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Rétro - Ligue des champions 2011-2012

Chelsea 2012, les yeux dans les Blues

Sommaire

Cela aurait dû être la saison de tous les cauchemars. Depuis l'arrivée d'André Villas-Boas à l'été 2011, auréolé de son titre de manager le plus cher de l'histoire du foot mondial, Chelsea est planté en championnat, n'arrive pas à renouveler son effectif et avance à l'aveugle dans cette Ligue des champions 2011-2012. Quand Naples arrive, avec un résultat favorable obtenu à l'aller (3-1), à Stamford Bridge pour le huitième de finale retour, AVB s'est fait remercier, et Roberto Di Matteo, ancien joueur de la maison blue, adjoint du technicien portugais, et chômeur peu de temps avant, a la lourde mission de sauver les meubles. Il réinstalle déjà les vieux meubles mis au grenier par AVB (Lampard, Terry et Drogba) et file vers une victoire européenne totalement inattendue, malgré, sans doute, la plus faible des équipes de Chelsea depuis l'arrivée de Roman Abramovitch.
Ashley Cole sauve sur sa ligne à la 82e une reprise à bout portant de Maggio que tout le San Paolo voyait au fond ! À 4-1, le Napoli aurait plié l’affaire de ce 8e aller… Puis c’est David Luiz qui sauve le quart aller contre Benfica à la 47e : sur un boulet de Cardozo dans la surface, le Brésilien détourne du torse sur sa ligne !... En demie aller face au Barça, le lob d’Alexis Sánchez heurte la barre de Čech à la 9e, et à la 93e, c’est le poteau qui dit non à une frappe enroulée de Pedro... Au retour au Nou Camp, Messi rate sur la barre le péno du 3-1 qui aurait envoyé les Blaugrana en finale (48e)… Le 19 mai, en finale, Petr Čech détourne le penalty de Robben en prolongation… Aux tirs au but, Schweinsteiger manque sa frappe en tirant sur le poteau ! Didier Drogba, lui, réussit le dernier shot crucial… Et voilà comment le Chelsea Football Club a remporté la Ligue des champions 2012, la première C1 de son histoire ! « Against all odds » , comme disent les Anglais : « Contre toute attente » …

« Un club anglais a battu une équipe allemande aux pénos, vous le croyez ? »


Et le tout au terme d’une saison cha-o-tique ! Car ces Blues 2011-2012 étaient à des miles de pouvoir décrocher ce trophée après lequel leur président Roman Abramovitch courait depuis dix ans et des fortunes englouties. C’était le final victorieux d’une aventure européenne irrationnelle menée avec pourtant l’une des plus faibles équipes de Chelsea depuis le bail de Claudio Ranieri (2002) ! Et c’était Roberto Di Matteo, coach inexpérimenté, qui avait réussi, là où ses illustres prédécesseurs avaient tous échoué… Alors que les Blues exultent sur la pelouse de l’Allianz Arena, l’incrédulité le dispute à la joie sur le plateau londonien de Sky Sports. Le présentateur TV encore tout retourné laisse parler le grand Ruud Gullit, ancien joueur-entraîneur des Blues devenu consultant : « Ce parcours européen, cette finale… C’est un miracle… Chelsea n’a encore pas bien joué, mais Didier Drogba a été fantastique. Alors je suis fier. Fier et heureux de cette victoire de Chelsea. » Son confrère gallois Robbie Savage, ex-grand pro, introduit aussi son laïus laudateur par le mot-clef de la soirée : « surprised » … Retour à l’Arena. Frank Lampard est « surprised » , mais jubile : « C’est complètement fou… On a perdu si souvent contre les Allemands, et j’ai perdu aussi tant de fois avec Chelsea... Permettez, please ? J’aimerais envoyer un petit message à mes deux filles : je vous avais dit que Chelsea était la meilleure équipe du monde, et ce soir, on l’a été ! Oui, on l’est ! » John Terry, capitaine suspendu, avoue face aux caméras et aux flashs que c’est tout bonnement « unbelievable » . La soirée Ligue des champions de Sky Sports s’achève sur l’hommage incrédule du présentateur : « Félicitations à Chelsea, champion d’Europe… Un club anglais a battu une équipe allemande aux pénos, vous le croyez ? » On le croit d’autant plus difficilement que le Bayern était largement favori et qu’il jouait à dom. Mais comment Diable en est-on arrivé à ce sacre européen du CFC pas si immérité, mais parfaitement inattendu ?


"pas si immérité, mais parfaitement inattendu"

La révolution manquée d'AVB


À l’été 2012, Roman Abramovitch vire Ancelotti, l’homme qui avait pourtant offert son premier doublé Cup-Championnat au club (2010). Le magnat russe veut la Champions, point barre ! Alors il fait appel au jeune coach qui monte : André Villas-Boas. Le surdoué de 34 ans est devenu le plus jeune entraîneur à remporter un titre européen avec Porto, vainqueur de la Ligue Europa contre Braga (1-0). « AVB » connaît la Maison Bleue : il a été assistant de José Mourinho de 2004 à 2007. Le beau gosse roux, un peu aristo et polyglotte débarque à London le 22 juin 2011 pour parapher un mirifique contrat de trois ans. Contre l’avis de certains de ses conseillers, Abramovitch l’a débauché en déboursant 15 millions d’euros, faisant ainsi de lui le manager le plus cher de l’histoire du football mondial ! En lui confiant le projet du renouvellement du club, le Tsar « croyait avoir identifié un talent capable de briser le cycle d’instabilité chronique dont le club était prisonnier depuis la chute de Mourinho, en septembre 2007 » , selon Philippe Auclair. Le « Special two » se lance illico dans une révolution tactique qui repose sur un constat exact : le jeu des Blues, emprunté et prévisible, est à bout de souffle. AVB expose sa méthode : presser plus férocement, défendre plus haut et accélérer les transitions. À l’été 2011, André fait signer son compatriote de Liverpool, le milieu Raul Meireles, qu’il avait drivé un temps à Porto. Autre recrue avisée : le milieu offensif espagnol Juan Mata, acheté au FC Valence. AVB promeut aussi Eva Carneiro en médecin des Blues. Un choix qui fait bondir Sir Alex : « Le foot est un sport d’hommes, et les joueurs n’aimeraient pas qu’une femme puisse toucher leurs corps pour les soigner » … Mais le nouveau projet de jeu qui agit comme une rupture avec l’héritage des années « mourinhiennes » vise clairement à écarter les cadres historiques que sont Lampard, Drogba et Terry, une sainte trinité adorée des fans et qui a quasiment le même âge que son coach (34 ans)... Avec des ennemis pareils (déboulonnés de leur statut d’intouchables pour les deux premiers), Villas-Boas va voir naître une contestation interne qui va miner son plan de reconquête. Fin 2011, les mauvais résultats mazoutent un vestiaire déjà gangrené par Nicolas Anelka et Alex, mis à l’écart du groupe, puis subitement transférés ! Villas-Boas perd les pédales : en février 2012, il déclare imprudemment à une radio portugaise que l’effectif de Man City est largement supérieur au sien… Sacrilège ! Le 4 mars 2012, au lendemain d’une énième défaite à West Brom (0-1), Roman démissionne André et nomme son adjoint dans l’urgence, Roberto Di Matteo ! Chelsea est alors hors de course pour le titre national (5e). Une saison blanche se dessine avec l’élimination précoce en League Cup (0-2 à dom face aux Reds, fin novembre). Pour sauver le bilan 2011-2012 ne reste plus que la FA Cup. Et pour la Ligue des champions où les Blues sont encore en course ? Malgré une première place en poule (devant Leverkusen, Valence et Genk), on n’y pense même pas en rêve ! Surtout après le revers à Naples (1-3) en 8es aller du 21 février.

Di Matteo : de chômeur à caretaker manager


Le 4 mars, Roberto di Matteo ne dispose plus que de dix jours pour préparer la manche retour… À 42 ans, l’Italien jouit d’une cote d’amour appréciable auprès des supporters en raison de son glorieux passé de joueur à Chelsea (1996-2002). Mais son expérience de coach est dérisoire… Il a entraîné Milton Keynes Dons en D3 (2008-2009), puis West Brom (D2) qu’il a promu en Premier League en 2010. Mais les mauvais résultats l’avaient fait gicler de son poste en février 2011, et le chômeur accepta de devenir l’assistant d’André Villas-Boas en juin 2012. Roberto Di Matteo… C’est à lui qu’on a confié le rêve de gagner la première C1 de Chelsea ? Avant lui, des cadors certifiés or ont tous échoué : José Mourinho, Luiz Felipe Scolari, Guus Hiddink, Carlo Ancelotti et André Villas-Boas… Contactés une semaine avant le licenciement d’AVB, Fabio Capello et Rafael Benítez ont refusé d’assumer un intérim jusqu’à la fin de saison qui aurait pu déboucher ensuite sur un contrat plus longue durée. « Je ne passe pas d’audition » , avait vertement réagi Maître Capello ! Les choses sont claires : Di Matteo est un intérimaire qui partira à la fin de la saison. Il se dit même qu’il chauffe la place pour Mourinho, alors au Real : le Special One ne vient-il pas justement de s’acheter une belle maison à Londres ? Même l’organigramme officiel du Chelsea FC est cruel pour Roberto : il n’est que « caretaker manager » et non pas « manager » ! La presse anglaise raille l’employé en CDD aux traits asiates... Erreur ! D’abord, l’ancien Blues est un homme de coupes : il avait marqué en finales victorieuses de FA Cup 1997 et 2000, plus en finale de League Cup 1998. Di Matteo avait aussi participé aux deux succès continentaux de 1998 en C2 contre Stuttgart, ainsi qu’en Supercoupe d’Europe (1-0 contre le Real Madrid). Et puis le gars a un vécu qui a forgé son caractère. À 30 ans, une triple fracture de la jambe avait abrégé sa carrière. Il avait alors traversé une dépression qu’il ne surmonta qu’au bout de cinq ans. Il lâcha un temps le football et prit le recul réparateur qui, en 2012, le rendait imperméable à la pression. Il s’était aussi endurci en apprenant l’ingratitude du métier en se faisant virer de West Brom : « En décembre 2010, tout allait bien. On était huitièmes, et les gens me demandaient si, d’ici deux ans, je me voyais dans un grand club. Deux mois plus tard, après une mauvaise série, j’étais chômeur. »




La Lamps allume la lumière


Avant de quitter Chelsea, AVB avait signé en janvier le bon défenseur axial Gary Cahill. À 26 ans, Gary fit baisser avec Mata, David Luiz et Ramires la moyenne d’âge d’un effectif dépassant la trentaine (Čech, Terry, Lampard, Drogba, Ashley Cole, Bosingwa, Paulo Ferreira, Malouda). Mais c’est sur ce Chelsea âgé et meurtri que Di Matteo va pourtant s’appuyer. Initiative cruciale : il rend ses prérogatives à Frank Lampard ! Remplaçant lors de la défaite à Naples, il n’était entré en jeu qu’à la 60e minute. Dans les deux sommets contre MU, Villas-Boas l’avait sorti à la mi-temps de la défaite à Old Trafford (1-3), puis l’avait zappé du groupe à Stamford Bridge (3-3), début février. Le tout, sans jamais donner aucune explication à « Lamps » … Comme le rappela Philippe Auclair dans France Football, « Lampard devint le point le plus sensible de la "révolution" que Villas-Boas s’était vu charger d’entreprendre par Abramovitch. S’attaquer au statut de Lampard, même en continuant à le qualifier de "fantastique" en public, c’était remettre en question non pas un joueur, mais un héritage. Celui de José Mourinho, évidemment ! AVB se servit en partie de Lampard comme d’un exemple pour asseoir son autorité » . Usé par ses huit saisons titanesques de box to box, Frank, « Rolls-Royce qui roule au diesel » (Mourinho dixit), demeurait, certes, un monument en déclin, mais il avait encore beaucoup à donner, comme le comprit d’emblée Di Matteo. Le paria de Villas-Boas était quand même le troisième meilleur buteur de l’histoire du CFC, un man-machine qui n’avait manqué qu’un match de championnat entre août 2001 et mars 2006… Au soir du 14 mars 2012 pour la manche retour contre le Napoli à London, Lamps est donc bien titulaire. Et c’est THE match pour Chelsea qui vient de dire adieu pour de bon au titre en PL. Au San Paolo, malgré le 1-3, les Blues avaient plutôt pas mal joué après avoir mené 1-0 et en se procurant pas mal de situations chaudes, même à 1-2 ou 1-3. Sans Terry, ils avaient sans cesse joué vers l’avant, sans calculs et sans inhibition : à l’anglaise, quoi ! À Stamford Bridge, les Blues créent la sensation… Didier Drogba marque d’une tête plongeante sur centre de Ramires, puis Captain Terry qualifie les siens d’une tête décroisée sur corner de Lamps (2-0 à la 47e). Et puis, patatras ! Inler bat Čech d’une frappe du droit à 20 mètres (2-1, 55e)… Mais à un quart d’heure de la fin, Lampard rétablit l’équilibre sur un de ses habituels pénos tiré en force : 3-1 ! En prolongation, Ivanović canonnera sous la barre pour le but de la qualif (4-1, 105e). Stamford Bridge chavire comme jamais sous une immense vague bleue au grondement terrifiant ! Di Matteo saute de joie au coup de sifflet final. « L’intérimaire » peut frimer : Chelsea est le seul club anglais rescapé en Coupes d’Europe après les éliminations d’Arsenal en C1 et des deux Manchester en C3…

Le nouveau riche au jeu pauvre


La qualif acquise face au Napoli a été principalement l’œuvre de la vieille garde méprisée par Villas-Boas. Comme son pote Lampard, Didier Drogba avait été mis à l’écart par le coach portugais en début de saison, cirant lui aussi le banc malgré ses états de service impeccables depuis sept ans. Ayant été déchu au rang de substitute, il s’était senti doublement trahi par AVB et par le club quand celui-ci ne lui proposa qu’une année supplémentaire à son contrat qui s’achevait justement en mai 2012. Démoralisé sous Villas-Boas, l’Ivoirien revanchard était redevenu d’attaque avec Di Matteo. Fernando Torrès renaissait également. Arrivé en janvier 2011 de Liverpool en portant sur ses épaules le poids d’un transfert record (50 millions de livres), le chouchou d’Abramovitch, toujours stérile en 22 matchs de Premier League en mars 2012, s’était réveillé le 18 de ce mois en demies de FA Cup contre Leicester (5–2). El Niño avait planté deux fois et refilé deux passes décisives ! La chance aussi escortait désormais Chelsea : le tirage au sort de Ligue des champions lui attribua le Benfica en quarts en lieu et place des cadors redoutés : Bayern, Barça, Real, Milan AC… Car l’obstacle Benfica sera surmonté assez facilement. À l’aller, à l’Estadio de la Luz, les Blues s’imposèrent 1-0 sur un but de Kalou servi par un centre de Torrès (75e). Au retour, le 4 avril à London, Lampard envoie un péno à la 21e avant l’estocade à 92e d’une frappe splendide de Raul Meireles (2-1). Et voilà Chelsea en demies ! Alors, content, le football anglais ? Pas vraiment. Les succès récents du club « nouveau riche au jeu pauvre » portent toujours l’estampille boring Chelsea hérité de Mourinho. On raille ce Chelski du « milliardaire » Abramovitch dont on ressort les photos en compagnie du « dictateur » Vladimir Poutine… On se gausse surtout des nouveaux Footix qui se sont multipliés au Bridge depuis l’arrivée du magnat russe et des titres engrangés grâce à son pognon. En Angleterre, on les appelle les « plastic fans » , en référence au match aller de C1 2007 à Stamford Bridge contre Liverpool : on avait distribué aux supporters des milliers d’horribles petits drapeaux à damier en plastique blanc-bleu. Coach des Reds, Rafa Benítez avait sabré ce supporterisme de pacotille : « On n’a pas besoin de distribuer de pareils drapeaux à nos fans qui, eux, sont toujours là avec leur cœur. Leur passion nous fait gagner des matchs, pas des drapeaux. » Après avoir écrasé Tottenham le 15 avril en demies (5-1), Chelsea retrouverait d’ailleurs ces damned Reds en finale de FA Cup !

Les poteaux du Bridge


À Nyon, au siège de l’UEFA, Paul Breitner lui attribuait le redoutable Barça de Guardiola en demi-finale de Ligue des champions… Les Blaugrana sont évidemment favoris. Le 18 avril, à Stamford Bridge, on ne donne donc pas cher des chances des Blues dont on se persuade que la petite plaisanterie en Champions a assez duré. Dont acte ! Juste privé de David Luiz, Chelsea se fait bouffer par les Catalans. Le fameux lob d’Alexis Sánchez échoue sur la barre (9e), Fàbregas dévisse sur Čech après un raid éclair de Messi (17e), puis face à Čech, Cesc glisse un exter un peu mou que Cole sauve juste sur sa ligne (43e). Mais un peu avant la mi-temps, à la 45e minute +2, Lampard parvient à contrer une transmission de Messi vers le rond central… Flash-back… « Frank va rebondir, c’est sûr à 100 %. Si quelqu’un veut dire qu’il est fini, c’est à ses risques et périls. » Des mots précieux signés John Terry, et prononcés à la mi-novembre 2011 à l’heure où son pote Lamps était au fond du trou… Frank a la vista : il oriente vite le jeu à gauche pour Ramires qui accélère avant de centrer sur Drogba qui, en léger déséquilibre, reprend du gauche et en force : Gooooooaaaaaal ! Stamford Bridge rugit, tel le lion figurant sur sa tunique ! Chelsea mène 1-0 ! Vexés, les Barcelonais assiègeront le but de Čech en deuxième période. Mais en vain : la tête déviée de Puyol sera repoussée du bout des doigts par le portier tchèque (87e), et la frappe enveloppée de Pedro trouvera le poteau (93e). Pétrifié, Pep Guardiola affiche le visage de la prémonition : et si la chance de ses gars venait de passer ce soir, dès l’aller ?


Josépas.

Terry out !


Le 24 avril, un Barça sous tension reçoit les Londoniens au Nou Camp. Distancé en Liga par le Real du Mou, le FCB concentre désormais toutes ses forces dans la C1. En vue de cette manche retour, Di Matteo avait laissé au repos samedi, face à Arsenal (0-0) Meireles, Lampard et Ramires. Peine perdue ! Les Blues sont déjà à la rue au premier quart d’heure. Après un duel repoussé par Čech face à Messi (19e), Busquets ouvre la marque à la 35e sur un centre de Cuenca décalé à gauche par Alves : 1-0 ! Deux minutes plus tard, John Terry craque : il file un coup de genou sournois à Sánchez, dans le dos, à l'entrée de la surface ! Flash back… Le Chelsea-man de toujours aux cinquante rituels supersticieux avant chaque match est dans la tourmente depuis deux ans. En janvier 2010, les tabloïds ont révélé une liaison extra-conjugale de 2009 avec Vanessa Perroncel, à l’époque girlfriend de Wayne Bridge, son coéquipier à Chelsea et en équipe d’Angleterre. Le 2 novembre 2011, la justice anglaise l’a inculpé pour propos racistes envers Anton Ferdinand durant un match contre QPR. « Fucking black cunt » , lui aurait-il lancé. Le 3 février 2012, la FA lui a ainsi retiré le capitanat des Three Lions en attendant le jugement final... Terry prend un rouge direct pour son geste idiot, et la double peine tombe à la 43e : Messi fixe Ramires pour glisser à Iniesta qui trompe Čech. À 2-0 et à onze contre dix le Barça est en finale ! Mais comme à l’aller, les Catalans baissent la garde juste avant la mi-temps. À la 45e minute +1, Lampard - encore lui - lance Ramires qui déborde Puyol sur le côté droit et se présente seul face à Valdés. Le milieu brésilien lobe le gardien et marque ! Stupeur au Camp Nou : à 2-1, c’est désormais Chelsea qui est qualifié… Mais à la 48e, dans la surface adverse, Fàbregas feinte Drogba, qui tente un tacle maladroit. M. Cakir hésite, puis siffle un penalty après l’avis de son assistant. Messi le tire. Mais sa course est hésitante... L'Argentin bazarde le cuir sur la transversale ! « Messi miss’d it ! » , jubile le commentateur TV anglais.

Torres in !


Les Blues galvanisés défendent comme des lions. Drogba a été remplacé par Torrès à la 80e. Dans ses carnets qu’il rédige chaque jour en secret pour France Football, Didier raconte la fin du match : « J’ai tellement peur que ça se termine encore mal. Sur le banc, lors des dernières minutes, je revois des centaines de fois notre élimination en 2009, face à Barcelone. Je sens que nous sommes au bord du vide. Ce n’est pas possible, je ne veux pas revivre ce cauchemar d’une élimination dans les dernières secondes. Pour chasser le mauvais sort, je prie… » À la 83e, Messi déclenche une frappe vicelarde déviée du bout des doigts par Čech sur le poteau... À la 91e, El Niño délivre les siens : sur un long dégagement de Cole, il file seul au but et se présente face à Valdés qu’il dribble avant de glisser le ballon dans le but vide. À 2-2, la messe est dite, l’exploit est signé ! Le commentateur TV anglais exulte : « Fifty millions pounds have just been repaid » ( « Torrès vient de rembourser les 50 millions de Livres de son transfert ! » ). Drogba n’en a pas perdu une miette : « Qu’est-ce qu’il est fort en un contre un, lui ! Là, c’est l’explosion. On vient d’éliminer le Barça, nous qui sommes à la rue en championnat ! Énorme ! On passe, alors que nous sommes beaucoup moins forts qu’en 2009. Je me souviens qu’en novembre, Villas-Boas m’avait dit qu’on gagnerait la Ligue des champions. Je lui avais répondu : "Mais vous rêvez ou quoi ? On a perdu toutes nos valeurs ! Il n’y a plus d’équipe. C’est impossible !" Finalement, le retour des "vieux", avec Lampard et moi, a du bon… » Les Blues ont pris leur revanche sur 2009. Ils sont en finale ! Didier raconte la suite : « Dans les vestiaires du Camp Nou, c’est dur pourtant de faire une grosse fête, car on voit bien que certains (Terry, Ivanović, Ramires et Meireles) font la gueule, car ils ne joueront pas la finale. » Treize ans plus tôt, Roy Keane, capitaine de MU averti à la Juve (3-2), avait lui aussi manqué la finale de C1 1999… contre le Bayern !


"Mais... tu sais faire ça toi ???"

Sur les traces des Villans


« Contre toute attente » , les Blues étaient de retour en finale de C1, après Moscou 2008 ! Mais Chelsea doit d’abord en finir avec ses obligations domestiques. Le championnat, c’est fini-foutu : Chelsea a fini à une honteuse 6e place, son plus mauvais rang depuis 2002 ! Reste la FA Cup. Le samedi 5 mai à Wembley, face aux Reds, Ramires et Drogba assurent un succès inespéré quelques semaines plus tôt (2-1). Didier chronique : « Pour aller chercher le trophée, les joueurs nous laissent passer devant, nous les vieux : John, Frank, Paulo Ferreira et moi. Tout un symbole. Quand la maison a un peu brûlé les mois précédents, on a toujours défendu la culture et l’identité de ce club. (…) Avec notre parcours compliqué en championnat, ça aurait pu exploser de partout. Mais jamais ce groupe n’est parti en vrille. Il y a un énorme respect entre tous ces orgueilleux que nous sommes. » La finale est fixée au samedi 19 mai et ce sera contre le Bayern, difficile vainqueur du Real (2-1 et 1-2, 3 tab à 1). En plus d’être ultra favoris, les Bavarois joueront à dom, à l’Allianz Arena : « Finale dahoam » ( « La finale à la maison » , en dialecte bavarois), se réjouissent les supporters munichois. Pourtant, l’affiche officielle UEFA de ce match est uniformément bleue. Royal blue, même ! Comme le maillot de Chelsea… Mais ce Bayern n’est pas non plus flamboyant : Dortmund a remporté la Bundesliga 2012 et atomisé les Munichois 5-2 en finale de Coupe d’Allemagne ! En compète européenne, Chelsea et Bayern se sont affrontés une seule fois dans le passé et ce sont les Blues qui l’avaient emporté en quarts de C1 2005 (4-2 et 2-3)... Coïncidence troublante : 20 ans plus tôt, pile, en finale de C1 1982, le Bayern était ultra favori face aux Anglais d’Aston Villa. Or, comme le CFC 2012, Villa était aussi en perdition en PL et avait même perdu son entraîneur Ron Saunders trois mois avant la finale de Rotterdam. C’est son assistant, l’obscur Tony Barton, qui l’avait remplacé, et, « contre toute attente » , les Villans avaient triomphé (1-0)…

« Plus c’est dur, plus on aime »


Depuis son arrivée le 4 mars, Di Matteo avait subtilement laissé fonctionner le modèle d’autogestion interne pilotée par les grands anciens (Čech, Lamps, Terry et Didier). Selon Philippe Auclair, « Di Matteo avait bien compris que ce mode de fonctionnement qui perdurait depuis l’éviction de José Mourinho en septembre 2007 était encore le seul qui permettait aux Blues de retrouver les vertus de leur âge d’or » . Avec l’Italien, Lampard et Drogba renaissaient au football. Coach Roberto avait aussi reboosté Obi Mikel, Kalou et Torrès. Même si El Niño concentrait sur lui les vannes les plus cruelles des haters de Chelsea. Comme celle-ci où il se fait jeter d’une banque de sperme par le réceptionniste, « parce qu’il est écrit sur votre fiche que vous êtes un branleur toujours à sec ! » De toute façon, pour la finale, c’est Didier qui sera titulaire en 9. Di Matteo devra faire sans Terry, Ivanović, Ramires et Meireles. Mais le Bayern devra aussi se passer d'Alaba, Badstuber et Luiz Gustavo ! Privé de sa paire axiale Terry-Ivanović, Di Matteo va tenter le duo David Luiz et Gary Cahill. Cahill jouera toutefois diminué à cause d’une petite élongation… La veille de la finale, un Drogba relax se confie à ses carnets : « On a tous l’habitude depuis pas mal de temps d’être obligés de se défoncer pour décrocher ce que l’on veut. Je crois qu’on aime bien la bagarre. Jouer à l’extérieur, ça nous arrange presque. Plus c’est dur, plus on aime. En cette veille de match, je nous sens tous plutôt décontractés. » Lors du dernier entraînement rigolard à l’Allianz-Arena, les Blues doivent « punir » Čech, perdant d’un petit jeu, en tirant dans son derrière. Tout le monde a raté : « Pas très adroits, les tireurs, note Didier. Faudrait pas que ça se termine aux tirs au but, demain… » Di Matteo opte finalement pour un 4-2-3-1 prudent : Čech – Bosingwa, Cahill, Luiz, Cole – Obi et Lampard (capitaine à la place de Terry) – Kalou, Mata et Bertrand (22 ans et première rencontre de Ligue des champions) – Drogba.




Müller vs Drogba


Lorsque les deux équipes sortent du tunnel de l’Allianz Arena sous les ovations, aucun des vingt-deux acteurs ne regarde la coupe aux grandes oreilles, posée sur son piédestal. Philip Lahm détourne carrément les yeux… C’est parti ! Comme prévu, le Bayen prend les choses en main avec en point d’orgue une action démente de Robben à la 21e : à l'entrée de la surface, petit pont sur Bosingwa, puis frappe puissante à ras de terre que Čech détourne sur son poteau droit ! Le Bayern a déjà tiré six fois au but, contre zéro pour les London Boys. Dans les tribunes, les fans de Chelsea dominent de leurs chants héroïques ! Du coup, les Blues reviennent en peu dans le match sur une frappe de Mata (33e), mais ils doivent se contenter de jouer en contre. Avant la mi-temps, Robben agresse en dribbles la défense anglaise et sert Gómez qui efface Cahill, puis shoote du gauche… Au-dessus ! Heynckes se prend la tête : son Bayern gâche trop ! Chelsea a tenu bon derrière et en deuxième mi-temps, après un but de Ribéry refusé pour off-side, la nervosité gagne les Bavarois. Chelsea a mis en place un double rideau défensif, et la charnière inédite Cahill-David Luiz assure ! London résiste au Blitz… À la 72e, Arjen la joue comme Robben : il néglige Thomas Müller bien placé sur sa droite pour placer une frappe du droit, arrêtée par Čech. Malouda fait son entrée à la place de Ryan Bertrand, cramé. On joue la 83e minute quand Kroos, excentré côté gauche, largue un centre rentrant au deuxième poteau. Thomas Müller devance David Luiz et Cole. Tête piquée-barre-et-but : 1-0 pour le Bayern ! C’est gagné !

Robben gâche


Dans le tumulte tellurique de l’Arena, les joueurs munichois s’empilent sur le pauvre Thomas, quasi étouffé. Drogba baisse la tête. Juste avant le match, son frère d’Afrique, Samuel Eto’o, avait déclaré en arrivant au stade : « Je suis sûr que ce sera la bonne pour Didier. Il l’a bien mérité. » Tu parles ! Mata réveille alors les Blues : « On n’a pas le droit de lâcher maintenant. Il faut y croire ! » Di Matteo lance vite Torrès à la place de Kalou. À la 87e, Heynckes, prudent (trop ?), remplace le héros du soir, Thomas Müller, par un défenseur, Daniel Van Buyten. On joue la 88e avec un corner frappé de la droite par Mata. Drogba jaillit rageusement au premier poteau en devançant Boateng et décroise une tête d'une puissance inouïe : Neuer n’a pas la main assez ferme pour détourner le ballon : 1-1 ! Drogba déploie ses longs bras, comme pour s’envoler. Lahm est détruit… Plus rien ne sera marqué. Prolongation ! On joue à peine la 93e quand Ribéry se fait légèrement déséquilibrer par Drogba dans la surface. M. Proença siffle penalty… Robben va le tirer. Il en a raté un face à Dortmund il y a quelques semaines… Schweini ne veut pas voir et tourne le dos… Robben s’élance… Il frappe en force... Čech plonge du côté gauche et capte le ballon en deux temps ! Dans la tribune, Terry exulte ! Schweini a compris : Neuer le relève. Bastian est détruit… À la 109e, Drogba se plaint de crampes. Il doit sortir se faire soigner, mais reste sur la pelouse. Après son vingtième corner de la rencontre (112e), en vain, le Bayern devra s’en remettre aux tirs au but pour espérer triompher devant son public…

Fucking Disgrace vengée


Les tireurs de Chelsea ont été avertis par Christophe Lollichon, le coach des gardiens : Neuer plonge souvent à droite pour les gauchers et à gauche pour les droitiers… Le Bayern tirera en premier, face à son kop rouge vif. Robben, assommé par son échec face à Čech, s’est exempté. Neuer et Čech sont impressionnants tant leur stature est immense sur leur ligne… C’est parti avec Lahm… Réussi ! Mata réplique : le gaucher frappe à gauche à mi-hauteur, mais Neuer s’est bien détendu : raté ! Mata va s’isoler, assis, dévasté, à côté de ses potes debout qui se tiennent par l’épaule. Drogba prie à genoux… Mario Gómez plante d’un plat du pied à ras de terre : 2-0 ! David Luiz arrive hyper tendu : s’il se manque, c’est quasi mort… Pleine lucarne : 2-1 ! De la tribune, John Terry, livide, hurle : « Com’oooon ! » Neuer se présente face à Čech et lui place un ballon mal assuré au ras du poteau qu’il manque d’un rien : 3-1 ! Schweini serre les poings de rage conquérante. Arrive Lampard, tête haute et regard fier. Flash-back… Londres, début 1996. Conférence de presse à West Ham du coach Harry Redknapp. À ses côtés, Frank Lampard, milieu des Hammers de 17 ans au visage poupin. Un journaleux dégoupille : « Frank Lampard ne peut pas devenir un grand joueur, mister Redknapp ! » Le petit Frank encaisse en silence. Le bon vieux Redknapp réplique vertement au crétin qui « n’y connaît rien au ballon » (sic) : « He will go right to the very top ! Right to the very top ! » ( « Frank atteindra le top du top ! » ). Passé à Chelsea à 23 ans en 2001, le man-machine des Blues est bel et bien devenu un des plus grands no8 de la planète… Lamps bazarde sa mine habituelle sous la barre ! 3-2 pour le Bayern… Au tour d’Olić, mâchoire crispée. Même frappe semi-molle enroulée du gauche que celle de Mata : Čech détourne facilement ! Dans le rond central, les Blues décollent d’un bond. Petr reste de marbre… Ashley Cole ne perd pas de temps : sa frappe du gauche rase le poteau de Neuer, trop court : 3-3 ! À Schweinsteiger pour le dernier de la série. Il prend trois pas de recul et s’élance… Il marque un petit temps d’arrêt fatal qui amollit sa frappe à droite bien suivie par Čech. Le poteau renvoie le cuir en ballon mort ! Raté… Schweini est seul au monde : il enfouit la tête dans son maillot pour pleurer… Balle de match pour Drogba ! Didier remonte ses chaussettes, ajuste son bénard et prend trois pas de recul. Flash-back… Arrivé contre son gré à Chelsea en 2004 en provenance de son cher OM, Didier Drogba avait dû lutter huit années durant pour écarter la concurrence ahurissante d’attaquants lancés dans ses pattes : Guðjohnsen, Kežman, Mutu, Chevtchenko, Crespo, Anelka, Torres… La poisse avait plombé ses finales internationales : échecs en Coupe de l’UEFA 2004 avec l’OM et aux CAN 2006 et 2012 perdues aux tirs au but avec les Éléphants. En C1 2008 contre MU, encore les tirs au but fatals après son rouge en prolongation pour une gifle sur Vidić… En C1 2009, juste après l’élimination face au Barça, son hurlement « It's a disgrace… It's a fucking disgrace ! » ( « C'est une honte !… C'est une putain de honte ! » ) lui avait valu quatre matchs de suspension en C1 l’année suivante. Malgré un palmarès conséquent et des buts par wagons, Didier portait un peu en lui la lose des Blues

Cigares et cognac en Bavière


Dans son village ancestral, en Côte d’Ivoire, on surnomme Didier Gbagbadê (La foudre)… Face à Neuer, « La foudre » s’apprête à frapper... À 6 000 kilomètres, à Camp David, résidence présidentielle US du G8, David Cameron se prépare à exulter devant la télé au milieu d'Obama, Merkel, Barroso et Hollande... Didier se fige… « Christophe nous avait bien brieffés. Mais, pour assurer le coup, j’ai raccourci ma course d’élan et marqué un petit temps d’arrêt pour voir Neuer plonger à gauche. Avant même de frapper, je l’ai vu se détendre à gauche. Je savais alors que c’était gagné. » Le ballon expédié rapidement glisse au fond des filets. But ! Par 4 tab à 3, Chelsea est champion d’Europe ! Un-be-lie-va-ble… « Didi dit it » ( « Didier l’a fait ! » ), titrera le Sun le lendemain en l’honneur de celui qui sera désigné meilleur joueur de la rencontre… « Didi » explose de joie et court en priant le ciel avant de tomber dans les bras de Čech. David Luiz remercie Dieu à genoux, alors que Malouda, le Frenchy chanceux, bondit partout : champions d’Europe ! Dans la tribune VIP, Roman Abramovitch, entouré de sa femme et de ses enfants, peut triompher. Terry descendu sur la pelouse court et kisse tout le monde. Di Matteo reçoit l’accolade très classe de Heynckes. Drogba entame un long sprint à l’autre bout du terrain, torse nu, maillot en étendard, pour aller saluer le virage bleu où le Shed s’est reconstitué. Terry enserre ensuite ses Tontons flingueurs Lamps et Didi, qui ont fini meilleurs buteurs des Blues de cette saison dingue ! Dans le rond central, on compte les morts : Olić est à genoux, Gómez et Ribéry crèvent allongés, Robben se maudit, Müller reste planté-sonné, Schweini masque toujours son visage, prostré, Contento chiale. Seul le capitaine Philip Lahm exhorte ses gars à se relever dignement. Les Blues montent au pinacle pour recevoir le trophée des mains de Michel Platini. Di Matteo, l’homme des coupes, reçoit de ses mains un plateau UEFA qu’il scrute avec incrédulité. Les médias anglais évoquent son « rêve de 74 jours » , allusion aux 44 jours cauchemardesques de Brian Clough à Leeds (1974). Avant Di Matteo, Abramovitch avait dépensé des fortunes pour gagner la C1 en attirant des entraîneurs prestigieux… Lampard et Terry brandissent le trophée sous les flashs et les ovations ! Le Shed entonne à pleine voix l’hymne du club, « Blue is the colour » . De retour au vestiaire, après une joyeuse sarabande, le boss Abramovitch a les mots justes pour célébrer cet exploit improbable : « Vous êtes allés au bout de votre souffrance et rien que pour ça vous méritez le plus grand respect. Je vous remercie de tous vos efforts… et je veux aussi croire que le Seigneur était sans doute avec nous ce soir. » Didier Drogba improvise un speech pareil à un exorcisme collectif qui délivre enfin les Blues de leur indéfectible lose : « Cette Dame aux grandes oreilles, ça fait plusieurs années qu’elle nous allume, nous rejette brutalement, nous fait souffrir, et parfois même pleurer. Mais, cette fois, on la tient ! » Halleluyah ! De retour à leur luxueux hôtel munichois, le Meridian Oriental, la fête se poursuit. Didier sacrifie à son rituel favori : « cigare et cognac ! » Le lendemain, dimanche, les Blues paraderont en bus à travers leur quartier de Fulham. L’Angleterre incrédule doit se rendre à l’évidence : Chelsea est bel et bien devenu « the first team from London to win the European trophy » , donc le no1 à Londres. Normal ! En 1905, à sa naissance, le Chelsea Football Club avait failli s’appeler le London FC…

Par Chérif Ghemmour

Palmarès de Chelsea jusqu’à aujourd’hui


– Championnat d’Angleterre (1955, 2005, 2006, 2010, 2015)
– FA Cup (1970, 1997, 2000, 2007, 2009, 2010, 2012)
– Coupe de la Ligue (1965, 1998, 2005, 2007, 2015)
– Community Shield (1955, 2000, 2005, 2009)
– Ligue des champions (2012)
– Coupe des coupes (1971, 1998)
– Ligue Europa (2013)
– Supercoupe d'Europe (1998)

Épilogue du Chelsea 2011-2012 et suite en 2012-2013


Les Blues sont bien les rois de Londres : outre qu’ils ont doublé les Gunners dans la course à la première C1 londonienne, ils se qualifient directement pour la C1 2013 en tant que vainqueurs… à la place de Tottenham, pourtant quatrième de PL et partant logique pour la Champions ! Les Spurs joueront la C3. À l’été 2012, Didier Drogba quitte les Blues pour la Chine où il rejoindra son pote Anelka au Shanghai Shenhua. Bosingwa signe aux Queens Park Rangers, et Salomon Kalou s’engage avec Lille. Michael Essien est prêté au Real Madrid. Azpilicueta, Oscar, Eden Hazard, Marko Marin, puis Demba Ba débarquent à Stamford Bridge.

Lors de la saison 2012-2013, Roberto Di Matteo est viré le 21 novembre 2012 après un 0-3 à la Juve en C1. Le coach italien, pourtant prolongé par contrat pour deux saisons, n’était en fait qu’un manager par défaut, à une période où Chelsea était dans l’attente de l’arrivée de Pep Guardiola (qui optera pour le Bayern en janvier 2013). Di Matteo est remplacé par Rafael Benítez.

Si les Blues perdent la Coupe du monde des clubs en décembre (0-1 en finale contre les Corinthians), ils remportent la Ligue Europa le 15 mai 2013, 2-1 contre le Benfica, avec les anciens encore là (Cole, Torres, Čech et Lampard). Un peu comme en C1 2012, le Chelsea un peu irrationnel et chanceux triomphe à l’Arena d’Amsterdam grâce à Ivanović à la 93e minute ! Un but de la tête sur corner, comme l’égalisation de Drogba un an plus tôt à Munich… Les Blues rejoignent le cercle fermé des clubs ayant remporté les trois trophées européens (C1, C2 et C3). Chelsea finira 3e en Premier League.

« Les sénateurs ont fait
la différence, c'était
une équipe transformée
 »


Salvatore Aronica

Témoignage de Salvatore Aronica



Renversements de situations, renversement de coach, et renversements de joueurs. La double confrontation Naples-Chelsea, dès les huitièmes de finale, a tout connu et les Napolitains, dont Salvatore Aronica, se souviennent très bien du changement de peau londonien.

Considériez-vous Naples comme favori, face à Chelsea ?
Chelsea vivait une période compliquée. Nous, on avait sorti Manchester City dans un groupe de la mort, puisqu'il y avait aussi le Bayern et Villarreal. Je ne dirais pas qu'on était favoris, mais presque. Et à l’aller, on gagne tranquillement 3-1, ça se voyait que c’était une équipe à la dérive, qu’il y avait des incompréhensions entre les joueurs et avec le coach Villas-Boas. D’ailleurs, on a même failli planter un quatrième but, Maggio ne réussissant pas à la mettre au fond alors qu’il était sur la ligne de but.

Le changement de coach sur le banc des Blues a-t-il une influence sur vous ?
Entre l’aller et le retour, on suivait de près ce qui se passait chez eux pour savoir s’il n’allait pas y avoir un changement de coach, et on priait pour que ça n’arrive pas, car on sait bien que dans ce genre de situations, il y a très souvent un déclic qui se produit chez les joueurs. Et malheureusement, c’est arrivé. En plus, c’était Di Matteo, un entraîneur italien qui nous connaissait donc plutôt bien, même s'il était déjà adjoint à l’aller. Ça a été très compliqué de préparer ce match retour, Mazzarri n’avait aucune référence ou presque sur Di Matteo qui avait à peine entraîné en D2 anglaise. On était dans l’inconnu concernant la tactique qu’ils allaient utiliser.

Pourquoi une si grosse différence entre le match aller et le match retour ?
À l’aller, ils étaient démotivés, le moral dans les chaussettes, Terry était absent, et Lampard était juste entré en jeu. Au retour, ils ont pris leurs coéquipiers par la main. Les sénateurs ont fait la différence, c'était une équipe transformée, Drogba était déchaîné sur tous les ballons, Terry guidait la défense de main de maître, et Lampard était incisif comme jamais. Le Stamford Bridge était bouillant. Nous, les Napolitains, n'avions quasiment jamais joué une rencontre avec un tel enjeu. Malgré le bel avantage de l'aller, le manque d'expérience s'est fait sentir, et la gestion de la pression a été difficile. Dès le début, on a compris que ça allait être très compliqué. D’ailleurs, ils étaient déjà à 2-0 au tout début de la seconde période.

Vous êtes confiants avant d'entrer dans la prolongation ?
On était un peu abattus et apeurés à la fin du temps réglementaire. On savait que ça allait être difficile de tenir durant la prolongation et qu’on était au bord du gouffre. Notre objectif était d’aller aux tirs au but. Malheureusement, on échoue avec ce 4e but d’Ivanović.

Vous vous imaginiez une telle suite pour ce Chelsea 2012 ?
On n'aurait jamais pensé que Chelsea remporterait cette compétition, d’autant qu’il y avait encore le Bayern et surtout le Barça qui était le grand favori. Mais bon, au final, on était quand même fiers d’avoir été éliminés par le futur vainqueur, même si nous ne sommes pas passés loin de les sortir. J'en garde personnellement un bon souvenir, car à l'aller, j'ai sauvé un but sur Drogba. Ce sauvetage avait été élu action défensive de la semaine par le site de l'UEFA, une réelle fierté ! »

Par Valentin Pauluzzi

« Je veux soutenir chaque
équipe anglaise jouant en Europe
- en dehors de Tottenham !
 »


John King

John King : « Chelsea a gagné en dépit de ceux qui dirigent le club. »



John King


Peu d'écrivains ont autant écrit sur Chelsea que John King, et surtout sur ses supporters. Mais comment l'homme, qui revendique une nostalgie assumée, et qui défend une certaine idée élégiaque et « agro » du club londonien, voit-il le succès de 2012, à la fois apogée sportive pour les Blues et quelque part symptôme évident d'un changement profond dans l'histoire de cette vénérable institution ?

Pensiez-vous en 2012 qu'il existait une malédiction pesant sur les clubs de Londres concernant la Ligue des champions ?
Il s'agit davantage d'une question d'époque que d'une malédiction. Lorsque les équipes anglaises ont commencé à remporter régulièrement des Coupes d'Europe dans les années 1970 et une partie des années 1980, les meilleures d’entre elles étaient situées dans le Nord et les Midlands, en tout cas celles qui dominaient notre championnat - Liverpool principalement, Nottingham Forest également sous le grand Brian Clough, et même Aston Villa. La Coupe d'Europe fonctionnait alors sur un format différent, celui que je préfère - élimination directe dès le début, plutôt qu'une sorte de mini-Ligue comme aujourd'hui - et les équipes anglaises produisaient un style plus britannique de jeu. Notre football possède traditionnellement un rythme élevé. Mais cela ne marche pas vraiment en Ligue des champions. Nous ne nous y appuyons pas sur nos forces traditionnelles. Cette vieille impatience est toujours là dans notre équipe nationale en revanche.

Donc, la Ligue des champions s’avère très différente de la Coupe d'Europe d'antan, et le football est globalement sur le fond moins « anglais » chez nous, ce qui a coïncidé avec la montée des clubs londoniens, Chelsea et Arsenal, des clubs reconstruits. C'est, j'imagine, pour cette raison que les équipes anglaises ont plus de difficultés dans les compétitions européennes aujourd'hui. Certes, Manchester United a décroché la Ligue des champions à deux reprises - à la dernière minute dans la prolongation en 1999, et aux penaltys contre nous -, mais des équipes telles que Barcelone et Munich vont être toujours dominantes. Les évolutions dans l'environnement du foot et de la Ligue des champions ont rendu très compliqué pour les clubs londoniens de gagner ce trophée.

Quel était l'état d'esprit des fans des Blues avant la finale contre le Bayern ?
Je ne pense pas que les supporters étaient particulièrement inquiets. En fait, je le redis, cette finale était vécue comme un bonus, étant donné l'état de l'équipe et le fait que nous avions perdu notre manager tôt dans la saison. Les fans traditionnels de Chelsea ne sont pas trop gênés par le fait de perdre. Si cela arrive, c'est ainsi. Et pourtant, beaucoup estimaient presque que la victoire était inévitable, que Chelsea allait gagner tant cette finale était inespérée.

« Un de mes copains fut invité par Lampard à la fête d'après-finale. Il s'est rendu à l'hôtel et il a passé la nuit dans un lieu situé sur un toit, à Munich. »


Vous pensiez malgré tout en 2012 que Chelsea pouvez le faire ?
D'abord, Chelsea a gagné contre toute attente. Ce fut surtout un test d'endurance finalement. Et grâce à Roberto Di Matteo, notre manager de l'époque, un ancien joueur bien-aimé. Il fut l'homme du match selon moi, la naissance d’une autre légende de Chelsea. Personne n'imaginait une seconde que nous allions y arriver, il s'agissait d'une course de longue haleine où il fallait sauter chaque obstacle. Cette coupe a été ramenée à la force du poignet et avec du caractère. À la fin, tout a dépendu d'une séance de tirs au but, ce qui ne me paraîtra jamais la bonne façon de trancher. Il faudrait rejouer la finale d'une compétition, pas s'en remettre à la loterie de penaltys.

Vous vous rappelez où vous étiez ce soir-là ?
Je m'étais gravement blessé au dos, je n'ai donc pas pu assister à des matchs de foot pendant une longue période. J'étais littéralement incapable de m'asseoir plus de cinq minutes. Je l’ai toutefois regardé avec des amis dans un pub. Après, bien sûr, des connaissances y sont allées. L'histoire la plus intéressante qui m'a été relatée concerne l'un de mes copains qui fut invité par Frank Lampard à la fête d'après-finale. Il s'est rendu à l'hôtel et il a passé la nuit dans un lieu situé sur un toit, à Munich. Dans la matinée, les joueurs ont pris l'avion pour Londres afin d'assister au défilé de la victoire. Lui était censé revenir par le train de son côté, mais par le hasard des rencontres, on lui a offert un retour dans un avion à quatre places et il a débarqué à temps pour fêter la victoire à domicile. Les joueurs étaient dans le car de la parade, exhibant le trophée à Londres, et ils l’ont vu debout au sommet d'un arrêt de bus tout excité, et ils ne pouvaient pas croire qu'il était rentré si vite.

Justement, quelle fut l'atmosphère à Londres après la victoire ?
Dans les «  zones » de Chelsea, les fans ont célébré ce succès, oui, et les pubs autour de Stamford Bridge étaient bien sûr bondés. Après, je ne sais pas comment les supporters des autres clubs l'ont vécu. Certains ont dû encourager Munich probablement, mais personnellement, je veux toujours que les équipes anglaises gagnent à « l’internationale » . Pas uniquement parce qu'elles sont anglaises, mais parce que je connais les joueurs et leur style. Je ne comprends pas ces rivalités qui se maintiennent dans les compétitions européennes. Je veux soutenir chaque équipe anglaise jouant en Europe - en dehors de Tottenham !

« Certaines remarques contre John Terry étaient méritées, mais la plupart injustes. Il y a eu une espèce de chasse aux sorcières contre lui. »


Tout s’est bien passé là-bas pour eux ?
On m’a raconté qu'il y avait près de 35 000 fans de Chelsea et que l'ambiance fut généralement très bonne. Toutefois, un groupe d'Allemands a effectivement lancé une attaque tard dans la nuit dans un bar où un couple d'amis trinquait avec d'autres supporters, plutôt âgés, de Chelsea, et des femmes aussi. Les locaux portaient des cagoules et des armes, ils étaient plus jeunes et ils avaient clairement l'intention de blesser les gens. Dans l'ensemble, cependant, on m'a plutôt dit que tout s'était bien passé.

Après l'épisode de 2008, vous étiez soulagé que John Terry ne soit pas là ?
Non, je voulais absolument que John Terry en soit. Tout le monde était très déçu qu'il ait manqué cette rencontre. Ce fut une grande tristesse pour John Terry également. Il méritait d'en être, pour tout ce qu'il a fait pour Chelsea au fil des années. Ok, il a glissé sur son tir en 2008 quand il avait la possibilité de gagner le match. Mais les gens avaient dû perdre la mémoire, il y avait une espèce de sensation de détente sur le sujet. Nous avions perdu aux tirs au but, pour moi ce n’est pas comme une vraie défaite. Terry est l'un de nos plus grands joueurs et il est massivement aimé par les supporters. Ne pas le voir sur le terrain à Munich restait une grosse perte pour nous, et même personnellement. J'espère qu'il obtiendra un nouveau contrat à Chelsea et un jour qu'il entrera dans la direction. Il a beaucoup été critiqué de manière déloyale au fil des ans. Certaines remarques étaient méritées, mais la plupart injustes. Il y a eu une espèce de chasse aux sorcières contre lui. C'est un grand défenseur, costaud. Ce n'est pas un tricheur. En plus, il peut jouer au ballon au-delà de son positionnement en défense, tout comme Bobby Moore savait s’y prendre. La vitesse de Kurt Zouma à ses côtés lui a récemment permis de retrouver sa forme. Il serait fou que Chelsea ne lui propose pas de rester. Il possède des qualités de leadership indispensable avec les problèmes de l' équipe actuelle.

Justement, la séance des tirs au but, ce n'était pas un cauchemar qui recommence ?
Je déteste les tirs au but. Cela n'a strictement rien à voir avec le vrai football. Que vous perdiez ou gagniez, c'est injuste. Quand on en arrive à cette épreuve, je me sens presque retiré du jeu. Ainsi, bien que Chelsea en théorie ait perdu contre Manchester United à Moscou, je ne le ressens toujours pas comme une défaite ou une tragédie. Ce fut un match nul. Identique à Munich, mais je vais prétendre malgré tout que c'est une victoire cette fois !

« Je trouve drôle, plus que tout, que les fans d'Arsenal semblent prendre notre succès beaucoup plus au sérieux que nous. C'est agréable d'avoir ce pouvoir sur eux. »


Donc, cette victoire, dans la grande odyssée de Chelsea, quelle place occupe-t-elle ?
Naturellement, ce titre est considéré comme le plus grand trophée, une apogée. Néanmoins, pour moi, l'histoire du club ne dépend pas des trophées, mais plutôt de son caractère et du fil des événements importants : éviter la relégation en troisième Division au début des années 1980, Glenn Hoddle arrivant à Chelsea dans les années 1990 et notre renaissance, ou encore la volonté du CPO (le Chelsea Pitch Owners est une organisation à but non lucratif qui possède le terrain de Stamford Bridge et le nom de Chelsea FC) en 2011 de conserver la pleine propriété de Stamford Bridge et le nom du club contre les tentatives de Roman Abramovitch et du conseil de s’en emparer. Ces gens, en refusant de disparaître, sont les fans réels, à long terme, du club. Les tensions ne sont pas retombées, et Abramovitch va essayer encore d'acheter le CPO , en disant que ceux qui contrôlent le Chelsea ont besoin du terrain pour développer le stade - ce qu'ils ne font pas. En 2011, de gros blocs d'actions et des votes ont été achetés par des personnes essayant de faire basculer le vote. Ceci est plus important à mes yeux que la Ligue des champions. Garder Chelsea à Stamford Bridge, où nous avons joué depuis 1905, reste l'essentiel à mes yeux. Et cette bataille a aussi été remportée cette saison-là. Voilà notre histoire .

Êtes-vous particulièrement fier d'être le seul club londonien à avoir remporté la Ligue des champions, quand par exemple Arsenal a échoué ?
Je trouve drôle, plus que tout, que les fans d'Arsenal semblent prendre notre succès beaucoup plus au sérieux que nous le faisons. Il est agréable d'avoir ce pouvoir sur eux.

Que répondriez-vous à ceux qui affirment que Roman Abramovitch a acheté la Ligue des champions ?
Il y a quelque chose de vrai, cependant qui peut gagner sans avoir de l'argent de nos jours ? Y compris dans le passé, certes pas au même degré. Je trouve que Chelsea n'est pas un club bien géré, en dépit de sa « richesse » - peut-être à cause de cela d'ailleurs -, et le succès des dix dernières années a dépendu d'abord de la colonne vertébrale de l'équipe : de Petr Čech, Frank Lampard, John Terry et Didier Drogba. Terry et Lampard ont gardé le cap, même quand l'achat de joueurs qui ne correspondaient pas à notre style de jeu menaçait l'équipe, sans parler d'autres décisions étranges. On pourrait dire que Chelsea a gagné en dépit de ceux qui dirigent le club.

« J'aime les Mavericks, les buveurs et les hommes sauvages, parce que pour moi, ils semblent toujours plus proches de la vie, du vrai foot et les plus fidèles des fans. »


Pensez-vous que l'équipe de 2012 fut la meilleure équipe de l'histoire de Chelsea ?
Il faut reconnaître que la formation qui a gagné en 2012 possédait une qualité de jeu difficile à égaler. Toutefois, pour moi, rien ne surplombe le Chelsea de Dave Sexton qui a remporté la FA Cup en 1970 et la Coupe des vainqueurs de coupe en 1971. J'avais juste neuf ans et j'étais hypnotisé. Il y avait trois immenses talents : Peter Osgood, Alan Hudson et Charlie Cooke. Ces joueurs étaient de fortes individualités, grands dribbleurs, mais capricieux aussi. Ils aimaient boire quand ils ne jouaient pas. Les années soixante-dix ont été un grand moment pour le football en Angleterre en général. La plupart des grandes équipes ont eu un génie. Nous en avons eu trois. C'était l'époque du Brésil qui a remporté la Coupe du monde 1970 au Mexique. Tout le monde en Grande-Bretagne est tombé amoureux de la Seleção de Pelé, Revelino et Tostão. Le football était à son summum, le plus brillant. Donc, à l'âge de neuf ans, je voyais ainsi ce sport, et je pensais qu'il resterait toujours de la sorte, mais les choses ont changé.

Après la bande de Dave Sexton, je placerais l'équipe de la fin des années 1990 qui comprenait Zola, Gullit et Vialli. Encore une fois, du football et de grands personnages flamboyants et incroyablement créatifs, sans jamais s'élever tout à fait au niveau d’Osgood, Hudson et Cooke. Être à Stockholm quand nous avons gagné la Coupe des vainqueurs de coupe en 1998 s'est révélé un voyage spécial pour moi. Trente mille véritables supporters, ivres, et chantant la Dambusters March face à peut-être mille Allemands. Fantastique. Nous y avons passé cinq jours. J’ai fini dans une cabane au fond d’une station de métro. Un homme a dormi trois jours dans un placard de McDonalds, où ils rangeaient les produits de nettoyage. Tous ces supporters de Chelsea à l'ancienne, avant le changement actuel, le succès prolongé. Trop de succès apporte la gloire, et également les opportunistes et les fans à temps partiel, ces personnes sans lien profond au club. Tout ce qu'ils veulent, c'est gagner et rien d'autre.

Aucune des équipes dont je viens de parler n'a gagné autant que celles de José Mourinho, de Di Matteo ou de Carlo Ancelotti. Mais les temps ont bien changé. Peut-être est-ce pourquoi des dribbleurs et joueurs tels que Messi et Ronaldo se distinguent tellement maintenant. Le football a plus à voir avec les bonnes passes et la technique. Il est plus mécanique. C'est un ressenti personnel. Pour revenir à 2012, pour moi, « meilleur » renvoie plus au style du football plutôt qu’à des coupes derrière une vitre. J'aime les talents originaux, les Mavericks, les buveurs et les hommes sauvages, parce que pour moi, ils semblent toujours plus proches de la vie, du vrai foot et les plus fidèles des fans.

Propos recueillis par Nicolas Kssis-Martov

Bibliographie de John King :
White Trash (Au Diable Vauvert)
Football factory ( Atelier Alpha Bleue )
Skinheads (Au Diable Vauvert)


Chelsea, loser anglais


Que fait un supporter de Chelsea quand son équipe a gagné la Ligue des champions ? Réponse : ben, il éteint sa PlayStation ! Jusqu’à la victoire de C1 2012, plus que les autres supporters, les fans de Chelsea ont salement morflé en Angleterre… L’humour anti-Chelsea autour de sa lose en Ligue des champions avait succédé aux vannes cruelles récurrentes en Albion.

Question : vous êtes prisonnier dans une cellule avec un lion, un cobra et un supporter de Chelsea, mais vous avez un flingue avec deux balles seulement : que faites-vous ? Réponse : vous shootez le fan de Chelsea. Deux fois ! Une autre… Qu’ont en commun un très bon vin et Chelsea ? Réponse : les deux restent longtemps à la cave, ils coûtent beaucoup trop cher et ils ne réjouissent qu’en de très rares occasions ! Historiquement, le Chelsea FC s’est longtemps traîné une lose légendaire dans le foot anglais.

Avant 2005, il ne gagna qu’un championnat (1955), la League Cup 1965, la FA Cup 1970 et la C2 1971. Auparavant, ses échecs en Cup lui avaient valu dès les années 30 des quolibets ultra populaires. Dans le film d’Alfred Hitchcock Les 39 Marches (1935), Mister Memory ( « Monsieur Mémoire » ) rappelle que le dernier succès en Cup de Chelsea remonte à l’an 63 avant JC, « et en présence de l’empereur Néron » . En 1933, une chanson du comédien Norman Long (On the Day That Chelsea Went and Won the Cup) narrait comment, grâce à une série de coups du sort improbables et bizarres, Chelsea finissait par remporter enfin la Cup. Comme en C1 2012…

Diego Contento : « Chelsea n'a eu qu'une seule occasion, sur un corner »



Aujourd'hui à Bordeaux, Diego Contento était de la finale victorieuse de Chelsea, dans le couloir gauche. Mais il était surtout dans le mauvais camp, celui du Bayern. À l'Allianz Arena qui plus est.

Quel est votre plus grand souvenir de cette finale ?
Le fait de l'avoir perdue, évidemment. C'était vraiment une grosse déception, personnellement, et pour toute l'équipe. Dans le jeu, on a été meilleurs pendant la rencontre. Largement meilleurs. On avait même le match en main... On a été supérieurs pendant toute la rencontre, dans tous les domaines… Eux, ils ont une occasion sur un corner et ils l'ont concrétisée. Et on a perdu aux tirs au but. Ce n'est pas un beau souvenir, au final…

Mais alors, pourquoi Chelsea a pu l'emporter ?
C'est simple : avec les tirs au but ! Ils gagnent ce trophée sur un coup de chance. C'est toujours une question de chance avec les tirs au but. Rien de plus.

Un joueur de cette équipe vous a impressionné malgré tout ?
Alors, pour moi, l'équipe est toujours ce qu'il y a de plus grand, ce qui est le plus important dans un match. Chelsea avait un bon collectif, avec plein de bons joueurs, mais certainement que le plus impressionnant a été Petr Čech. Il a arrêté toutes nos occasions.

Thomas Müller ouvre le score en fin de match. Qu'est-ce que vous vous êtes dit à ce moment-là ? Que c'était gagné ?
Je me suis dit que c'était une bonne chose, que tout se passait comme il le fallait. On était vraiment en bonne position à ce moment-là... C'était déjà la 82e minute. Cela devait nous suffire. Mais le football va vite. L'égalisation de Chelsea arrive très rapidement après notre but. On a essayé de se dire à ce moment-là qu'on pouvait le refaire, qu'on pouvait mettre un deuxième but. Mais ça n'a pas été le cas.

Cette finale se déroulait à l'Allianz-Arena. C'était un avantage ou un désavantage d'être à domicile ?
Ça aurait dû être un avantage. Être chez nous, ça nous donnait de la force. Ça aurait dû rendre le match plus facile. D'ailleurs, on a fait un bon match. On a eu beaucoup de soutien de la part de nos supporters. Mais au final, on a perdu.

Salomon Kalou était votre adversaire direct pendant ce match. C'est un joueur difficile à avoir au marquage ?
Pour moi, évidemment, ce n'était pas évident contre Kalou : c'est un super joueur, dynamique et rapide. Et Chelsea était une équipe de très haut niveau. Ils avaient beaucoup de bons joueurs. Ceci dit, on a fait ce qu'il fallait pour les empêcher de jouer. Après... cela n'a pas été suffisant.

Kalou sort d'ailleurs avant le but de Drogba, et Chelsea a changé de schéma tactique pour la toute fin du match. Cela a-t-il pu jouer un rôle ?
Même avec deux attaquants, notre défense à quatre pouvait les contenir. On a fait les choses bien, encore une fois. Chelsea n'a eu qu'une seule occasion, sur un corner. Bon… Que vous jouiez avec trois ou quatre attaquants, sur un corner, ça ne change pas grand-chose.

C'était la deuxième finale de Chelsea en deux ans. Est-ce que leur expérience de cet événement a pu être à leur avantage ?
C'est-à-dire est-ce qu'ils ont gagné parce qu'ils étaient plus expérimentés ? Non, non, je ne pense pas. On était très bien préparés pour cette finale. On était une très bonne troupe, expérimentée également. Donc non, ça ne pouvait pas être un avantage pour Chelsea.

Donc, pour résumer, ce n'était pas une victoire méritée selon vous ?
Non. Non. Définitivement pas. On méritait mieux.

Par Côme Tessier

Abramovitch, la roulette russe


Il aura fallu neuf ans entre l'arrivée de Roman Abramovitch et le titre suprême de champion d'Europe. Neuf ans pendant lesquels le milliardaire russe n'aura cessé de signer des chèques pour s'attacher les services des meilleurs. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Roman a fait chauffer le stylo à encre illimitée.

Il faut voir sa gueule. Et son corps, surtout. Un corps, enfoncé aux côtés de celui de la douce Dacha Joukova, qui danse à chaque action de son équipe qui joue, plus bas sur la pelouse, une finale de Ligue des champions. Ce 19 mai 2012, Roman Abramovitch semble être en transe. Il tient son rêve dans les bras, son Chelsea est champion d'Europe, neuf ans après l'avoir arraché des bras de Ken Bates pour près de 180 millions d'euros. Quatre ans plus tôt, à Moscou face à Manchester United, son « fils » Didier Drogba n'était plus là pour voir les Blues chuter aux tirs au but. Cette fois, dans la chaleur de l'Allianz Arena, l'Ivoirien est resté sur la pelouse et a porté Chelsea vers son premier sacre européen d'un coup de tête et d'un penalty décisif. En grimpant en tribunes chercher sa médaille, Roberto Di Matteo saute au cou de son président et lui gueule à la figure un « We won it ! » de vainqueur. Il ne le sait pas encore, mais il sera viré quelques mois plus tard, en novembre 2012, tout en continuant à être payé 150 000 euros la semaine jusqu'en juin 2014, date de la fin de son contrat. Soit un chèque de plus de onze millions d'euros pour un néo-chômeur. Un peu moins de deux Ashley Cole, quoi.

760 millions de transferts jusqu'à l'Allianz Arena


Oui, Roman Abramovitch est un homme bon, très bon même. Il donne beaucoup. De son portefeuille surtout. Ce soir de mai 2012 face au Bayern, le Chelsea présenté sur la pelouse pèse 168 millions d'euros avec 140 autres briques sur le banc. Les grandes oreilles ont un prix, et Abramovitch n'en a aucun. L'homme n'a aucune limite. C'est le visage des Blues version XXIe siècle. Le Russe a débarqué à Londres un mercredi du mois de juillet 2003. Un jour où Beckham débarquait à Madrid dans les bras d'Alfredo Di Stéfano et où Sébastien Grosjean accédait à une demi-finale à Wimbledon. Dans les kiosques, partout, le visage d'Abramovitch, alors que l'oligarque lâche ses premiers millions en interne pour le renard Crespo, le collier de Verón ou les poumons de Makelele. Un triangle à 61 carats. Comme les préliminaires d'un gros câlin. Abramovitch veut gagner sans compter et lâchera plus de 760 millions d'euros rien qu'en transferts jusqu'à la finale de Munich. Durant son procès contre son ancien ami, Boris Berezovsky, fin 2011, Abramovitch reconnaîtra que « ses premiers succès à Chelsea lui ont fait changer de mode de vie » . De l'amour à perdre la raison. Preuve en est ses folies personnelles appelées Fernando Torres, débarqué à l'hiver 2011 sur un lit de 60 millions d'euros, ou encore les 45 briques balancées sur les épaules de Shevchenko. Pour un rendement quasi nul.


Chequechenko

Les yachts, les jets, le pétrole et Poutine


Et quand Roman Abramovitch aime, il ne compte pas. Que ce soit pour Chelsea, ou pour ses sept gosses. À l'été 2007, il claque 55 millions d'euros de transferts. Une broutille, comparée à ce qu'il lâche la même année pour se séparer de sa femme. Le divorce lui coûte 260 millions d'euros, auxquels il ajoute une propriété à Petersfield valant 23 millions pour caler au chaud l'ancienne hôtesse de l'air devenue femme à grosses gâteries. Un chèque à trois Ashley Cole 1. Pour sa fille Sofia, il refuse également la mesure et ce que madame veut, madame a. Preuve en est, ses chevaux, Rainbow et Bugsy, achetés 380 000 chacun et pour qui papa fera le tour du monde, histoire de voir la petite Sofia concourir. Le tout dans son Boeing 767 privé d'une valeur de 70 millions d'euros, soit quelque huit Ashley Cole dans chaque aile. De quoi assurer sur les débordements. Comme lorsque Sofia veut fêter ses dix-huit piges. Direction le Under The Bridge, un nightclub construit sous Stamford Bridge pour 25 millions d'euros. En Ashley Cole, ça fait presque quatre. Le tout avec 500 personnes à paillettes et qui a vu défiler depuis 2011 le cuisto' Gordon Ramsay, David Beckham, Gwen Stefani – dont Roman est un fan absolu -, Beyoncé, Leonardo di Caprio, Prince, George Lucas, Rupert Murdoch ou encore les Black Eyed Peas aux platines.

Roman est comme ça, il dépense, car ses moyens sont illimités. Douzième plus gros portefeuille de Russie selon Forbes, l'oligarque russe pèse aujourd'hui huit milliards. L'homme d'affaires a fait fortune au début des nineties dans l'industrie du pétrole et des hydrocarbures. Sa très bonne relation avec le pouvoir russe et Vladimir Poutine l'a également bien aidé pour faire grandir son compte en banque. En 2005, il vend sa compagnie Sibneft à Gazprom, sous tutelle de l’État russe, pour 11 milliards d'euros. Il a également été le gouverneur de la région de Tchoukotka pendant huit ans, lui permettant de profiter de l'immunité parlementaire et d'échapper au fisc russe. Bref, Roman est blindé. Comme son yacht, considéré comme le plus grand et le plus cher du monde jusqu'à l'année dernière. On parle de 1,3 milliard d'euros pour le package : l'Eclipse peut accueillir deux hélicoptères, possède quelques jacuzzis, un mini sous-marin, un système de défense anti-missile, un détecteur de paparazzi et une piscine transformable en boîte de nuit privée. Entre autres. La note ? 200 Ashley Cole dans le moteur.

Un rêve réalisé au bout de dix ans


Mais Abramovitch, c'est aussi l'art et des pièces chères et rares, des propriétés partout, des voitures à dégueuler du garage. La vie change, Chelsea aussi, dans un quotidien surveillé par « une armée de garde du corps. Alors, on allait au théâtre ou au musée avec une armée, c'était de pire en pire chaque année. On changeait de numéro de portable une fois par an pour qu'on ne puisse pas nous tracer. On avait peur des tentatives d'enlèvements » , expliquera son ex Irina au Daily Mail. Mais en 2012, ce soir de mai, Roman a atteint son rêve. Celui d'un ciel bleu et d'un business plan parfait. Celui d'une tournée à Londres sur un bus où Abramovitch se cale à l'avant avec ses lunettes fines et sa gueule de bois. Comme un toast sur neuf ans de gros chèques, de rires et de larmes. Il touche les oreilles de l'Europe et danse encore un peu. Sur un lit de deux milliards d'euros au total pour faire broder une étoile dorée sur un T-shirt dont 156 millions pour son seul premier mercato ou 123 pour Drogba, Robben et compagnie. On y est : un peu plus de 300 Ashley Cole pour une tournée.

1 Ashley Cole = 6,5 millions d'euros.

Par Maxime Brigand et Kevin Charnay

Chelsea, loser européen 1/2

Avant 2012, Chelsea fut aussi un des grands maudits de la Ligue des champions. Une lose qui remonterait à la première édition 1955-1956, appelée Coupe des clubs champions.
Le Chelsea FC champion d’Angleterre 1955 fut sommé énergiquement par la Fédé anglaise de ne pas participer à cette nouvelle compète continentale par bouderie îlienne très british
À l’arrivée d’Abramovitch en 2003, après avoir presque toujours atteint le dernier carré de Champions, les Blues ont multiplié les désillusions !
En 2004, péché d’orgueil : un Monaco trop sous-estimé les avait plantés en demies (1-3 et 2-2, à onze contre dix à Londres).
En 2005, un but de Luis García toujours contesté en 2016 par Mourinho les avait éliminés en demies (0-0 et 0-1).
En 2006, giclage en 8es : le Barça d'Eto’o et Ronaldinho était trop fort (1-2 et 1-1).

Chelsea, loser européen 2/2

En 2007, le clash des Titans des demies contre Liverpool (1-0 et 0-1, 1 tab à 4) fut stupidement perdu à cause des cagades de Robben et Geremi aux tirs au but ! En finale 2008 à Moscou, contre MU (1-1 a.p, 5 tab à 6), John Terry avait foiré son tir au but sur le poteau en glissant sur le gazon maudit. Drogba et Lampard avaient, eux, tiré sur les montants de Lucky van der Sar. En demies de C1 2009, Iniesta avait crucifié les Blues en égalisant à l’ultime minute (0-0 et 1-1 à la 93e). En 2010, c’est le Mou qui cocufia son ex-club en 8es avec son Inter beaucoup trop forte (1-2 et 0-1). En 2011, rebelote en quarts face à un MU impitoyable (0-1 et 1-2)... Fucking disgrace.



Terry, bluesy John




Captain Marvell et Dirty Terry… La gloire et les frasques. Innombrables. John Terry restera pour longtemps « Big John » , ce capitaine au palmarès le plus fourni du club londonien : quatre titres de champion d’Angleterre, quatre FA Cups et trois League Cups. Et la C1 2012 et la C3 2013 ? Aussi, oui. Si on veut. Car il a manqué ces deux finales… Alors, allons droit au but : à l’international, en club et en sélection, Terry a tout raté ! Surtout lors des deux années glorieuses du Chelsea 2012 et 2013… Par sa faute et par malchance ! Déjà, en finale de C1 2008, il avait manqué le tir au but de la victoire contre MU. Le score était de 4-4 après le 1-1 final : en marquant son t.a.b, Chelsea aurait gagné. Au lieu de quoi, une glissade sur la frappe dévissée qui tape l’exter du poteau relança les Red Devils. Van der Sar était pourtant parti du mauvais côté. Sur le cul et en larmes, John avait déjà compris que c’était mort avant qu’Anderson ne shoote pour United… Les Mancuniens gagnèrent 6 t.a.b à 5. En finale 2012, à Munich, John était suspendu après son rouge insensé en demies retour au Camp Nou (2-2). Mais c’est en kit complet bleu qu’il souleva les grandes oreilles avec le capitaine en second, Frank Lampard. Un geste que beaucoup de fans de Chelsea ne pardonnèrent qu’à moitié en souvenir de son expulsion stupide face au Barça qui avait laissé les Blues à 10 contre 11… Vint l’été meurtrier de l’Euro 2012. John y avait perdu le capitanat au profit de Steven Gerrard depuis février 2012 suite aux allégations d’insultes racistes à l’encontre d’Anton Ferdinand de QPR (cf. Article principal). Malaise chez les Three Lions : Rio Ferdinand aurait été « écarté » par Roy Hogdson pour éviter un clash entre John et Rio, le grand frère d’Anton… Après un Euro foiré, comme toutes les autres compètes internationales en sélection auxquelles il a participé, John Terry doit affronter la justice le 13 juillet dans l’affaire Anton Ferdinand. Le capitaine des Blues est relaxé, mais le 27 juillet, c’est la Fédé anglaise qui prend le relais disciplinaire. Le 27 septembre, Big John est reconnu coupable d’insultes « à caractère ethnique » . En plus d’une suspension de quatre matchs (Luis Suárez en avait pris huit pour injures raciales envers Patrice Évra), il prend une amende de 220 000 livres. Dirty Terry annonce alors la fin de sa carrière internationale… Mais la guigne ne le lâchera pas lors de la saison 2012-2013. En décembre, il est forfait à cause d’une blessure au genou droit pour la Coupe du monde des clubs. Sans lui, Chelsea perd en finale contre les Corinthians à Yokohama (0-1). John boira le calice jusqu’à la lie : en mai 2013, il est aussi forfait pour blessure à la cheville lors de la finale de la Ligue Europa contre Benfica. À l’Arena d’Amsterdam, comme à Munich, c’est encore des tribunes qu’il verra ses potes remporter un nouveau titre continental dans les arrêts de jeu (2-1). John Terry a zappé les deux seules finales européennes gagnées par le Chelsea d’Abramovitch ! Il aggravera son cas auprès des médias anglais et de pas mal de supporters quand, vêtu encore du kit complet bleu du club et chaussé de crampons siglés « Amsterdam 2013 » , il soulèvera conjointement le trophée avec Lampard, capitaine rabaissé. La même fois qu’à Munich, où il avait brandi les grandes oreilles avec lui. La fois de trop ? L’aventure européenne du grand Chelsea européen des années 2000-2010 aura engendré ses deux héros inséparables : l’un, imparfait, Bad Cop John, et l’autre, Good Cop Lamps, au visage éternellement radieux…

Par Chérif Gemmour

Carnet de route Jean-Michel Rouet


Ancien journaliste à L’Équipe, spécialiste du foot anglais et de Chelsea, Jean-Michel Rouet a couvert la phase finale des Blues. Il a donc accompagné la bande de Drogba à Londres, Naples, Lisbonne, Barcelone et Munich. Voilà à quoi aurait pu ressembler son carnet de route.

Naples-Chelsea (1-3)

Énorme ambiance à Naples. Dès 15 heures, j’ai pu voir des tas de supporters aux alentours de mon hôtel, situé à proximité du stade. 5 heures avant le match, il y avait un monde incroyable autour de l’enceinte. On sentait que c’était quelque chose de particulier pour les Italiens. C’était un peu le retour de leur équipe au premier plan. Et le match était à leur portée, face à un Chelsea très fragile, en totale déconfiture. Les Blues ont pourtant ouvert le score par Mata. Mais ensuite, ils se sont fait complètement défoncer. Doublé de Lavezzi, but de Cavani… La fin de la partie a été un calvaire. Heureusement, Cole a fait un sauvetage pour éviter le quatrième, sinon les carottes seraient déjà cuites. Qu’est-ce que j’ai caillé, par contre ! Il a fait un froid de canard. Le stade n’était pas tout à fait plein, mais la ferveur a été incroyable. C’est tout un peuple qui a poussé son équipe. À force de mettre la pression, les Napolitains ont mangé Chelsea. La deuxième mi-temps a été très pénible. L’équipe italienne est vraiment séduisante. C’est très bon techniquement et tactiquement. Cavani/Lavezzi, ça envoie… Je ne dis pas qu’ils peuvent remporter la C1, mais ils ont un bon coup à jouer. Franchement, je ne crois pas beaucoup à une qualif’ anglaise. Comme mes confrères britanniques, d’ailleurs. Chelsea est en fin de cycle, c’est clair. Peu de chances qu’il inverse la tendance.


Chelsea-Naples (4-1 a.p.)

Villas-Boas n’est plus là, et ça change tout ! Même s’il est très rigoureux et qu’il a récemment passé la nuit à visionner la défaite contre Arsenal (5-3), le Special Two n’est pas fait pour ce club. Son projet de jeu ne convient pas à Chelsea. Il voulait un pressing haut. Incompatible avec le Chelsea de Terry et Cahill. Bref. Avec Di Matteo, les joueurs ont pris le pouvoir. Il a bien compris qu’il n’avait qu’à encadrer et suivre Drogba, Lampard et Terry pour que le choc psychologique intervienne. Et quel match ils ont sorti ! Franchement, c’est une des meilleures rencontres de C1 des dix dernières années. Ça a été d’un but à l’autre. Sans arrêt. Chelsea a mené 2-0, puis concédé un but d’Inler qui qualifiait son équipe. Les 5000 ou 6000 Napolitains ont fait un boucan d’enfer dans le Bridge. À partir de 2-1, c’était comme un match de boxe, avec des actions non-stop. Après le penalty de Lampard, Ivanović a joué le sauveur. Un match fantastique, où tout a toujours été possible. Avec les anciens en héros. Et une ambiance électrique, inhabituelle à Londres. Bon, pour la victoire finale, faut pas rêver. Quoique, c’est peut-être un premier signe du destin ?



Benfica-Chelsea (0-1)

Pas franchement un grand match. Il ne laissera pas beaucoup de traces, même si la victoire a été importante. Chelsea a contrôlé la situation, Benfica a été moyen. Même carrément décevant, alors qu’il était à la maison. Et pourtant, Di Matteo a aligné des joueurs qu’on n’a pas l’habitude de voir : Kalou, Paulo Ferreira… Une grosse surprise. Dur dur de jongler entre le championnat, où l’équipe doit absolument prendre des points pour espérer une place qualificative en LDC, et la C1. L’objectif numéro un, ça reste le championnat.



Chelsea-Benfica (2-1)

Rien à voir avec l’aller. Benfica est venu jouer son va-tout, sans arrière pensée et avec la dalle. Chelsea a eu beaucoup, beaucoup de réussite. Les Portugais ont pris un rouge juste avant la mi-temps alors que les Blues menaient. On a donc cru que c’était plié. Mais de manière assez incroyable, la pression a commencé à les tétaniser. Les Portugais ont pris le ballon et se sont mis à jouer remarquablement bien. Ils ont égalisé, et là, ça a été grosse peur sur Stamford Bridge. Chelsea ne savait plus quoi faire : faut-il défendre, faut-il aller marquer un autre but pour assurer la qualif’ ? Le cul entre deux chaises, quoi. On a vu un Di Matteo paralysé sur son banc de touche. Il n’a jamais connu ce genre de pression, en même temps. Benfica a eu les balles de match, mais c’est Meireles qui a marqué en fin de match. Avant ça, la tension était palpable dans les gradins. Parce que les fans n’avaient pas vu le truc venir. Normalement, tout aurait dû rouler tranquille. Leur équipe leur a fait peur. C’est passé tout près. Au coup de sifflet final, les supporters ont pris leur métro et sont rentrés chez eux. Ici, personne n’y croit vraiment pour la suite. Il y a encore le Barça, le Bayern Munich… Ils sont tellement au-dessus...



Chelsea-Barcelone (1-0)

Jolie surprise. Avant la rencontre, l’état d’esprit, c’était plutôt : « On a rien à perdre, on y va. » Le Barça semblait, et semble encore, intouchable. Des chocs Chelsea-Barça, y en a eu un sacré paquet ces dernières années. Notamment celui de 2009 avec la demi-volée d’Iniesta dans les derniers instants et les péno non sifflés. Cette rencontre est restée gravée dans la mémoire des Blues, et clairement, les joueurs voulaient prendre leur revanche. Mais bon, on pensait qu’ils en étaient incapables. Drogba, en particulier, était hanté par cette élimination. Surtout qu’il était passé pour un mauvais perdant avec son « Fucking disgrace » . Bref. Là, contrairement à 2009 où c’était serré, Barcelone a tout le temps eu la balle. En réponse, Chelsea a été solidaire derrière, et a marqué par Didier sur la première et seule occasion. Après, ça a été la muraille de Londres. Les joueurs commencent à vraiment penser à Munich. Il y a de l’espoir, même si ça risque d’être ultra compliqué à Barcelone. Stamford Bridge a totalement joué son rôle de douzième homme. Une grosse atmosphère comme on peut en ressentir ici lors des grandes rencontres.



Barcelone-Chelsea (2-2)

LE match du parcours. Voilà une preuve que tout est possible dans le football. Franchement incroyable. Pourtant, les hommes de Guardiola étaient confiants, prêts à faire courir les vieux Londoniens dans leur grand stade. Le Camp Nou, c’est spécial pour les supporters visiteurs : ils sont placés en haut d’un virage. Du coup, on ne les entend pas du tout. Dans cette ambiance très espagnole, tout a mal commencé pour Chelsea. La première mi-temps a été cauchemardesque. Barcelone mène 2-0, Cahill se blesse, Terry est expulsé… Chelsea n’a plus de défense centrale et ne voit pas le jour. On a cru qu’on allait se prendre une valise. Cinq, six, sept ou huit ? Mais juste avant la mi-temps, alors que personne ne le voit venir, Ramires met un but sur une inspiration bénie. Et du coup, Chelsea est à ce moment-là qualifié ! Vient cette deuxième mi-temps… Un truc de fou. On a une équipe de Chelsea qui se remet en mode « mur de Londres » . Drogba, tellement investi, décide de jouer latéral gauche. Malgré tout, on se dit que c’est impossible qu’ils tiennent 45 minutes comme ça. Didier provoque un penalty, Messi le met sur la barre… Il reste encore du temps, il y a des situations ultra chaudes, tout le monde pense que le Barça va marquer. Le temps passe, il y a une solidarité incroyable côté anglais, le Barça doute un peu... Et puis Torres va dribbler Valdés pour le 2-2. Là, c’est silence de mort dans le Camp Nou. Tout le stade est abasourdi, personne ne comprend ce qui se passe. Moi, j’étais en train de descendre de la tribune presse pour écrire mon papier. On peut tout analyser sur ce match, il n’y a aucune explication logique. C’était leur jour. Après le match, c’était sortie d’enterrement pour les Espagnols. Les fans anglais, eux, ont bougé dans la rue, et on les a entendus jusque tard dans la nuit sur les Ramblas.



Bayern Munich-Chelsea (1-1, 3-4 aux tab)

Quelle soirée ! Honnêtement, aucun Allemand ne l’a vu venir. C’était pas de la condescendance, mais voilà, ils sont chez eux, il manque quatre joueurs à Chelsea… L’ambiance m’a scotché : la ville était rouge. Le stade Olympique a été ouvert pour une retransmission en circuit fermé, et il était plein à craquer. Tout le monde est venu pour assister à la consécration inéluctable. Il y avait quand même 6000 ou 7000 fans de Chelsea. Di Matteo a aligné une équipe très très défensive, avec Bertrand, jeune latéral gauche qui n’avait pas encore joué en C1, en milieu gauche. Les Blues ont fait un match courageux, mais ont été largement dominés. Après le but de Müller, c’était de la folie, et la finale était quasiment terminée. Gros soulagement pour les Munichois. Et puis Drogba vient égaliser sur corner. En prolongation, Robben a loupé un penalty… Du grand n’importe quoi. Aux tirs au but, c’était encore mal embarqué pour Chelsea, puisque Mata a loupé le sien. Mais finalement, ça a tourné, et Drogba plante le but vainqueur. Comme à Barcelone, toute la Bavière s’est alors rendu compte que son équipe avait perdu contre ce Chelsea en déclin. Comment est-ce possible ? Drogba et quelques autres ont dû rester une heure sur le terrain après la victoire. Ils n’avaient pas envie de rentrer au vestiaire. Ils voulaient profiter du moment. Ensuite, chose rare, Chelsea a ouvert les portes de l’hôtel à la presse. On est donc allé fêter ça avec eux sur la terrasse dans une belle soirée de printemps. Didier a fumé un immense cigare pour l’occasion. Et David Luiz l’a contemplé pendant de longues minutes, un peu comme si c’était un extra-terrestre. Avec ses grands yeux, l’air de dire : « Il sort d’où, ce mec-là ? » Comme un enfant devant un gigantesque arbre de Noël. Sinon, il n’y a pas eu d’orgie alcoolique, mais on a senti un sentiment de bonheur et de plénitude assez remarquable.

Notes subsidiaires

Il y a eu une succession de circonstances très favorables, avec énormément de réussite que les Blues n’avaient pas eu les années précédentes en Ligue des champions. Chelsea a souvent semblé maudit en C1, avec un manque criant de chance. La finale perdue face à United aux tirs au but, la glissade de Terry, le but fantôme d’Anfield, l’élimination contre le Barça en demie sur un but à la dernière minute d’Iniesta et des décisions arbitrales désavantageuses… Là, c’était tout le contraire, tout a basculé dans leur sens. Il y a une justice, quand même.

Propos recueillis par Florian Cadu

Que sont-ils devenus?

Petr Čech (Gardien)
Carrière post-2012 : Après plus de 11 ans à garder la cage des Blues, le portier tchèque n'a pas survécu à la concurrence de Thibaut Courtois, enfin de retour de ses prêts à Madrid. Poussé sur la touche par le Belge, il a décidé de prêter son talent à l’ennemi Gunners.
Salaire à l'époque : 6,2 millions d’euros.
Gazouillis : En dehors du foot, il est un excellent batteur et il a même sa propre chaîne Youtube.
Ross Turnbull (Gardien)
Carrière post-2012 : Le portier anglais, après avoir bien ciré le banc des Blues jusqu’en juin 2013, prend la direction du club des retraités, le Doncaster Rovers, où il connaîtra une saison complète en tant que gardien titulaire… et une relégation en D3 avant de partir à Barnsley. Aujourd’hui, Ross Turnbull a 31 ans, et il sait mieux que personne comment cirer le banc de Leeds United.
Salaire : environ 1,2 million d’euros par an
Gazouillis : 4 ans à Chelsea, 7 matchs joués, mais 5 trophées à son palmarès. Au niveau ratio, on est pas mal non ?
David Luiz (Défenseur)
Carrière post-2012 : La plus connue des touffes brésiliennes va faire partie de la nouvelle épopée européenne de Chelsea, cette fois en Ligue Europa lors de la saison 2012-2013, avant de se faire reléguer sur le banc par José Mourinho. Une décision qui le pousse à rêver plus grand et à s’engager avec le Paris Saint-Germain.
Salaire : Environ 5 millions d’euros par an
Gazouillis : David Luiz est connu pour être le boute-en-train du vestiaire. Une réputation qu’il s’est forgée au plus jeune âge : à 6 piges, le bambin commençait déjà à se faire convoquer chez la directrice. La raison ? Il proposait un strip-tease à toute sa classe.
Gary Cahill (Défenseur)
Carrière post-2012 : Le défenseur anglais n’a cessé de monter en puissance à Chelsea, accumulant de plus en plus de temps de jeu jusqu’à l’arrivée de Guus Hiddink, qui lui préfère dorénavant le jeune Kurt Zouma.
Salaire à l'époque : 5,5 millions d’euros
Gazouillis : En trois ans, il a remporté tous les trophées possibles avec Chelsea. Un arriviste, vous dites ?
Ashley Cole (Défenseur)
Carrière post-2012 : Soldat infatigable de Chelsea jusqu’en 2014, le latéral gauche a finalement quitté l’Angleterre pour goûter à l’Italie. Un essai pas franchement concluant, puisque le vieil Ashley s'y est d'abord enterré, avant de filer vers le soleil de L.A, aux Galaxy, aux côtés de Steven Gerrard.
Salaire à l'époque : 8 millions d’euros
Gazouillis : A avoué que sa vie a été ruinée après sa séparation avec la chanteuse Cheryl Cole. Cheryl Cole > Karen Cheryl
José Bosingwa (Défenseur)
Carrière post-2012 : José part direct après le titre européen pour une pige d’un an, toujours à Londres, mais dans le bazar de QPR. Pas mal d’embrouilles et une relégation plus tard, il s’en va en Grèce, puis en Turquie, où il profite aujourd’hui de sa pré-retraite au Trabzonspor.
Salaire à l'époque : 5 millions d’euros
Gazouillis : D’après les dires de Drogba, il aurait pris la place de Di Matteo à la mi-temps de Chelsea-Barcelone pour réorganiser l’équipe et haranguer ses partenaires. Jamais capitaine, mais leader dans l’âme.
Paulo Ferreira (Défenseur)
Carrière post-2012 : Il reste à Chelsea jusqu’en 2013, mais ses titularisations se comptent sur les doigts de la main. Il prend sa retraite en 2013 pour intégrer le staff en tant qu’assistant technique et ambassadeur du club.
Salaire à l'époque : 2,6 millions d’euros
Gazouillis : Selon certaines rumeurs, il aurait une statue de José Mourinho dans son hall.
Ryan Bertrand (Défenseur)
Carrière post-2012 : À Chelsea jusqu’en janvier 2014, où il joue très peu, Ryan est prêté à Aston Villa, puis à Southampton avant que les Saints ne décide de l'enrôler définitivement.
Salaire à l'époque : 2,4 millions d’euros
Gazouillis : Peut-être le seul joueur de l’histoire à avoir joué son premier match de Ligue des champions lors d'une finale.
Oriol Romeu (Miliieu de terrain)
Carrière post-2012 : Romeu n’a pas laissé un souvenir impérissable chez les Blues. Après deux prêts sans saveur à Valence et à Stuttgart, l’Espagnol va finalement retenter sa chance en Premier League, à Southampton, où il s’est engagé l’été dernier. Il y a même planté le premier but de sa carrière professionnelle, face à Aston Villa, en décembre 2015.
Salaire : environ 2,3 millions d’euros par an
Gazouillis : Si tu es un inconditionnel du Barça, tu sais que Romeu, formé à la Masia, n’a été titularisé qu’une seule fois en équipe première. C’était en août 2010, lors du match aller de la finale de Supercoupe d’Espagne face à Séville. Et Barcelone avait perdu 3-1.
Frank Lampard (Miliieu de terrain)
Carrière post-2012 : Après tous ses bons et loyaux services, on a cru que Frankie était parti pour New York, avant d'être finalement, par le jeu des franchises alliées, prêté un an à Manchester City, l’année du dernier sacre des Blues (2014-2015). La Lamps est ensuite bien partie vivre son rêve américain, pour le plus grand bonheur du New York City FC.
Salaire à l'époque : 10,3 millions d’euros
Gazouillis : 13 trophées en 13 ans avec Chelsea, qui dit mieux ?
Mickaël Essien (Miliieu de terrain)
Carrière post-2012 : Mickaël quitte Londres après le sacre européen pour une saison au Real Madrid. Il revient dans la foulée à Chelsea pour 6 mois, avant de faire deux petites saisons au Milan AC (2013-2015). Il finit ses jours en Grèce avec le Panathinaïkos (2015 - ?). Salaire à l'époque : 6,7 millions d'euros
Gazouillis : Plutôt tendre en dehors des terrains, ses coéquipiers l’appelaient le « bison » en référence à sa puissance hors norme, ses tacles ravageurs et à sa frappe de buffle.
Florent Malouda (Miliieu de terrain)
Carrière post-2012 : Après Chelsea, Florent n’a cessé de barouder. Il commence par une pige à Trabzonspor (2013-2014) qui s’est conclue par un accrochage avec le coach. Il revient se ressourcer au FC Metz (2014-2015) avec lequel il connaît une descente en Ligue 2 avant de prendre une route plus exotique. Quelques mois en Inde, au Delhi Dynamos avant de descendre récemment vers l’Égypte, au club de Wadi Degla.
Salaire à l'époque : 2,5 millions d’euros
Gazouillis : Il a fait honneur à Chelsea à la Coupe du monde 2010 en étant le seul buteur de l'équipe de France.
Obi Mikel (Miliieu de terrain)
Carrière post-2012 : Il est, avec John Terry, le doyen du vestiaire de Chelsea. Arrivé en 2006 au club londonien, le Nigérian connaît chaque année une baisse progressive de son nombre d’apparitions sur le terrain. Le milieu de terrain a posé ses fesses sur le banc à 56 reprises sur les trois dernières saisons. Il faut dire aussi que ses longs passages à l’infirmerie ne l’aident pas beaucoup.
Salaire : Environ 5 millions d’euros par an
Gazouillis : En août 2015, Obi Mikel a découvert qu’il était le père caché de deux enfants, qui plus est avec deux femmes différentes. Olga, sa « copine » de longue date, n'a pas franchement apprécié.
Juan Mata (Miliieu de terrain)
Carrière post-2012 : Élu en 2012 et 2013 joueur de l’année à Chelsea, Juan Mata est sur son petit nuage jusqu’au retour de José Mourinho. Après seulement une demi-saison ratée sous la tutelle du Portugais, le créateur de poche va prendre la fuite vers Manchester United, qui le pense, au regard des 50 millions d'euros investis, comme le sauveur de David Moyes, puis de Louis van Gaal. C'est raté.
Salaire : Environ 4,3 millions d’euros par an
Gazouillis : Peut-être le seul joueur de l’histoire à utiliser un hélicoptère comme moyen de locomotion pour passer une visite médicale, le tout vêtu d’un costard s’il vous plaît. La classe à l’espagnole.
Salomon Kalou (Attaquant)
Carrière post-2012 : Il prend gratuitement l’Eurostar pour Lille (2012-2014) où il plante tout de même 30 buts en deux saisons de Ligue 1. L’Ivoirien poursuit ensuite sa route vers l’est et se démène aujourd'hui sur le front de l’attaque du Hertha Berlin.
Salaire à l'époque : 4 millions d’euros
Gazouillis : A déjà dû payer une amende de 10 000 euros pour avoir graffé sur les vestiges du mur de Berlin. Chapeau l’artiste.
Didier Drogba (Attaquant)
Carrière post-2012 : Une fin de carrière assez imprévisible pour Didier. Après le sacre, il part six mois à Shanghai, puis deux ans à Galatasaray (2012-2014). Il retourne jouer les remplaçants de luxe à Chelsea, où il remporte un dernier championnat avant de partir pour la MLS faire le bonheur de l’Impact Montreal.
Salaire à l'époque : 8 millions d’euros
Gazouillis : Sa mère l’appelle Tito, en référence au dirigeant révolutionnaire yougoslave qu’elle a toujours admiré.
Daniel Sturridge (Attaquant)
Carrière post-2012 : Peu utilisé par Chelsea, Sturridge part pour Liverpool en janvier 2013. Il se fait un nom chez les Reds, formant notamment un duo de feu avec Luis Suárez, mais il aurait sûrement pu faire beaucoup mieux après 2014 s’il n’avait pas été miné par les blessures.
Salaire à l'époque : 4,3 millions d'euros
Gazouillis : Habitué à danser lors des soirées de famille, ses cousins l'ont incité à montrer son groove sur les terrains, pour célébrer ses buts. Ainsi est née la fameuse « Studge Dance » .
Fernando Torres (Attaquant)
Carrière post-2012 : La descente aux enfers démarre après la saison 2012-2013, quand Chelsea remporte la Ligue Europa avec un Fernando Torres qui signe sa saison la plus prolifique de sa carrière londonienne avec 27 buts au compteur toutes compétitions confondues. Après ça, le néant. Une demi-saison moyenne avec Chelsea, une autre pourrie en prêt au Milan AC avant de tenter le tout pour le tout là où tout a commencé pour lui : à l'Atlético de Madrid.
Salaire : Environ 11,8 millions d’euros par an
Gazouillis : À 7 ans, El Niño démarrait son parcours de footballeur armé de ses gants plutôt que sur le front de l’attaque. Mais un peu plus tard, son entraîneur s’est quand même dit qu’il ferait un bon buteur.

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Rédaction

Chérif Ghemmour, Valentin Pauluzzi, Nicolas Kssis-Martov, Côme Tessier, Maxime Brigand, Kevin Charnay, Florian Cadu, Fausto Munz, Matthieu Guillot et Giuliano Depasquale


Édition

Chérif Ghemmour et Ronan Boscher


Design et coordination technique

Andy Randrianarijaona et Gilles François


Secrétariat de rédaction

Julie Canterranne


Crédits photo

Réactions (8)

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par Je_Vous_Aime il y a 5 ans
Magnifique article ! Cette victoire reste une des plus incroyable de l'histoire de la Ligue des Champions. C'était écrit.
par Spartak Mort-Saoûl il y a 5 ans
Très agréable de revivre cette épopée assez incroyable dans cet article. Que de souvenirs ! Leur parcours cette année là aura vraiment été impossible à prédire, notamment cet exploit face au Barça contre toute attente.
Merci !
par Spaggiari il y a 5 ans
Énorme ! Merci pour cet article !

Je me souviens que je n'aimais pas Villas Boas et du coup j'étais pas trop pour Chelsea à partir des huitièmes de final. Du coup après l'aller à Naples et même si je n'avais pas d'affection particulière pour les italiens j'étais en mode bien fais pour eux !

Puis Di Matteo débarque avec sa tête d'asiat et quand j'ai su qu'il avait inversé la tendance au retour je me suis mis à les suivre et j'ai pas été déçu !! Tellement d'émotion avec la patate de forain de Mereiles en Quart (comment à ce moment là du match le mec, avec 2 coéquipiers démarqué peut avoir l'idée de tenter une minasse pareil !!?)
En demi j'en avais tellement marre du barça qui gagnait tout, j'étais à fond pour Chelsea et j'ai jamais autant serré les fesses de ma vie ! Déjà au retour à 2-0 c'était plié puis Ramires qui claque un petit lob venu de nul part sans aucune pression dingue le reste c'est de la légende....

Le but de Drogba en final... Un de mes plus grand orgasme footballistique... Puis après c'était n'importe quoi...


Merci pour les souvenir j'ai vraiment eu l'impression de replonger dedans !

Malgré tout ce soir je serais pour le PSG amour de la ligue 1 oblige, puis le chelsea d'aujourd'hui a moins de charme que celuis de 2012 !
par Spaggiari il y a 5 ans
Énorme ! Merci pour cet article !

Je me souviens que je n'aimais pas Villas Boas et du coup j'étais pas trop pour Chelsea à partir des huitièmes de final. Du coup après l'aller à Naples et même si je n'avais pas d'affection particulière pour les italiens j'étais en mode bien fais pour eux !

Puis Di Matteo débarque avec sa tête d'asiat et quand j'ai su qu'il avait inversé la tendance au retour je me suis mis à les suivre et j'ai pas été déçu !! Tellement d'émotion avec la patate de forain de Mereiles en Quart (comment à ce moment là du match le mec, avec 2 coéquipiers démarqué peut avoir l'idée de tenter une minasse pareil !!?)
En demi j'en avais tellement marre du barça qui gagnait tout, j'étais à fond pour Chelsea et j'ai jamais autant serré les fesses de ma vie ! Déjà au retour à 2-0 c'était plié puis Ramires qui claque un petit lob venu de nul part sans aucune pression dingue le reste c'est de la légende....

Le but de Drogba en final... Un de mes plus grand orgasme footballistique... Puis après c'était n'importe quoi...


Merci pour les souvenir j'ai vraiment eu l'impression de replonger dedans !

Malgré tout ce soir je serais pour le PSG amour de la ligue 1 oblige, puis le chelsea d'aujourd'hui a moins de charme que celuis de 2012 !
par Spaggiari il y a 5 ans
Pardon pour le triple post ainsi que les nombreuses fautes d'orthographes, trop d'émotion au moment d'écrire !
par Spartak Mort-Saoûl il y a 5 ans
Complètement ! La patate de cinglé de Meireles, j'étais étonné qu'elle ne troue pas le filet franchement. Le lob de Ramires est somptueux, il faut en avoir pour le tenter quand même, et la passe de Lampard pour le lancer était assez grandiose aussi.
Quant au bon vieux Didier, j'ai rarement vu une tête aussi bien mise que celle qu'il met en fin de temps réglementaire. La puissance qu'il met, complètement fou. Incroyable sur ce match, malgré le penalty concédé, il a défendu comme un acharné et porté l'équipe. De quoi me faire bondir devant ma télé ce soir-là !
par Alain Proviste il y a 5 ans
L'un de mes pires souvenirs de foot... Qu'est-ce que j'ai pu détester ce Chelsea 2012 !
En tout cas, le football est bizarrement fait : l'année où Chelsea méritait sans doute de la gagner, en 2008, ils perdent la finale aux pénos. Quatre ans plus tard, le Bayern avait sans doute plus de mérite (et je dis ça sans être supporter bavarois) mais ils finissent pas concéder la défaite la plus cruelle qui soit, à domicile, face à un Chelsea en mode autobus. Après, j'imagine que c'était un beau pied de nez du destin pour les supporters des Blues et au vu des échecs des saisons passées, le club ne l'avait sans doute pas volé...
par chelseamat il y a 5 ans
Super article j'en ai eu des frissons tout au long de ma lecture en me remémorant cette incroyable histoire! Une épopée inoubliable. Blue is the colour ! KTBFFH