- L1
- Reprise
- Valenciennes
VA, vis et deviens
Malgré l'arrivée d'un nouvel entraîneur, le VAFC mise sur la continuité et entend bien franchir un palier cette saison. Le prolongement des cadres et le stade flambant neuf situent les ambitions d'un club qui grandit et qui veut s'inscrire dans la durée.
La force tranquille. La formule parle sûrement à l’ancien député européen Francis Decourrière, président du VAFC. C’est justement à cette tranquillité qu’aspire aujourd’hui le club nordiste. Sa 12ème place la saison dernière est trompeuse. Le maintien parmi l’élite n’ayant été acquis qu’à la 38ème et dernière journée face à Nice (2-1). Les Valenciennois aspirent donc à un exercice 2011-2012 plus ambitieux, comme le confirme Rémi Gomis : « On voudra assurer le maintien le plus tôt possible pour viser plus haut » . D’autant plus que l’autre club au scapulaire a les moyens de bouger les poids lourds du championnat et a la réputation d’être une équipe difficile à manœuvrer. En témoignent ses victoires sur Marseille (3-2) et Lyon (2-1) à la maison avant d’aller chercher le nul chez eux, la saison passée.
Mais on le sait, pour gratter des places au classement, il faut aussi taper les “petits”. Et quoi de mieux qu’une enceinte flambant neuve pour bomber le torse. Mardi dernier, les Rouge et Blanc concluaient un cycle de cinq matchs amicaux par l’inauguration du Stade Hainaut, 25 000 places, face au champion d’Allemagne en titre, le Borussia Dortmund. Une défaite 1-0 qui vient s’ajouter à celles enregistrées face à Lille (0-2) et La Gantoise (1-2), à une petite victoire face à Angers (2-1) et un triste nul face à Amiens (0-0). Mais les matchs de préparation ne sont pas toujours révélateurs du niveau de forme d’une équipe. Philippe Montanier parti, les joueurs ont dû s’adapter au nouveau coach, Daniel Sanchez. Mais pas question pour lui de bouleverser la dynamique d’un groupe rôdé, bien décidé à s’installer durablement dans la première partie de tableau.
Sanchez aux manettes
Après le départ de Kombouaré pour le PSG, les observateurs prédisaient un avenir morose au club valenciennois. Mais le Kanak a su insuffler une philosophie de jeu désormais ancrée dans le génotype du VAFC : celle de survivre en jouant. Ainsi, son successeur, Philippe Montanier, en plus de perpétuer la tradition, s’est payé le luxe de faire mieux sur le plan comptable (10ème en 2009-2010 et 12ème en 2010-2011). C’est pourquoi son départ pour l’Espagne et son remplacement par Daniel Sanchez ne sont pas vécus comme une épreuve. L’ancien coach de Tours arrive dans le Nord en s’appuyant sur des bases solides pour viser plus haut : « On reste dans une certaine continuité, en termes de philosophie de jeu notamment (…) Je vais rester sur la même base que mon prédécesseur, en tâchant d’aller toujours de l’avant » . Comme si, à chaque nouveau coach, correspondait un palier. Son expérience au plus au niveau se résume à un intérim à l’OGC Nice en 1996 et des rôles d’adjoint, notamment d’Elie Baup chez les Verts.
C’est dans les échelons inférieurs que Daniel Sanchez va se révéler. Plus précisément au Tours FC, qu’il fait monter de National en L2 en 2008. Deux accessions en L1 manquées de peu suffisent à sa reconnaissance tardive. Catalogué comme un entraîneur offensif, il appartient à cette race de coachs outsiders qui savent se tenir à table. Le président Decourrière ne tarit pas d’éloges sur son nouveau poulain : « En plus de ses qualités humaines, nous apprécions son travail technique et sa philosophie de jeu » . Histoire de conforter la décision du boss, la majorité des cadres de l’effectif a prolongé son bail. Pour que continuité rime avec stabilité.
La stabilité de l’effectif comme moteur
Francis Decourrière annonce la couleur : « Nous sommes ambitieux, la stabilité doit nous permettre d’avancer » . Mis à part le départ de Bisevac pour Paris et le probable exil grec de Sanchez (Olympiakos), Valenciennes n’a pas été actif sur le marché des transferts. Mais son gros coup est sûrement celui d’avoir prolongé tous ses cadres, du capitaine Rudy Mater au buteur Gregory Pujol en passant par Danic et Ducourtioux. Preuve de la volonté de grandir du club, ces joueurs, notamment Pujol et Danic, ont préféré continuer l’aventure que de signer dans des clubs plus huppés. Et c’est bien là que réside la force de cette équipe, dans la cohésion de groupe et la volonté de faire grandir un club qui leur a tant donné.
C’est en défense que le bât blesse. Même si Daniel Sanchez assure que « tous les joueurs qui partiront seront remplacés » , les départs de Bisevac et Sanchez ne sont, pour l’instant, nullement compensés. Et ce n’est pas Nicolas Isimat Mirin, 19 ans et dix matchs de L1 dans la besace, qui tiendra la baraque. Aujourd’hui, seul Keny Lala a rejoint les rangs valenciennois. Le jeune arrière droit de 19 ans arrive du Paris FC et s’était fait remarquer la saison passée en Coupe de France. Une prime à la jeunesse renforcée par le contrat pro signé par Francis Massampu et la probable explosion du jeune Sud-Coréen de 20 ans Nam Tae-Hee. Ce petit milieu offensif technique et rapide pourrait trouver en Daniel Sanchez, grand connaisseur du football asiatique, le mentor qui fera décoller sa carrière. Le président vise le Top 6 dans les trois ans. Il ne suffit donc pas de maintenir ses cadres trentenaires, il faut aussi voir loin. Pas con, Francis Decourrière avait tout prévu, depuis le début.
Une vision à long terme
Arrivé en 2004, il récupère un club de National, qui revient de l’enfer. Il sait que pour pérenniser son projet, il va falloir construire des bases solides. Et le football moderne ne jure que par les infrastructures. En 2008, sort de terre un centre d’entraînement haut de gamme. Il est suivi un an plus tard par un centre de formation. Enfin, apothéose, il dote son club d’un stade tout neuf de 25 000 places pour la prochaine saison. Le stade Hainaut sera le plus moderne de l’exercice 2011-2012 de L1. Adieu Nungesser et ses fantômes du passé. Avec, pour ambition cachée, de piquer la place de Lens dans la hiérarchie des clubs du Nord, le Président a su coller aux valeurs du club : la transmission d’une politique sportive et humaine via la formation, tout en la soutenant financièrement grâce aux revenus engendrés par la billetterie, entre autres.
Atteint par la limite d’âge, Francis Decourrière a préparé sa succession et peut partir tranquille. Après six saisons passées à sauver sa peau avec la manière, Valenciennes s’apprête peut-être à vivre une année charnière. Celle qui la fera basculer du bon côté du classement, celui où l’on ne parle plus de maintien après la trêve, celui aussi où l’on se met à penser Europe et coupes nationales. Celui de la force tranquille.
Par Michael Simsolo
Par