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Une Juve entre deux temps

par Simon Capelli-Welter
Une Juve entre deux temps

Antonio Conte est un homme occupé. Entre l'obligation de valider cette saison de la Juventus par un titre, et la nécessité de déjà préparer au mieux la suivante, le Mister a plein de choses à faire.

Ce dimanche a lieu le derby turinois. La Juve joue donc à Turin, mais à l’extérieur, sur le terrain du Torino. Pourtant, et même si beaucoup d’habitants de la ville piémontaise roule en grenat, elle sera chez elle, comme un peu partout cette saison en Italie. Cette assurance, cette maîtrise, la Juve les doit avant tout à un homme. Son chef, Antonio Conte.

Aujourd’hui, pour finir la saison tranquille et remporter un énième titre de champion d’Italie (selon les sensibilités, la comptabilité change ; ici, on parlera d’un 31e sacre), il a mis au point un nouveau schéma de jeu. Un 3-5-1-1. Et comme Antonio Conte est un homme qui fait rarement les choses pour rien, son nouveau module, ou plutôt la gamberge qui l’y a amené, mérite attention. Il y réside en effet autant de réponses à des problèmes présents que de pistes lancées pour le futur de la Vieille Dame.

En attendant un nouvel attaquant

Antonio Conte avait pour habitude cette saison de jouer en 3-5-2. Un trio défensif (avec cette ligne composée de Bonucci, Barzagli et Chiellini qui, tout au long de l’année, a gagné le droit d’être reconduit pour la prochaine), un triangle au milieu de terrain (généralement composé de Pirlo, Vidal et Marchisio, soit un triangle équilatéral), deux latéraux capables de jouer corner-to-corner (l’équivalent, pour un latéral, du milieu box-to-box) et deux pointes. Ou plutôt deux attaquants. Le plus souvent Giovinco et Vučinić, deux monstres de football, mais pas forcément des amoureux de la statistique. Quelque part, ça tombe bien, le hasard et Antonio Conte faisant bien les choses, leur rôle est certes de marquer, mais tout autant, voire davantage, de contribuer à la qualité du jeu de l’ensemble, à faire vivre la balle le plus haut possible, tout en libérant de l’espace aussitôt pris par les incursions des milieux de terrain, Marchisio en tête. Avantage : s’assurer une vraie qualité de jeu et un certain bonheur, celui de voir Mirko Vučinić claquer des remises. Inconvénient : le manque d’un vrai buteur, et d’un certain poids devant. Tout au long de la saison, une même rengaine : avec un tueur devant, cette Juve pourrait… Pour le savoir, il faut attendre la saison prochaine, avec Llorente et peut-être une autre recrue pointue, quelque part entre Ibra (peu probable, ne serait-ce que pour d’évidentes raisons salariales), Higuaín (le Real va bien se payer un nouveau neuf en guise de joujou), Suárez (si Guardiola ne l’a pas déjà attiré au Bayern, ce mec est fait pour jouer en Italie, manifestement en pointe de l’Inter, seul au front devant une équipe forcément un peu bancale) ou une surprise de dernière minute (après tout, si la Juve peut proposer un contrat à Nicolas Anelka, qui sait de quelle autre facétie elle peut se montrer capable ?). Il s’agit d’attendre la saison prochaine, mais de la préparer dès maintenant.

Du destin des milieux de terrain

Car aujourd’hui, Conte doit faire sans eux, mais également sans Giovinco. Et comme le Mister n’est pas assez convaincu par Matri ou Quagliarella pour leur offrir une place de titulaire (ni leur garantir un futur au sein de son cycle), la donne est simple. Problème : manque d’attaquant. Solution : faire « monter » un milieu de terrain. Dès lors, un nom s’est imposé comme l’évidence de son jeu. Claudio Marchisio. En tant que membre du milieu de terrain, son rôle était déjà de s’immiscer dans les espaces ouverts devant lui. L’incursion. Aussi, en tant que deuxième attaquant, ou plus haut que les milieux de terrain, sa mission ne diffère pas tant que ça. Il part simplement d’un peu plus haut, et soutenu par trois joueurs axiaux derrière lui au lieu de deux. Entre Pirlo et Vidal s’est en effet imposé un élément dans le cœur du jeu : Paul Pogba. Devant l’évidence de son talent, Conte s’est vu contraint (et sans doute ravi) de titulariser le néo-Bleu. Comme il l’a précisé au sélectionneur français : « Didier Deschamps s’est trompé. Paul Pogba n’est pas un joueur pour l’avenir, mais déjà pour le présent. » Depuis sa prise en charge, Conte a toujours procédé à des évolutions plutôt qu’à des révolutions. Que ce soit pour son choix des hommes ou des schémas (Krasić et le 4-2-4, puis Pepe et le 4-3-3, puis Lichtsteiner et le 3-5-2, etc.), chez Conte, tout se tient, tout est lié de manière fluide et naturelle. Le changement est fait quand il doit être fait, dans un certain respect de l’ordre des choses, sans chercher à changer pour changer, sans chercher non plus à précéder ou forcer le comportement de son équipe, mais sans hésiter une seconde à l’accompagner au plus proche, quitte à ce qu’on ne sache plus qui de l’entraîneur ou de l’équipe pense le premier ; les deux pensant la même chose au même moment.

Aujourd’hui, cette pensée prend la forme d’un 3-5-1-1, nouveau schéma qui s’inscrit comme la réponse la plus logique à la dictature de l’instant. Ce n’est donc pas pour rien que la Juve joue aujourd’hui dans un module qui permet de donner temps de jeu, repères et bonnes habitudes au jeune prodige venu du Havre. Même si le nom de son agent, Mino Raiola, laisse à penser qu’un transfert ne sera jamais loin, Paul Pogba fait aujourd’hui partie du projet de la Vieille Dame. Il s’est d’abord imposé comme premier remplaçant du milieu Pirlo-Vidal-Marchisio, comme un membre indiscutable de l’avenir du club, puis de son présent, et carrément de son onze de départ. Au point que certains esprits volages verraient d’un bon œil le départ de Claudio Marchisio. D’autres y verraient une trahison, la vente d’un enfant du club, et d’un joueur de football admirable. Si l’un des deux doit vraiment partir, ce sera plutôt Pogba. Mais la volonté de la Juve est de conserver les deux, de continuer sa marche en avant, de construire une équipe compétitive et complète, quitte à poser des problèmes de concurrence à Antonio Conte quand viendra l’heure de choisir entre tous ces milieux de terrain. À moins que ce ne soit Vidal qui s’en aille. À moins que Pirlo ne fatigue définitivement.

En préservant Pirlo

En plus de préserver une certaine dynamique à l’équipe ( « Une équipe qui n’avance pas est une équipe qui meurt » , ou comme le dit Antonio : « Conte Partiro » ) le passage du 3-5-2 au 3-4-1-1 a également pour avantage de soulager Pirlo, éprouvé par cette longue saison, et le poids du temps qui passe. Si son remplaçant est déjà connu, ciblé et espéré (un certain Marco Verratti), il n’est pas encore l’heure de mettre l’architecte à la retraite. Simplement, la moindre des choses est de ne pas l’épuiser, de le préserver, de le protéger afin de pouvoir profiter de la délicatesse de son jeu le plus longtemps possible. De gagner du temps, ou plutôt de le rallonger. Pas impossible en effet que le maestro soit l’artisan principal, au printemps prochain, d’un nouveau titre national pour la Vieille Dame. Mais pour aller plus loin sur la scène européenne, car c’est là aussi que doit se jouer l’avenir de la Juve, cela ne suffira pas. Pirlo le sait, et sera le premier à passer le relais, et à n’en pas douter avec autant d’application qu’il met à passer le ballon. À l’heure de célébrer ce nouveau sacre, de ressasser cette élimination contre les robots du Bayern, de préparer ce marché qui s’annonce d’ores et déjà agité, voilà exactement où en est la Juve : à la retombée d’une ouverture d’Andrea Pirlo. À elle maintenant d’assurer son contrôle.

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par Simon Capelli-Welter

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