Huit ans après son départ de Lille, Hervé Renard va diriger ce vendredi son premier match à la tête de l'équipe de France féminine. Pour bien préparer ce rendez-vous capital, voici un tuto pour porter votre chemise blanche avec goût.

Léo Tourbe

Si l’on ne sait pas encore quelles joueuses commenceront le premier match de l’ère Hervé Renard ce vendredi contre la Colombie, à Clermont-Ferrand, l’accoutrement du néosélectionneur ne fait quasiment aucun doute. Sauf énorme retournement de situation, le vainqueur des CAN 2012 et 2015 devrait porter sa chemise blanche fétiche. Un bout de tissu que ce coach superstitieux a adopté en 2010 : « Nous avons gagné notre premier match contre la Tunisie, et je portais une chemise blanche. Le match suivant, nous avons perdu contre le Cameroun et j’avais mis une chemise bleue », avait-il expliqué à la BBC en 2012. Depuis, sa liquette immaculée ne quitte plus ses épaules lors des matchs, sauf lorsqu’il remporte un trophée et qu’il se met torse nu.

Attention, ça tire

Depuis plus d’une décennie, Hervé Renard a fait un choix fort : celui de porter son vêtement de manière très moulante. Ce qui ne passe pas forcément auprès de tout le monde. « On tend vraiment vers ce que j’appelle la chemise de boîte de nuit. Très cintrée, un brin vulgaire. C’est une zone dangereuse. La chemise blanche en popeline, c’est une chemise de ville faite pour être portée ample, cravatée sous une veste », analyse Marc Beaugé, rédacteur en chef du magazine de mode masculine L’Étiquette (n°10 disponible le 7 avril). Toutefois, les heures passées par le technicien à la salle de sport rattrapent un peu ce constat : « J’imagine volontiers que quand on prend soin de son corps comme il a l’air de le faire, on a plutôt envie que ça se voie. » Et puis, même s’il porte son vêtement deux, voire trois tailles trop petit, son accoutrement fait passer un message. « La chemise blanche a un truc un peu dramatique, un peu théâtral. Quand tu penses aux chemises de Bernard-Henri Lévy, c’est un peu ça aussi. Ces mecs qui ont fait de la chemise blanche un truc identitaire », appuie Marc Beaugé.

Justement, des chemises blanches pour BHL, Daniel Lévy en a fait quelques-unes et sait de quoi il parle. Pour le propriétaire de la boutique éponyme dans le 8e arrondissement de Paris, le secret d’une belle chemise blanche, c’est qu’« il ne faut pas qu’elle soit portée trop ajustée, parce qu’une belle matière s’exprime d’autant mieux quand il y a un peu de souplesse ». Si on veut aller plus loin, on pourrait même se diriger vers « une popeline (technique de tissage) de coton, en double rotor et en coton d’Égypte, tissée dans les meilleures maisons ». Et si on veut vraiment pousser jusqu’au bout de l’élégance, « il faut que les boutons soient en nacre, pas en plastique. Cela peut être de la nacre Australia ou Mother of Pearl, qui est très blanche avec de jolis reflets, des nuages, et cela va souligner la blancheur de la chemise. Si elle est réalisée en France c’est encore mieux, parce qu’on a un vrai savoir-faire. »

La plupart des hommes gagnent à être habillés de manière plus ample et souple.

Daniel Lévy, chemisier pour BHL

Niveau morphologie, on pourrait penser qu’Hervé Renard et ses muscles mettent facilement en avant une chemise. « Les gens qui habillent les hommes, les tailleurs, les chemisiers, ont en horreur les personnes très musclées, explique Marc Beaugé. C’est difficile à habiller, plus que des gros. Les gens très musclés, avec des trapèzes développés, une taille très fine… C’est compliqué à faire d’un point de vue technique pour les gens qui font des chemises. » Une difficulté corroborée par Daniel Lévy, qui confie que « la plupart des hommes gagnent à être habillés de manière plus ample et souple ».

En revanche, Hervé Renard a la fâcheuse habitude de porter des chemises avec du stretch, c’est-à-dire légèrement élastique. Un véritable blasphème dans le milieu. « Le stretch, c’est l’ennemi de l’élégance », confirme le rédacteur en chef de L’Étiquette. Dernier point : le confort. « En chemise, on doit pouvoir bouger les bras, les lever sans qu’elle sorte du pantalon, on doit pouvoir s’asseoir sans que ça fasse des espèces de bourrelets devant. Il n’y a pas d’élégance sans aisance », divulgue Marc Beaugé. Pour Daniel Lévy, bien porter une chemise blanche se résume finalement en une devise : « De l’ampleur, de la souplesse, de l’élégance. » Avoir une carte de fidélité chez Point Soleil n’est donc pas une obligation afin d’être chic.

Léo Tourbe

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