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  • Un jour, un transfert
  • Épisode 8

Un jour, un transfert : Eidur Guðjohnsen à Monaco

Par Quentin Ballue
6 minutes
Un jour, un transfert : Eidur Guðjohnsen à Monaco

Cet été pendant le mercato, So Foot revient chaque jour de la semaine sur un transfert ayant marqué son époque à sa manière. En 2009, l'AS Monaco recrute deux vainqueurs de la Ligue des champions : Djimi Traoré et Eidur Guðjohnsen. Si le Malien parvient à se faire une place, l'Islandais, lui, creuse son trou, sans jamais réussir à s'adapter sur le Rocher.

Le 28 août 2009, Eidur Guðjohnsen soulève la Supercoupe de l’UEFA au stade Louis-II aux côtés de Lionel Messi, Zlatan Ibrahimović et Thierry Henry. Deux semaines plus tard, l’Islandais pointe de nouveau le bout de son nez en Principauté, mais cette fois pour débuter sous le maillot monégasque. Sur le papier, un renfort de choix pour l’ASM, onzième de Ligue 1 lors de la saison précédente avec une attaque digne de son classement : très moyenne. « Il relève le niveau du championnat, prévient Claude Makélélé, ancien coéquipier à Chelsea et alors au PSG, en conférence de presse. Il va apporter énormément, car c’est un très grand joueur. Que ce soit dans la finition ou dans les dernières passes, c’est un joueur très intelligent et très mature, avec beaucoup d’expérience. Il faudra faire attention. »

« Le jour où je quitterai Monaco, on se souviendra de moi »

Cantonné à un rôle de joker sous les ordres de Pep Guardiola, Guðjohnsen débarque avec un CV prestigieux, fort de ses expériences au PSV, à Chelsea et au Barça, de ses 60 matchs européens, et évidemment de la Ligue des champions remportée trois mois plus tôt au Stadio Olimpico face à Manchester United (2-0). « On s’est intéressé très tôt à Eidur, mais ça nous paraissait injouable en mai, commente alors le directeur général de l’ASM, Marc Keller, auprès du Parisien. À une semaine de la fin de la période des transferts, nous sommes entrés en contact, on a senti qu’il était vraiment intéressé par le challenge monégasque. »

« J’ai eu la chance, dans ma carrière, de jouer avec des joueurs fantastiques, dans des grands clubs. Aujourd’hui, je signe dans un autre grand club, et j’espère pouvoir aider Monaco à retrouver la place qui est la sienne, c’est-à-dire le haut du tableau. C’est un défi excitant », lâche le Viking, avant de pousser l’enthousiasme un poil trop loin : « Je suis certain que le jour où je quitterai Monaco, on se souviendra de moi. »

Techniquement, c’était un joueur de grand talent. Mais il faut s’inscrire dans le club dans lequel on signe, ou alors ne pas venir.

Son expérience monégasque se résume à une entorse de l’épaule, onze apparitions et sept titularisations toutes compétitions confondues. Son unique but sous le maillot rouge et blanc intervient… en amical, contre Fréjus. Pour être tout à fait précis, l’Islandais réussit à faire trembler les filets une fois en match officiel : en transformant son tir au but contre Tours en 32es de finale de Coupe de France. En étant généreux, on peut aussi ajouter à son tableau de chasse une avant-dernière passe sur une action conclue par Alejandro Alonso contre Nice.

« Sur ce but, techniquement, il est dans le coup, rejoue le coach de l’époque, Guy Lacombe. C’est ce que je voulais voir. On aurait souhaité un leader d’attaque sur le plan technique, je pense qu’il pouvait l’être, et aussi un leader psychologique, qui amène tous les autres à être plus performants. Sur ce plan-là, ce n’était pas le bon cheval. Techniquement, c’était un joueur de grand talent. Mais il faut s’inscrire dans le club dans lequel on signe, ou alors ne pas venir. »

Si vous voulez vivre une vie de jeune homme, à Monaco, il y a de quoi faire. Je pense qu’il a beaucoup profité du contexte. Disons qu’il aimait la vie.

Monaco aurait préféré Savidan ou Dindane

En dépit de ses états de service, si Guðjohnsen n’arrive que le 31 août, il y a une bonne raison : l’Islandais n’est pas un premier choix. Les noms de Luca Toni et Andriy Shevchenko circulent. Très vite, l’ASM jette son dévolu sur Steve Savidan, qui sort d’un exercice à 14 buts du côté de Caen. Mais la visite médicale arrête l’attaquant brutalement en révélant une anomalie cardiaque. « Avec Nenê, Alonso et Park, on aurait vraiment frappé fort, regrette Lacombe. Il y avait la Coupe du monde en 2010, il était dans le coup. En matière de motivation, Steve était indéniablement l’homme idoine par rapport au groupe. »

Le club de la Principauté se reporte sur Aruna Dindane, mais l’Ivoirien atterrit à Portsmouth. « On s’est retrouvé un peu démuni, on a cherché, et on nous a proposé Guðjohnsen, poursuit l’ancien entraîneur du PSG et du Stade rennais. Ce n’était pas du tout le même profil. Je ne dis pas qu’on l’a pris par défaut, mais on l’a pris parce qu’on était un peu en retard sur le marché. C’est un joueur de grande qualité, vous ne jouez pas à Barcelone par hasard, mais par rapport à l’équilibre de l’équipe, ce n’était pas tout à fait ce qu’on cherchait. »

Au mauvais endroit au mauvais moment

Tout de suite titularisé et associé à Chu-young Park sur le front de l’attaque, l’Islandais voit son crédit s’épuiser à mesure que ses prestations sans éclat s’enchaînent. Le 7 novembre, alors que l’ASM est dos à dos avec la lanterne rouge Grenoble à Louis-II, Guðjohnsen sort dès l’heure de jeu. Bis repetita le 13 décembre lors de la déroute contre Lille. « Je ne dis pas que ça l’arrangeait, mais bon, ça ne lui posait pas de problème… C’était quand même le plus gros salaire du club. Quand vous sortez un joueur pareil, vous voulez qu’il revienne le plus vite possible. Mais il n’a pas fait grand-chose pour ça », estime Lacombe.

Je me retrouvais à jouer certains matchs devant 3000 personnes. Ça m’a perturbé. C’était un choc.

« Je n’ai pas insisté, j’ai bien vu qu’il ne voulait pas se remettre en question. Si Guðjohnsen avait donné le maximum de ses capacités, il n’y aurait pas eu photo. Après, il y a des contextes qui ne conviennent pas. Si vous voulez vivre une vie de jeune homme, à Monaco, il y a de quoi faire. Quand quelqu’un va à Guingamp ou Auxerre, il sait pourquoi il y va. À Monaco, il faut vraiment des joueurs qui ont envie de réussir. Je pense qu’il a beaucoup profité du contexte. Disons qu’il aimait la vie », s’esclaffe la plus belle moustache du football français.

Arrivé pour deux ans, Guðjohnsen fait ses valises dès le mois de janvier, prêté à Tottenham. L’été suivant, l’ASM parvient à le refourguer à Stoke City. « Ce n’était pas un mariage heureux, résumera-t-il pour So Foot. Je me retrouvais à jouer certains matchs devant 3000 personnes. Ça m’a perturbé. C’était un choc. Ce n’était pas une mauvaise expérience, mais un mauvais timing. Le championnat français est d’un haut niveau, mais je découvrais un jeu beaucoup plus physique et porté sur la défense. Ça ne m’a pas aidé. J’ai essayé de m’adapter, mais c’était délicat. » Posé sur le Rocher, Iceman a fondu comme glaçon au soleil.

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Monaco repart de l’avant contre le Téfécé
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Par Quentin Ballue

Propos de Guy Lacombe recueillis par QB.

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