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Rahmane Barry : « Je travaille en intérim chez Leroy Merlin »

Propos recueillis par Jérémie Baron
Rahmane Barry : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je travaille en intérim chez Leroy Merlin<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

L'US Montagnarde (R1), petit poucet des seizièmes de finale de Coupe de France, pourra compter face à Saumur (N3) sur l'atout Rahmane Barry (34 ans). Seul buteur de son équipe au tour précédent, le joueur formé à Marseille a connu pas mal de choses avant de se trouver un havre de paix dans le Morbihan. En vrac : avoir joué avec Drogba au Vélodrome avant même d'être majeur, fait remonter Lorient en Ligue 1, disputé la CAN avec le Sénégal, été mis au placard à Sedan, expérimenté la Thaïlande... Tout ça pour être contraint de claquer la porte du monde professionnel, à cause d'un genou qui le tirait vers le bas. Entretien sans regret avec un milieu offensif reconverti dans le bricolage.

Tu as marqué le seul but de ton équipe au tour précédent et vous voilà en seizièmes, vous êtes dans quel état d’esprit avant d’affronter Saumur ? On le prépare comme n’importe quel match, avec cette envie de gagner. Nous allons jouer notre chance à fond, on a plus de chance face à Saumur que face à une Ligue 1 ou Ligue 2.

Le seul seizième de finale de Coupe de France que tu as disputé, c’était un OM-PSG en 2004 à l’âge de 17 ans. Tu t’en souviens ?C’était bien au Vélodrome ? Je m’en souviens vaguement, j’étais entré en fin de match et on avait perdu. Ça remonte !

J’avoue que c’est allé très, trop vite.

Ça fait quoi, de débuter à l’OM si jeune ?C’était une fierté, j’étais heureux de pouvoir démarrer dans le club où j’ai été formé. J’avais intégré l’équipe première grâce à mon formateur José Anigo, j’avais fait la préparation avec eux en disputant pas mal de matchs amicaux et je savais que l’opportunité se présenterait. Avant ce match contre Paris, j’avais déjà fait deux entrées. D’abord contre Toulouse, puis contre Lens. Je me souviens que sur mon premier ballon, je frappe, et Charles Itandje fait une belle parade.

Tu avais déclaré, à l’époque, que tu avais préféré signer à l’OM plutôt qu’à Monaco (« trop bourgeois pour moi »). L’OM, ça te faisait rêver ? Ça faisait plus rêver mon père que moi, je ne mesurais pas la dimension du club. Une fois que j’y étais, là, oui, je me sentais chez moi ! Il y avait cette opportunité avec Monaco, mais le cœur a parlé.

C’est un regret, de ne jamais avoir marqué un but pour Marseille ?Non, pas du tout. À l’époque, c’était compliqué pour les jeunes. J’arrivais en tant qu’attaquant, et il y avait un paquet de joueurs devant moi.

Tu as été appelé en sélection relativement tôt, à 19 ans. C’était inattendu ?J’avoue que c’est allé très, trop vite. Je faisais une saison pleine avec Lorient en Ligue 2, j’avais été convoqué, ça s’était bien passé et j’avais pu faire la CAN 2006. Mais je pense que je n’étais pas prêt, et si c’était à refaire, c’est quelque chose que je mettrais de côté le temps de me concentrer sur mon club. Lorsque je suis parti en sélection, je n’étais pas encore « en place » en club. Ça a été compliqué, il a fallu regagner ma place derrière et j’ai eu pas mal de pépins physiques.

Tu t’es blessé, pendant cette CAN ?J’ai commencé, puis je me suis blessé. Et ça m’a suivi pendant… Longtemps. C’était une blessure au genou, on n’arrivait pas à savoir ce que c’était. À chaque fois que je m’entraînais, le genou gonflait. J’ai fait des radios, des IRM… Ça a duré des années, et aujourd’hui, je n’ai plus vraiment de souci au genou. En poussant un peu, j’ai pu comprendre que c’était une maladie héréditaire m’empêchant de bien récupérer et que mes blessures duraient plus longtemps. En fait, j’ai un problème de défense au niveau du sang.

Pour moi, mes meilleures années de foot restent mes années au centre de formation. C’est la période où on avait le droit de rêver, où se sont créées des amitiés…

Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience à 19 ans ?J’en suis très content. Les mecs avec qui je jouais, je les voyais à la télé, et certains avaient réalisé l’exploit de battre la France à la Coupe du monde. Je les admirais beaucoup. Me retrouver avec El-Hadji Diouf, Mamadou Niang ou Habib Beye… Cette CAN, c’était aussi une très grande fierté pour mes parents. Mon père, surtout.

Tu as été marqué par le fait d’affronter Jay-Jay Okocha ?Lui, c’était mon idole. Au moment de cette CAN, il jouait avec El-Hadji Diouf à Bolton. Je n’arrêtais pas de regarder des vidéos de lui quand j’étais au centre, j’aimais sa façon de jouer. C’était super de pouvoir l’affronter, j’ai d’ailleurs pu récupérer son maillot que j’ai toujours !

Tu n’as plus été appelé en sélection après 2006, et tu comptes neuf capes au total. C’est lié à ta santé fragile, ou à l’instabilité de ta carrière en club ?Je crois qu’après la CAN, je n’y suis plus retourné. Pourquoi ? Tout est lié… Mais c’est comme ça. Il fallait être bon en club, il y avait également pas mal d’attaquants à l’époque : Henri Camara, Souleymane Camara…

Tu retiens davantage la fierté d’avoir porté le maillot de ton pays ou le regret de ne pas l’avoir connu plus longtemps ?Plus de la fierté, une fierté totale. Le reste, je pense que c’était écrit : la santé ne me le permettait pas. Je disais encore tout à l’heure à mon fils que si un jour il portait le maillot de l’équipe nationale, j’en pleurerais ! Je n’ai pas pu continuer, mais si lui a un jour l’opportunité… Mais il n’a que six ans, il ne joue pas encore au foot. (Rires.)

Prêté à Lorient, tu montes en Ligue 1 en marquant lors du match décisif face à Reims au Moustoir lors de la dernière journée (3-1). Tu te souviens de ce moment ?Je n’oublierai jamais. Je me souviens de tous les détails : la mi-temps quand nous n’étions pas du tout en Ligue 1, que personne ne parlait dans les vestiaires et même pas l’entraîneur, l’ambiance, la semaine précédente, le soir de la montée, les deux ou trois jours d’après durant lesquels on n’a pas dormi… On a enchaîné pendant 48 heures, c’était dur. On en parle encore quand je croise Ewolo, car nos enfants sont dans le même établissement, ou par téléphone avec Genton, Jo’ Audel, Kemal Bourhani… Ou même Fabien Audard, quand je le croise parfois. On était une belle équipe de copains, jouer la montée n’était pas prévu en début de saison. On s’entendait super bien, et ça se traduisait pendant les matchs. On était presque tous de la même génération, quasiment aucun n’était « casé » . On sortait presque tous ensemble, on passait trop de temps ensemble !

Puis tu apparais lors de vingt rencontres dans l’élite en 2006-2007. Lorient, ce sont les meilleures années de ta carrière ?Carrière professionnelle, oui. Mais pour moi, mes meilleures années de foot restent mes années au centre de formation. C’est la période où on avait le droit de rêver, où se sont créées des amitiés… Dans ma génération, la personne qui a fait une belle carrière est Mathieu Flamini, même s’il était un peu plus vieux. Il y a aussi eu Raïs M’Bolhi, Thierry Racon… Ils ne sortaient pas beaucoup de jeunes à notre époque, j’ai gardé contact avec la plupart.

Arrivé à Sedan, je me suis rendu compte que tous les joueurs et l’entraîneur avaient le même agent. Ma tête ne revenait pas au président.

En 2007, tu as quitté Marseille où tu étais encore sous contrat pour rejoindre Sedan. C’est à ce moment-là que ta carrière a pris la mauvaise tournure ?Ça, je ne l’ai jamais caché : l’erreur que j’ai commise, c’est d’avoir signé à Sedan que je ne connaissais pas. Marseille avait recruté pas mal de joueurs pour la Ligue des champions, je me disais que ça allait être compliqué pour moi et qu’il valait mieux que je trouve un club où me relancer. Je devais signer à Nantes, Le Havre et Guingamp aussi étaient intéressés. Sauf que l’agent qui s’occupait de moi et qu’on ne va pas nommer me disait qu’il n’y avait que Sedan qui était prêt à me prendre en m’offrant le salaire que j’avais en Ligue 1 parce que j’étais blessé. Donc, j’ai résilié avec Marseille. En allant là-bas, rien que sur la route, je me disais que j’avais peut-être fait une belle connerie. Une fois arrivé, je me suis rendu compte que tous les joueurs et l’entraîneur avaient le même agent… Je crois que ma tête ne revenait pas au président (Pascal Urano). Au départ, il était content que je sois là. Mais comme je n’arrivais pas à récupérer de ma blessure, il me mettait la pression. Il y a même eu un derby contre Reims où il est descendu des tribunes pour demander à l’entraîneur de me sortir, ce n’est qu’après que j’ai su. L’entraîneur m’avait ensuite convoqué dans son bureau pour me dire : « La décision ne vient pas de moi, ça m’embête parce que j’aurais aimé pouvoir t’utiliser. » J’avais compris que ça allait être compliqué. Depuis ça, je n’ai plus de nouvelle de l’agent : il ne m’a pas appelé, je ne l’ai jamais rappelé.

Et à Gueugnon, où tu signes trois buts en dix matchs de Ligue 2, tu n’aurais pas pu rester ?Non. Gueugnon avait une toute petite chance de se maintenir. C’était plus pour avoir du temps de jeu et me refaire, pas dans l’idée de rester là-bas. D’ailleurs, j’y ai signé le dernier jour du mercato à 23 heures. Je préférais aller jouer en Ligue 2 qu’en CFA2 avec la réserve. À Sedan, je suis allé au bout du contrat et je suis parti.

Tu as ensuite connu le National, à Beauvais. C’était devenu trop haut, pour toi ?Le fait de rester six mois sans jouer, de devoir m’en remettre… J’ai fait quelques matchs, quand même. Le National est le championnat le moins bien payé, mais le plus dur. Les entraînements, les déplacements durant lesquels tu traverses la France en bus… Ils voulaient me garder et j’ai dit non, j’étais un peu dégouté par le monde du foot.

Et c’est là que l’opportunité de la Thaïlande, avec le Bangkok United, s’est présentée.Je pensais que le fait de changer de pays et de continent allait me remotiver, mais je n’ai fait que les matchs amicaux et je suis rentré. Une histoire d’agent qui voulait prendre des sous. Lui (Alexandre Mouelhi) me disait que j’allais signer six mois, c’est ce que je voulais parce que je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais. Mais en fait, il fallait que je signe trois ans pour que lui touche quelque chose. S’il m’avait expliqué, on se serait arrangés. Je suis rentré, je n’y suis plus retourné. Il a essayé de m’appeler, ça ne m’intéressait plus. Je ne parlais pas la langue, je ne connaissais personne, et ma femme était enceinte…

Je travaille avec les mains, maintenant !

Comment as-tu atterri à La Montagnarde ?Ma femme est lorientaise, et quand nous sommes revenus à Lorient, je lui ai dit que j’allais trouver un petit club pour qu’elle soit à côté de ses parents dont elle est la fille unique. Voilà comment a commencé mon histoire d’amour avec La Montagnarde. Avec toutes les blessures et la pression que j’avais eues pendant toutes ces années, je voulais retrouver le plaisir. De toute façon, je ne pouvais physiquement plus encaisser beaucoup d’entraînements. C’est le club qu’il me fallait, j’y ai fait de belles rencontres, et ils m’ont aidé à entrer dans le monde du travail.

Tu travailles toujours au Mr. Bricolage de Belz ?Non, je n’y suis plus. En ce moment, je travaille en intérim chez Leroy Merlin où je m’occupe de tout ce qui est logistique. Je travaille avec les mains, maintenant ! Quand je suis arrivé à La Montagnarde, le club m’a proposé M. Bricolage parce que le directeur était ami avec le président. J’ai commencé par la réception, on m’a fait faire des formations pour la vente. Puis on m’a donné le rayon quincaillerie et outillage, je suis monté comme ça. Aujourd’hui, j’ai trouvé mon équilibre.

On te ramène parfois à ton statut d’ancien pro ?Certains coéquipiers me demandent des conseils. On est pas mal jugé quand on est un pro qui revient en amateur. Parfois, quand on va jouer à l’extérieur, je me fais chambrer par le public. Ça me fait rigoler.

Propos recueillis par Jérémie Baron

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