La droiture allemande
Une histoire d'amour qui aurait pu se terminer plus vite que prévu. C'est Sven-Göran Eriksson qui insiste pour faire venir ce buteur implacable sévissant au Werder de Brême et avec la Mannschaft. Le président Dino Viola lâche 5 milliards de lires alors que le Milan de Sacchi est aussi très intéressé. À Rome, Rudi retrouve un technicien suédois, mais pas celui qu'il pensait. En effet, Niels Liedholm a fait son retour, un changement sans conséquence puisque l'Allemand est bien titulaire indiscutable. Néanmoins, un mauvais soin en sélection l'écarte des terrains, tandis que le retour qui s'ensuit est précipité. Résultat, les prestations sont décevantes (seulement 3 buts en 21 matchs). Völler est alors à deux doigts de rentrer au pays où les offres ne manquent pas. « "Je suis allemand et je voudrais toujours donner le maximum, je comprends que vous n'êtes pas satisfaits, et je ne veux pas prendre la place d'un autre étranger", tel a été mon discours, mais le président m'a dit de rester » , a-t-il confié cette semaine dans une interview à la Gazzetta dello Sport. Rudi veut l'heure de gloire qui lui est promise.
Centre de Rudi, et but de Völler
Après un bon Euro 88, ce n'est qu'au milieu de la saison suivante que la machine se met en marche. Il ne s'agit pas d'une grande Roma, le club connaît une période de dépression après avoir lutté pour le titre avec la Juve durant la majeure partie des années 80. L'Allemand prend ses responsabilités et se mue en véritable leader sur et en dehors du terrain. Plus que ses buts, c'est son état d'esprit qui le fait entrer dans le cœur de ses supporters et ses coéquipiers, lesquels ne tarissent pas d'éloges à son égard. « Il était capable de centrer pour ensuite marquer lui-même de la tête » , se rappelle Ruggiero Rizzitelli dans un reportage commémoratif de Roma Channel. Une activité incessante, un comportement irréprochable et des buts importants. Voilà sa recette secrète. Sa Panenka lors d'un derby et son but contre Brøndby envoyant la Roma en finale de Coupe de l'UEFA 90-91 (perdue contre l'Inter) sont ses plus belles œuvres. Un an plus tard, Völler s'en va pour le plus grand bonheur de l'OM avec un bilan de 68 buts en 198 matchs. S'il ne remporte qu'une Coupe d'Italie, il a gagné le respect de tout un peuple.
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Pêché d'amour
Les années passent, mais son lien avec Rome et la Roma reste fort. La fin de carrière au Bayer, sa reconversion en tant que directeur sportif entamée dans la foulée et surtout les quatre ans à la tête de l'Allemagne. Expérience au terme de laquelle il compte prendre du recul : « J'avais quitté la Mannschaft après l'Euro 2004, et je voulais me reposer un peu, seules deux équipes pouvaient me faire changer d'envie, le Bayer et la Roma. Fin août, Prandelli démissionne pour rester au chevet de sa femme. Totti, entre autres, m'a appelé pour venir, je devais décider rapidement, je ne pouvais pas amener mon assistant allemand et je n'étais pas compétent sur le foot italien, différent de l'époque où j'y jouais. » Une victoire contre la Fiorentina pour débuter, puis trois revers (Dynamo Kiev en Ligue des champions, Messine, Bologne) et un nul (Lecce) pour conclure : « C'est uniquement de ma faute si ça s'est mal passé. Le club pensait voir débarquer l'Allemand qui fait le dur, mais je n'en étais pas capable. J'étais la mauvaise personne au mauvais endroit et moment » , reconnaît-il avec honnêteté. Delneri puis Conti lui succéderont au cours de cette folle saison conclue par un maintien à l'avant-dernière journée. Un retour raté, mais vite pardonné. Écoutez attentivement la Curva Sud ce mercredi soir, la chansonnette de l'Allemand volant risque fort de résonner à nouveau.
* « Vole, allemand vole, sous le kop, le kop tombe amoureux, allemand vole »
Par Valentin Pauluzzi
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