée par les grecs (hypothèse 1) ou les étrusques latins (2).
- le tombeau date de toute façon du VIe siècle de ce que j'en ai lu et les annalistes romains disent -753. ça colle moyen.

en fait la conclusion la plus logique c'est que ce tombeau soit une sorte de temple / autel à Romulus, figure tutélaire de la ville à la manière des cultes impériaux largement plus tardifs ou de ceux de toute façon, dédiés aux premiers rois romains et donnés par les Rex Sacrorum.

voilà voilà. j'espère que mon statut de fonctionnaire public de l'éducation dans le secondaire pour des enfants de 11 ans fasse pour vous autorité :)


Sur cette question, si j'ai bonne mémoire, le programme de Sixième est assez bien fait, confrontant mythes et acquis de l'archéologie.
Je reviens juste sur un point que j’avais soulevé lors d’une précédente discussion sur le fil "politique" : si l’on veut bien arrêter de se focaliser sur la technique (gazage puis incinération immédiate), il est possible de dépasser la liste canonique des 6 "camps d’extermination" que nous avons tous apprise au collège.

Pour cela, il faut se concentrer sur la finalité. Qu’est-ce qu’un centre de mise à mort (expression autrement plus exacte que "camp d’extermination") ? Un lieu vers lequel sont acheminées des populations afin de les y assassiner. En s’en tenant à cela, Tal Bruttmann identifie "une quinzaine" de centres d’assassinat, parmi lesquels Ponar et le fort IX à Kaunas (Lituanie), Maly Trostenets (Biélorussie) ou Babi Yar (Ukraine).

A Ponar et Babi Yar, les victimes sont acheminées par camions, doivent se déshabiller et remettre leurs objets de valeur avant d’être assassinées par les Allemands assistés de supplétifs locaux, à Ponar dans des citernes, à Babi Yar dans un ravin, dans les deux cas par fusillade.
@Bobby : merci pour le complément avec ces carnets. Très intéressant.
Toute façon quand il y a un débat épistémologique qui se fait entre des chercheurs ayant l éthique de la déontologie (ce qui est sûrement le cas ici), il faut prendre un peu des deux thèses ;).
Message posté par Polstergeist
C'est bien ici le topic où l'on peut causer des nazis en toute tranquillité ?!

Bien, je reviens sur ce que j'ai évoqué ailleurs : le cas des frères van der Meijden et de l'Ajax.

Des auteurs comme Simon Kuper ou Gerrit Valk ont consacré des ouvrages au football hollandais (à ses rapports avec l'occupation allemande et à leurs conséquences après guerre). Ils se situent dans la veine de ces auteurs ou historiens hollandais qui ont une vision beaucoup plus critique de l'histoire de leur pays.

Au départ, Freek et Wim van der Meijden gèrent une petite entreprise de construction. Avant guerre, ils ont déjà des acquaintances au NSB, parti fasciste puis nazi. C'est avec l'occupation allemande que l'entreprise familiale va prospèrer. Les van der Meijden vont ainsi engranger des millions en construisant des bunkers, casernes et positions d'artillerie. C'est à cet période qu'ils acquièrent le surnom de "Bunkerbouwers", les constructeurs de bunkers.

La guerre finie, les frères van der Meijden sont riches, mais leur collaboration avec l'occupant leur attire quelques soucis. L'aîné, Freek, principal reponsable de la société est ainsi condamné par un tribunal à 3 années de prison.

Le temps fait son oeuvre, et les frères van der Meijden, grands fans de l'Ajax, repointent le bout de leur nez au club. Ils vont y jouer un rôle important, notamment lorsque le football hollandais débute sa professionnalisation au milieu des années 50.

De fait les frères van der Meijden sont les premiers investisseurs d'importance de l'Ajax. Ils avancent des fonds pour les transferts, fournissent voitures et appartements aux joueurs ou les aident à développer des activités annexes.

Si leur nom est beaucoup moins connu que celui de Maup Caransa, cela tient à leur réputation de collabos. C'est à cause de celle-ci, qu'ils ne parviennent pas à intégrer le comité de direction. Pour autant, ils ont leurs entrées au stade, ont placé des hommes de confiance et surtout entretiennent d'excellentes relations avec les investisseurs juifs comme Caransa ou les présidents, van Praag et son prédécesseur. Parmi les supporters ou membres du club, on en trouve certains qui sont gênés par le rôle des Bunkerbouwers. Beaucoup n'ont pas oublié l'origine de leur fortune. Cependant, les joueurs comme les dirigeants éludent le sujet.

Le cas des frères van der Meijden et de l'Ajax n'est pas isolé. La KNVB qui avait écarté ses membres juifs ou anti-allemands durant l'occupation, ferma les yeux sur le rôle d'anciens nazis ou collabos dans certains clubs après guerre. La fédération souhaitait surtout développer et professionnaliser le football hollandais.


Malheureux ! que te prend-il d'écorner la légende rose d'Ajax ? Ne sais-tu pas qu'il est des clubs dont le passé ne s'écrit qu'en lettres d'or ? Bayern, Barça, Ajax en font partie...

Pour ton absolution, tu me réciteras 20 "Je vous salue Bayern" et 10 "Notre Ajax". Et les genoux en terre, encore !

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