Les bijoux de famille et le panier
À chaque saison sa nouvelle génération. En 2014-2015, Ngolo Kanté, Gaëtan Bussmann, Thomas Touré ou encore Allan Saint-Maximin devraient se faire une petite place au soleil. Ce qui est bien, notamment avec les deux derniers, c'est qu'à la fraîcheur qu'ils apportent sur le terrain se rajoute la fraîcheur médiatique. Pas encore dans le calcul, dans la langue de bois ou la manipulation, ces jeunots parlent, commentent, comme ils l'entendent, et c'est plutôt plaisant. Si le Stéphanois s'est distingué au micro de Laurent Paganelli, c'est sur les réseaux sociaux que Thomas Touré est hyperactif. S'il y distille généralement ses commentaires sur l'actualité sportive, c'est sur la sienne qu'il a dû s'attarder en milieu de semaine dernière après sa première titularisation en Ligue 1 face à Saint-Étienne. « J'ai regardé direct mon portable parce que dès les couloirs, on m'a dit : va sur Twitter, il y a quelque chose de sympa à regarder » confiait-il à L'Équipe. Ce qui était sympa, ce n'est pas le match nul entre les Verts et les Girondins, mais sa chute en plein match lors de laquelle il a perdu son short pour laisser apparaître malgré lui ses bijoux de famille à la télé. Le gamin de 20 ans est un homme de buzz, mais aussi un homme de buzzer. Amateur de basket, sport dans lequel il se débrouille bien selon le pivot aux doigts de fée de la SIG, Ali Traoré, il a lancé sa saison footballistique en tapant la balle orange avec Nicolas Batum, Henri Saivet, Boris Diaw et Nicolas Maurice-Belay. Si l'histoire ne dit pas si ce dernier loupe ses doubles-pas après avoir dribblé tout le monde, elle raconte en revanche le récit d'un môme qui a la tête solidement vissée sur ses épaules.
L'amour du golazo
Du haut de son mètre 75, Thomas Touré a logiquement préféré les pelouses aux parquets. En revanche, comme tout amoureux de la balle orange qui se respecte, il a gardé l'amour du bruit du filet. « Faire ficelle » , il sait faire. Auteur d'une frappe splendide en guise de buzzer beater ce dimanche face à Rennes (2-1), le natif de Grasse s'était déjà distingué en calant une volée « à la Van Basten » en CFA face à Viry-Châtillon. Tireur d'élite, Touré, très adroit devant le but, est un joueur d'axe même s'il occupe actuellement un côté dans la rotation de Willy Sagnol. Doté d'un bon sens du but, il jouit d'une qualité en voie de disparition selon son collègue Julien Faubert : « C'est quelqu'un de spontané, sur le terrain et dans la vie. Il faut le canaliser parfois parce qu'il n'a pas conscience de ses capacités. » Le son de cloche est le même chez son coach : « C'est un joueur difficile à saisir car il ne pense pas comme les autres. Sur des petites choses, il va se poser 3 000 questions. Sur d'autres, il ne s'en pose pas, comme sur sa frappe. » Désireux de prouver à son coach qu'il a les capacités pour être plus qu'un tube de la rentrée, Touré sait que tout n'est pas joué. S'il a effectivement signé pro l'année passée, son contrat ne court que jusqu'en 2015. Lui en revanche, n'est pas près de s'arrêter de courir. Sur l'aile, dans l'axe, mais surtout vers les tribunes, pour y fêter des buts de fous. Il paraît que c'est comme ça qu'un mammouth maigrit.
Par Swann Borsellino
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