Mais où es-tu passé Pape Matar Sarr ?

« Laissez Pape Matar Sarr tranquille. Laissez-le grandir tranquillement. On en parle trop, je trouve. Il a encore beaucoup de progrès à faire. Il a un gros potentiel pour faire une grande carrière. C’est un gamin qui a quitté ses parents. Il ne faut pas le perturber. » Voilà ce qu’en disait Frédéric Antonetti avant le déplacement au Parc des Princes fin avril 2021. Un talent à protéger et à polir au sein d’un club qui a l’habitude de produire des diamants bruts, dont plusieurs en provenance de Génération Foot au Sénégal, d’où le jeune Pape Matar Sarr est originaire. Cela fait quasiment un an jour pour jour, le 6 décembre 2020, que le monde a découvert le Lion de la Téranga, titulaire pour la première fois avec le FC Metz face à Lyon dans un Saint-Symphorien à huis clos en raison de la pandémie. Sauf que la marche était visiblement trop haute pour Pape Matar Sarr qui cède sa place dès la mi-temps après une copie très moyenne face à Memphis Depay et Houssem Aouar.

Et alors que cette encontre aurait pu couper les ailes du jeune homme, il n’en aura rien été, puisque le reste du concert 2020-2021 du maestro Sarr est quasi parfait. Brillant dans un collectif au point mort au moment de la déclaration de Frédéric Antonetti, la nouvelle pépite du FC Metz était en marche et attirait les yeux de l’Europe sur lui, imaginant déjà le prochain Sadio Mané ou Ismaïla Sarr. Avant tout utilisé en position de numéro 6 devant la défense ou en milieu central, Pape Matar Sarr a été le point de départ des attaques messines en plus d’être un premier rideau particulièrement efficace. Un énorme avantage pour un FC Metz à la recherche d’efficacité tout au long d’une saison où Ibrahima Niane a manqué et où ses remplaçants, aussi bien Aaron Leya-Iseka (4 buts en 21 matchs) que Thierry Ambrose (0 but en 23 matchs) ou Vagner Dias (4 buts en 26matchs), n’y arrivaient pas du tout. Ne craignant pas de prendre sa chance de loin, il fait trembler les filets à trois reprises et trouve en Habib Maïga un partenaire de crime parfait dans l’entrejeu. Le début d’une belle histoire d’amour sous le maillot grenat dans un club qui signait son meilleur classement depuis 1998-1999 en Ligue 1, avec une dixième place.

Le creux de la vague

Annoncé un peu partout en Europe vers la fin du mercato estival, il est finalement vendu à Tottenham pour 16,9 millions d’euros, avant d’être prêté dans la foulée au club à la croix de Lorraine. Une belle plus-value financière pour Bernard Serin, mais sur le terrain, les choses ne se passent pas comme prévu. L’insouciance et l’audace, notamment sur les tirs lointains, qui faisaient sa force la saison dernière semblent s’être envolées durant l’été. Désormais, place aux errements défensifs et au manque d’inspiration flagrant sur les phases offensives. Titulaire lors des trois matchs avant sa signature en Angleterre, Pape Matar Sarr a même perdu sa place ces dernières semaines (2 titularisations sur les 7 dernières rencontres) à force d’enchaîner les prestations moyennes. Frédéric Antonetti n’avait d’ailleurs pas attendu longtemps avant de critiquer ouvertement son joyau en conférence de presse après la deuxième journée et une défaite contre le FC Nantes (0-2) : « Je pense aux dix premières minutes où il y a eu quelques ballons à sortir très facilement et on a eu un déchet technique incroyable, notamment de Sarr. Peut-être qu’à force de parler de son départ tout le temps, ça doit jouer sur un jeune de 18 ans. »

Malgré cette sortie médiatique, le coach messin continue de lui faire confiance dans un premier temps et de cocher son nom sur la feuille de match. En revanche, c’est dans un nouveau rôle que Pape Matar Sarr est utilisé, quittant son poste de numéro 6 pour évoluer plus haut sur le terrain. Son nouveau taf ? Être un milieu offensif et créatif pour suppléer l’attaque Ibrahima Niane – Lamine Gueye. Sauf que la jeune pépite n’est visiblement pas à l’aise dans ce rôle. En souffrance, il est baladé un peu partout dans le milieu messin, au point de se retrouver ailier gauche sur deux matchs contre Clermont et Troyes, là encore pour une réussite et un impact minimal. Après un nouveau fiasco contre Rennes à domicile (0-3), Sarr retrouve alors le banc contre Lens. Entré en cours de jeu, il joue de malchance, pensant inscrire son premier but qui le fuit toujours cette saison, avant que la VAR ne lui retire cette joie pour une main peu évidente. Depuis, il compte les minutes que constituent son temps de jeu en attendant des jours meilleurs. Les temps sont durs pour le lionceau, qui n’attend que de rugir de nouveau pour effrayer les adversaires. Et pourquoi pas contre Lorient ce dimanche ?