- Ligue 1
- Girondins de Bordeaux
Un Bordeaux carbonisé
Cinq matches joués, six points pris : tout est dit ou presque, sur la capacité actuelle des Girondins. Avec un troisième entraîneur en trois ans, un groupe peu bouleversé en autant de temps, et des prestations identiques, Bordeaux n'est-il qu'une pâle copie de lui-même ?
Comme chaque début de semaine, entre soleil et grisaille, c’est le calme plat sur la plaine des sports du Haillan. Et comme chaque fin de semaine précédente, on a assisté à un match nul, livré par des Girondins apathiques. Du moins, à un match pourri, pour être très exact. C’était face au promu, Évian-Thonon-Gaillard (0-0). Soit un coup de scapulaire dans l’eau minérale. Alors, en ce lundi post 11 septembre, on fait les comptes et l’on se rend à l’évidence : les Bordelais n’affichent que deux unités prises sur neuf possibles à Chaban-Delmas, pour une onzième place au classement général, et six malheureux points. Classe.
Et quand on parle de catastrophe ou de crise du côté de Marseille (17e), ici, bah rien. Enfin si, un coach et un capitaine amers, responsables, et très déçus à chaud. « C’était un mauvais match, techniquement très faible, avec très peu d’occasions, de confiance, et beaucoup de manques dans tous les domaines. Entre ce que l’on dit et ce qu’ils font (les joueurs, ndlr) il y a malheureusement beaucoup de différence… C’est la confirmation que la saison va être très difficile » , indiquait Francis Gillot. Dans le même temps, Jaroslav Plasil s’interrogeait encore une fois sur le potentiel du groupe: « Je ne sais pas si l’on a peur quand on joue à la maison, mais on n’y arrive pas. Et avec deux points pris à domicile, si l’on continue comme ça, on ne va pas s’en sortir » . Voilà des gens lucides, sans langue de bois. Un truc qui, dans le monde aseptisé du football, même si c’est paradoxal, fait du bien.
La franchise, c’est également ce qu’a choisi Cédric Cambon, joueur émérite de l’ETG, poli et presque gêné : « On s’attendait à une pression de leur part, d’entrée, vu les propos qu’avait tenus leur entraîneur dans la semaine. On s’était dit qu’ils allaient mettre d’autres intentions, et on a été un peu surpris de leur entame ; on s’attendait à ce qu’ils nous rentrent dedans, qu’ils nous pressent et qu’ils nous mettent en difficulté, mais ça n’a pas été le cas. C’est une équipe qui doute, donc ce n’était pas évident pour eux » . Même les adversaires ne savent plus comment parler de l’inertie bordelaise. C’est moche.
Un cycle habituel
Le coup de semonce passé par Gillot quelques jours avant la 5e journée de L1 n’a donc pas eu les retombées escomptées, sur des joueurs entrés très tôt dans une hibernation douillette. Un cycle habituel, finalement. Et que dire des fidèles du club, blasés par tant de nonchalance ? Car les supporters assidus, de plus en plus courageux, assistent depuis deux saisons au même match, à domicile. L’effet carbone, probablement. Et ils sont bien gentils ceux-là, avec leurs sifflets éparpillés et furtifs, et leurs bonnes manières. Que penser, par ailleurs, de la stratégie (?) de communication ou comportementale adoptée par certains joueurs ? Ces derniers, qui se trompent vraisemblablement trop facilement de cibles… Pour constat ? Un attaquant qui se sent traqué dès la première question posée par un journaliste, des défenseurs pas sereins sur le terrain, des milieux pas tous au niveau requis en termes d’engagement, une absence de leader(s) charismatique(s), pas de révolte… Seul le poste de gardien, quand il est occupé par son titulaire, donne satisfaction et des points précieux, aussi.
Bref. La litanie est longue. La liste des joueurs majeurs non-remplacés lors des dernières intersaisons aussi. Mais s’il n’est pas ici question de procès d’intention, il est évident que les Girondins devront s’armer différemment à l’avenir, pour éviter de vivre le même genre de désagréments qu’en fin d’exercice précédent. Alors, bien entendu, rien n’est encore perdu, sachant que Bordeaux, on l’a un peu trop vite oublié, c’est quand même un beau palmarès et six titres de champions de France. Et ça, ça doit faire réfléchir.
Laurent Brun, à Bordeaux
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