Déjà patron
« On m'a dit que c'était un club spécial. Pas dans le sens péjoratif, mais par rapport à la présence des supporters, cette ambiance chaude. » Si les premiers mots du nouveau meneur de jeu nîmois peuvent paraître maladroits, ils cachent en réalité l’ambition d’un joueur en quête d’adoption. Car, après seulement dix bouts de match en Ligue 1 avec Bordeaux en une saison et demie, le gamin a besoin de considération. En tout cas davantage que celle donnée par les supporters girondins, qui n’avaient pas hésité à le vilipender en décembre dernier après qu'il s'était maladroitement affiché avec un survêtement du PSG.
Plus aucun respect du maillot ses nouvelles génération ! #benrahou #girondins #enlevecettemerde #respectetonclub pic.twitter.com/SPfDJzVN98
— SashhBDX (@sashh_bdx) December 23, 2019
Deux jours avant Noël, le club bordelais lui rappelle alors que le Scapulaire est « une fierté qu'il faut représenter dignement dans les différents moments de sa vie » et que « l'institution est au-dessus de tout » . Mais, depuis le début de saison, c'est surtout le système de jeu de Paulo Sousa qui est au-dessus de Yassine Benrahou, véritable neuf et demi, qui aura eu bien du mal à trouver sa place dans le 3-4-3 du technicien portugais. En étant prêté à Nîmes, avec une option d'achat de 1,5 million d'euros, Benrahou a décidé de véritablement lancer sa jeune carrière. Et dès son premier match ce samedi, contre Reims, Blaquart n'a pas hésité à passer du 4-4-2 au 4-2-3-1, juste pour confier les clés du camion à l'international espoir marocain. Bien lui en a pris : Benrahou les a rendu fous.
« Je savais que j'allais la mettre au fond »
D'abord, en prenant le jeu à son compte sans demander l'avis de personne, bien aidé malgré tout par un Zinedine Ferhat retrouvé. Ensuite, car il a été flamboyant et a presque tout réussi. Pourtant, dans ce match haché par les fautes, le joueur de poche aurait pu se cacher et sombrer. Il n'en a rien été. Et preuve du respect qu'il impose déjà, il a tiré tous les coups francs et les corners des deux côtés. Positionné derrière Renaud Ripart, premier buteur de la rencontre, il a été très remuant et n'a pas hésité à décrocher. Avec 61 ballons touchés, plus de 82% de passes réussies, quatre centres réussis et cinq fautes subies, il a également prouvé que sa justesse technique pouvait être la nouvelle arme offensive des Crocos dans leur quête du maintien. Car depuis le départ de Téji Savanier à Montpellier cet été, l'équipe de Bernard Blaquart manquait cruellement d'un maître à jouer.
Cette semaine, lors de son premier entraînement à la Bastide, en inscrivant deux buts lors d’un petit match de deux fois douze minutes, Benrahou a convaincu le coach gardois de revoir ses schémas. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le natif de Blanc-Mesnil lui a rendu sa confiance. Notamment en fin de rencontre, quand il a propulsé un coup franc somptueux dans la lucarne adverse. « Je savais que j'allais la mettre au fond, sans être prétentieux » , a-t-il balancé samedi soir au micro de Canal +, après cette victoire acquise aux forceps. Sûr de lui et certain d'avoir fait le bon choix en rejoignant pourtant un club qui a vécu six premiers mois difficiles, le néo-Nîmois ne veut pas en rester là. Surtout après un match de haute volée, et quelques heures à peine après une énième défaite des Girondins. Avant de les recevoir le 21 mars prochain aux Costières, le mauvais œil Benrahou devrait encore frapper.
Par Maxime Renaudet
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