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  • Les penaltys qui ont marqué l'histoire

Top 100 : Penaltys de légende (de 10 à 6)

Par Maxime Brigand, Kevin Charnay et Florian Lefèvre

« Il est impossible d’imaginer un moment de tension plus grand que le penalty. Deux hommes face à face. C’est un duel comme au XIXe siècle », écrit Julio Llamazares. Vrai. Dans le jeu ou lors d’une séance de tirs au but, raté ou réussi, en tribune ou sur le poteau, du pointard ou du talon, voilà 100 histoires de penaltys. Place au top 10 avec les larmes de Séville et un petit bonhomme de Guadalajara.

#10 - AC Milan-Liverpool - 2005

  • AC Milan-Liverpool FC, finale de la Ligue des champions, 25 mai 2005
  • Ce 25 mai 2005, Jamie Carragher n’a jamais couru aussi vite. Il est le premier à sauter dans les bras de Jerzy Dudek, au bout de la nuit stambouliote. Et pourtant, deux heures avant, Liverpool est au fond du trou. Mené 3-0 par l’AC Milan à la mi-temps de la finale de la Ligue des champions. Personne n’imagine un retour des Reds après la démonstration des hommes de Carlo Ancelotti dans le premier acte. Un véritable XI de légende représente le Milan : Dida – Cafu, Stam, Nesta, Maldini – Gattuso, Pirlo, Kaká, Seedorf – Shevchenko, Crespo. Mais en l’espace de six minutes, Liverpool remet les compteurs à zéro. Il y a d’abord ce coup de casque phénoménal de Stevie-G, un tir rasant de Šmicer et puis ce penalty, arrêté par Dida, mais converti en deux temps par Xabi Alonso. Prolongation. À la 118e minute, Dudek réalise un double arrêt stratosphérique face à Shevchenko. Place aux tirs au but.

    Serginho s’avance le premier face à Dudek. Devant lui, c’est comme si le Polonais occupait toute la cage avec ses pas chassés et ses moulinets des bras. Au-dessus ! La frappe du gaucher brésilien s’élève vers les supporters du Milan. Dietmar Hamann s’avance face à Dida. Le gardien reste stoïque jusqu’au dernier moment et effleure le tir croisé de l’Allemand. 1-0, Liverpool. Andrea Pirlo bute sur Dudek, Djibril Cissé prend Dida à contre-pied. 2-0, Liverpool. Jon Dahl Tomasson envoie une chiche à gauche, Dida se détend de tout son long sur le plat du pied de John Arne Riise. 2-1, Liverpool. Dudek s’accroupit, tel l’héritier de Bruce « spaghetti legs » Grobbelaar, mais Kaká trouve la lucarne, puis Vladimír Šmicer ouvre son pied vers le petit filet. 3-2 Liverpool, balle de match. Shevchenko s’en va tirer à petits pas au centre du but, mais Dudek laisse traîner sa main gauche. Le gardien polonais vient d’écrire l’excipit de cette finale mémorable. Et si c’était grâce à un stratagème secret ?

    À la demande du coach Rafael Benítez, Dudek a minutieusement étudié l’historique de ses adversaires. Voilà la méthode : le gardien polonais regarde des heures de vidéos, où la cage est divisée en six, représentant les différentes zones préférentielles des tireurs. En résulte « une liste aussi longue qu’un rouleau de papier toilette » , comme l’explique le Polonais dans son autobiographie. Avec l’adrénaline de la soirée, impossible de retenir son antisèche. Alors, juste avant la séance, Dudek établit un nouveau plan avec l’entraîneur des gardiens, José Ochotorena. « Avant chaque tir au but, je vais te regarder. Lève-toi et mets les mains en l’air. Si tu lèves une main, je vais plonger à gauche, si tu en lèves deux, j’irai à droite. » Finalement, c’est Ochotorena qui tient la liste et donne les instructions à Scott Carson, le gardien remplaçant. Dudek fait le reste. Il raconte : « Benítez est venu me voir sur la pelouse après la victoire sans montrer aucune émotion : « Dis-moi, Jerzy, pourquoi as-tu plongé dans des directions opposées à celles que nous te recommandions ? », m’a-t-il demandé. Il avait raison, je pense que j’ai plongé trois fois vers le côté opposé à celui qui était convenu par les signaux de Scott et Ocho. » Tout ça pour ça. Pour un miracle d’Istanbul.

    #9 - RFA-France - 1982

  • RFA-France, demi-finale de la Coupe du monde, 8 juillet 1982
  • « Celui qui n’a jamais vu ce match n’a jamais vu un match de football. Aucun film au monde, aucune pièce ne saurait transmettre autant de courants contradictoires, autant d’émotions que la demi-finale perdue de Séville. » C’est avec ce genre de phrases, celles-ci prononcées par Michel Platini, que l’on mesure à quel point ce match disputé le 8 juillet 1982 entre la France et l’Allemagne s’est inscrit dans la légende. Une blessure jamais refermée pour toute une génération de supporters, tant le scénario est cruel pour ces Bleus magnifiques, mais finalement losers, face à ces gagnants froids que sont les Allemands. Lors du mondial 1982, l’équipe de France est au sommet de son art. Il y a Michel Platini, ainsi que ses trois acolytes Bernard Genghini, Alain Giresse et Jean Tigana qui forment le carré magique.

    Après 90 minutes rythmées par l’ouverture du score de Pierre Littbarski, l’égalisation de Michel Platini sur penalty, et surtout l’agression de Harald Schumacher sur Patrick Battiston (dents et vertèbres cassées pour le Français, pas de faute sifflée), c’est l’heure de la prolongation. Remontés à bloc par le sentiment d’injustice, les Français prennent très vite l’ascendant. Marius Trésor, puis Alain Giresse marquent deux superbes buts. Le milieu bordelais exulte avec ses bras désarticulés. Il est certain d’avoir qualifié les siens, mais il se trompe. Les Bleus continuent de jouer et ne ferment pas le match à double tour, laissant l’opportunité à Karl-Heinz Rummenigge et Klaus Fischer d’égaliser. Ce seront les tirs au but.

    Vidéo

    Là encore, les Bleus semblent avoir fait le plus dur. Tandis qu’Alain Giresse, Manuel Amoros et Dominique Rocheteau réussissent leurs tentatives, Ulrich Stielike échoue après les succès de Manfred Kaltz et Paul Breitner. Après trois penaltys chacun, la France est devant. Et puis tout bascule. Didier Six met les compteurs à zéro en butant sur Schumacher pendant que Littbarski profite une nouvelle fois de l’immobilisme de Jean-Luc Ettori. Platini et Rummenigge réussissent, emmenant leur équipe respective à la mort subite. Elle n’ira pas bien loin. Maxime Bossis croise une frappe trop molle que Schumacher s’empresse de détourner. Son visage hagard en dit long, il a senti le vent tourner. Quelques secondes plus tard, Horst Hrubesch place parfaitement son plat du pied, Ettori ne plonge toujours pas. Tragique, mais inoubliable.

    #8 - Ajax-Helmond Sport - 1982

  • Ajax-Helmond Sport, championnat des Pays-Bas, 5 décembre 1982
  • Un récit de la révolution : le penalty à deux. Lorsqu’il tente le coup le 22 octobre 2005 face à Manchester City avec Robert Pirès, Thierry Henry assume l’idée et la tentation de rendre hommage à Johan Cruyff, l’idole. Peu importe l’échec, le Français pousse au fact checking. Non, Cruyff n’est pas l’inventeur du penalty joué à deux : le 5 juin 1957, Rik Coppens l’a tenté avant lui et, mieux, l’a réussi face à l’Islande en compagnie de son pote, André Piters. Plus tard, Johnny Newman réussira aussi, mais l’histoire a décidé de ne retenir que Cruyff, homme qui détestait les penaltys, et son coup de génie du 5 décembre 1982. Un soir où l’Ajax fera sauter Helmond Sport (5-0) et où la 21e minute s’inscrira dans la légende. La suite, c’est Jesper Olsen qui préfère la raconter.

    « Personne ne s’attendait à cela, la surprise était totale. Après le but, le temps s’est arrêté. Tout le monde était tétanisé, ne comprenant pas ce qu’il venait de se passer. Les gens se demandaient si c’était autorisé, si le but était valable, ce que l’arbitre allait décider… Personne ne savait comment réagir. Nos partenaires, eux, étaient émerveillés. » Devant la paire Olsen-Cruyff, plus de 10 000 spectateurs venus assister à une humiliation. Un penalty joué à deux, le second qui décale le premier qui remet au second. But. Otto Versfeld, le gardien d’Helmond Sport, explose : « Tout s’est déroulé très vite. Je me suis demandé : « Qu’est-ce qui se passe ici, nom de Dieu ! » J’ai hésité, alors que si je m’étais rué sur le ballon en première intention, je l’aurais eu. Mais c’était trop tard, Olsen avait déjà rendu le ballon à Johan Cruyff ! »

    L’attaque a sa préparation et a été décidée dès le début de saison par Cruyff, le libertaire. Durant plusieurs mois, après les entraînements, la paire bosse le geste, le tente et le retente. Personne n’est au courant, pas même Aad de Mos, le coach de l’Ajax. Johann Cruyff ne tire jamais les penaltys, mais s’avancera finalement face à Helmond Sport. Arrière gauche de l’Ajax, Peter Boeve résumera le geste ainsi : « Cette action reflète bien Johan, parce que c’est plein de ruse, à son image. À son époque, on pouvait être le meilleur joueur du monde sans être un monstre physique, simplement en étant créatif. » Le reste, c’est la postérité.

    Tous propos tirés du SOFOOT #128 consacré à Johan Cruyff

    #7 - Côte d'Ivoire-Ghana - 2015

  • Côte d’Ivoire-Ghana, finale de la CAN, 8 février 2015
  • De la sueur, des larmes et du Koutoukou. Tard dans la nuit de Bata, le 8 février 2015, Copa Barry s’effondre : « J’ai une pensée pour ma maman. Je sais qu’elle souffrait, parce que je ne jouais pas. Merci à elle, merci à tous les Ivoiriens. Il n’y a pas de place pour tout le monde ; mais il y a de la place pour le travail. Dieu m’a récompensé. » Le foot, ses incertitudes, ses lignes qui se bousculent et ses destins : l’histoire de Barry, le pestiféré, le gamin sans réel talent devenu roi en embrassant l’éternité. Avant ce soir-là, le gardien ivoirien était tombé plus d’une fois : en 2007, au moment d’annoncer son départ aux supporters de Beveren ; quelques années plus tôt, dans le bureau de Patrick Rampillon, à Rennes, qui lui avait filé six mois de test ; au moment d’essuyer les refus face à un talent alternatif lorsqu’il était enfant. Peu importe, si la Côte d’Ivoire a remporté la CAN 2015, c’est grâce à lui et à personne d’autre.

    Face aux Éléphants, il y avait le Ghana d’Avram Grant, Brimah Razak, Atsu, Ayew et Gyan. La finale est flinguée, se termine par un 0-0 sans saveur, et doit se boucler par une séance de tirs au but. Un supplice : onze tireurs de chaque côté, cinq ratés et Barry, donc, dans le rôle du dernier buteur ivoirien et du sauveur face à Razak, son collègue. Au début de la compétition, le héros n’était même pas titulaire, Hervé Renard lui ayant annoncé la nouvelle par téléphone et lui préférant Sylvain Gbohouo. Barry lui avait répondu être « au service de la nation » . Employé modèle. Puis, veille de finale : Gbohouo se blesse, Barry doit sauver le pays. La suite, c’est de l’héroïsme, un peu d’acteurisme et une pensée pour ce gardien qui lui avait rendu la vie impossible à Rennes, quelques années plus tôt : « Je ne me souviens même plus de son nom, mais je pense qu’il joue dans un club de DH désormais. Dernièrement, je l’ai vu avec sa femme dans un jeu télévisé de TF1, j’ai bien rigolé. » Non, Babar n’est pas le roi des éléphants.

    #6 - Brésil-France - 1986

  • Brésil-France, quart de finale de la Coupe du monde, 21 juin 1986
  • On joue la prolongation du « match du siècle » , un quart de finale de la Coupe du monde 1986 entre les deux plus belles équipes du tournoi : la France et le Brésil. Les deux équipes se tiennent en échec 1-1 depuis l’égalisation de Michel Platini en réponse au but de Careca. Bruno Bellone est lancé en profondeur et se présente seul face au gardien brésilien. Il entame son dribble tôt pour l’effacer. Mais il est totalement déséquilibré par Carlos, auteur d’une faute flagrante. Lucky Luke, comme il est surnommé, tente de résister à la charge illégale pour aller marquer, mais il se fait reprendre par un défenseur. L’arbitre ne revient pas à la faute. Carlos croit s’en être bien sorti, mais il ne sait pas encore ce qu’il a fait.

    Vidéo

    Les deux équipes ne parviennent à se départager, il faudra s’en remettre à la séance de tirs au but, celle qui a éliminé les Français quatre ans plus tôt contre l’Allemagne. Au moment où Bruno Bellone se présente face à Carlos, la France a un peu d’avance. Si Yannick Stopyra, Manuel Amoros, Alemao et Zico ont réussi, Sócrates a ouvert la séance en butant sur Joël Bats. Le portier brésilien décide alors de narguer Bruno Bellone. Grave erreur. Quand Lucky Luke voit rouge, il dégaine très vite, et très fort. « Il vient vers moi et il postillonne. Quand je pose le ballon, l’autre parle avec Zico qui avait tiré avant moi, il lui disait : « Il va tirer là », il faisait des conneries pour me faire chier. Je me suis dit : « Toi, je vais tirer tellement fort que je vais t’arracher la tête. » Ce gardien, dans l’émission de Charles Biétry, il dit de moi : « Il avait un regard, il voulait me tuer. » Et il avait raison, je voulais le défoncer ! Au départ, je voulais le tirer tranquille, mais il m’a tellement mis la haine, ce type, que j’ai décidé que je frapperais fort, pour lui attraper la tête » , se souvient le principal intéressé.

    C’est ce que Bellone fait. Il tire très fort en bas à droite. Carlos part du bon côté. Le ballon tape le poteau, rebondit derrière la tête du gardien, et finit sa course au fond des filets. « Je suis passé devant, je lui ai fait : « Tieeeeeeeens ! » Il avait qu’à pas me chercher ! Après, j’ai eu du cul aussi. (Rires.) » Les Brésiliens protestent, mais le but est parfaitement valable. Bruno a rempli ses deux objectifs : marquer et taper dans la tronche de Carlos. Ensuite, même si Michel Platini se foire, il est imité par Júlio César. Luis « allez mon petit bonhomme » Fernandez n’a plus qu’à finir le travail en prenant Carlos à contre-pied. La France atteint les demi-finales du Mondial pour la seconde fois consécutive.

    Par Maxime Brigand, Kevin Charnay et Florian Lefèvre

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