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Xérès, les réfugiés et le football

Par Gabriel Cnudde
Xérès, les réfugiés et le football

Tout au sud de l'Espagne, dans la province de Cadix, la ville de Xérès accueille chaque année des milliers de réfugiés ayant traversé le détroit de Gibraltar. Pour améliorer leurs conditions de vie, les sortir de leur difficile quotidien et les divertir, tous peuvent désormais rejoindre un club de football qui leur est réservé : Alma De África UD.

Jamais la question de l’accueil des réfugiés venus du monde entier n’avait été aussi étudiée qu’aujourd’hui. Ils sont de plus en plus nombreux à chercher un refuge en France, bien entendu, mais également en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne. Après des voyages interminables, dangereux, après des traversées de déserts, de dictatures et de vastes étendues d’eau, certains parviennent à traverser le détroit de Gibraltar et à poser les pieds sur le Vieux Continent. Une fois arrivés à Xérès, certains poursuivent leur route au nord. D’autres, au contraire, restent sur place. Sans autre perspective d’avenir que la survie. Il y a quelques années, le football n’était qu’un souvenir pour certains, un rêve pour d’autres. Pourtant, depuis peu, quelques réfugiés des rues de Xérès peuvent rejoindre l’Alma De África UD et disputer le championnat de la quatrième division andalouse. Une opportunité inespérée pour oublier un quotidien parfois trop difficile et une porte ouverte sur un avenir peut-être moins morose.

Melting potes

Bien évidemment, l’Alma de África UD n’est pas le premier club réservé aux réfugiés. En Europe par exemple, de telles initiatives se sont déjà concrétisées en Italie, à Lampedusa, avec l’équipe de Koa Bosco. Mais l’ampleur de l’équipe de l’Alma De África la rend unique en son genre : au sein du club, ce sont quinze nationalités différentes qui se côtoient. Des Africains, bien entendu, mais aussi quelques personnes venues d’Amérique du Sud. Un véritable melting pot de nationalités, donc, mais aussi de religions : ici, chrétiens, musulmans et autres jouent ensemble sous le même maillot. « Ici, il n’y a pas de noirs, de beurs ou de membres de telle ou telle tribu. On fait tous partie de la même famille » , résume Kameni, un des joueurs de l’équipe, au canard espagnol Marca. L’idée de réunir les réfugiés pour les faire jouer au football est bien plus vieille que le club lui-même. Bien avant sa fondation, en 2015, de grands matchs étaient organisés dans la ville de la province de Cadix. Mais sans que rien ne soit structuré.

À la tête du club depuis sa création, le président Alejandro Benítez a pu compter sur la solidarité de dizaines d’habitants prêts à mettre la main au portefeuille. Et sur la disponibilité de Pepe Correa, un ancien footballeur et un ancien scout, qui a accepté le poste d’entraîneur sans ciller. « Ils disent que je suis le guru, le sorcier de la tribu. Techniquement, ils sont limités, mais on arrive à avoir de bons résultats parce qu’ils ont tous réalisé un rêve en rejoignant une équipe de football » , explique-t-il à Marca en octobre dernier. Sur le terrain, les joueurs peuvent parler plus de 200 dialectes différents. Mais arrivent pourtant tous à comprendre. Il faut dire que le football se joue avec les pieds et le cœur, pas avec la langue. Et le cœur, les joueurs de l’Alma de Àfrica UD l’ont gros comme un ballon de football. Quatrièmes de la quatrième division andalouse après dix matchs disputés, les réfugiés font forte impression dans la région de Cadix.

Tragédies et renaissances

Avant de pouvoir s’envoyer de longues transversales sur les terrains de football andalous, les membres de l’équipe ont tous dû affronter de plus longues traversées encore. Marc Sango est par exemple venu du Burkina Faso à pied, puis en bateau, moyennant 2 000 euros, une fortune. Après plusieurs problèmes, qui auraient pu l’envoyer directement traverser le Styx, il est finalement arrivé en Espagne. Même son de cloche chez tous ses partenaires, qui auraient tous pu ne jamais arriver, et qui souhaitent désormais ne plus partir. Kameni, toujours dans les colonnes de Marca, racontait son difficile trajet : « J’ai eu beaucoup de chance de ne rencontrer personne dans le désert. J’ai dû passer six frontières illégalement avant d’arriver en Espagne. Nos familles sont loin de nous, et le football est la seule chose qui nous donne une vie et un peu d’espoir. Je n’ai jamais eu l’occasion de jouer avant mon arrivée ici, et c’était un rêve que je pensais ne jamais pouvoir accomplir. »

Il serait faux de penser qu’une équipe de football a le pouvoir d’offrir à ces réfugiés un futur plus radieux. Ce n’est d’ailleurs pas son but ni son rôle. Ce que peut cette organisation, en revanche, et ce qu’elle s’efforce de faire jour après jour, c’est de rendre le présent plus supportable à des gens qui essayent d’oublier leur passé. Aucun de ces joueurs ne deviendra du jour au lendemain la star d’un club espagnol. Aucun de ces joueurs ne gagnera sa vie grâce au football. Mais le fait de jouer ces matchs chaque week-end est déjà une victoire en soi. Une victoire qui vient s’ajouter à une autre : celle d’avoir réussi à quitter les guerres civiles et les balles.

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Par Gabriel Cnudde

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