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Un homme, un stade : San Paolo

Par Adrien Candau
Un homme, un stade : San Paolo

Souvent, derrière le nom d’un stade, on trouve celui d’un homme. À Naples, les passerelles entre football, religion et croyance sont sans doute plus fortes que partout ailleurs en Italie. Rien d’étonnant à ce que le stade du Napoli ait ainsi adopté le nom du treizième apôtre du Christ, Saint Paul.

C’est un autel devenu célèbre et pas tout à fait comme les autres, où les Napolitains peuvent se recueillir via Spaccanapoli, une rue du centre historique de la ville. L’ensemble religieux est entièrement dédié à la gloire du Pibe de Oro : on y trouve une photo de Maradona à proximité de celle du pape François, auxquelles s’ajoute un cadre protégeant un cheveu de Diego, qui daterait du premier titre de champion d’Italie du Napoli en 1987. Dans la cité parthénopéenne, lier football et religion, profane et sacré, est en effet devenu tout à fait commun. Et ce, bien avant l’avènement de Maradona. Paul de Tarse, plus connu sous le nom de San Paolo dans la langue de Dante, dont le stade du SSC Napoli porte le nom, en est un exemple édifiant.

Le grand voyageur

Cinquante-deux. C’est le nombre de saints patrons protecteurs de Naples. Depuis 1959 et l’inauguration du stadio del Sole, rapidement renommé San Paolo, les tifosi du Napoli ont officieusement le leur : Saint Paul. Un homme pourtant né bien loin de l’Italie, mais qui partage avec eux un trait de personnalité souvent associé aux fans napolitains : une dévotion entière à une cause, à une passion qui résiste au passage du temps. Né au début de l’ère chrétienne à Tarse, ville sous domination romaine située au sud de l’actuelle Turquie, Saint Paul n’aurait pourtant pas toujours été un ami de Jésus. Il faut dire que Paul est issu d’un famille juive instruite, profondément religieuse et stricte, alors que les chrétiens n’ont alors pas particulièrement la cote auprès des autorités romaines comme avec les autres religions monothéistes.

Ainsi, Paul est d’abord un ennemi féroce et acharné des premiers chrétiens, les poursuivant même pour les mettre en prison. Seulement, alors qu’il est âgé d’une trentaine d’années, il rencontre sur la route de Damas rien de moins que le Christ ressuscité. Forcément, c’est la révélation, et Saint-Paul devient un évangéliste infatigable qui voyage sans cesse autour du bassin méditerranéen pour créer de multiples communautés chrétiennes et multiplier les conversions. De 44 à 58, ce grand voyageur se rend notamment à Chypre, en Turquie, en Macédoine et en Grèce, avant d’être finalement arrêté à Jérusalem, où il fait jouer son statut de citoyen romain pour être jugé à Rome.

Un bref passage à Naples

C’est finalement en mettant pour la première fois les pieds en Italie que Saint Paul associe à jamais son nom au SSC Napoli, qui ne naîtra que mille huit cents ans et des poussières plus tard. Après une longue traversée en bateau, l’apôtre débarque à Pouzzoles, juste à l’ouest de Naples. Il se rendra par la suite à Rome où les versions contant la suite de son destin sont multiples et contradictoires. Reste que l’arrivée de Saint Paul à Naples fait forcément date dans une région et une ville aujourd’hui encore fortement imprégnées par la chrétienté. C’est donc le nom de l’apôtre qui est choisi pour être celui du nouveau stade de Naples. Et si l’on n’a plus vu de saint débarquer sur les côtes napolitaines depuis, la ville peut toujours compter sur les tifosilocaux pour canoniser à leur façon les joueurs emblématiques du Napoli. Même l’archevêque de Naples déclarait en 2011 que « Dieu lui-même se sert de Cavani pour marquer des buts » . Comme quoi, à Naples, le football est une chose sacrée pour tout le monde. Et tout bon Napolitain qui se respecte sait où il peut admirer les prophètes locaux : dans le jardin de Saint Paul.

Comment aurait pu s’appeler le stade San Paolo

Le stade Aurelio de Laurentis : Quand Aurelio de Laurentis rachète le Napoli en 2004, il reprend un club en faillite, qui végète en Serie C. Douze ans plus tard, Naples est devenu un habitué du top quatre de la Serie A et des compétitions européennes. Tout est dit. Le stade Roberto Saviano : En 2006, Roberto Saviano se risque à publier Gomorra, un roman dénonçant les agissements de la Camorra. Dix ans plus tard, le romancier est toujours en exil et sous la menace permanente d’une exécution de la mafia napolitaine. Un lanceur d’alerte en pleine lucarne. Le stade Marek Hamšík : Été 2016. Paul Pogba part à Manchester, Pjanić à la Juventus, et Hummels au Bayern Munich. Pendant ce temps-là, Marek Hamšík, désiré par les plus grands clubs, reste à Naples. Ne surtout pas se fier à ses tatouages, ses boucles d’oreilles, ses lunettes de hipster et sa crête de punk : Marek est un mec à l’ancienne. Le stade Diego Armando Maradona : Avec lui, deux Scudetti, une Coupe de l’UEFA. Dieu existe et il est napolitain. L’ange du San Paolo sera finalement rappelé à sa condition d’homme lors d’un contrôle positif à la cocaïne en 1991. Depuis, les Partenopeicourent toujours après un éventuel troisième sacre en championnat.
Dans cet article :
Un homme, un stade : François Coty
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Un homme, un stade
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