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USM Annaba, un retour qui fait du bruit
Le 3 mai dernier, 60 000 supporters de l’USM Annaba ont célébré l’accession de leur club en Division 2 en offrant un spectacle grandiose avec fumigènes et feux d’artifice, à l’occasion du dernier match de la saison contre le CRB Kaïs (1-0). Une ferveur qui devrait s’amplifier à l’occasion du retour du club de la ville côtière au niveau professionnel.
Les images du stade du 19-Mai-1956 en fusion ont rapidement dépassé les frontières de l’Algérie. Ils étaient 60 000, peut-être même un peu plus, pour dire au revoir à la Division 3 et au football amateur. Des fumigènes, des feux d’artifice et des chants incessants. « J’ai reçu quelques vidéos de France, où des supporters de l’Union sportive Madinet Annaba fêtaient l’accession. Les images du 3 mai dernier ont sans doute permis à pas mal de gens à l’étranger d’entendre parler pour la première fois de ce club. C’est bien pour la notoriété » , explique Nordine Djelloul. Cet ancien joueur de Grenoble devrait dans les prochains jours rejoindre Annaba pour y occuper les fonctions de directeur général.
45 000 spectateurs de moyenne en D3
Le club, fondé en juin 1983, est tombé en Division 3 à l’issue de la saison 2013-2014. Un choc brutal après vingt et une saisons en D1, neuf en D2 (champion en 2007) et une Coupe de la Ligue remportée en 1998. Depuis deux ans, les Tuniques rouges s’étaient rapprochées de la D2 (deuxièmes, puis troisièmes). « Quand je suis arrivé à la présidence, il y a un an, l’accession était l’objectif prioritaire. L’USM Annaba a sa place dans le football professionnel algérien. C’est un club qui a un stade de 60 000 places, où de nombreux internationaux ont évolué (Kaci-Saïd, Bouguerra, Harkat, Gaouaoui, Zazou, Bensaïd…). Il y a aussi un énorme potentiel public. Annaba est une ville jeune, une ville de foot. Cette saison, on devait tourner à 45 000 spectateurs de moyenne. Les saisons précédentes, il y avait déjà beaucoup de monde. Parfois, ils étaient même plus de 60 000. Peut-être 70 000 ou 80 000 » , intervient Abdelbasset Zaïm, le président du club, qui dirige l’entreprise d’agroalimentaire 3Princes, un des principaux sponsors.
Annaba, la quatrième plus grande ville d’Algérie, compte un autre club, l’Harakat Amel Moustakbel Riadhi, placé lui aussi dans le groupe Est, mais dont la saison s’est achevée par une relégation à l’étage inférieur. « Il y a une grosse ferveur autour de l’USM. Les supporters se déplaçaient pour les matchs à l’extérieur » , reprend Djelloul. « Et le stade du 19-Mai-1956 attirait également des fans vivant dans des villes comme Guelma ou Skikda, par exemple, assure Zaim. On va donc essayer de fidéliser ce public. Cela passera par des résultats, bien sûr, et par l’équipe que nous allons mettre sur pied. Cette saison, notre budget était d’environ 1,5 million d’euros. En D2, avec l’arrivée de nouveaux sponsors, on table sur le double, au moins. » Cela permettra aux dirigeants de proposer des salaires compris entre 4000 et 8000 €. « On va aussi apporter des améliorations au stade, pour un meilleur accueil des supporters » , poursuit le président.
La sélection va bientôt revenir à Annaba
Le wali d’Annaba, Mohamed Salamani, a bien saisi la ferveur entourant l’USM. Le 3 mai, il a reçu en grande pompe Kheireddine Zetchi, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), et Mohamed Hattab, le nouveau ministre des Sports. La ville et l’État vont aider le club à monter en gamme, avec l’ambition à peine voilée de retrouver au plus vite la Division 1 : outre les nécessaires travaux d’embellissement du stade, quelques entreprises d’État, comme la puissante SONATRACH (industrie pétrolière) pourraient devenir sponsors. Et Zetchi a annoncé que la sélection nationale reviendrait très vite à Annaba, où elle n’a plus mis les pieds depuis le 27 mars 2011 à l’occasion d’un match qualificatif pour la CAN 2012 face au Maroc (1-0), alors qu’elle y avait joué dix-sept fois depuis 1987.
De son côté, Nordine Djelloul entend, dès sa nomination, renforcer les liens entre le club et les groupes de supporters, évidemment influents. « C’est indispensable, obligatoire. Il faut instaurer un dialogue permanent et constructif avec les fans, savoir qui fait quoi. On doit apprendre à mieux se connaître, pour que l’ambiance au stade soit encore meilleure. Et il faudra bien sûr renforcer la sécurité, avec la vidéo-surveillance, des contrôles plus stricts à l’entrée, même si, à ma connaissance, il n’y a pas eu de problèmes majeurs cette saison. La police fait bien son travail également. Il y a de la violence autour du foot en Algérie, aussi parce que certains dirigeants font des déclarations qui mettent le feu aux poudres. À Annaba, ce n’est pas le style du président actuel. Les supporters ont donné une très belle image le 3 mai dernier. Il faut qu’elle perdure… »
Par Alexis Billebault
Tous propos recueillis par A.Bi.