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93, C’est Rien, C’est Le Terrain !

Sommaire

Ce vendredi 4 mai, il est à l’autre bout du globe, en Thaïlande. Eux sont assis au CDI du collège, à Montfermeil. Il est 16h pour l’un, 9h du matin pour les autres. Il est adulte. Eux sont ados. Il a déjà répondu à plusieurs interviews. Ils en sont à leur deuxième. Quand Thierry a accepté la tchat-interview de la 405, classe de quatrième du collège Jean-Jaurès, présentée comme «  dynamique, vivante... parfois trop  » , il ne s’attendait sans doute pas à devoir répondre à la question suivante : « Avez-vous un casier judiciaire ? » Il a répondu, un peu. Ils ont relancé, tentant d’amadouer Thierry par un « C’est Rien, c’est la Rue! » , qu’ils auraient sans doute contracté en « CRCLR » si l'entretien s’était déroulé par texto. Ils ont demandé son identifiant PS4, son niveau à Fortnite, si sa copine habitant au Cambodge lui manquait. La 405 a visiblement bien retenu le conseil livré à l’automne 2017 : « Pour les interviews, votre faiblesse est de n’en avoir jamais faite. Votre force, c’est que votre âge vous autorise à poser des questions que les journalistes adultes ne s'autoriseraient peut-être pas à poser. » Depuis huit mois en effet, cette classe de quatrième de Jean-Jaurès accueille une résidence journalisme, initiée par le Conseil général du 93 et animée par So Foot. À raison de deux sessions de deux heures chaque mois, la 405 a apprivoisé le métier de journaliste, de la recherche documentaire à la rédaction, en passant par les inévitables interviews. Objectif : publier en fin d’année sur le site sofoot.com trois articles différents déclinant le thème du recrutement des jeunes du 93 par les centres de formation français. La réponse de Thierry quant à ses éventuels antécédents judiciaires est à retrouver plus bas. Tout comme le portrait de Jean-Robert, recruteur du FC Nantes en région parisienne, et une cartographie des joueurs professionnels de Ligue 1 nés dans le 93. « 93, C’est Rien, c’est Le Terrain ! »

Listing de tous les joueurs de L1 nés en Seine-Saint-Denis

Cliquez sur les villes de la carte pour découvrir les joueurs concernés, puis passez la souris sur le nom des joueurs
Cartographie réalisée par Hasan, Ahmjed et Yacine

JR Bourrier, vigi(L)e du FC Nantes dans le 93

M. Bourrier, l’œil nantais du 93



Jean-Robert Bourrier est passé sur le gril des questions de la classe 405 pendant deux heures. Recruteur pour le FC Nantes en Île-de-France, il raconte son enfance, son parcours, son métier, sans rien esquiver.

1 - LE 93 SANS LE BÉTON

« Avant, j’avais des champs tout autour de moi. » Jean-Robert Bourrier parle pourtant bien du 93, mais d’une autre époque : la fin des années 1950, le début des années 1960. « À la place de la maison de mes parents, maintenant, c’est un parking. » Pour autant, encore aujourd’hui, il se voit toujours comme un « banlieusard, comme on dit » . Natif de Paris, sa famille – son père, sa mère et son frère – part d’abord habiter à Villiers-sur-Marne (94), puis à Noisy-Le-Grand (93). Ses amusements correspondent à l’époque. « On n’avait pas de téléphones, de jeux électroniques, s’amuse-t-il. On lisait, on jouait aux Indiens, aux jeux de piste, on faisait des cabanes. Tout n’était pas urbanisé comme aujourd’hui. On avait beaucoup d’espaces dehors pour jouer. Pas comme aujourd’hui. » L’espace, il le trouve aussi sur les terrains de football, même s’il lui était impossible de prendre une licence, comme aujourd’hui, à 5-6 ans : « J’ai commencé à Bry-sur-Marne, à 10 ans, puis je suis parti jouer à 18 ans à Noisy-le-Grand en Division d’Honneur, avant de me blesser gravement au genou. »

Dommage, même si M. Bourrier n’a jamais rêvé de devenir footballeur professionnel. Musicien aurait pu lui plaire. « Du piano, de la guitare, mais mes parents ne m’ont jamais obligé ou orienté vers la musique, regrette-t-il. Pourtant la musique est très importante pour moi. » Et l’école alors ? Éduqué de façon plutôt « stricte » , Jean-Robert se dit « plutôt bon » en primaire et au collège. Même s’il n’a pas oublié de sortir parfois du cadre. « Les belles trousses me fascinaient, sourit-il. Et comme mes parents n’avaient pas les moyens de m’en acheter une belle, j’en avais volé une sur un marché. » Ensuite, il se complique un peu son lycée et ses études supérieures, en ne mettant son attention que sur les matières qui lui plaisaient et en suivant trop sa bande de potes. « J’ai manqué de maturité, admet-il. Il y avait une bonne ambiance dans mon groupe de copains et il aurait fallu, à un moment donné, que je coupe le cordon avec eux. Ça m’a fait perdre du temps. »

La Gaillette, pépinière du RC Lens, où a travaillé Jean-Robert

2 - DE PROFESSEUR D’EPS À RECRUTEUR

Petit, Jean-Robert ne rêvait pas forcément du métier de recruteur, mais d’être auprès des jeunes. « J’aime bien transmettre, partager les choses que j’aime, explique-t-il. Déjà, à 16 ans, j’étais moniteur de colonie de vacances pour payer mes études. » Ses études ont alors fait de lui un professeur d’EPS, même s’il n’aurait pas dit non à un poste de prof d’histoire. « J’aurais dû être plus attentif à l’école pour ça » , rappelle-t-il. C’est finalement sa blessure au genou qui l’amènera indirectement vers son métier actuel. En passant son diplôme d’entraîneur, M. Bourrier travaille comme conseiller technique à la Fédération française de football, rattaché au département de la Seine-Saint-Denis, puis obtient un contrat d’entraîneur au centre de formation du Red Star, à Saint-Ouen (93). En parallèle, il supervise les futurs adversaires de l’équipe professionnelle, mais aussi les jeunes footballeurs du 93, « à partir de 1993 » .

Cinq ans plus tard, M. Bourrier ne se consacre qu’au recrutement, mais pour le RC Lens. Le PSG s’adjoint ensuite ses services pour six années, avant que Lille ne mette la main sur lui pour cinq ans. « Et aujourd’hui, j’en suis à ma huitième année au FC Nantes. » L’ancien de Noisy-Le-Grand arpente donc depuis 25 ans les terrains d’île-de-France, qui présentent un gros vivier. « Tu as autant d’habitants en Belgique qu’en Île-de-France, compare-t-il. Il y a une plus grande concentration de jeunes joueurs ici. Tu peux voir 5-6 matchs en un week-end, parfois dans la même ville, alors qu’en province, tu fais une cinquantaine de kilomètres pour aller d’un match à l’autre. » Et si les joueurs tapent à peu près tous de la même façon le ballon, quel que soit le département, il remarque tout de même une particularité à la Seine-Saint-Denis : « Beaucoup de gamins sont issus de l’immigration, donc tu retrouves inévitablement toutes ces couleurs dans les équipes de foot. »

Le centre de formation du PSG

3 - SA MÉTHODE DE RECRUTEMENT

Le métier de recruteur est compliqué. Aucune formation n’apprend à l’être. « Quand tu repères un joueur de 14 ans, l’âge moyen d’un jeune recruté aujourd’hui, tu dois définir ce qu’il sera capable de faire à 20 ans. Pas évident, hein ? » M. Bourrier a sa méthode pour réussir sa mission : planning de joueurs à observer, une colonne « à revoir » et une autre « à signer tout de suite » . Cette deuxième colonne n’est pas sa préférée : « Parfois, et ce n’est pas toujours bien, on agit par peur de la concurrence des autres clubs. » M. Bourrier préfère voir « 5, 6, 7 fois » le jeune footballeur à l’œuvre. Et les performances sur le terrain ne suffisent pas, ce qu’oublient de plus en plus les footballeurs en herbe. « On fait notre petite enquête, convient M. Bourrier. Sans exiger non plus le 18 de moyenne, on regarde les appréciations du dossier scolaire, l’environnement direct – les copains, la famille – du jeune aussi. Un jour, j’apprends qu’un jeune que j’observais venait de passer 2-3 jours au commissariat pour vol. Terminé pour lui. Le foot de haut niveau, c’est être évidemment bon en foot, mais aussi savoir accepter les efforts, la discipline et surtout la vie en collectivité. » Être recruté dans un centre de formation, c’est en effet accepter de vivre pendant près de trois ans avec les autres, la plupart du temps en internat. « Si on sait qu’un joueur visé se lève toujours à midi, qu’il loupe les entraînements, les cours, qu’il n’accepte pas les reproches, qu’il n’aime pas vivre avec les autres, on ne l’engage pas, coupe M. Bourrier. Je me souviens d’un jeune de Créteil, très fort, renvoyé de quatre clubs professionnels parce que sa personnalité ne supportait pas la vie de groupe. »

Une fois la petite enquête réalisée, si elle correspond à ce que le FC Nantes recherche, alors M. Bourrier passe à l’action, parfois directement après un match : « Je peux parler à l’entraîneur du joueur, savoir si je peux entrer en contact avec les responsables du club, la famille. Ça peut déclencher une visite au centre de formation ou un stage chez nous, et peut-être ensuite une proposition de signature. » Parle-t-on déjà argent lors de ces tractations ? « Oui, on parle des frais kilométriques pour les parents par exemple, répond-il sans filtre. C’est un budget pour eux de venir voir leur enfant à Nantes, alors qu’ils sont de la région parisienne. » Payer un permis de conduire, des cours particuliers de piano peuvent aussi être des arguments pour quelques-uns. « Certains clubs ont beaucoup d’argent à donner aux jeunes, finit le recruteur nantais. L’année dernière, un joueur du Paris FC, Hannibal Mejbri, a signé pour Monaco et les parents ont touché un million d’euros... »

Hannibal Mejbri, le jeune homme à 1 million

4 - LES DIFFÉRENCES ENTRE LES CLUBS

Tous les recruteurs de France ont le même objectif : « Faire que celui qu’on recrute progresse et signe professionnel. » Aussi, les manières d’apprendre sur le terrain des clubs formateurs sont les mêmes d’un club à l’autre. « On retrouve les mêmes séances d’entraînement, en gros, puisque les entraîneurs vont de club en club, ont les mêmes formateurs, lisent les mêmes livres » , renseigne M. Bourrier. Mais alors où se jouent les différences d’un club à l’autre ? Il y a d’un côté l’argent, évidemment. « Le football, aujourd’hui, est aussi un business, ne nie pas M. Bourrier. Un centre de formation coûte cher. Il faut rentabiliser donc essayer de sortir le maximum de joueurs pour ton équipe senior ou les revendre. Certains clubs ne vivent que par ça. » À l’image du cas Mejbri à Monaco, certains centres de l’Hexagone investissent plus que d’autres. « Travailler avec les moyens du Red Star ou ceux du PSG, ce n’est pas la même chose » , confirme le recruteur nantais. La négociation sur les fameux frais kilométriques est importante, d’autant qu’un jeune footballeur peut faire jouer la concurrence entre les centres, s’il a plusieurs propositions. « Vu la difficulté de la vie aujourd’hui, ça peut entrer en ligne de compte pour une famille » , valide M. Bourrier.

Côté recruteur, les salaires diffèrent aussi. Certains touchent des primes si un joueur signe un contrat professionnel, certains sont à temps plein, d’autres à temps partiel, comme Jean-Robert aujourd’hui. « Certains gagnent 200 euros par mois ou ne sont payés qu’en fonction des kilomètres parcourus, explique-t-il. Personnellement, j’étais presque deux fois plus remboursé sur ces frais au PSG qu’à Nantes. Mais ce ne sont pas toujours les clubs les plus riches qui paient le mieux. » En effet, si tous les clubs sont formateurs, tous ne valorisent pas la formation, ne sont pas utilisateurs de ces jeunes joueurs pour leur propre équipe professionnelle. « Le PSG, par exemple, fait du très bon travail avec les jeunes, mais ils auront beaucoup de difficultés à jouer avec les pros, poursuit M. Bourrier. Le niveau de compétition, d’exigence, n’est pas le même qu’à Nantes, Rennes ou Metz, par exemple. » Car au-delà de l’argent, chaque recruteur, chaque club peut faire jouer un autre argument pour convaincre un jeune d’intégrer son centre de formation : la philosophie du club, son image. « Nantes a une très grande image de marque, en matière de formation » , détaille Jean-Robert. Certains parents choisissent aussi la destination de leur enfant en fonction des études proposées. « Signer dans un centre de formation, c’est un projet sportif, ok, mais c’est surtout un projet de vie, résume M. Bourrier. L’objectif du recruteur, c’est de trouver la corde sensible, l’argument qui fera mouche pour le jeune et/ou sa famille. Et ce ne sera jamais le même argument à chaque fois. Parfois, un jeune signe dans un club parce que c’était le club supporté par son grand-père. »

La Masia, centre de formation du FC Barcelone

5 - IMPACT DU MÉTIER SUR LA VIE PRIVÉE

On l’a bien compris : être recruteur, c’est du temps, beaucoup, et parfois pas beaucoup d’argent. Si M. Bourrier est à temps partiel aujourd’hui (mais en CDI), c’est parce qu’il est à la retraite et qu’il veut aussi profiter un peu plus de son temps libre. Mais, auparavant, il était à temps plein, que ce soit à Lens, à Lille, au PSG ou lors de ses premières années à Nantes. Et pour la vie de famille, de son propre aveu, « ce n’était pas facile » . Avalant les kilomètres, absent les week-ends, présents à tous les tournois de jeunes lors des jours fériés, à Pâques, pour les ponts de la Pentecôte, de l’Ascension, ses missions de recrutement lui ont pris beaucoup de temps. « Sans compter le temps de préparation, les rapports à faire » , ajoute M. Bourrier. Ce mode de vie hors du foyer familial a causé quelques modifications majeures à sa vie personnelle. « On s’est séparés il y a longtemps avec la mère de mon fils, confie-t-il. Je suis resté un bout de temps célibataire ensuite. J’ai élevé mon fils quasiment tout seul. Enfin non : mes parents, qui n’habitaient pas loin, m’ont aidé pour le garder en semaine et mon ex-femme le week-end. Je suis avec une nouvelle compagne depuis quinze ans maintenant. » L’impact du football sur la vie privée n’affecte pas seulement le milieu du recrutement. « Beaucoup d’entraîneurs se séparent de leur femme ou ont des problèmes familiaux » , finit M. Bourrier. Toujours difficile d'avoir deux amours.


Textes écrits par :
1 - Par Ahmed, Hanya, Naïla et Salimata.
2 - Par Amina, Emma et Lydia.
3 - Par Amadou, Balla, Inès et Sonia.
4 - Par André, Calvin, Hasan K. et Tidiane.
5 - Par Asma, Hanae et Jade.

Thierry Chantha Bin : « Dans la rue, on me demande parfois des selfies »

À l’autre bout du monde, en Thaïlande, et avant de partir à l’entraînement, Thierry Chantha Bin prend le temps de répondre à un tchat Facebook, avec 7 heures de décalage horaire. Questions courtes pour réponses courtes, Thierry explique son choix de vie et son départ pour l'Asie, loin du 93.


Bonjour. Depuis quand jouez-vous au foot et à quel poste ?
Bonjour. Je joue depuis que j’ai 11 ans. J’ai commencé arrière gauche et je suis milieu défensif maintenant.

Avez-vous des connaissances à Montfermeil ?
J’avais des potes de Montfermeil qui jouaient avec moi au Bourget, en 14 fédéraux.

Plus jeune, avez-vous été recruté par un centre de formation français ?
J’ai été repéré dans un tournoi d’Île-de-France. Le recruteur du RC Strasbourg a contacté mes parents et c’est allé très vite. J’ai joué pour Strasbourg pendant 2 ans et demi.

Quel a été votre niveau scolaire ?
Ouah, l’école et moi, c’est pas une histoire d'amour. J’ai arrêté en première. Mais c’est l’un de mes plus grands regrets, de pas avoir poussé plus loin à l'école.

Pourquoi ?
J’étais un flemmard et on ne se rend pas compte de la chance qu’on a d'être scolarisé gratuitement en France. C’est un bagage qui nous sert à vie.

Vos parents faisaient quoi comme métier ?
Ma maman était au chômage et mon papa bossait dans la sécurité.

« Ma mère craignait la mentalité cambodgienne, un peu old school » Thierry Chantha Bin

Pourquoi avoir quitté la France ?
J'en avais marre de la France, même si je jouais en CFA à l’époque. J'avais besoin de changer d'air et de vivre de ma passion. En France, je devais travailler à côté aussi. J'étais chauffeur livreur.

Pourquoi avoir choisi le Cambodge ?
Car je suis cambodgien et je peux jouer pour l'équipe nationale.

Si vous n'aviez pas eu la possibilité d'aller au Cambodge, où seriez-vous allé ?
Alors là, aucune idée. Peut-être que j’aurais arrêté le foot.

Quel métier auriez-vous fait si vous n'aviez pas été footballeur ?
Avec mon niveau scolaire, je ne sais pas où je serais. Allez, on va dire taximan !

Comment a réagi votre famille à votre départ ?
Ma mère avait peur de me voir aller dans un pays pas développé et elle craignait la mentalité cambodgienne, que je sois à l’autre bout du monde. Elle n’avait pas une bonne image du pays. Mais elle m’a toujours supporté. Et de me voir réussir et heureux, ça l’a rassurée.

De quelle mentalité parlez-vous ?
Mentalité old school et une certaine jalousie du fait que je vienne de France.

« Aulnay-sous-Bois me manque, tous mes amis y sont » Thierry Chantha Bin

Pourquoi avez-vous choisi d'aller jouer en Thaïlande ensuite ?
J'ai joué au Cambodge pendant quatre ans et je voulais changer, explorer d'autres championnats. Et le foot en Thaïlande est plus développé qu’au Cambodge.

Comment avez-vous été recruté ?
J’ai fait des matchs test au Cambodge contre l'équipe qui m’a recruté.

Vous sentez-vous dépaysé là-bas?
Pas du tout, il y a beaucoup d’expat’ ici et de Français. Donc ça va. Ce sont les grecs (sandwichs, N.D.L.R.) qui me manquent le plus ^^.

Vous avez de la famille en Thaïlande (enfants, femme, copine...)?
Toute ma famille est en France. Je n'ai pas encore d'enfants et ma copine vit au Cambodge.

Votre copine vous manque-t-elle ?
Oui, bien sûr, mais elle peut venir me voir les week-ends.

Et Villepinte ?
Aulnay-sous-Bois plutôt, ça me manque, car tous mes amis y sont.

Maitrisez-vous la langue thaïlandaise ?
Je parle un petit peu thaïlandais, mais je parle couramment le cambodgien depuis tout jeune. Ma mère nous parlait cambodgien à la maison. C’est comme ça que j’ai appris.

« En Asie, je gagne presque dix fois plus que ce que je gagnais en France » Thierry Chantha Bin

Comptez-vous rester en Asie pour toujours ?
Comme dans chaque pays du Tiers-Monde, c’est difficile avec la pauvreté, etc. ça peut être flippant, mais une fois qu’on y est, tout est ok. J'espère finir ma vie en Asie, même si, pour mes enfants, j'aimerais être dans un pays plus développé (comme la France ou le Canada).

Est-ce que des clubs européens vous ont courtisé depuis votre départ en Asie ?
Pas courtisé, mais des agents m’ont proposé de retourner en Europe, comme en Belgique ou en Turquie. Ce n’était pas très précis. Mais je ne suis pas intéressé par cette idée.

Pouvez-vous nous dire votre tranche de salaire en France et combien gagnez-vous aujourd'hui ?
En France, j’étais jeune, donc je gagnais entre 600 et 1000 euros par mois. Aujourd'hui, je gagne presque dix fois ça.

Comment vous occupez vos journées libres ?
Je les passe avec mes coéquipiers ou à jouer à la Playstation.

Pouvez-vous nous décrire votre journée type ?
Matin, réveil vers 10h et petit déjeuner. Ensuite, gym ou relax à la maison. Lunch vers 13h, puis repos. 15h30-16h, go à l'entraînement pour des soins, des massages, etc. Et entraînement à 17h. Le soir, je dîne avec mes coéquipiers en général. Et dodo avant minuit, on essaie.

« Ici, ils n’ont pas le sens du mot idole ou star » Thierry Chantha Bin

Peut-on dire que vous êtes une star au Cambodge ?
On peut dire ça oui, mais star, c’est un grand mot au Cambodge. Ici, ils n’ont pas vraiment le sens de ce mot ou du terme idole. Mais, dans la rue, on me demande parfois des selfies.

Êtes-vous l'un des meilleurs joueurs de votre équipe ?
Meilleur, je sais pas, lol, mais j’essaye de donner mon max à chaque fois.

On peut voir vos matchs à la télé ?
Oui, il y a des liens sur Facebook pour ceux qui ne sont pas en Thaïlande. On passe à la télé locale aussi. Nos matchs sont sur une appli qui s’appelle iflix. Mais ça marche qu'ici.

Avez-vous des contacts avec de grands joueurs en Europe ?
Avec Billy Ketkeo du SCO d’Angers, un de mes meilleure amis. Après, j’en connais d’autres, qui ne sont pas des grands noms, comme vous dites. Mais ils font de bonnes carrières en Europe.

Avez-vous un casier judiciaire lol ?
J’ai failli en avoir un, mais non.

Pourquoi ??
Petit vol, avec un pote.

Vous pouvez nous raconter ?
Non, c’est trop gênant, ahaha.

C'est Rien C'est La Rue !!!
Lol. Non non. Next.

Où êtes-vous et que faites-vous là, tout de suite ?
Je me prépare pour l'entraînement. Donc je vais devoir vous laisser. Ça a été un plaisir d'avoir échangé avec vous. Je dois y aller. Byeeeee.

Merci beaucoup et bon entraînement.
Rédaction

Ronan Boscher, Morgane Houeix (professeur de français), Emmanuel Da Rocha (professeur d'EPS) et la 405


Édition

Ronan Boscher


Design et coordination technique

Aina Randrianarijaona et Daniel Ricklin


Secrétariat de rédaction

Julie Canterranne


Remerciements

Le Conseil général du 93, Sarah Descargues, Brieux Férot, le collège Jean-Jaurès de Montfermeil, Jean-Robert Bourrier, Thierry Chantha Bin, Emmanuel Da Rocha, Morgane Houeix et tous les professeurs ayant accepté le prêt de quelques heures de leurs cours


Crédits photo