- CAN 2010
Top 10 : Les CAN
La CAN est une compétition biennale, qui compte treize vainqueurs et trois trophées différents en cinquante-trois ans d'existence. Vingt-six éditions au cours desquelles les meilleures équipes africaines se sont affrontées aux quatre coins du continent pour le meilleur et pour le pire. Avant le coup d'envoi de la CAN angolaise, top 10 subjectif des Coupes d'Afrique les plus marquantes entre coups fourrés et coups de maître.
1957 – Organisateur : Soudan. Vainqueur : Egypte
Première édition. Il y a seulement quatre équipes en lice, les nations fondatrices de la CAF, qui se départagent lors de matchs à élimination directe. Le Soudan, l’Egypte, l’Ethiopie et l’Afrique du Sud sont dans les starting-blocks. Seulement, les Bafanas-bafanas ne peuvent pas participer à la compétition car les autorités sud-africaines trouvent l’équipe trop « multiethnique » . Par forfait, l’Ethiopie réussit à se qualifier pour la finale. Elle retrouve l’Egypte qui l’écrase 4 à 0. Les Pharaons deviennent les premiers rois d’Afrique, grâce à deux petits matchs.
1970 – Organisateur : Soudan. Vainqueur : Soudan
Septième édition. L’organisation change : huit équipes sont réparties dans deux groupes. Les Crocodiles du Nil, surnom des éthiopiens, galèrent pour arriver jusqu’en finale après avoir sorti l’Egypte en demi. Le stade municipal de Khartoum accueille le Soudan et le Ghana, disputant à cette occasion sa quatrième finale consécutive. Les Soudanais l’emportent par la plus petite des marges. La troisième mi-temps est un grand n’importe quoi. Se sentant floué par l’arbitrage, les Ghanéens boycottent la cérémonie officielle : ils se feront expulsés par les autorités soudanaises. Hortefeux et Besson n’ont rien inventé.
1974 – Organisateur : Egypte. Vainqueur : Zaïre
Petit parfum de vacances avec la première, et dernière, apparition de l’Île Maurice. Pourtant l’ambiance est pesante car l’Egypte sort de la guerre du Kippour. Les stades sont désertés, à l’exception des rencontres disputées par les hôtes. Les Mauriciens permettent au Zaïre de se mettre en confiance en jouant les sparring-partners durant la phase de poule, victoire des Léopards (4-1). Novice, la Zambie rejoint le Zaïre en finale. Elle se disputera en deux manches dans la plus stricte confidentialité, trois-cents personnes assisteront à la première joute au stade Nasser. Le Zaïre l’emporte pour le plus grand plaisir du maréchal Mobutu, toqué de son attaquant Pierre Ndaye dit Mulamba (voir son très bon portrait dans le supplément Afrique), auteur de neuf buts et qui reste à ce jour le meilleur buteur de la compétition.
1982 – Organisateur : Lybie. Vainqueur : Ghana
« Oui à l’Afrique ! Non à la Coupe ! » . Ainsi s’exprime le colonel Mouammar Kadhafi, la vraie star de la treizième édition. Il profite de la tribune que lui offre la compétition pour se lancer dans une longue diatribe contre les pays occidentaux et l’apartheid en Afrique du sud lors de la cérémonie d’ouverture. Le livre vert du régime est omniprésent et a sûrement servi de projectile lorsque les spectateurs du stade du 11 juin ont caillassé les Blacks Stars victorieux de la Lybie après une séance de tirs aux buts. Un petit jeune pointe le bout de son nez : un certain Abedi Pelé.
1984 – Organisateur : Côte d’Ivoire. Vainqueur : Cameroun
Le Malawi devait recevoir les meilleures sélections africaines, la Côte d’Ivoire enfile le tablier d’hôte. On espérait les Eléphants, les Lions Indomptables furent sacrés. Pire, les Ivoiriens sortirent dés les phases de poule tandis que les Nigérians et les Camerounais régalaient la chique. Emmenés notamment par Roger Milla et Bell, les Camerounais se hissent sur le toit de l’Afrique, une première, en dominant le Nigéria (3 – 1) sous les yeux de spectateurs tous invités par les autorités ivoiriennes afin d’éviter que le stade Félix Houphouët-Boigny sonne creux.
1990 – Organisateur : Algérie. Vainqueur : Algérie
« One, two, three, viva l’Algérie ! » . Dans les années 80, les mondialistes algériens finissent le plus souvent dans le dernier carré de la CAN sans jamais repartir avec le précieux trophée. Les désillusions sont balayées au cours d’une compétition survolée par les Fennecs qui alignent à deux reprises les Nigérians, en poule (5-1) et en finale (1-0), grâce à de talentueux joueurs comme Oudjani ou Madjer. Les 100.000 spectateurs du stade du 5 juillet exultent mais la victoire algérienne sonne la fin d’une génération et annonce une longue traversée du désert. Mais bon le désert, les Fennecs connaissent.
1992 – Organisateur : Sénégal. Vainqueur : Côte d’Ivoire
Avant d’être célébrés jusqu’à plus soif par Téléfoot, les Eléphants traînaient une vilaine réputation de losers. Heureusement la CAN 92 et ces quatre groupes composés de trois équipes, vont permettre aux Ivoiriens d’inscrire leur nom au palmarès. Autre nouveauté : il y a des quarts de finales. Une première séance de tirs aux buts face au Cameroun prépare les Eléphants à la finale gagnée face au Ghana, privé d’Abedi Pelé, suspendu. Au terme d’un suspens hitchcockien (11 pénaltys à 10), les Eléphants barrissent et se trouvent un héros : Alain Gouamené, le portier stoppe un pénalty et remporte le titre en conservant ses buts inviolés. Une victoire acquise sans sorcier blanc…
1994 – Organisateur : Tunisie. Vainqueur : Nigéria
Deux drames ont touché cette édition. D’abord, les Tunisiens sortent au premier tour sans gloire, façon équipe de France, ce qui nourrit le désintérêt du public pour la suite des évènements. L’autre drame précède la compétition. L’avion de la délégation zambienne s’abîme en mer en avril 1993 (une sombre histoire de problèmes de moteur et d’erreurs de pilotage) emportant la sélection, excepté Kalusha Bwalya qui jouait en Europe. Ce dernier emmène les Chipolopolos en finale où ils se heurtent à une des plus belles équipes africaines : le Nigéria. Technique et rapide, composée de K et de H : Keshi, Amokachi, Amunike ou encore Okocha ; elle domine les Zambiens par 2 à 1. Les Super Eagles sont maîtres dans le nid des Aigles de Carthage.
1996 – Organisateur : Afrique du sud. Vainqueur : Afrique du sud
Il aura fallu attendre la fin de l’apartheid et la libération de Nelson Mandela pour que l’Afrique du sud puisse enfin disputer une CAN. Mieux encore, elle l’organise dans la foulée de la coupe du monde de rugby 1995, après le désistement du Kenya. A l’origine seize pays devaient s’affronter dans quatre groupes, mais le Nigéria déclara forfait pour des raisons politiques et ne fut pas remplacé. Petite bizarrerie, le groupe C ne compte donc que trois équipes. Comme les Springboks, les Bafanas-Bafanas remportèrent la compétition grâce à Mark Williams qui crucifia les tunisiens en finale avec un doublé en deux minutes. Un succès symbolique qui apporta sa pierre à l’édifice de la réconciliation nationale.
2000 – Organisateur : Ghana-Nigéria. Vainqueur : Cameroun
La première édition des années 2000 annonce un joyeux bordel. Eliminés au premier tour, les Ivoiriens sont envoyés dans un camp militaire par le général Gueï tandis que la séance de tirs aux buts lors de la finale entre le Nigéria et le Cameroun relance le débat sur l’assistance vidéo. La tentative du nigérian Ikpeba n’est pas accordée par l’arbitre alors que le ballon avait passé la ligne et était donc valable. Le trophée revient aux Lions Indomptables emmenés par M’Boma et le jeune Samuel Eto’o fils… Adrien Ares
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