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Totti, la retraite de Rome

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Totti, la retraite de Rome

Où l'on continue d'enterrer les numéros 10. Après l'ultime tango dansé par Riquelme au Venezuela après la finale de Copa America perdue face au Brésil, c'est au tour de Francesco Totti de dire au revoir au football des nations. « Mon histoire avec la Nazionale est finie », dit-il, sobrement. Avait-elle seulement commencé ?

D’abord, cette statistique étonnante : Francesco Totti, meilleur buteur du dernier championnat d’Italie, frappe pharaonique, technique divine, terreur des gardiens, n’a marqué en tout et pour tout que 9 buts en sélection nationale.
En 8 ans.

Cela le place loin derrière les autres attaquants italiens de sa génération : Vieri (23), Inzaghi (27), Del Piero (27). Loin aussi des autres grands joueurs de son temps, ses véritables alter-egos : Zidane aura touché 31 fois au graal en Bleu, Beckham 17 fois avec l’Angleterre, Raul 44 fois avec l’Espagne. Même le pauvre Riquelme, avec ses 15 buts en équipe nationale, est devant Totti. C’est bien le signe que quelque chose a toujours cloché dans la carrière internationale du fantasque Romain. Il y a des joueurs comme ça, qui promènent avec eux une sorte de poisse. Francesco Totti s’est promené une grosse poisse.

Sa véritable entrée chez les grands se fait à l’occasion de l’Euro 2000. A 24 ans, ce devait être sa consécration internationale, et ce le fut presque. Totti plane sur le tournoi, tente et réussit en demi-finale contre les Pays-Bas la plus belle Panenka depuis Panenka, réalise le décalage décisif en finale sur le but italien, est même élu homme du match. Misère, sa performance passe loin derrière les buts surnaturels de Wiltord et de Trezeguet. En 2002, c’est sûr, ça va rigoler. L’année précédente a été sa saison : champion d’Italie avec la Roma, élu joueur de l’année dans le championnat. Hélas pour lui, la Nazionale tombe en huitièmes de finale sur un drôle de loustic d’arbitre, Byron Moreno. Dans les prolongations, Totti est séché dans la surface coréenne. Pénalty ? Byron s’approche, le tance du regard, invente une simulation et le renvoie au vestiaire d’un rouge étrange. L’Italie est éliminée, lui avec. Arrive l’Euro au Portugal, qui doit lui apporter le Ballon d’Or sur un plateau. Mais lors du premier match, Totti crache à la gueule du méchant Danois Christian Poulsen, qui depuis le début du match lui distribue semelle sur semelle en toute impunité. Suspendu. L’Italie ne passe même pas les poules. Finalement, même le triomphe allemand de la Squadra Azzura, en 2006, lui laissera un goût amer. Totti se pointe en Allemagne blessé, avec un seul match de championnat dans les jambes. Sur le terrain, il se traîne. Y va bien d’un pénalty décisif en huitième contre l’Australie, mais c’est tout. Les héros italiens se nomment Fabio Grosso, Marco Materazzi, Fabio Cannavaro et Gianluigi Buffon. Pas une année à poètes. Et c’est tout.

A part invoquer la faute à pas de chance, comment expliquer ce bilan plus que timoré ? Il y aurait bien plusieurs raisons. Le contexte italien, pour commencer. On le sait, rien ne fut jamais simple pour les génies en équipe d’Italie. Riva et Rivera durent batailler contre l’opinion, Baggio contre son coach, Del Piero contre les deux. Totti, lui aussi, fut une sorte de sacrifié. En numéro 10, on lui préféra tour à tour Fiore, Del Piero, ou un système sans numéro 10. Il faut bien, également, souligner que Totti n’y a pas vraiment mis du sien, lui qui avant d’être italien, a toujours préféré se définir comme romain. Il y a des joueurs qui se planquent toute une saison dans leur club pour briller sous le maillot national. Totti, lui, c’est l’inverse : le club passe en premier. Ce que tout le monde a toujours senti, il vient d’ailleurs de l’avouer publiquement, lors de sa conférence de presse fatale d’il y a deux jours. « Physiquement, je ne peux plus tenir d’autres saisons en jouant à fond pour mon club et ma sélection nationale. J’étais donc obligé de faire un choix, et d’abandonner l’un ou l’autre. Or, je ne peux pas abandonner la Roma. Ça, non, jamais » . Bon, c’est clair, comme dirait l’autre. La sélection, Totti trouvait ça marrant, mais sans plus. Trop de Lombards, de Piémontais, de Vénitiens, de Calabrais et de Toscans, mais pas assez de Romains. Montez une équipe nationale romaine, et vous serez sûr de le revoir.

On rigole, mais en attendant, la nouvelle nous ficherait plutôt le cafard. Que vont devenir les compétitions internationales sans Totti ? Lui retiré, cela nous fait un joueur de moins capable de planter des buts de fou, d’évoluer la tête haute, de tenter des ouvertures platiniennes, de courir un peu, pas beaucoup, juste quand c’est nécessaire. En plus parfois il partait en couille, ça faisait parler dans les chaumières. Désormais, l’Italie va être un peu triste. Del Piero ayant le jeu de son âge, Miccoli et Cassano n’en finissant plus de flinguer leur talent, la Nazionale va devoir remettre les clés du jeu à des types moins doués : Di Michele, Di Natale, Quagliarella. On dira qu’ils s’en foutent, parce qu’ils sont champions du monde et qu’ils en ont pour dix ans de tranquillité. Après quoi, quand même, ils seraient bien inspirés de se découvrir un autre génie. On prie pour qu’il soit aussi drôle et poétique que Francesco Totti.

Stéphane Régy

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