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Le topic où l'on parle de l'histoire du foot ou de l'histoire tout court...
Une histoire du football à Nancy (1906-2009).

Dès 1906, Maurice Mathieu de Vienne crée une société sportive appelée La Frontière (qui n’est alors pas bien loin…). Après la Grande Guerre, celle-ci devient un club omnisports : l’US Frontière. Ainsi, dans les années 1920, le football de haut niveau à Nancy se partage entre l’US Frontière (USF) et le Stade universitaire lorrain (SUL), club omnisports créé en 1901 et présidé par Marcel Picot, qui comprend notamment une section football. Le SUL évolue au Parc des Sports du Pont d’Essey (actuel Stade Marcel Picot), tandis que l’USF dispose d’un stade municipal au cœur de la Pépinière (actuel Stade Maurice de Vienne).

En 1928, l’USF, dont les joueurs sont vêtus d’un maillot bleu frappé d’un chardon, devient l’Association Sportive Lorraine (ASL). Les Lorrains parviennent même en trente-deuxièmes de finale de la Coupe de France, à l’époque seule compétition nationale. Mais l’ASL rate le virage du professionnalisme au début des années 1930. En effet, depuis 1932, il existe un championnat professionnel de football. Si l’ASL n’y participa jamais, le SUL, quant à lui, accepte, en 1935, de se séparer de sa section football. Reprise par Auguste « Napoléon » Schalbar, un cafetier de Lunéville, et par Georges Bouillet, elle devient le FC Nancy (FCN). Le premier est ainsi entraîneur de l’équipe, le second président du club.

Soutenu financièrement par les Grandes Brasseries de Champigneulles, disposant d’une enceinte moderne au Pont d’Essey, le FCN fait son apparition en division 2 lors de la saison 1935-1936. Il termine dix-septième sur dix-neuf, marquant 33 buts et en encaissant… 122 ! Le premier point n’est obtenu qu’au soir de la onzième journée, à domicile contre Montpellier (2-2). Auparavant, lors d’un déplacement à Caen, le masseur de l’équipe s’était dévoué pour jouer gardien de but ! Les Lorrains repartirent avec neuf buts dans la valise. Alors, pour se renforcer, le FCN pioche à l’étranger. Au poste d’entraîneur, l’Autrichien Karl Heinlein, puis l’Anglais Stanley Hillier passent chacun une saison en Lorraine. Les Hongrois Lengyel, Heim et Szépès, les Polonais Gustav Pollak et Josepf Wana posent leurs valisent dans la cité des ducs de Lorraine.

Les résultats ne se font pas attendre. Nancy achève la saison 1938-1939 à la troisième place et atteint les quarts de finale de la Coupe de France (défaite face à Lille). Malheureusement, le nouvel élan trouvé par le FCN est coupé par la guerre et la mise en place des équipes fédérales sous l’Occupation. La saison 1945-1946 voit la mise en place d’un nouveau format pour la division 2. Désormais, les équipes sont placées dans deux groupes (le Nord et le Sud). Maurice Henry, le nouveau président du FCN, vise l’accession la plus rapide possible en division 1. Pour réussir dans cette entreprise, il place René Dedieu aux commandes de l’équipe. Vainqueur de la Coupe de France 1929 en tant que joueur avec Montpellier, sélectionné à six reprises en équipe de France, celui-ci conduit les Lorrains à un sacre immédiat. Ne subissant que deux défaites dans la saison, le FCN remporte le titre de champion de France de division 2 lors d’une confrontation aller-retour avec Montpellier. Le Danois Kaj Andrup prend ensuite la direction technique de l’équipe pour la saison 1946-1947. Il permet au FCN de terminer douzième de division 1.

Désormais installé en division 1, le FCN va progressivement se renforcer sous la présidence de Raymond Pinchard. Dès 1947, les dirigeants lorrains attirent le milieu de terrain islandais Albert Gudmundsson, en provenance du club londonien d’Arsenal. Celui-ci ne reste qu’une saison, avant de partir pour le grand Milan AC, puis le Racing Club de Paris et Nice. En 1950, c’est l’attaquant argentin Roberto Aballay qui débarque en Lorraine, en provenance du Genoa. Il reste deux saisons à Nancy avant de rejoindre Metz. Son compatriote, Juan Carlos Lorenzo, en provenance de la Sampdoria, prend sa place pour deux saisons également. Il rejoint ensuite l’Atlético. Mais c’est surtout la doublette offensive Roger Piantoni (20 sélections à l’époque où il portait le maillot du FCN, meilleur buteur de division 1 dès sa première saison parmi l’élite avec 28 réalisations) et Léon Deladerrière (11 sélections) qui marquent les esprits. Associés à partir de 1950, les deux brillent pendant sept saisons sous le même maillot, notamment à l’occasion des Coupes de France 1951 (demi-finale perdue contre Strasbourg), 1953 (finale perdue contre Lille) et 1956 (demi-finale perdue contre Troyes). Recruté à l’US Piennes, Roger « la classe » est néanmoins rapidement revendu au Stade de Reims. Alors qu’il rêvait d’Italie, de l’Internazionale ou de la Juventus, les dirigeants lorrains avaient, à son insu, négocié de longue date sont transfert en Champagne.

Charles Boileau succède à son beau-père à la présidence du FCN en 1952. Il y restera douze ans. En 1953, les Lorrains parviennent en finale de la Coupe de France (défaite 1-2 contre Lille). Relégué une première fois en division 2 en 1957, le FCN plonge à nouveau à l’étage inférieur en 1959. C’est alors que Mario Zatelli, ancienne (en tant que joueur) et future (en tant qu’entraîneur) gloire de l’OM, prend les commandes de l’équipe. Vice-champions de division 2 dès 1960, les Meurthe-et-Mosellans réussissent ensuite une très belle saison 1961-1962. Ils se classent quatrièmes de division 1 et parviennent à nouveau en finale de la Coupe de France (défaite 0-1 contre Saint-Etienne). Mais, miné par des soucis financiers, le FCN peine à conserver sa place parmi l’élite. En effet, à Nancy, les mécènes qui soutiennent le club sont trop rares et trop discrets et la municipalité en a assez de financer à perte le football professionnel. Les seules recettes du club sont, dès lors, celles effectuées aux guichets. Mais le Parc des Sports ne compte jamais plus de 10 000 spectateurs. Les joueurs sont alors bradés pour essayer de sauver le club du naufrage. Relégué en 1963, le FCN achève la saison 1963-1964 à la seizième place de division 2. La caution de six millions de francs, qui doit parvenir à la FFF avant le 26 juin, n’est pas réglée. Nancy redémarre la saison 1964-1965 en CFA. Le professionnalisme a fait son temps sur les bords de Meurthe.

A l’automne 1966, Claude Cuny, 34 ans et bourré d’énergie à défaut de diplômes, décide de se démener pour reconstruire un club professionnel dans l’ancienne capitale du duché de Lorraine. Pour prouver la motivation du public lorrain, il crée la « BP 17 » dans laquelle il espère recueillir 6 000 lettres d’encouragement. Il en reçoit trois fois plus ! La campagne promotionnelle de Cuny est aussi appuyée par la presse locale : l’Est Républicain et, dans une moindre mesure, Le Républicain Lorrain. Cuny se rapproche aussi de son ami Serge Etienne, alors entraîneur-joueur à l’ASL. Quelques mois plus tard, il fait fusionner son projet avec l’ASL, laquelle apporte six équipes amateurs. Voulant ressusciter le professionnalisme sans évoquer le douloureux passé, Cuny écarte toute référence explicite au FCN. Il se souvient : « Plusieurs propositions de noms circulaient. Football Club Lorrain, Olympique de Nancy, Racing-Club Nancéien ou Association Sportive de Nancy étaient suggérés. Nous avons retenu la dernière suggestion en y accolant Lorraine. Question de patriotisme régional et de notre association avec l’ASL. En plus, le docteur Jeanblanc, président de ce club, soutenait notre action. » A la recherche de financeurs, Claude Cuny obtient de rencontrer le maire de Nancy, Pierre Wéber. Après l’exposé du projet, l’édile, qui a le sens de la formule, annonce à l’entrepreneur : « Lorsque vous aurez trouvé deux francs, je vous en donnerai la moitié. » L’entreprise Total accepte de sponsoriser l’aventure. L’AS Nancy-Lorraine (ASNL) jouera la saison 1967-1968 en division 2. Toujours dans la crainte de la faillite, Cuny mènera, tout au long de sa carrière de président-fondateur, une politique financière prudente et, sportivement, privilégiera la formation à l’achat de joueurs.

René Pleimelding, ancien du FC Nancy et de Toulouse, signe un contrat de trois ans comme entraîneur. Parmi les joueurs, il faut surtout signaler le défenseur Antoine Redin, également ancien du FC Nancy et de Toulouse. La saison 1967-1968 démarre très mal avec un cinglant revers à Béziers (0-4). Au final, les Nancéiens se classent dixième. La saison suivante, ils passent très près de l’accession en première division, terminant troisième. Finalement, dès 1970 et dans la dernière année du contrat de Pleimelding, l’ASNL se hisse en division 1 en éliminant successivement en barrages les clubs de Bastia et d’Ajaccio. Antoine Redin prend la suite de Pleimelding sur le banc de l’ASNL. Les deux premières saisons en division 1 sont mitigées, la troisième conduit le club lorrain à la sixième place. En 1974, malgré les jeunes Carlos Curbelo, Olivier Rouyer et Michel Platini, en dépit des sept matchs joués en fin de saison par Antoine Redin à 39 ans, l’ASNL ne peut pas éviter la relégation. Mais l’ASNL ne traîne pas longtemps en division 2. Les hommes de Redin sont champions dès la saison de leur descente, marquant 73 buts dont 29 pour l’attaquant argentin Joaquim Martinez et 17 pour Michel Platini. Revenue en division 1, l’ASNL squatte la première moitié du classement pendant trois saisons où Platini inscrit 65 buts. Au Stade du Ray, le 13 janvier 1978, le « Platini Football-Club » (But) écrase le leader du moment, l’OGCN, par 7 buts à 3. Michel Platini signe 4 buts. Les deux clubs se retrouvent quatre mois plus tard au Parc des Princes, pour la finale de la Coupe de France.

Finale de la Coupe de France (13 ami 1978).
Nancy-Nice 1-0 (0-0).
Parc des Princes (45 998 spectateurs).
Arbitre : Monsieur Verbeke.
But : Platini (55e).
Nancy : Moutier – Perdrieau (puis Raczinski, 79e), Neubert, Curbelo, Cloet – Jeannol, Caron, Rubio – Rouyer, Platini, Chebel.
Nice : Baratelli – Barraja, Zambelli, Katalinski, Cappadona (puis Toko, 75e) – Juve, Huck, Guillou – Morabito, Bjekovic, Sanchez.

Engagée en Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupes, l’ASNL renforce son attaque en faisant signer Bernard Zénier (FC Metz) et l’Uruguayen Ruben Umpierrez. Mais avec un Platini absent une bonne partie de la saison (fracture de la cheville), le club lorrain est éliminé dès les huitièmes de finale par le Servette de Genève. Michel Platini part à Saint-Etienne en 1979, Antoine Redin prend la direction de Bastia l’année suivante. En 1981, les deux hommes se retrouvent en finale de la Coupe de France. Les Corses l’emportent 2-1. Le départ des deux hommes symboles des années 1970, et des succès de l’ASNL, annonce une décennie 1980 compliquée. De 1980 à 1987, trois entraîneurs se succèdent sur le banc de touche (Georges Huard, Hervé Collot, Arsène Wenger), tous impuissants à enrayer la lente descente du club lorrain. Malgré des recrutements astucieux (Fernando Zappia, Ray Stephen, Bruno Martini, Eric di Meco), des jeunes prometteurs (Franck Gava, David Zitelli), l’ASNL est reléguée en division 2 à l’issue de la saison 1986-1987.

En division 2, l’équipe est entraînée par Robert Dewilder. En conservant l’attaquant écossais Ray Stephen, en rappelant le défenseur argentin Fernando Zappia, et surtout en intégrant de plus en plus les jeunes David Zitelli, Franck Gava et Paul Fischer, l’ASNL réussit à être à nouveau, vingt ans après, champion de France de division 2. Pour son retour en division 1, le club du président Gérard Parentin met les petits plats dans les grands. Dewilder est débarqué, et Aimé Jacquet, triple champion de France avec Bordeaux, arrive en Lorraine. Gava, Zitelli et Stephen, les meilleurs joueurs de la saison précédente, sont conservés. Viennent s’y ajouter une brochette d’internationaux de l’ex-Europe de l’Est : le Yougoslave Nenad Stojkovic, le Polonais Rijard Tarasiewicz et le Soviétique Sacha Zavarov, ce dernier en provenance de la Juventus. Le jeune Eric Rabesandratana fait aussi son apparition dans l’équipe meurthe-et-mosellane. Mais la saison 1990-1991 est décevante, l’ASNL échappant de peur à la relégation. Jacquet quitte le club pour la DTN. Olivier Rouyer est incapable d’éviter la dégringolade. L’ASNL achève la saison 1991-1992 à la dernière place, malgré l’intégration d’un nouvel espoir promis à un bel avenir : Tony Vairelles. A seulement 18 ans, le Nancéien marque 7 buts en 14 matchs de division 1.

C’est le début d’une longue traversée du désert qui voit le club lorrain faire plusieurs fois l’ascenseur entre la division 2 et la division 1, et vice-versa, jusqu’à l’arrivée sur le banc de Pablo Correa (novembre 2002). Correa est un ancien de la maison. Arrivé d’Uruguay en 1995, il joue au poste d’attaquant jusqu’en 2000. En 1996-1997, à la faveur d’une saison en division 1, l’ASNL fait signer le buteur irlandais de l’OM, Tony Cascarino. L’international reste à Nancy jusqu’en 2000, marquant 44 buts en trois saisons et demie. Lors de la même saison, Grégory Wimbée est le premier gardien de but à marquer sur une action de jeu en division 1. C’était contre Lens, en novembre 1996. Une troisième fois championne de France de division 2, en 1998, l’ASNL ne se maintient que deux saisons en division 1, au terme desquelles Laszlo Bölöni quitte le club. Engluée en division 2, devenue ligue 2 en 2002, l’équipe frôle la relégation en national. L’artisan du sauvetage sera aussi celui de la renaissance du club lorrain, celui qui lui apportera une deuxième ligne à son palmarès (si on ne tient pas compte des « titres » de champions de France de D2…) : Pablo Correa, à qui le président Jacques Rousselot fait une totale confiance.

L’entraîneur franco-uruguayen conduit le club meurthe-et-mosellan d’abord en ligue 1. Avec une doublette offensive Elie Kroupi-Laurent Dufresne efficace (24 buts à eux deux) et une solide charnière centrale Sébastien Puygrenier-Pape Diakhaté, l’ASNL réussit encore à décrocher le titre de champion de France de division 2. C’est la quatrième fois. Mais, surtout, la saison suivante est celle du sacre en Coupe de la Ligue.

Finale de la Coupe de la Ligue (22 avril 2006).
Nancy-Nice 2-1 (1-0).
Stade de France (76 700 spectateurs).
Arbitre : Bertrand Layec.
Buts pour Nancy : Zerka (22e), Kim (65e) ; pour Nice : Vahirua (48e).
Nancy : Sorin – Chrétien, Diakhaté, Puygrenier, Lecluse – Biancalani, Gavanon, Berenguer, Duchemin (puis Brison, 64e) – Zerka (puis Andre Luiz, 82e), Kim (puis Sarkisian, 90e).
Nice : Lloris – Fanni, Traore, Abardonado, Varrault – Balmont, Echouafni (puis Bagayoko, 84e), Rool (puis Roudet, 78e) – Vahirua (puis Ederson, 70e), Bellion, Koné.

Cette victoire fait basculer l’ASNL dans une nouvelle dimension. Comme l’exprime Jacques Rousselot : « Il y a cinq ans, le foot à Nancy était ringard. En Lorraine, il y avait le FC Metz et les basketteurs du SLUC Nancy. L’ASNL, c’était 2 000 spectateurs et la honte de la ville. Aujourd’hui, c’est tendance. Les bourgeois et les professions libérales reviennent au stade. Ils sont même fiers de mettre le maillot. » En Coupe de l’UEFA, lors de la saison 2006-2007, l’ASNL échoue en seizièmes de finale face à Donetsk. La saison suivante, 2007-2008, le club lorrain rate la Ligue des Champions lors de la dernière journée de championnat. A Marcel Picot, les Lorrains sont battus par Rennes 3-2. A nouveau qualifié pour la Coupe de l’UEFA, l’équipe ne passe pas la phase de poules.

Focus : le Stade Marcel Picot.

Marcel Picot naquit le 16 juin 1893 dans une famille de brodeurs célèbres qui recevait, entre autres, des commandes de l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III. Tout le désignait donc pour continuer la tradition familiale. Tout, sauf son tempérament. Peu de temps avant la Grande Guerre, il s’engagea dans l’armée. Comme officier, il participa à la bataille de Verdun où il fut fait prisonnier. Il passa alors le reste de la guerre au fort d’Ingolstadt. Pour tromper l’ennui, le jeune officier créa une équipe de hockey sur gazon. De retour en France, Picot s’associa à son futur beau-frère et ouvrit une chapellerie au centre de Nancy. Le succès fut rapide et important. Les ventes s’étendaient dans toute la Lorraine et jusqu’en Alsace. Engagé politiquement, passionné de rugby, Picot devint président du Stade Universitaire Lorrain (SUL).

Si les premières études pour un parc universitaire apte à favoriser l’entraînement et l’organisation de grandes manifestations remontaient à 1913, elles avaient été interrompues par la guerre et laissées lettre morte après celle-ci. Le chapelier déploya alors sa fortune, son immense activité et son réseau de relations pour permettre la concrétisation du projet. En 1921 la municipalité accorda au SUL six hectares de friches (destinés initialement à devenir un cimetière…), situés au Pont d’Essey à Tomblaine. Moins de cinq ans plus tard, et le compte en banque de Picot largement entamé, le Parc des Sports du Pont d’Essey vit le jour.

« Au départ, il n’existait qu’une seule tribune, celle nommée Jacquet en mémoire d’un ancien speaker du stade. Autour des trois autres côtés, les spectateurs prenaient place sur des monticules de terre arrangés en forme d’escalier » (asnl.net). Le Parc des Sports disposait alors d’une piste d’athlétisme, de terrains d’entraînement, de courts de tennis, et même d’un poste scientifique destiné à l’étude des exercices physiques. Constamment à la recherche d’investisseurs et d’événements à organiser pour rentabiliser le complexe, Picot sollicita la municipalité et la population, mit en place une tombola finalement interdite, invita des Cosaques et des sportifs roumains… Les premiers matchs du FC Nancy s’y déroulèrent à partir de 1935. Mais avec la professionnalisation, le chapelier s’effaça progressivement. Vexé de ne pas avoir de place réservée en tribune officielle, il devint un simple spectateur. Il mourut le 11 octobre 1967, et le Parc des Sports devint le Stade Marcel Picot dès le 12 mai 1968.

Claude Cuny, ambitieux président-fondateur de l’ASNL, pas à une idée visionnaire près (il est à l’origine du bonus offensif, ancêtre de la victoire à trois points, qui, ironie de l’histoire, coûta sa place en division 1 à l’ASNL à l’issue de la saison 1973-1974), voulait porter la capacité du stade à plus de 30 000 places et bâtir sous les tribunes un important complexe commercial. Le projet tomba à l’eau, mais en 1973 une deuxième tribune (Hazotte) sortit tout de même de terre. En 1978, la piste d’athlétisme fut supprimée pour permettre l’érection des tribunes derrière les buts (Marmite et Chaudron). De 1999 à 2003, la Communauté urbaine du Grand Nancy (CUGN) finança la rénovation des tribuns Jacquet, Marmite et Chaudron et la réhabilitation de la tribune Hazotte. A cette occasion, les tribunes derrière les buts furent rebaptisées Schuth et Piantoni.

Sélectionné pour accueillir des matchs de l’Euro 2016, le Stade Marcel Picot ne reçut finalement aucune des vingt-quatre meilleures équipes nationales européennes. En effet, alors que la CUGN et l’ASNL s’étaient mises d’accord pour financer ensemble un projet comparable à celui voulu par Cuny quarante ans auparavant, la première a finalement lâché la seconde. Sur fond de crise économique et d’inquiétudes pour le financement des collectivités territoriales françaises avec la faillite de la banque Dexia, et malgré les efforts consentis par le club lorrain avec la vente de presque tous les titulaires de la saison précédente, l’EPCI avait choisi de laisser le stade tel quel.
Une anecdote à propos de Fathi Chebel, Français d'origine algérienne (il sera d'ailleurs sélectionné en équipe nationale d'Algérie en 81) né à Lyon : lors de la présentation des équipes au président de la République, avant le début de la finale de Coupe 78, VGE, voyant que Chebel est d'origine étrangère, lui demande : "D'où venez-vous ?" Et l'attaquant nancéien de répondre : "De Lyon, monsieur le président !"
Message posté par bobbysanno
Une histoire du football à Nancy (1906-2009).

Dès 1906, Maurice Mathieu de Vienne crée une société sportive appelée La Frontière (qui n’est alors pas bien loin…). Après la Grande Guerre, celle-ci devient un club omnisports : l’US Frontière. Ainsi, dans les années 1920, le football de haut niveau à Nancy se partage entre l’US Frontière (USF) et le Stade universitaire lorrain (SUL), club omnisports créé en 1901 et présidé par Marcel Picot, qui comprend notamment une section football. Le SUL évolue au Parc des Sports du Pont d’Essey (actuel Stade Marcel Picot), tandis que l’USF dispose d’un stade municipal au cœur de la Pépinière (actuel Stade Maurice de Vienne).

En 1928, l’USF, dont les joueurs sont vêtus d’un maillot bleu frappé d’un chardon, devient l’Association Sportive Lorraine (ASL). Les Lorrains parviennent même en trente-deuxièmes de finale de la Coupe de France, à l’époque seule compétition nationale. Mais l’ASL rate le virage du professionnalisme au début des années 1930. En effet, depuis 1932, il existe un championnat professionnel de football. Si l’ASL n’y participa jamais, le SUL, quant à lui, accepte, en 1935, de se séparer de sa section football. Reprise par Auguste « Napoléon » Schalbar, un cafetier de Lunéville, et par Georges Bouillet, elle devient le FC Nancy (FCN). Le premier est ainsi entraîneur de l’équipe, le second président du club.

Soutenu financièrement par les Grandes Brasseries de Champigneulles, disposant d’une enceinte moderne au Pont d’Essey, le FCN fait son apparition en division 2 lors de la saison 1935-1936. Il termine dix-septième sur dix-neuf, marquant 33 buts et en encaissant… 122 ! Le premier point n’est obtenu qu’au soir de la onzième journée, à domicile contre Montpellier (2-2). Auparavant, lors d’un déplacement à Caen, le masseur de l’équipe s’était dévoué pour jouer gardien de but ! Les Lorrains repartirent avec neuf buts dans la valise. Alors, pour se renforcer, le FCN pioche à l’étranger. Au poste d’entraîneur, l’Autrichien Karl Heinlein, puis l’Anglais Stanley Hillier passent chacun une saison en Lorraine. Les Hongrois Lengyel, Heim et Szépès, les Polonais Gustav Pollak et Josepf Wana posent leurs valisent dans la cité des ducs de Lorraine.

Les résultats ne se font pas attendre. Nancy achève la saison 1938-1939 à la troisième place et atteint les quarts de finale de la Coupe de France (défaite face à Lille). Malheureusement, le nouvel élan trouvé par le FCN est coupé par la guerre et la mise en place des équipes fédérales sous l’Occupation. La saison 1945-1946 voit la mise en place d’un nouveau format pour la division 2. Désormais, les équipes sont placées dans deux groupes (le Nord et le Sud). Maurice Henry, le nouveau président du FCN, vise l’accession la plus rapide possible en division 1. Pour réussir dans cette entreprise, il place René Dedieu aux commandes de l’équipe. Vainqueur de la Coupe de France 1929 en tant que joueur avec Montpellier, sélectionné à six reprises en équipe de France, celui-ci conduit les Lorrains à un sacre immédiat. Ne subissant que deux défaites dans la saison, le FCN remporte le titre de champion de France de division 2 lors d’une confrontation aller-retour avec Montpellier. Le Danois Kaj Andrup prend ensuite la direction technique de l’équipe pour la saison 1946-1947. Il permet au FCN de terminer douzième de division 1.

Désormais installé en division 1, le FCN va progressivement se renforcer sous la présidence de Raymond Pinchard. Dès 1947, les dirigeants lorrains attirent le milieu de terrain islandais Albert Gudmundsson, en provenance du club londonien d’Arsenal. Celui-ci ne reste qu’une saison, avant de partir pour le grand Milan AC, puis le Racing Club de Paris et Nice. En 1950, c’est l’attaquant argentin Roberto Aballay qui débarque en Lorraine, en provenance du Genoa. Il reste deux saisons à Nancy avant de rejoindre Metz. Son compatriote, Juan Carlos Lorenzo, en provenance de la Sampdoria, prend sa place pour deux saisons également. Il rejoint ensuite l’Atlético. Mais c’est surtout la doublette offensive Roger Piantoni (20 sélections à l’époque où il portait le maillot du FCN, meilleur buteur de division 1 dès sa première saison parmi l’élite avec 28 réalisations) et Léon Deladerrière (11 sélections) qui marquent les esprits. Associés à partir de 1950, les deux brillent pendant sept saisons sous le même maillot, notamment à l’occasion des Coupes de France 1951 (demi-finale perdue contre Strasbourg), 1953 (finale perdue contre Lille) et 1956 (demi-finale perdue contre Troyes). Recruté à l’US Piennes, Roger « la classe » est néanmoins rapidement revendu au Stade de Reims. Alors qu’il rêvait d’Italie, de l’Internazionale ou de la Juventus, les dirigeants lorrains avaient, à son insu, négocié de longue date sont transfert en Champagne.

Charles Boileau succède à son beau-père à la présidence du FCN en 1952. Il y restera douze ans. En 1953, les Lorrains parviennent en finale de la Coupe de France (défaite 1-2 contre Lille). Relégué une première fois en division 2 en 1957, le FCN plonge à nouveau à l’étage inférieur en 1959. C’est alors que Mario Zatelli, ancienne (en tant que joueur) et future (en tant qu’entraîneur) gloire de l’OM, prend les commandes de l’équipe. Vice-champions de division 2 dès 1960, les Meurthe-et-Mosellans réussissent ensuite une très belle saison 1961-1962. Ils se classent quatrièmes de division 1 et parviennent à nouveau en finale de la Coupe de France (défaite 0-1 contre Saint-Etienne). Mais, miné par des soucis financiers, le FCN peine à conserver sa place parmi l’élite. En effet, à Nancy, les mécènes qui soutiennent le club sont trop rares et trop discrets et la municipalité en a assez de financer à perte le football professionnel. Les seules recettes du club sont, dès lors, celles effectuées aux guichets. Mais le Parc des Sports ne compte jamais plus de 10 000 spectateurs. Les joueurs sont alors bradés pour essayer de sauver le club du naufrage. Relégué en 1963, le FCN achève la saison 1963-1964 à la seizième place de division 2. La caution de six millions de francs, qui doit parvenir à la FFF avant le 26 juin, n’est pas réglée. Nancy redémarre la saison 1964-1965 en CFA. Le professionnalisme a fait son temps sur les bords de Meurthe.

A l’automne 1966, Claude Cuny, 34 ans et bourré d’énergie à défaut de diplômes, décide de se démener pour reconstruire un club professionnel dans l’ancienne capitale du duché de Lorraine. Pour prouver la motivation du public lorrain, il crée la « BP 17 » dans laquelle il espère recueillir 6 000 lettres d’encouragement. Il en reçoit trois fois plus ! La campagne promotionnelle de Cuny est aussi appuyée par la presse locale : l’Est Républicain et, dans une moindre mesure, Le Républicain Lorrain. Cuny se rapproche aussi de son ami Serge Etienne, alors entraîneur-joueur à l’ASL. Quelques mois plus tard, il fait fusionner son projet avec l’ASL, laquelle apporte six équipes amateurs. Voulant ressusciter le professionnalisme sans évoquer le douloureux passé, Cuny écarte toute référence explicite au FCN. Il se souvient : « Plusieurs propositions de noms circulaient. Football Club Lorrain, Olympique de Nancy, Racing-Club Nancéien ou Association Sportive de Nancy étaient suggérés. Nous avons retenu la dernière suggestion en y accolant Lorraine. Question de patriotisme régional et de notre association avec l’ASL. En plus, le docteur Jeanblanc, président de ce club, soutenait notre action. » A la recherche de financeurs, Claude Cuny obtient de rencontrer le maire de Nancy, Pierre Wéber. Après l’exposé du projet, l’édile, qui a le sens de la formule, annonce à l’entrepreneur : « Lorsque vous aurez trouvé deux francs, je vous en donnerai la moitié. » L’entreprise Total accepte de sponsoriser l’aventure. L’AS Nancy-Lorraine (ASNL) jouera la saison 1967-1968 en division 2. Toujours dans la crainte de la faillite, Cuny mènera, tout au long de sa carrière de président-fondateur, une politique financière prudente et, sportivement, privilégiera la formation à l’achat de joueurs.

René Pleimelding, ancien du FC Nancy et de Toulouse, signe un contrat de trois ans comme entraîneur. Parmi les joueurs, il faut surtout signaler le défenseur Antoine Redin, également ancien du FC Nancy et de Toulouse. La saison 1967-1968 démarre très mal avec un cinglant revers à Béziers (0-4). Au final, les Nancéiens se classent dixième. La saison suivante, ils passent très près de l’accession en première division, terminant troisième. Finalement, dès 1970 et dans la dernière année du contrat de Pleimelding, l’ASNL se hisse en division 1 en éliminant successivement en barrages les clubs de Bastia et d’Ajaccio. Antoine Redin prend la suite de Pleimelding sur le banc de l’ASNL. Les deux premières saisons en division 1 sont mitigées, la troisième conduit le club lorrain à la sixième place. En 1974, malgré les jeunes Carlos Curbelo, Olivier Rouyer et Michel Platini, en dépit des sept matchs joués en fin de saison par Antoine Redin à 39 ans, l’ASNL ne peut pas éviter la relégation. Mais l’ASNL ne traîne pas longtemps en division 2. Les hommes de Redin sont champions dès la saison de leur descente, marquant 73 buts dont 29 pour l’attaquant argentin Joaquim Martinez et 17 pour Michel Platini. Revenue en division 1, l’ASNL squatte la première moitié du classement pendant trois saisons où Platini inscrit 65 buts. Au Stade du Ray, le 13 janvier 1978, le « Platini Football-Club » (But) écrase le leader du moment, l’OGCN, par 7 buts à 3. Michel Platini signe 4 buts. Les deux clubs se retrouvent quatre mois plus tard au Parc des Princes, pour la finale de la Coupe de France.

Finale de la Coupe de France (13 ami 1978).
Nancy-Nice 1-0 (0-0).
Parc des Princes (45 998 spectateurs).
Arbitre : Monsieur Verbeke.
But : Platini (55e).
Nancy : Moutier – Perdrieau (puis Raczinski, 79e), Neubert, Curbelo, Cloet – Jeannol, Caron, Rubio – Rouyer, Platini, Chebel.
Nice : Baratelli – Barraja, Zambelli, Katalinski, Cappadona (puis Toko, 75e) – Juve, Huck, Guillou – Morabito, Bjekovic, Sanchez.

Engagée en Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupes, l’ASNL renforce son attaque en faisant signer Bernard Zénier (FC Metz) et l’Uruguayen Ruben Umpierrez. Mais avec un Platini absent une bonne partie de la saison (fracture de la cheville), le club lorrain est éliminé dès les huitièmes de finale par le Servette de Genève. Michel Platini part à Saint-Etienne en 1979, Antoine Redin prend la direction de Bastia l’année suivante. En 1981, les deux hommes se retrouvent en finale de la Coupe de France. Les Corses l’emportent 2-1. Le départ des deux hommes symboles des années 1970, et des succès de l’ASNL, annonce une décennie 1980 compliquée. De 1980 à 1987, trois entraîneurs se succèdent sur le banc de touche (Georges Huard, Hervé Collot, Arsène Wenger), tous impuissants à enrayer la lente descente du club lorrain. Malgré des recrutements astucieux (Fernando Zappia, Ray Stephen, Bruno Martini, Eric di Meco), des jeunes prometteurs (Franck Gava, David Zitelli), l’ASNL est reléguée en division 2 à l’issue de la saison 1986-1987.

En division 2, l’équipe est entraînée par Robert Dewilder. En conservant l’attaquant écossais Ray Stephen, en rappelant le défenseur argentin Fernando Zappia, et surtout en intégrant de plus en plus les jeunes David Zitelli, Franck Gava et Paul Fischer, l’ASNL réussit à être à nouveau, vingt ans après, champion de France de division 2. Pour son retour en division 1, le club du président Gérard Parentin met les petits plats dans les grands. Dewilder est débarqué, et Aimé Jacquet, triple champion de France avec Bordeaux, arrive en Lorraine. Gava, Zitelli et Stephen, les meilleurs joueurs de la saison précédente, sont conservés. Viennent s’y ajouter une brochette d’internationaux de l’ex-Europe de l’Est : le Yougoslave Nenad Stojkovic, le Polonais Rijard Tarasiewicz et le Soviétique Sacha Zavarov, ce dernier en provenance de la Juventus. Le jeune Eric Rabesandratana fait aussi son apparition dans l’équipe meurthe-et-mosellane. Mais la saison 1990-1991 est décevante, l’ASNL échappant de peur à la relégation. Jacquet quitte le club pour la DTN. Olivier Rouyer est incapable d’éviter la dégringolade. L’ASNL achève la saison 1991-1992 à la dernière place, malgré l’intégration d’un nouvel espoir promis à un bel avenir : Tony Vairelles. A seulement 18 ans, le Nancéien marque 7 buts en 14 matchs de division 1.

C’est le début d’une longue traversée du désert qui voit le club lorrain faire plusieurs fois l’ascenseur entre la division 2 et la division 1, et vice-versa, jusqu’à l’arrivée sur le banc de Pablo Correa (novembre 2002). Correa est un ancien de la maison. Arrivé d’Uruguay en 1995, il joue au poste d’attaquant jusqu’en 2000. En 1996-1997, à la faveur d’une saison en division 1, l’ASNL fait signer le buteur irlandais de l’OM, Tony Cascarino. L’international reste à Nancy jusqu’en 2000, marquant 44 buts en trois saisons et demie. Lors de la même saison, Grégory Wimbée est le premier gardien de but à marquer sur une action de jeu en division 1. C’était contre Lens, en novembre 1996. Une troisième fois championne de France de division 2, en 1998, l’ASNL ne se maintient que deux saisons en division 1, au terme desquelles Laszlo Bölöni quitte le club. Engluée en division 2, devenue ligue 2 en 2002, l’équipe frôle la relégation en national. L’artisan du sauvetage sera aussi celui de la renaissance du club lorrain, celui qui lui apportera une deuxième ligne à son palmarès (si on ne tient pas compte des « titres » de champions de France de D2…) : Pablo Correa, à qui le président Jacques Rousselot fait une totale confiance.

L’entraîneur franco-uruguayen conduit le club meurthe-et-mosellan d’abord en ligue 1. Avec une doublette offensive Elie Kroupi-Laurent Dufresne efficace (24 buts à eux deux) et une solide charnière centrale Sébastien Puygrenier-Pape Diakhaté, l’ASNL réussit encore à décrocher le titre de champion de France de division 2. C’est la quatrième fois. Mais, surtout, la saison suivante est celle du sacre en Coupe de la Ligue.

Finale de la Coupe de la Ligue (22 avril 2006).
Nancy-Nice 2-1 (1-0).
Stade de France (76 700 spectateurs).
Arbitre : Bertrand Layec.
Buts pour Nancy : Zerka (22e), Kim (65e) ; pour Nice : Vahirua (48e).
Nancy : Sorin – Chrétien, Diakhaté, Puygrenier, Lecluse – Biancalani, Gavanon, Berenguer, Duchemin (puis Brison, 64e) – Zerka (puis Andre Luiz, 82e), Kim (puis Sarkisian, 90e).
Nice : Lloris – Fanni, Traore, Abardonado, Varrault – Balmont, Echouafni (puis Bagayoko, 84e), Rool (puis Roudet, 78e) – Vahirua (puis Ederson, 70e), Bellion, Koné.

Cette victoire fait basculer l’ASNL dans une nouvelle dimension. Comme l’exprime Jacques Rousselot : « Il y a cinq ans, le foot à Nancy était ringard. En Lorraine, il y avait le FC Metz et les basketteurs du SLUC Nancy. L’ASNL, c’était 2 000 spectateurs et la honte de la ville. Aujourd’hui, c’est tendance. Les bourgeois et les professions libérales reviennent au stade. Ils sont même fiers de mettre le maillot. » En Coupe de l’UEFA, lors de la saison 2006-2007, l’ASNL échoue en seizièmes de finale face à Donetsk. La saison suivante, 2007-2008, le club lorrain rate la Ligue des Champions lors de la dernière journée de championnat. A Marcel Picot, les Lorrains sont battus par Rennes 3-2. A nouveau qualifié pour la Coupe de l’UEFA, l’équipe ne passe pas la phase de poules.

Focus : le Stade Marcel Picot.

Marcel Picot naquit le 16 juin 1893 dans une famille de brodeurs célèbres qui recevait, entre autres, des commandes de l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III. Tout le désignait donc pour continuer la tradition familiale. Tout, sauf son tempérament. Peu de temps avant la Grande Guerre, il s’engagea dans l’armée. Comme officier, il participa à la bataille de Verdun où il fut fait prisonnier. Il passa alors le reste de la guerre au fort d’Ingolstadt. Pour tromper l’ennui, le jeune officier créa une équipe de hockey sur gazon. De retour en France, Picot s’associa à son futur beau-frère et ouvrit une chapellerie au centre de Nancy. Le succès fut rapide et important. Les ventes s’étendaient dans toute la Lorraine et jusqu’en Alsace. Engagé politiquement, passionné de rugby, Picot devint président du Stade Universitaire Lorrain (SUL).

Si les premières études pour un parc universitaire apte à favoriser l’entraînement et l’organisation de grandes manifestations remontaient à 1913, elles avaient été interrompues par la guerre et laissées lettre morte après celle-ci. Le chapelier déploya alors sa fortune, son immense activité et son réseau de relations pour permettre la concrétisation du projet. En 1921 la municipalité accorda au SUL six hectares de friches (destinés initialement à devenir un cimetière…), situés au Pont d’Essey à Tomblaine. Moins de cinq ans plus tard, et le compte en banque de Picot largement entamé, le Parc des Sports du Pont d’Essey vit le jour.

« Au départ, il n’existait qu’une seule tribune, celle nommée Jacquet en mémoire d’un ancien speaker du stade. Autour des trois autres côtés, les spectateurs prenaient place sur des monticules de terre arrangés en forme d’escalier » (asnl.net). Le Parc des Sports disposait alors d’une piste d’athlétisme, de terrains d’entraînement, de courts de tennis, et même d’un poste scientifique destiné à l’étude des exercices physiques. Constamment à la recherche d’investisseurs et d’événements à organiser pour rentabiliser le complexe, Picot sollicita la municipalité et la population, mit en place une tombola finalement interdite, invita des Cosaques et des sportifs roumains… Les premiers matchs du FC Nancy s’y déroulèrent à partir de 1935. Mais avec la professionnalisation, le chapelier s’effaça progressivement. Vexé de ne pas avoir de place réservée en tribune officielle, il devint un simple spectateur. Il mourut le 11 octobre 1967, et le Parc des Sports devint le Stade Marcel Picot dès le 12 mai 1968.

Claude Cuny, ambitieux président-fondateur de l’ASNL, pas à une idée visionnaire près (il est à l’origine du bonus offensif, ancêtre de la victoire à trois points, qui, ironie de l’histoire, coûta sa place en division 1 à l’ASNL à l’issue de la saison 1973-1974), voulait porter la capacité du stade à plus de 30 000 places et bâtir sous les tribunes un important complexe commercial. Le projet tomba à l’eau, mais en 1973 une deuxième tribune (Hazotte) sortit tout de même de terre. En 1978, la piste d’athlétisme fut supprimée pour permettre l’érection des tribunes derrière les buts (Marmite et Chaudron). De 1999 à 2003, la Communauté urbaine du Grand Nancy (CUGN) finança la rénovation des tribuns Jacquet, Marmite et Chaudron et la réhabilitation de la tribune Hazotte. A cette occasion, les tribunes derrière les buts furent rebaptisées Schuth et Piantoni.

Sélectionné pour accueillir des matchs de l’Euro 2016, le Stade Marcel Picot ne reçut finalement aucune des vingt-quatre meilleures équipes nationales européennes. En effet, alors que la CUGN et l’ASNL s’étaient mises d’accord pour financer ensemble un projet comparable à celui voulu par Cuny quarante ans auparavant, la première a finalement lâché la seconde. Sur fond de crise économique et d’inquiétudes pour le financement des collectivités territoriales françaises avec la faillite de la banque Dexia, et malgré les efforts consentis par le club lorrain avec la vente de presque tous les titulaires de la saison précédente, l’EPCI avait choisi de laisser le stade tel quel.


Magnifique travail Bobby !
LA GRANDE EQUIPE DU FC SOCHAUX CHAMPIONNE DE FRANCE en 1934-1935
- Où l'on apprend qu'elle aurait pu disputer la première Coupe d'Europe !
- Ou l'on parle du Real Madrid et de Di Stefano !!

...Le grand homme de cette saison nouvelle qui s'ouvre en juillet 1934 va être un beau gaillard brun, aux cheveux frisés, à la prestance de danseur de tango et aux allures de conquérant: il s'appelle Duhart et se prénomme Pedro, comme le héros d'une chanson que la chanteuse-diseuse de l'époque, Marie Dubas, a rendu célèbre. Ce Pedro Duhart débarque à Boulogne le 16 août et signe aussitôt une licence «d'étranger» (très important, retenez-le bien) pour le FC Sochaux.
Il faut dire que sous l'impulsion de dirigeants particulièrement dynamiques qui se nomment Jean-Pierre Peugeot et Sam Wyler, le club franc-comtois qui s'est trouvé à l'origine du championnat professionnel grâce à la creation de sa fameuse Coupe Sochaux, a décidé de frapper un grand coup. C'est qu'on en arrive à la troisième édition de la grande compétition nationale. Et le FC Sochaux n' a pas pour l'instant décrocher le moindre trophée.
...Dans cette formation doubiste sont arrivés également deux autres footballeurs de très grande classe, l'international helvétique André (Trello) Abbegglen qui jouait aux Grasshoppers de Zürich, et l'Uruguayen Conrad Ross, ex-demi centre de l'Urania de Genève qui va entraîner l'equipe sochalienne.
...en janvier 1935, les dirigeants sochaliens poussent un soupir de soulagement: parce qu'il a pu demontrer les origines francaises de son père né en 1889 au pays Basque, parce qu'il n'a pas fait de service militaire en Uruguay, Pedro Duhart est enfin considéré comme un citoyen et un joueur français. Cela va permettre à l'équipe sochalienne de retrouver son brillant ailier gauche Leslie Miller, un Anglais aux courses rapides et aux dribbles tranchants.
Ainsi le FC Sochaux tire-t-il le meilleur parti d'une formation assez cosmopolite ou se trouvent réunis Conrad Ross (que va bientôt remplacer en cours de saison le Hongrois Szabo), deux Franco-Suisses (Roger Courtois et son fidèle ami Gougain), un Franco-Uruguayen (Pedro Duhart), un Suisse (Trello Abbegglen) et un Anglais (Leslie Miller). Tous ces hommes faisant bon ménage avec le gardien alsacien Willy Wagner, solide Strasbourgeois qui est revenu dans l'Est de la France après un court sejour à Hyeres, avec les Parisiens Lalloué et Louis Finot , avec le «Lion» de Belfort Etienne Mattler, attaché à son maillot bouton d'or comme le lierre au mur du bungalow du stade Bonal ou battra toujours le cœur du club, avec enfin le fidèle Roger Hug qui sera fort utile en fin de saison.
Equipe au destin international, sorte de Real Madrid avant la lettre, qui aurait sans doute pu rivaliser avec les plus grandes formations européennes. C'est d'ailleurs à ce moment précis que Gabriel Hanot conçoit dans le Miroir des Sports cette Coupe d'Europe des clubs qu'il fera naître vingt ans plus tard...» les matchs entre équipes nationales, écrit-il alors, sont loin de donner entière satisfaction. Car ils ne permettent pas de fixer la valeur du football d'une nation, et ils sont à même de devenir des manifestations où le chauvinisme refoulera le sport à l'arrière plan. Proposons que les nations désignent certaines de leurs équipes pour participer au championnat d'un autre pays: Lille pourrait aller chez les Belges, Sochaux en Suisse ou en Autriche, Tottenham viendrait en France, la Juventus en Angleterre, etc...Envisageons même que l'Amerique du Sud soit comprise dans ce mouvement. Resserrons les liens internationaux».
Deja l'idee d'une vaste confrontation européenne est lancée...bien que le football prenne un visage de plus en plus fermé et rebarbatif. Le 6 fevrier, dans l'Auto, un entrefilet souligne les dangers que court le football anglais lui-meme. «les recents matchs en Angleterre ont été si violents qu'on parle de mesures radicales pour enrayer le péril: suppression des primes, abolition des transferts, modification de decompte des points».
Sochaux, lui, s'accroche a son esperance et s'en va gagner à Strasbourg (1-0) devant 25 000 Alsaciens. Le 21 avril, l'équipe doubiste gagne à Mulhouse (5-1), alors que les Strasbourgeois perdent un point à Montpellier. Cette fois-ci, le championnat semble joué: car Sochaux possède cinq points d'avance sur son rival, alors qu'il ne reste plus que trois matchs à jouer. Mais huit jours après, c'est la déroute à Montbeliard devant Antibes qui crée une enorme surprise en gagnant 7-3. Sochaux va-t-il s'écrouler sur la fin, comme l'avait déjà fait Marseille un an auparavant ? Avant-dernière journée à Lille, nouvelle défaite, plus qu'un seul point d'avance ! On tremble cette fois pour Mattler et ses amis !
D'autant plus que le dernier match, joué devant le public sochalien, va les opposer aux Marseillais qui sortent àpeine d'une finale de Coupe disputée une semaine avant à Colombes. Le stade de la Forge est trop petit, en ce dimanche 12 mai 1935, pour accueillir tous les ouvriers et employés de chez Peugeot, accourus des quatre coins du pays de Montbeliard, de cette région de 100 000 âmes où l'on ne parle – hors du football – que d'automobiles, de motos, de vélos, et d'outillages. De Beaulieu à Mandeure en passant par Audincourt, Valentigney et Pont-de-Roide.
Alors, c'est le feu d'artifice qui éclate tout à coup sur la tête des braves footballeurs marseillais. Leur gardien Laurent Di Lorto, qui ne tardera guère à venir s'installer, d'une facon définitive, à Sochaux, a beau multiplier les prodiges et les parades, va en voir de toutes les couleurs devant une attaque sochalienne déchaînée, au centre de laquelle le rondouillard mais virevoltant Roger Courtois réalise l'exploit de marquer trois buts à lui tout seul, tandis que Duhart, le beau Pedro, charmeur de ballon diabolique, obtient le quatrième point d'une victoire indiscutable.
Une victoire qui consacre la supériorité sochalienne et donne le titre au club de Jean-Pierre Peugeot.
Son triomphe, le FC Sochaux 1935, l'a surtout bâti à la force de son attaque qui a été, de loin avec 94 buts, la plus percutante du championnat. Dans ce festin, Roger Courtois a bien sur dévoré sa part du gâteau, lui qui a marqué 29 buts. Mais c'est pourtant l'inépuisable et merveilleux Trello Abbegglen, sorte de Di Stefano des premiers âges, qui a décroché la Couronne des Buteurs (30 buts). Comme ça, sans avoir l'air d'y toucher, avec son crâne chauve, son corps frêle, son souffle inépuisable, sa lucidité toujours vive, et sa foi inébranlable qui le faisait s'agenouiller et se signer au bord de la touche, avant d'entrer sur le terrain. Un modèle de footballeur dit «d'avant-guerre» qui serait encore aujourd'hui, sans discussion, l'une des super-vedettes du football mondial...
Extrait de «La fabuleuse histoire du football»

L'ECOLE DES ARTISTES SOCHALIENS

La rivalité féroce qui oppose depuis quatre ans le FC Sochaux à l'Olympique de Marseille n'est pas près de s'éteindre. La saison 1937-1938 lui donnera l'occasion de rebondir. En championnat d'abord où le club de l'Est a échoué d'un souffle la saison précédente. Les dirigeants sochaliens ont décidé de rénover l'équipe: Trello Abbegglen est reparti en Suisse au Servette, tandis que Lauri regagnait l'Argentine, afin d'échapper au service militaire français. Mais un autreTchécoslovaque a remplacé Bradac: Faczinek l'inter droit du Sparta de Prague, tandis que deux ailiers alsaciens débarquentde Strasbourg (Curt Keller) et e Mulhouse (Korb). Les dirigeant sochaliens avaient même cherché un moment à engager le demi centre de la Squadra Azzura Andreolo; mais les italiens n'ont pas voulu laisser partir leur meneur de jeu. Cette équipe sochalienne va être accablée tout le long de la saison par les pépins et les blessures: mais ses principales rivales ne seront guère mieux loties: l'OM n'a pas pu renforcer sa formation et va être bientôt accaparé par la Coupe qui lui plaît tant, car le RC Paris qui a perdu Dupuis et Delfour (passés au Red Star et à Roubaix) n'a pas retrouvé sa grande équipe malgré l'arrivée des Espagnols Luis Regueiro, du Real, et Ramon Zabalo, de Barcelone. Lille végète, bien que la venue de Darui ait renforcé sa défense. Seuls Strasbourg, Rouen et Sète, avec leurs redoutables buteurs Oskar Rohr, Jean Nicolas et Désiré Koranyi, se montrent menaçants.
Mais Sochaux prend tout de suite un départ en fanfare, écrasant Fives et Rouen (11 buts en 2 matchs) et s'installant d'entrée à la tête de la division I qui a perdu Rennes et Mulhouse, mais récupéré Lens et Valenciennes. Le Racing Club de Paris (4-0) Strasbourg (6-1), Roubaix (3-0), Sète (1-0), Lens (4-0), Valenciennes (6-1), Rouen (3-1), Lille (2-0),
le Red Star (3-1), personne ne peut résister à Roger Courtois et à ses coéquipiers. Quand les titulaires sont blessés ou absents, ce sont les remplaçants qui prennent la situation en mains: si Courtois n'est pas là, c'est un nommé Sarrieux qui marque trois buts contre le Red Star; quand Laurent Di Lorto souffre d'une blessure aux côtes, le jeune
gardien Pretto le fait presque oublier. La défense «tricolore»
est si impressionnante d'efficacité qu'on a donné au trio Di Lorto-Cazenave-Mattler, le nom très imagé et significatif de «Ligne Maginot». Le demi centre hongrois Janos Szabo plane sur cette équipe comme l'aigle sur la vallée. Les deux demis et Lehman abattent un travail de Romains. Le grand Pedro Duhart revient bientôt placer ses dribbles chaloupés et ses feintes de prestidigateur, tandis que le Tchècoslovaque Faczinek marque but sur but, renforçant auprès de Roger Courtois la puissance de feu de l'attaque sochalienne où sont venus s'incorporer également, en cours de saison, deux autres Franco-Uruguayens, Ithurbide et Irrigaray.
Ce Sochaux-là ne va subir que quatre défaites en trente matchs, dont deux face à l'OM, sa bête noire, qui terminera d'ailleurs deuxième à deux points du nouveau champion sacré le 1er mai, grâce à une victoire remportée à Lens (2-0, deux buts de Keller) sans Courtois.
Sochaux 1938, c'est un champion de France au style séduisant et spectaculaire qui a battu et fait battre tous les records de recette sur son passage et qui a pris rang finalement de véritable école, par la finesse et l'élégance de son jeu, par sa recherche technique et même son dilettantisme, savant mélange où la double influence de l'Europe Centrale et de l'Amérique du Sud s'est faite constamment sentir.
Message posté par Fred Astaire
LA GRANDE EQUIPE DU FC SOCHAUX CHAMPIONNE DE FRANCE en 1934-1935
- Où l'on apprend qu'elle aurait pu disputer la première Coupe d'Europe !
- Ou l'on parle du Real Madrid et de Di Stefano !!

...Le grand homme de cette saison nouvelle qui s'ouvre en juillet 1934 va être un beau gaillard brun, aux cheveux frisés, à la prestance de danseur de tango et aux allures de conquérant: il s'appelle Duhart et se prénomme Pedro, comme le héros d'une chanson que la chanteuse-diseuse de l'époque, Marie Dubas, a rendu célèbre. Ce Pedro Duhart débarque à Boulogne le 16 août et signe aussitôt une licence «d'étranger» (très important, retenez-le bien) pour le FC Sochaux.
Il faut dire que sous l'impulsion de dirigeants particulièrement dynamiques qui se nomment Jean-Pierre Peugeot et Sam Wyler, le club franc-comtois qui s'est trouvé à l'origine du championnat professionnel grâce à la creation de sa fameuse Coupe Sochaux, a décidé de frapper un grand coup. C'est qu'on en arrive à la troisième édition de la grande compétition nationale. Et le FC Sochaux n' a pas pour l'instant décrocher le moindre trophée.
...Dans cette formation doubiste sont arrivés également deux autres footballeurs de très grande classe, l'international helvétique André (Trello) Abbegglen qui jouait aux Grasshoppers de Zürich, et l'Uruguayen Conrad Ross, ex-demi centre de l'Urania de Genève qui va entraîner l'equipe sochalienne.
...en janvier 1935, les dirigeants sochaliens poussent un soupir de soulagement: parce qu'il a pu demontrer les origines francaises de son père né en 1889 au pays Basque, parce qu'il n'a pas fait de service militaire en Uruguay, Pedro Duhart est enfin considéré comme un citoyen et un joueur français. Cela va permettre à l'équipe sochalienne de retrouver son brillant ailier gauche Leslie Miller, un Anglais aux courses rapides et aux dribbles tranchants.
Ainsi le FC Sochaux tire-t-il le meilleur parti d'une formation assez cosmopolite ou se trouvent réunis Conrad Ross (que va bientôt remplacer en cours de saison le Hongrois Szabo), deux Franco-Suisses (Roger Courtois et son fidèle ami Gougain), un Franco-Uruguayen (Pedro Duhart), un Suisse (Trello Abbegglen) et un Anglais (Leslie Miller). Tous ces hommes faisant bon ménage avec le gardien alsacien Willy Wagner, solide Strasbourgeois qui est revenu dans l'Est de la France après un court sejour à Hyeres, avec les Parisiens Lalloué et Louis Finot , avec le «Lion» de Belfort Etienne Mattler, attaché à son maillot bouton d'or comme le lierre au mur du bungalow du stade Bonal ou battra toujours le cœur du club, avec enfin le fidèle Roger Hug qui sera fort utile en fin de saison.
Equipe au destin international, sorte de Real Madrid avant la lettre, qui aurait sans doute pu rivaliser avec les plus grandes formations européennes. C'est d'ailleurs à ce moment précis que Gabriel Hanot conçoit dans le Miroir des Sports cette Coupe d'Europe des clubs qu'il fera naître vingt ans plus tard...» les matchs entre équipes nationales, écrit-il alors, sont loin de donner entière satisfaction. Car ils ne permettent pas de fixer la valeur du football d'une nation, et ils sont à même de devenir des manifestations où le chauvinisme refoulera le sport à l'arrière plan. Proposons que les nations désignent certaines de leurs équipes pour participer au championnat d'un autre pays: Lille pourrait aller chez les Belges, Sochaux en Suisse ou en Autriche, Tottenham viendrait en France, la Juventus en Angleterre, etc...Envisageons même que l'Amerique du Sud soit comprise dans ce mouvement. Resserrons les liens internationaux».
Deja l'idee d'une vaste confrontation européenne est lancée...bien que le football prenne un visage de plus en plus fermé et rebarbatif. Le 6 fevrier, dans l'Auto, un entrefilet souligne les dangers que court le football anglais lui-meme. «les recents matchs en Angleterre ont été si violents qu'on parle de mesures radicales pour enrayer le péril: suppression des primes, abolition des transferts, modification de decompte des points».
Sochaux, lui, s'accroche a son esperance et s'en va gagner à Strasbourg (1-0) devant 25 000 Alsaciens. Le 21 avril, l'équipe doubiste gagne à Mulhouse (5-1), alors que les Strasbourgeois perdent un point à Montpellier. Cette fois-ci, le championnat semble joué: car Sochaux possède cinq points d'avance sur son rival, alors qu'il ne reste plus que trois matchs à jouer. Mais huit jours après, c'est la déroute à Montbeliard devant Antibes qui crée une enorme surprise en gagnant 7-3. Sochaux va-t-il s'écrouler sur la fin, comme l'avait déjà fait Marseille un an auparavant ? Avant-dernière journée à Lille, nouvelle défaite, plus qu'un seul point d'avance ! On tremble cette fois pour Mattler et ses amis !
D'autant plus que le dernier match, joué devant le public sochalien, va les opposer aux Marseillais qui sortent àpeine d'une finale de Coupe disputée une semaine avant à Colombes. Le stade de la Forge est trop petit, en ce dimanche 12 mai 1935, pour accueillir tous les ouvriers et employés de chez Peugeot, accourus des quatre coins du pays de Montbeliard, de cette région de 100 000 âmes où l'on ne parle – hors du football – que d'automobiles, de motos, de vélos, et d'outillages. De Beaulieu à Mandeure en passant par Audincourt, Valentigney et Pont-de-Roide.
Alors, c'est le feu d'artifice qui éclate tout à coup sur la tête des braves footballeurs marseillais. Leur gardien Laurent Di Lorto, qui ne tardera guère à venir s'installer, d'une facon définitive, à Sochaux, a beau multiplier les prodiges et les parades, va en voir de toutes les couleurs devant une attaque sochalienne déchaînée, au centre de laquelle le rondouillard mais virevoltant Roger Courtois réalise l'exploit de marquer trois buts à lui tout seul, tandis que Duhart, le beau Pedro, charmeur de ballon diabolique, obtient le quatrième point d'une victoire indiscutable.
Une victoire qui consacre la supériorité sochalienne et donne le titre au club de Jean-Pierre Peugeot.
Son triomphe, le FC Sochaux 1935, l'a surtout bâti à la force de son attaque qui a été, de loin avec 94 buts, la plus percutante du championnat. Dans ce festin, Roger Courtois a bien sur dévoré sa part du gâteau, lui qui a marqué 29 buts. Mais c'est pourtant l'inépuisable et merveilleux Trello Abbegglen, sorte de Di Stefano des premiers âges, qui a décroché la Couronne des Buteurs (30 buts). Comme ça, sans avoir l'air d'y toucher, avec son crâne chauve, son corps frêle, son souffle inépuisable, sa lucidité toujours vive, et sa foi inébranlable qui le faisait s'agenouiller et se signer au bord de la touche, avant d'entrer sur le terrain. Un modèle de footballeur dit «d'avant-guerre» qui serait encore aujourd'hui, sans discussion, l'une des super-vedettes du football mondial...
Extrait de «La fabuleuse histoire du football»

L'ECOLE DES ARTISTES SOCHALIENS

La rivalité féroce qui oppose depuis quatre ans le FC Sochaux à l'Olympique de Marseille n'est pas près de s'éteindre. La saison 1937-1938 lui donnera l'occasion de rebondir. En championnat d'abord où le club de l'Est a échoué d'un souffle la saison précédente. Les dirigeants sochaliens ont décidé de rénover l'équipe: Trello Abbegglen est reparti en Suisse au Servette, tandis que Lauri regagnait l'Argentine, afin d'échapper au service militaire français. Mais un autreTchécoslovaque a remplacé Bradac: Faczinek l'inter droit du Sparta de Prague, tandis que deux ailiers alsaciens débarquentde Strasbourg (Curt Keller) et e Mulhouse (Korb). Les dirigeant sochaliens avaient même cherché un moment à engager le demi centre de la Squadra Azzura Andreolo; mais les italiens n'ont pas voulu laisser partir leur meneur de jeu. Cette équipe sochalienne va être accablée tout le long de la saison par les pépins et les blessures: mais ses principales rivales ne seront guère mieux loties: l'OM n'a pas pu renforcer sa formation et va être bientôt accaparé par la Coupe qui lui plaît tant, car le RC Paris qui a perdu Dupuis et Delfour (passés au Red Star et à Roubaix) n'a pas retrouvé sa grande équipe malgré l'arrivée des Espagnols Luis Regueiro, du Real, et Ramon Zabalo, de Barcelone. Lille végète, bien que la venue de Darui ait renforcé sa défense. Seuls Strasbourg, Rouen et Sète, avec leurs redoutables buteurs Oskar Rohr, Jean Nicolas et Désiré Koranyi, se montrent menaçants.
Mais Sochaux prend tout de suite un départ en fanfare, écrasant Fives et Rouen (11 buts en 2 matchs) et s'installant d'entrée à la tête de la division I qui a perdu Rennes et Mulhouse, mais récupéré Lens et Valenciennes. Le Racing Club de Paris (4-0) Strasbourg (6-1), Roubaix (3-0), Sète (1-0), Lens (4-0), Valenciennes (6-1), Rouen (3-1), Lille (2-0),
le Red Star (3-1), personne ne peut résister à Roger Courtois et à ses coéquipiers. Quand les titulaires sont blessés ou absents, ce sont les remplaçants qui prennent la situation en mains: si Courtois n'est pas là, c'est un nommé Sarrieux qui marque trois buts contre le Red Star; quand Laurent Di Lorto souffre d'une blessure aux côtes, le jeune
gardien Pretto le fait presque oublier. La défense «tricolore»
est si impressionnante d'efficacité qu'on a donné au trio Di Lorto-Cazenave-Mattler, le nom très imagé et significatif de «Ligne Maginot». Le demi centre hongrois Janos Szabo plane sur cette équipe comme l'aigle sur la vallée. Les deux demis et Lehman abattent un travail de Romains. Le grand Pedro Duhart revient bientôt placer ses dribbles chaloupés et ses feintes de prestidigateur, tandis que le Tchècoslovaque Faczinek marque but sur but, renforçant auprès de Roger Courtois la puissance de feu de l'attaque sochalienne où sont venus s'incorporer également, en cours de saison, deux autres Franco-Uruguayens, Ithurbide et Irrigaray.
Ce Sochaux-là ne va subir que quatre défaites en trente matchs, dont deux face à l'OM, sa bête noire, qui terminera d'ailleurs deuxième à deux points du nouveau champion sacré le 1er mai, grâce à une victoire remportée à Lens (2-0, deux buts de Keller) sans Courtois.
Sochaux 1938, c'est un champion de France au style séduisant et spectaculaire qui a battu et fait battre tous les records de recette sur son passage et qui a pris rang finalement de véritable école, par la finesse et l'élégance de son jeu, par sa recherche technique et même son dilettantisme, savant mélange où la double influence de l'Europe Centrale et de l'Amérique du Sud s'est faite constamment sentir.


Merci beaucoup pour ce beau récit, Fred !

Je me permets de fournir quelques infos complémentaires.

Rebaptisé Pierre, Duhart disputa quelques matchs avec l'équipe de France dans la deuxième moitié des années 30.

Les Suisses Roger Courtois et André Abegglen furent sélectionnés pour la Coupe du monde 1938 mais pas dans la même équipe : le premier le fut sous le maillot de la France (mais ne disputa aucun match), le second le fut sous le maillot de la Suisse et planta 3 buts (en deux matchs) à la prestigieuse équipe allemande (renforcée d'éléments du Wunderteam suite à l'Anschluss) et participa ainsi à son élimination.

Etienne Mattler fut, tout au long des années 30, un solide défenseur de l'équipe de France. Il participa aux Coupes du monde 30, 34 et 38 (capitaine pour cette dernière). En 1930 il joua aux côtés d'Alexandre Villaplane, excellent milieu de terrain dont l'avenir fut pour le moins contrasté. Devenu escroc dans les années 30, il fut sous l'Occupation des sinistres Gestapo française de Bony-Laffont et Légion nord-africaine. Mattler, quant à lui, intégra la Résistance.

Quant à la Dubas, elle fut l'interprète originale de la célèbre chanson "Mon légionnaire".

Voilà qui me donne envie de republier ici quelques-uns de mes textes consacrés au sport des années 30.
Message posté par bobbysanno
Merci beaucoup pour ce beau récit, Fred !

Je me permets de fournir quelques infos complémentaires.

Rebaptisé Pierre, Duhart disputa quelques matchs avec l'équipe de France dans la deuxième moitié des années 30.

Les Suisses Roger Courtois et André Abegglen furent sélectionnés pour la Coupe du monde 1938 mais pas dans la même équipe : le premier le fut sous le maillot de la France (mais ne disputa aucun match), le second le fut sous le maillot de la Suisse et planta 3 buts (en deux matchs) à la prestigieuse équipe allemande (renforcée d'éléments du Wunderteam suite à l'Anschluss) et participa ainsi à son élimination.

Etienne Mattler fut, tout au long des années 30, un solide défenseur de l'équipe de France. Il participa aux Coupes du monde 30, 34 et 38 (capitaine pour cette dernière). En 1930 il joua aux côtés d'Alexandre Villaplane, excellent milieu de terrain dont l'avenir fut pour le moins contrasté. Devenu escroc dans les années 30, il fut sous l'Occupation des sinistres Gestapo française de Bony-Laffont et Légion nord-africaine. Mattler, quant à lui, intégra la Résistance.

Quant à la Dubas, elle fut l'interprète originale de la célèbre chanson "Mon légionnaire".

Voilà qui me donne envie de republier ici quelques-uns de mes textes consacrés au sport des années 30.


Te gênes surtout pas !

Aurait-tu un texte en français sur Arthur Johnson (Real Madrid) ?
Je ne sais plus plus si Yves avait fait un article sur lui, de toutes façons il serait pas encore réédité.

https://thesefootballtimes.co/2019/02/2 … -football/
JOSE ARRIBAS, RAMON MULLER ET JACKY SIMON

José Arribas, lui-même néophyte au niveau de l'élite, choisit un style collectif, rationnel et offensif. Il est aidé en cela par la présence de Ramon Muller, un extraordinaire distilleur de ballons dont la vision instantanée de la passe à faire est prodigieuse; et par l'éclosion incroyable d'un jeune Normand nommé Jacky Simon qui marque les buts les plus décisifs au point d'être sacré le meilleur buteur du championnat avec 24 buts. Simon n'a pas la morphologie d'un destructeur de défenses mais il possède au plus haut point le sens du but et l'art d'appeler le ballon. Il est le prototype parfait du buteur nouvelle vague, rapide, bon technicien, intelligent et adroit.
José Arribas porte ce jugement sur lui: « j'ai l'impression que Jacky a fait une saison exceptionnelle et qu'il se retrouvera difficilement dans un tel état d'euphorie et de réussite. Il va progresser encore en maturité de jeu, en autorité sur le terrain, en dosage de ses efforts, oui, il va progresser, même s'il n'a plus la même réussite. Il finira par devenir sinon un Piantoni, du moins un garçon approchant avec des qualités différentes.

«Sa qualité essentielle: les avoir toutes. En plus d'une résistance physique phénoménale qui lui permet de s'entraîner tous les jours et de disputer deux matchs par semaine sans en souffrir, il recupère très rapidement car ses qualités physiologiques sont exceptionnelles (46 pulsations minute, et moins de 6 litres au spiromètre). Jackie a besoin de ne pas être nerveux; avant un match, j'aime beaucoup le voir plaisanter car cela démontre qu'il est en bon état de décontraction et prêt à exploser. Il a besoin de se relâcher.
«Il est difficile sans doute à situer au point de vue caractère car il n'est pas encore assez maître de ses réactions. Il n'est pas suffisamment mûr, mais il est vrai qu'il n'a que 23 ans et il n'est pas encore assez solide pour résister à la gloire qui lui est tombée sur la tête depuis un an. Cependant, il s'en est fort bien tiré et c'est ce qui laisse supposer une stabilisation très prochaine et du même coup, pour l'homme et pour le joueur, un avenir très prometteur».

Le FC Nantes fait une grosse impression sur les foules. Il a un petit côté fleur bleue qui le rend sympathique et fragile. On l'aime pour son panache, ses buts et sa couleur. Et on interroge Arribas pour savoir comment il en est arrivé là: «Avec des amateurs, à Noyeux, j'avais déjà essayé il y a dix ans d'adopter un système souple de 4-2-4 qui renforçait la défense centrale et donnait à chacun la possibilité de mieux s'exprimer. J'ai fait de même à Nantes et notre organisation de jeu s'est polie avec le temps. Il ne faudrait pas croire pourtant que tout est prévu dans notre équipe et que tout y est immuable».

FOOTBALL NANTAIS EN LIBERTE

«Je veux éviter que les automatismes deviennent trop fréquents et trop machinaux, parce que nous risquerions alors de tomber dans un jeu monocorde. Le cheminement de mon idée a été logique: d'abord un souci défensif, ensuite lorsque les arrières furent assurés, une prise de conscience offensive. Mais avant tout, pour chaque joueur, la possibilité de s'exprimer totalement sur le terrain, le moyen de trouver constamment autour de lui les conditions de jeu qui lui conviennent. Pour cela il faut qu'il ait des partenaires toujours regroupés autour de lui. Mon idée maîtresse qui s'est introduite petit a petit au fil des progrès, c'est que les joueurs devaient bénéficier d'un certain bien-être pour s'exprimer totalement. De même l'artiste a besoin souvent d'un cadre agréable pour trouver la bonne inspiration. Dans notre équipe, c'est pareil. Pour qu'un joueur puisse créer et improviser, il faut le placer dans les meilleures conditions de jeu collectif.
«Je pense que le Français a besoin de cette liberté d'esprit, d'expression, d'action. Je crois d'ailleurs que l'équipe nantaise est une de celles qui s'apparentent le mieux à l'esprit français. Il est curieux de constater par coïncidence sans doute, que Budzinski et Siatka (d'origine polonaise), Ramon Muller (d'origine argentine)sont les trois joueurs qui, tout en nous rendant les plus grands services, rentrent le moins bien dans notre jeu, et s'éloignent le plus de notre idée maîtresse. C'est dans l'imagination, l'esprit d'initiative, la variété du 4-2-4, que nous avons trouvé une méthode nous convenant très bien.
Je pense que les progrès rapides accomplis par nos nos joueurs sont à mettre sur le compte de notre système de jeu. Chacun d'entre eux a pu se libérer d'une certaine façon de jouer qui les bridait quelque peu».

Cet aspect tactique est important dans la prise de pouvoir du FC Nantes en 1965. En effet, les techniciens français ont tâtonné pour définir quel était le meilleur système dans notre pays. Et ils se sont partagés en deux camps: les «réalistes» comme le Lyonnais Jasseron, vainqueur de la Coupe un an plus tôt mais qui, en perdant Combin, a perdu le moteur de son système; et les rationalistes, comme Arribas, qui considèrent que le footballeur français n'est ni un physique comme l'anglais, ni un jaillissant comme le latin, ni un guerrier comme l'allemand.

Jacques Thibert et Jean-Philippe Réthacker
" La fabuleuse histoire du football "

Message posté par sainté
fred un quizz pour toi^^ y'a une coquille pas sympa pour 1994 ils sont pas gentils lol

quand je dis pour toi c'est surtout avant 1966!! attention les gars surtout ne pas oublier les accents sinon ça marche pas hé hé

https://www.demivolee.com/2019/09/30/je … -du-monde/


21/30, mais les mecs qui ont fait ce quiz étaient complètement pétés : je cherchais un Brésilien meilleur buteur en 66 et un Hongrois meilleur buteur en 94. Je m'échinais, je m'échinais, et je me disais : 'tain, mais le Brésil se fait lamentablement sortir dès le premier tour en 66 et en 94, y avait-il seulement la Hongrie à la Coupe du monde ? De ce fait, je suis passé à côté d'Eusébio et Stoitchkov ! Eusébio Brésilien... Stoitchkov Hongrois... Bon ! ne pas se souvenir d'Eusébio en 66, faut aussi être sacrément couillon.
Message posté par bobbysanno
21/30, mais les mecs qui ont fait ce quiz étaient complètement pétés : je cherchais un Brésilien meilleur buteur en 66 et un Hongrois meilleur buteur en 94. Je m'échinais, je m'échinais, et je me disais : 'tain, mais le Brésil se fait lamentablement sortir dès le premier tour en 66 et en 94, y avait-il seulement la Hongrie à la Coupe du monde ? De ce fait, je suis passé à côté d'Eusébio et Stoitchkov ! Eusébio Brésilien... Stoitchkov Hongrois... Bon ! ne pas se souvenir d'Eusébio en 66, faut aussi être sacrément couillon.


Comme j'ai pas mis é sur Eusébio, ça m'a été refusé. Ils n'ont pas un logiciel qui accepte les noms sans accents comme google ?
Message posté par Fred Astaire
Comme j'ai pas mis é sur Eusébio, ça m'a été refusé. Ils n'ont pas un logiciel qui accepte les noms sans accents comme google ?


C'est d'autant plus savoureux d'être pointilleux sur les accents lorsque les gars pensent que Eusébio était Brésilien (parce qu'il était Noir et parlait portugais ?) et que Stoitchkov est Hongrois !
En préparation : Bande-annonce

Les légendes du Real Madrid de 1900 à 1970:

Parmi ces 65 joueurs seuls 15 d'entre-eux eurent l'honneur de figurer dans le top 50 de So Foot.

CHAPITRE I
LOS PIONEROS

Johnson (1902-1905 ), Parages (1902-09), Bernabéu (1910-28), S. Aranguren (1911-18), E. Aranguren (11-21), Machimbarrena (1913-18), Petit (1914-17), Muñagorri (1919-28), Monjardín (1919-29), Félix Perez (1921-28), Queseda (1922-36), Peña (1926-32), Anatol (1928-29), Gaspar Rubio (1928-30), Lazcano (1928-34), Zamora (1930-36), Regueiro (1931-36), Ciriaco (1931-36), Quincoces (1931-42), Sauto (1933-44), Ipiña (1933-49), Gyula Alberty (1934-36), Lecue (1935-42), Corona (43-48), Barinaga (40-50), Pahiño (48-53).

Top 5:
Zamora
Petit
Quincoces
Bernabéu
Machimbarrena


Aranguren ---------- Bernabeu ------- Petit ---------- Lazcano ---

------- Ipina ------------Machimbarrena ---------- Regueiro -------

------Queseda ----------- Quincoces ------------- Ciriaco ------------

------------------------- Zamora --------------------------


CHAPITRE II

LOS MONSTRUOS SAGRADOS

Molowny (47-56), Muñoz (48-58), Navarro (49-57), Alonso (49-63), Roque Olsen (51-57), Joseito (51-59), Zárraga (51-62), Santisteban (52-60 et 62-65), Lesmes II (52-60), Mateos (53-61), Di Stéfano (53-64), Gento (53-71), Rial (54-61), Marquitos (54-62), Marsal (55-58), Kopa (56-59), Antonio Ruiz (56-62, Dominguez (57-62), Santamaria (57-64), Puskas (58-66), Didi (59-60), Canario (59-62), Vidal (59-63), Del Sol (60-62).

Top 5:
Di Stéfano
Puskas
Gento
Zárraga
Kopa


Gento -------------- ---- -------- Di Stefano --------- -------------- Kopa
----------------- Puskas ---------------------------------- Rial -----------

------------------ Zarraga --------------------------------- Munoz ---------

------Lesmes ----------- ------- Santamaria ----------------- Marquitos ----

--------------------------------- Alonso -----------------------------------

Chapitre III

LOS AÑOS SESENTA

Velázquez (58-77), Pachín (59-68), Bueno (59-71), Grosso (59-76), Vicente (60-64), Araquistain (61-68, Félix Ruiz (61-69), Miera (61-69), Betancort (61-71), Zoco (62-74), Amancio (62-76), Serena (63-68), Sanchis (64-71), De Felipe (64-72), José Luis (64-76), Pirri (64-80), Miguel Angel (67-86).

Top 5:
Pirri
Amancio
Velázquez
Zoco
Grosso

Bueno ------- Grosso ------- Amancio---------- Serena----------

------- ----- Pirri ----------------- Velazquez -------------

------Pachin ------- Zoco ------- De Felipe ------- Sanchis -----

------------------------- Araquistain ----------------------------


Extraits :

Santiago Bernabéu de Yeste
né à Almansa (Albacete) le 8/06/1895
décédé le 2/06/1978

Un buteur dans l'âme
Avant-centre
79 matchs officiels
69 buts

Avant de faire briller le Real Madrid en tant que président, Santiago Bernabéu a connu une longue et méconnue période comme joueur. Il occupait alors le poste d'attaquant axial. Sa puissance physique, son sens du but et son dévouement pour son équipe étaient les principales caractéristiques de son jeu. Au cours de ses 79 matchs officiels avec le Real, il inscrivit 69 buts, un chiffre impressionnant.

Après avoir disputé plusieurs matchs avec la Gimnástica Española, Bernabéu rejoint le Real Madrid et son équipe première lors de la saison 1913-1914. Ce groupe compte alors de grands noms du football tels que Aranguren, Machimbarrena, Castell ou Sotero. Son adaptation est instantanée et il devient rapidement un titulaire indiscutable.

Bernabéu dispute 16 saisons sous les couleurs madrilènes. Si son palmarès en tant que président est prestigieux, celui de footballeur n'en est pas moins glorieux. Il remporte en effet neuf championnats régionaux et une Coupe d'Espagne.

Alors que le club voulait à ses débuts le tester dans les cages, son frère Marcelo, qui connaissait son talent lui a dit : « Ou il te font jouer avant-centre dans l'axe, ou bien tu ne joues pas » L'avenir lui a donné raison.


1 Coupe d'Espagne
9 Championnats régionaux


ZOCO (62-74)
Ignacio Zoco Esperza
né le 31/07/39 à Garde (Navarra)
décédé le 28/09/2015

Le rempart du milieu de terrain

Milieu de terrain et défenseur
438 matchs officiels
16 buts
25 sélections

Zoco fut l'un de ces courageux jeunes joueurs qui ont donné un nouveau souffle au Real Madrid dans les années 60, alors que les carrières de joueurs tels que Di Stéfano et Puskas touchaient à leur fin. Avec les Madrilènes, il a tout gagné, et il a remporté la Coupe d'Europe des Nations face à l'URSS. Le plus grand titre de l'équipe d'Espagne du XXème siècle.

Après avoir commencé sa carrière à Osasuna, le Navarrais arrive au Real Madrid en 1962, la même année que Amancio et Lucien Muller. Pendant sa première saison sous les couleurs madrilènes, le club remporte la Liga, ainsi que la Coupe d'Europe, en 1966. Le Real Madrid « Yeyé » était alors composé de dix talentueux joueurs espagnols et menée par un leader historique Paco Gento.

Du haut de ses 184 centimètres et 81 kilos, Zoco était un rempart au milieu de terrain, zone où de nombreux succès du Real Madrid ont été forgés Un joueur humble, sans défaut, qui n'hésitait pas à monter en attaque pour exploiter les ballons aériens. Il a gagné l'admiration du public de par sa loyauté, sa droiture et son courage.

Ses adieux furent inoubliables. Lors du dernier match de la saison 73-74, Madrid bat Barcelone 4-0 en finale de la Coupe d'Espagne. Zoco a l'honneur de soulever le trophée offert généreusement par son capitaine Ramón Grosso. Un beau dénouement pour une carrière extraordinaire.

1 Coupe d'Europe des clubs champions
7 Ligas
2 Coupes d'Espagne


PIRRI (64-80)
José Martinez Sanchez
né à Ceuta le 11/03/45

Le « poumon blanc »

Défenseur ou milieu de terrain
561 matchs officiels
172 buts
41 sélections

Si l'adjectif « omniprésent » semblait avoir été inventé pour définir le style de Di Stéfano, celui de « polyvalent » ne le serait pas moins pour Pirri.
L'homme aux 10 Ligas fait partie des 10 plus grands joueurs de l'histoire du Real, juste derrière les Di Stéfano, Cristiano, Gento, Puskas, Raul, Zidane, Butragueno, Casillas et Ramos.

Milieu de terrain créateur ou défensif, libéro offensif défenseur ou avant-centre improvisé, il était aussi grand buteur. Il a marqué 172 buts, nombre ahurissant pour un milieu, au cours de 16 saisons passées sous le maillot blanc. Il incarnait la force et la gloire madrilènes. Pirri a disputé la finale de la Coupe des coupes de 1971 avec le bras en écharpe et une finale de la Coupe d'Espagne 1975 avec de la fièvre et la mâchoire cassée. Il a reçu la plus grande distinction du club: l'insigne de la Laureada.

Pirri commence le football avec l'Imperio Riffien, la Sociedad Deportiva Ceuta et l'Atlético de Ceuta. Il brille dans toutes ces équipes. À l'âge de 18 ans il part continuer ses études à Grenade. C'est là qu'il rejoint l'équipe première et qu'il est convoqué lors de la saison 63-64 pour jouer avec l'équipe d'Espagne amateur. Un tremplin dans sa carrière qui lui permet de signer avec le Real en 1964.

Il fait partie de la célèbre génération « Yeyé », menée par son capitaine emblématique Francisco Gento. Lors de sa première saison, Pirri remporte la première de ses dix Ligas en 15 ans avec le club Madrilène. En 1966, l'équipe, qui est alors l'une des plus jeunes d'Europe, et entièrement composée d' Espagnols, remporte la Coupe d'Europe des clubs champions, à l’issue d’une finale contre le Partizan Belgrade (2-1).

Il est international à 41 reprises. En 1980, il prend la direction du Mexique. Deux années plus tard, après avoir terminé ses études de médecine, il retourne en Espagne pour y rejoindre le staff médical du Real Madrid, avant de s’enrôler dans l'équipe technique du club madrilène.
Le premier lauréat le la Laureada des mains de Santiago Bernabéu

1 Coupe d'Europe des clubs champions
10 Ligas
4 Coupes d'Espagne
Il y a 70 ans dans la nuit du 27 au 28 octobre 1949, Marcel Cerdan disparaissait à bord vol Paris New York au-dessus des Açores.
Concernant le match Pérou-Autriche des JO de Berlin, je propose ici un relevé documentaire qui s'étalera sans doute sur plusieurs jours. L'interprétation des documents et la synthèse à opérer ne sera pas de mon fait (débrouillez-vous, messieurs !).

Commençons par les numéros de L'Auto des 11 et 12 août 1936.

Le 11 août, L’Auto rapporte, en première page, « un grave incident à propos de football » : l’équipe péruvienne de football ne s’est pas présenté pour le nouveau match prévu par la FIFA et c’est toute la délégation péruvienne qui menace de quitter les Jeux. Et c’est même toutes les délégations d’Amérique du Sud qui veulent quitter les Jeux !

Le 12, L’Auto rappelle d’abord, en page 4, les incidents survenus lors du match : « Rappelons que les spectateurs péruviens avaient envahi le terrain pour protester contre le jeu qu’ils estimaient brutal des joueurs autrichiens et qu’ils avaient échangé des coups avec ceux-ci. Après le match, gagné par 4 à 2 par le Pérou, les dirigeants autrichiens déposèrent une plainte devant le jury d’appel de la Fédération Internationale de Football et celui-ci, considérant qu’une organisation impartiale n’avait pas été gardée pendant la partie, avait décidé de faire rejouer le match. Les dirigeants péruviens protestèrent vivement contre cette décision. Leur point de vue était formel : ce n’est pas la faute des joueurs de football du Pérou si l’organisation s’est montrée insuffisante et si des spectateurs ont pu pénétrer sur le terrain. Il est donc absolument inadmissible que le jury d’appel fasse rejouer un match et lèse l’équipe du Pérou de sa victoire. »

Toujours le 12, L’Auto cite une déclaration du comte de Baillet-Latour, président du CIO : « L’incident Pérou-Autriche ne pouvait être réglé que par la Fédération Internationale de Football Association. C’est un incident exclusivement sportif, exclusivement technique et ni le Comité International Olympique, ni le Comité Organisateur des Jeux n’avaient à intervenir. Nous n’avons qu’à nous incliner et regretter amèrement la décision de nos amis péruviens. » Et L’Auto d’ajouter : « Mais si officiellement le Comité International Olympique ne s’est pas occupé de l’affaire, nous croyons savoir qu’il est tout de même intervenu officieusement, qu’il a fait maintes démarches dans la journée, qu’il s’est malheureusement heurté à une fermeté absolue dans la décision des dirigeants du Pérou. Les « diplomates » du CIO ont tout de même réussi à limiter les dégâts, puisque ce soir tous les Etats de l’Amérique du Sud continuent à participer aux Jeux. »
L'auto ne mentionne rien sur le match dans son édition du 9 août ?

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