Condamnation unanime, interrogations légitimes
Parce qu’il serait intéressant, déjà, de savoir sur quel pied les instances vont danser devant l’agresseur russe et ses généreux partenaires économiques. Bien sûr, tout le monde a emboîté le pas de la communauté internationale pour condamner, d’une voix unanime, les agissements commandités depuis le Kremlin. Initialement planifiée à Saint-Pétersbourg le 28 mai prochain, la finale de la Ligue des champions a été relocalisée au Stade de France. L’UEFA pourra-t-elle, toutefois, se passer de l’apport financier de Gazprom - auquel a renoncé Schalke 04 -, l’un des principaux sponsors de la C1 ? Par ailleurs, si le Zénith a été bouté hors de la Ligue Europa par le Betis jeudi soir, le Spartak Moscou poursuivra son aventure continentale en jouant ses matchs à domicile sur terrain neutre. À moyen terme, les barrages des éliminatoires de la Coupe du monde, prévus fin mars, risquent également de poser problème. Les fédérations polonaise, suédoise et tchèque (dont les sélections se trouvent dans la même « voie » que la Sbornaya) ont fait savoir qu’elles ne se rendraient pas en Russie, exhortant la FIFA et l’UEFA à « réagir immédiatement et présenter des solutions alternatives. » Sans oublier que l’Ukraine ira, au même moment, défier l’Écosse à Glasgow.
OŚWIADCZENIE FEDERACJI PIŁKARSKICH POLSKI, SZWECJI I CZECH. Więcej... https://t.co/fkNXQJIseH pic.twitter.com/Tc9o5POp02
— PZPN (@pzpn_pl) February 24, 2022
Messages de soutien et appels à l’aide
Au-delà de ces considérations politiques, des décisions qui seront prises, notamment à l’occasion de la réunion d’urgence programmée ce vendredi matin, il y a des hommes. Des joueurs qui, même s’ils font maintenant carrière à l’étranger, n’en demeurent pas moins viscéralement attachés à leur terre natale. De la légende Andriy Shevchenko au plus virulent Oleksandr Zinchenko, ils sont nombreux à avoir clamé leur amour de l’Ukraine. Roman Yaremchuk, lui, a fièrement exhibé un T-shirt frappé du Tryzub juste après avoir permis à Benfica d’égaliser face à l’Ajax Amsterdam, mercredi (2-2). « Je voulais soutenir mon pays, a ensuite expliqué le buteur lisboète au micro de CNN Portugal. J’ai beaucoup réfléchi à ce sujet, et j’ai peur de cette situation. » Du haut de ses 64 ans, Oleksandr Petrakov, le sélectionneur de la Zbirna, se dit même « prêt à aider [s]on pays » . De l’autre côté de la frontière, en revanche, on se fait plus discret. À l’exception notable de Fyodor Smolov, habitué du contre-pied, qui a courageusement affiché sur Instagram son opposition à la guerre.
Enfin, il y a ceux qui appellent à l’aide. Ceux qui n’avaient rien demandé, étaient venus en Ukraine pour jouer au foot et se retrouvent au milieu d’un conflit qui les dépasse complètement. C’est le cas des membres de la colonie brésilienne du Shakhtar. Bloqués dans un hôtel de Kiev, en compagnie de leurs compatriotes du Dynamo et avec femmes et enfants, ils ont fait part de leur détresse dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Les Auriverdes espèrent que le gouvernement du Brésil pourra les sortir de là, mais les liaisons aériennes sont, pour le moment, interrompues. « Nous essayons d’entrer en contact avec nos ambassades pour comprendre ce qu’il faut faire. Nous cherchons un moyen de partir » , a raconté à Sky Italia Roberto De Zerbi, le coach des Mineurs. Et d’ajouter : « Les Ukrainiens sont les vraies victimes. (...) Il y a de très jeunes gars qui sont à la merci des événements. » On est peut-être un peu naïf, mais au fond, on a hâte qu’il ait lieu, ce match entre Mynai et le Zorya. Cela signifiera que le cauchemar est terminé, que la vie retrouve un semblant de normalité. Que le ballon peut à nouveau rouler.
Par Raphaël Brosse
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