Tu sais que tu vas kiffer l’Euro 2016 quand…

– Il est temps de renouer avec ton esprit patriotique, évanoui depuis le forfait de Gaël Monfils à Roland-Garros.

– Tu es Anglais, tu l’attendais depuis longtemps ce retour sur la Canebière.

– Tu es policier, tu vas enfin avoir droit à de la vraie baston. Autre chose que tous ces militants qui te filment quand tu leur mets des coups de matraque.

– Tu es patron de bar. Toi tu trépignes d’impatience pour les matchs du groupe C : Allemagne, Ukraine, Pologne, Irlande du Nord. Si avec ça, le chiffre d’affaires n’explose pas…

– Tu es Lorik Cana, tu sais que tu n’aurais jamais pu te qualifier pour une Coupe du monde.

– Tu loues un AirBNB à Saint-Denis. Tu as multiplié le prix par cinq, faut pas trop en profiter non plus.

– Tu as trouvé une vraie bonne excuse pour esquiver les révisions du BAC. Au cas où, tu t’es quand même fait une fiche avec des citations de Cantona, pour l’épreuve de philosophie.

– Cette année, au moins, tu n’auras pas besoin de poser des RTT… Comment ça, ils ont mis des matchs à 15h en semaine ?

– Tu as un poster de Marco van Basten dans ta chambre. Ah, l’Euro 88…

– 1992 reste également dans ton cœur. La surprise danoise ? Le traité de Maastricht surtout.

– Ton business de saucisse-merguez, oignon-poivron, risque encore de rapporter gros sur le macadam.

– Les efforts des workouts accomplis à la sueur de ton front ces six derniers mois seront vite annulés par ces délicieuses pizzas Reggina, enfournées coup sur coup dès la première soirée de la compétition.

– Tu es Irlandais, tu vas encore vivre de drôles d’aventures si les Verts croisent la Croatie.

– Tu es Gallois, le jeudi 16 juin, tu n’as pas besoin de simuler un arrêt maladie. Ton patron t’invites lui-même pour mater la trempe que vous allez foutre aux Anglais.

– Tu es François Hollande, tu as une courbe de popularité à inverser.

– Tu gardes en mémoire l’épopée des Grecs en 2004. Bien plus fou que Leicester City. Charisteas Vardy.

– Tu es Manuel Valls. Bonne nouvelle, grâce au réseau TGV intercités, tu vas pouvoir assister en famille aux matchs de l’Espagne sans grimper dans ton Jet privé. Allez la Roja, putain !

– Tu es entraîneur français sans emploi, et cette offre de consultant TV paraît tout à fait opportune pour relancer ton CV sur le marché de la Ligue 1.

– Tu n’as pas chopé de tickets pour la compétition, mais avec un peu de culot…

– Tu as quatre places au chaud pour Allemagne – Pologne. Un treizième mois au marché noir.

– Impérialiste, tu es. Le 14 juin à 18h et coché dans ton agenda : Autriche – Hongrie, bien sûr.

– Tu as des chèques Culture à liquider à la FNAC. Avec tous ces bouquins sur l’Euro, tu sais dans quel rayon tu vas faire tes emplettes.

– Il ne serait pas tout trouvé, ton prétexte pour inviter chez toi cette douce Tchèque rencontrée l’année dernière en ERASMUS ? « Un petit Espagne – Tchéquie à la maison, ça te tente ? J’adore Nedvěd. »

– Tu cherches quelle excuse tu vas bien pouvoir dégainer à l’heure de lâcher tes compagnons de veillée de Nuit Debout.

– Tu es la personne qui se cache sous les traits de Super Victor. Un costume ridicule, mais tu es payé pour voir tous les matchs des Bleus au plus près du terrain. Un bon plan, tu l’avais deviné.

– Tu aimes le (léger) maquillage sur les joues, les sandwichs à sept balles et les stades modernes avec de la place pour s’asseoir.

– Tu es Patrice Évra. Serein à 100%, convaincu que tu vas tout démonter.

– Tu n’as pas besoin d’être étudiant en Histoire pour te la raconter avec les supporters adverses : « À l’instar de la Coupe du monde et la Coupe d’Europe des clubs champions, c’est encore nous, les Français, qui avons inventé le Championnat d’Europe les mecs. »

– Tu as le sang chaud au bout de quelques pintes. Turquie, Croatie, Russie, Slovaquie, Belgique, Pologne, Angleterre, Ukraine… il est là le rendez-vous que tu attends tous les quatre ans.

– Tu es Christian Estrosi, quel pied pour toi, l’Algérie n’est pas qualifiée.

– Tu supportes les Fennecs, mais ça ne t’empêchera pas de pousser le klaxon à Barbès.

– Toi, tu es Britannique, mais le 23 juin, tu dis non au Brexit.

– Tu l’avoues, Zidane en 98, c’était une tuerie, mais ça vaut pas les buts de Wiltord et Trezegoal à Rotterdam. Frissons éternels :

– « Ohhhhhhhhhhh ! Ohhhhhhhhhhh ! » Tu viens de regarder cette vidéo cinq fois d’affilée.

– Tu regrettes l’absence de Mario Balotelli, malgré tout. Et d’Andrea Pirlo.

– « Sur quel espoir vais-je bien pouvoir claquer 50 millions cet été ? » On t’a reconnu Ed Woodward, directeur général de Man United.

– Tu espères que ton maillot extérieur de la Suède – une petite folie que tu t’es offerte « parce qu’il est classe, on dirait presque un T-shirt » – va faciliter les rencontres avec les Suédoises. D’ailleurs, tu l’as floqué Larsson – par esprit de contradiction, plus qu’en hommage au grand Henrik.

– Nettoyeur de la voirie, stadier, livreur de pizza… en vrai, il y a le choix pour trouver le job qui va te permettre de financer la suite de l’été sur la côte Dalmate.

– Tu es Rama Yade, et tu es déjà en campagne pour 2017 (ouais, ouais, la présidentielle). On n’est pas à l’abri de tes lumières sur Twitter, comme à l’ancienne : «  Attention à l’Uruguay. Je me souviens qu’on avait fait 0-0 contre eux, c’était en novembre 2008, à l’Euro.  » Quelle mémoire.

– Tu es Grégoire Margotton.

– Tu as envie de profiter de l’évènement à fond. Dans quatre ans, l’Euro réparti aux quatre coins du continent n’aura plus la même saveur.