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Wissam Khalil : « Il faudra beaucoup de temps pour reconstruire Beyrouth »

Propos recueillis par Alexis Billebault
Wissam Khalil : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Il faudra beaucoup de temps pour reconstruire Beyrouth<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Wissam Khalil travaille près du port de Beyrouth, où a eu lieu l’explosion qui a ravagé la capitale du Liban. L’ancien joueur de la Sagesse, aujourd’hui sélectionneur adjoint, n’était pas dans son bureau au moment où la ville a basculé dans l’horreur mais raconte le quotidien actuel d'un lieu déjà ravagé par la crise économique.

Où étiez-vous mardi, vers 18 heures, au moment de l’explosion ?Je venais de quitter ma maison, qui est située à environ huit kilomètres du port de Beyrouth. Comme il fait très chaud actuellement, je roulais vitres fermées. Il y a eu deux puissantes détonations, la deuxième encore plus forte. La voiture à bougé, c’est dire la puissance de l’explosion. J’ai vu une épaisse fumée, et j’ai essayé de savoir de quoi il s’agissait. Ici, on a l’habitude des attentats donc beaucoup d’habitants ont sans doute cru que c’en était un. Très vite, avec Facebook ou WhatsApp, il y a eu les premières informations qui parlaient d’une explosion au port et c’est ensuite qu’on a parlé du nitrate d’ammonium.

Il y a de la corruption, de l’ignorance et de l’incompétence. C’est un mélange qui fait très mal, et j’espère que le drame de mardi nous servira pour l’avenir.

Vous travaillez justement à proximité du port, est-ce exact ?Oui, à quelques centaines de mètres. Mais depuis plusieurs mois, en raison de la crise sanitaire notamment, nous quittons nos bureaux à 14 heures. C’est le cas pour l’entreprise de publicité qui m’emploie en tant que comptable, mais aussi pour d’autres. Donc si l’explosion avait eu lieu plus tôt dans la journée, le nombre de victimes aurait été encore plus important et j’aurais pu être personnellement touché. Toutes les pertes matérielles peuvent être compensées, mais rien ne consolera ceux qui ont perdu des proches. Le Liban est un petit pays, beaucoup de familles sont touchées directement ou indirectement. D’après ce que l’on sait, il y a eu beaucoup de victimes dans le secteur du port. Des employés, mais aussi des personnes qui vivent dans les quartiers tout proches ou des passants.

Les images diffusées par les différentes chaines de télé montrent une ville ravagée.Je crois que tous les quartiers de Beyrouth ont été touchés, certains plus que d’autres. Des bâtiments se sont effondrés, il y a des débris partout. Du verre par terre, des voitures détruites… C’est vraiment très impressionnant. Selon certains spécialistes, une partie de l’explosion a été d’une certaine façon absorbée par la mer. Cela signifie que si l’entrepôt avait été situé ailleurs qu’à proximité de la mer, les dégâts auraient été encore plus importants. Ils le sont déjà, il faudra beaucoup de temps pour reconstruire. Je ne me suis pas rendu dans les quartiers les plus touchés pour me rendre compte de la situation, afin de ne pas gêner les secours. Il y a, depuis cet événement, beaucoup de solidarité entre Libanais. Chacun fait ce qu’il peut, en fonction de ses moyens, pour venir en aide aux victimes. Il y a beaucoup de personnes qui n’ont plus de domicile, il y a aussi l’aide internationale très importante qui se met en place. Pour nous, la visite d’Emmanuel Macron dès jeudi était essentielle. Le soutien moral, humanitaire et financier de la France nous fait du bien.

Le chef de l’État français a eu des mots assez durs, envers le gouvernement libanais…Vous savez, cela fait longtemps que les Libanais sont fatigués par ce qu’il se passe dans le pays. Il y a de la corruption, de l’ignorance et de l’incompétence. C’est un mélange qui fait très mal, et j’espère que le drame de mardi nous servira pour l’avenir. Une enquête a été ouverte, il faut qu’elle soit menée avec transparence. D’après ce que l’on dit, cette explosion est due à la présence de plusieurs milliers de tonnes de nitrate d’ammonium dans un entrepôt situé sur le port mais on attend les conclusions de l’enquête.

Au niveau du mode de fonctionnement et de ses structures, le foot libanais n’est pas professionnel.

Les Libanais sont-ils à bout ?Nous sommes un peuple solide, généreux, combatif, résistant, parfois nonchalant aussi. Le Liban a connu des moments très difficiles, depuis des décennies. Il y a depuis de très longs mois une grave crise économique, beaucoup de Libanais vivent sous le seuil de pauvreté, à laquelle est venue s’ajouter la crise sanitaire. Cela fait beaucoup. Si certains veulent quitter le pays, c’est parce qu’ils aspirent à une vie meilleure et à être mieux traités qu’ils ne le sont dans leur propre pays. Les gens en ont assez de la corruption et des incompétents, les Libanais veulent simplement vivre normalement.

Savez-vous si des joueurs ont été directement touchés ?On passe de nombreux appels et à ce jour, aucun joueur évoluant en division n’a été personnellement touché. Pour leurs proches, on ne sait pas encore. Les infrastructures sportives ont subi pour certaines quelques dégâts, mais mineurs. Les compétitions sont à l’arrêt, et le championnat devait reprendre en septembre ou octobre. Aujourd’hui, je ne sais pas ce qu’il en sera avec la crise sanitaire et la catastrophe de mardi. Pour la sélection nationale, même chose. On doit normalement partir en stage aux Émirats Arabes Unis début septembre pour préparer nos matchs de qualifications pour la Coupe du Monde d’octobre et novembre face au Turkménistan, au Sri Lanka et à la Corée du Sud. Le football libanais a déjà beaucoup souffert des crises économique et sanitaire. Ici, seuls deux ou trois clubs peuvent être considérés comme professionnels dans le sens où ils parviennent à assumer leurs charges. Mais au niveau du mode de fonctionnement et de ses structures, le foot libanais n’est pas professionnel. Il y a de l’argent au Liban, mais très peu d’investissements. Tout ce qui est arrivé ne va donc pas améliorer la situation…

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Propos recueillis par Alexis Billebault

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