- Le journal de Zlatan
Zlatan, entre chignon et Goncourt
Cette semaine, Zlatan a marqué contre Zagreb, a laissé « Gamérau » marquer contre Reims, a dévoilé le montant de son loyer et a été nommé pour un prix littéraire. Si le Suédois prenait la plume pour raconter ses impressions, voilà ce que cela donnerait. Ou pas.
Cher journal,
Cela commence à devenir un peu la routine, ici à Paris. Ces derniers jours, j’ai disputé deux matchs avec le PSG. Inutile de te préciser qu’il s’agit là de deux victoires. Je vais vraiment commencer à croire que les équipes en face ont peur de marquer un but contre nous. Pourtant, on les aide. Enfin, surtout Van der Wiel. Faut pas croire, il est généreux, il a envie de donner du bonheur aux attaquants adverses, avec son putain de bras incontrôlable. Bref, nous avons d’abord battu Reims, 1-0. J’aurais pu marquer, mais je n’avais pas envie. Marquer à tous les matchs, je laisse ça au nabot et à l’autre, là, avec sa coupe au Pento. Et puis bon, je sais que Gamérau, ça lui fait plaisir. Il marque un but, il est content pour le mois qui suit, ça le recrédite. En fait, Gamérau, c’est une carte de téléphone, une carte SIM. Sauf que lui, tous les appels qu’il fait sont en absence. Depuis deux ans.
Après Reims, nous nous sommes également imposés en Coupe d’Europe contre Zagreb. Ce coup-ci, je me suis autorisé à marquer, puisque je ne l’avais pas fait au match précédent, contre les nains portugais. Bon, par contre, il va falloir commencer à faire quelque chose pour Hoaro. Lui, son crédit est carrément expiré depuis l’année dernière. Il lui faudrait un forfait illimité soir et week-end pour espérer marquer enfin un but. Même la défense croate y a mis du sien pour l’aider. Tiens, en parlant d’eux, ils sont cons, ces Croates. Au début du match, ils ont mis la musique de la Ligue des champions, pour faire croire à leur public qu’ils sont en C1. Calmez-vous, les mecs. Tu ne peux pas encaisser un quadruplé de Bafégomis et revenir, comme ça, comme une fleur, en étant toujours en Ligue des champions. C’est interdit par le règlement. Regarde, Zilina. Depuis qu’ils se sont mangé un triplé de Gignac, on ne les a plus revus. Tant mieux, d’ailleurs. À ce propos, pauvre Gignac. Il s’est fait mal à son petit pied, le petit gitan tout sensible. C’est ça de vouloir se mesurer à Zlatan. Quand il s’agit de rentrer dans le dur, d’aller au contact, il n’y a plus personne. C’est ça aussi de manger trop de plats en sauce et pas assez de laitages : les os deviennent plus fragiles.
Bon, sinon, je suis dégoûté. Le coiffeur a fait n’importe quoi avec ma queue de cheval. Il m’a fait un chignon, bordel ! En même temps, j’aurais dû me méfier, vu que c’est Jallet qui m’avait filé l’adresse. Un peu comme si Verratti te donnait l’adresse d’une esthéticienne, ou Cassano le numéro d’un dermato. Ou Nene le contact de son prof de français. C’est pas compatible. En tout cas, je compte régler ça au plus vite, afin d’être présentable pour le match du week-end contre Nancy. Je dois bien ça au public de Marcel Picot. Les mecs se tapent des purges pendant toute l’année. Si je peux leur offrir un petit moment d’évasion… Je suis sûr que rien qu’une talonnade, ils en parleraient pendant six mois sur la place Stanislas. Et je te dis même pas si on ose faire un une-deux avec Jérémy. Ça, je crois qu’ils n’ont jamais eu la chance d’en voir un en 45 ans d’existence.
À part ça, ici, tout le monde se touche… Non pas parce que je vais peut-être devenir le Goncourt suédois, pour un truc qu’un type a écrit à ma place, mais a signé de mon nom, mais parce que je paye 40 000 euros de loyer par mois. Et alors ? Je croyais qu’en France, il fallait gagner l’équivalent de trois fois son loyer. Effectivement, je ne suis pas dans les normes, puisque je gagne 29 fois mon loyer. Je pensais que les Français étaient des gens qui appréciaient le luxe. Tu parles. Ils préfèreraient que je vive dans un F2 dans la tour de Porte de la Chapelle, avec la CAF qui me verse un complément d’allocation. Quels tocards ! Zlatan n’aime ni les pauvres, ni les chapelles. Je laisse ça à Kaká et à tous ces couillons qui disent qu’ils jouent pour Dieu. Dieu n’existe pas. Par contre, Zlatan existe. Et c’est déjà une bonne chose. Je te laisse, cher journal. Je te retrouve la semaine prochaine, pour te raconter comment j’ai humilié une équipe qui croit qu’elle peut gagner des matchs avec Mollo en pointe, puis comment j’ai éliminé l’ancien leader de Ligue 1 de la Coupe de la Ligue. À bientôt.
Z.
NB : Fais-moi penser aussi à être très méfiant si Bodmer me file l’adresse de son diététicien. Ne jamais accepter.
PS : En fait, Gamérau n’est pas une carte de téléphone. C’est un personnage duCollège fou fou fou, qui rétrécie selon les épisodes. Par contre, s’il commence à avoir des bras plus petits que ceux de Valbuena, il ne va plus pouvoir traîner à côté de moi.
Ceci est évidemment une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels et avérés serait fortuite. Enfin, pas tant que ça.
Par Eric Maggiori