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Top 10 : je me suis fait espionner

Par Christophe Gleizes
Top 10 : je me suis fait espionner

Parce que le savoir, c'est le pouvoir, les États-Unis ne sont pas les seuls à espionner leurs prochains. Dans le monde du football, ils sont nombreux à tenter de se renseigner avec les moyens du bord. Entre drones furtifs, combinaison camouflage et miroirs sans tain, les intentions sont souvent mauvaises et la discrétion pas toujours assurée.

1. Toufik Kourichi, déguisé en pompier de service

Avant de se qualifier pour la Coupe du monde 2014, l’équipe d’Algérie doit d’abord ferrailler en barrages contre le Burkina Faso. Et tout commence mal pour les Fennecs, battus 3-2 à Ouagadougou au match aller. Pour préparer la seconde manche, les Burkinabés s’installent au Maroc, dans le complexe hôtelier de Mazagan, situé à 84 kilomètres de Casablanca. Un centre luxueux et lourdement gardé, histoire de peaufiner leur tactique en toute discrétion. Raté. Désireux d’en savoir plus, Coach Vahid décide d’envoyer sur place son homme de main, Toufik Kourichi, l’entraîneur des A’, qui va plier le game du renseignement furtif en trois coups de cuillère à pot. Il faut dire que Toufik connaît bien le terrain d’opération : les clubs algériens s’y rendent souvent en stage pendant l’été. Profitant de ses relations avec les hôteliers, il se procure une tenue locale de pompier et parvient à déjouer sans problèmes les différents contrôles. De quoi assister incognito à la mise en place tactique de Paul Put, le boss des Étalons. Qui seront battus et éliminés 1-0 à Blida, le 19 novembre suivant, au terme d’une rencontre à sens unique. Hasard ou non, Arturo Brachetti vient d’être nommé directeur technique national en janvier dernier. Pour services rendus à la communauté ?

2. Chuck Blazer, l’espion qui m’a tiré

Comme tout dirigeant de la FIFA qui se respecte, Chuck Blazer a un gros bide, et s’en est longtemps mis plein les fouilles. On parle quand même d’un sosie du père Noël amateur de jet-set et de palaces, roulant dans une voiturette pour obèses, tristement capable de louer un appartement 5500 euros par mois près de Central Park, uniquement pour ses chats. Malheureusement pour lui, après 21 ans passés au poste de secrétaire général de la CONCACAF, le truculent septuagénaire est rattrapé par une enquête sur les millions de dollars qu’il a détournés. Menacé de prison par l’IRS, le service des impôts américains, « Monsieur 10% » accepte de collaborer avec la justice en 2011 pour échapper à l’incarcération. Dès lors, il devient agent double, au service du procureur de Brooklyn. Armé d’un micro caché dans son porte-clés, il écume les couloirs de la FIFA et commence à enregistrer des conversations à haut niveau, avec plus de 44 personnalités suspectées par le FBI. Des écoutes qui aboutiront finalement au scandale de corruption qui secoue actuellement l’instance internationale, à propos de l’attribution des Coupes du monde en Russie et au Qatar. Ironie de l’histoire, il est donc le héros qui aura fait mal au cul de Sepp Blatter, alors même qu’il soigne depuis deux ans un cancer du colon à un stade avancé.

3. Keylor Navas, ciblé par des agents corrompus

En octobre 2014, la police costaricaine révèle avec stupeur que le gardien Keylor Navas a été fliqué sans raison par les services secrets durant l’été. Selon les autorités, le portier du Real Madrid et ses deux sœurs ont fait l’objet de pas moins de 51 recherches entre juillet et octobre, menées par près de 24 agents du renseignement et quelques membres du parquet, visiblement mal intentionnés. « Ce sont des faits très graves. Nous n’avons aucune raison d’enquêter sur Keylor Navas ni sur sa famille » , s’excuse alors Francisco Segura, le directeur de la police judiciaire, confus et désolé : « Pour l’instant, nous ignorons pourquoi des agents et des procureurs ont cherché à regrouper des données sur cette famille. » Présumés corrompus, les contrevenants ont inventé des faux motifs d’enquêtes pour accéder à la base de données, qui recense les informations privées de tous les ressortissants costariciens. Sans doute dans l’optique de découvrir si my Keylor is rich. « L’investigation sur ma personne est un manque de respect » , déclare dans la foulée le portier international, recruté par le Real Madrid en août : « Mes avocats travaillent là-dessus. Personnellement, je suis tranquille, mais je ne peux pas laisser passer ça. » En charge de l’enquête, le procureur général Jorge Chavarría a qualifié les faits de « très graves » et assuré que la justice irait « au bout » . Le mois d’après, il n’a ainsi pas hésité à inculper Segura, le chef de la police, parmi la liste des accusés. Dommage pour Francisco, qui avait quand même bien bluffé.

4. Kenneth Heiner-Moller, filmé à son insu par des Chinois

« On se croirait dans un film d’espionnage ! » Le constat est signé Pia Schou, l’attachée de presse de la sélection danoise, encore étourdie par sa découverte. En septembre 2007, la Coupe du monde féminine est sur le point de démarrer en Chine. À la veille de rencontrer le pays hôte, les joueuses se réunissent dans la salle de conférence du Howard Johnson Pearl Plaza, leur prestigieux hôtel de Wuhan. Le but ? Parler stratégie avec leur sélectionneur, Kenneth Heiner-Moller. Le problème ? Juste avant la causerie, plusieurs membres du staff sont alertés par des bruits étranges à l’autre bout de la salle. En se rapprochant du miroir sans tain, quelle n’est pas leur surprise en découvrant derrière la vitre deux hommes de l’Empire du milieu, équipés de video-caméras. Dur. Le lendemain, les Danoises s’inclinent 3-2 contre les Chinoises. Forcément, Kenneth l’a un peu mauvaise et refuse de serrer la main de son homologue. Quant aux rois de la discrétion, tout penauds, leur lien avec une autre sélection n’a bizarrement pas pu être prouvé. Après deux jours d’enquête acharnée, la FIFA clôt l’affaire. « Nous n’avons pas à donner de détails quant à la façon dont nous menons nos investigations » , détaille alors Nicolas Maingot, le responsable presse de la FIFA, accusé d’étouffer le scandale pour éviter d’afficher ses hôtes, à un an des JO de Pékin : « Si certains pensent que c’est le cas, ils ont complètement tort. »

5. Olivier Tallaron, agent triple zéro

On le sait, l’homme de terrain de Canal + aime bien le PSG, même si la réciproque n’est pas forcément vraie. Aussi, lorsqu’il apprend de la bouche de Ghislain Printant la composition de l’équipe bastiaise, « une défense à cinq » , le journaliste s’empresse-t-il d’aller rapporter l’info au staff parisien, quelques minutes avant le coup d’envoi de la rencontre. Malheureusement, il se fait griller par Ghislain, qui n’hésite pas à lui gueuler dessus une fois le match terminé, au nom de la déontologie. « Contrairement aux usages, Olivier Tallaron a oublié un principe fondamental et qui s’applique à tous les journalistes de Canal+, a plus tard commenté Karim Nedjari, directeur de l’information des sports sur la chaîne cryptée. Les entraîneurs nous font la confiance et l’amitié de nous communiquer les compositions d’équipe pour nous permettre de préparer nos infographies à l’antenne avant le match. Celles-ci restent confidentielles jusqu’à leur diffusion. Cette fois-ci, Olivier a maladroitement commenté cette composition publiquement. » Le pire dans l’histoire, c’est que Tallaron s’est fait piéger. Se doutant de ses intentions, Ghislain Printant lui a ouvertement menti, alignant finalement son équipe en 4-4-2, en véritable maître du contre-espionnage. Après avoir plié le PSG à domicile, il a reçu les excuses de l’agent infiltré dans la foulée, dans l’intimité des travées du stade Armand Cesari.

6. Christian Vieri, mis sur écoute par l’Inter

On ne peut pas impunément enchaîner les pions et les conquêtes nocturnes. Ce triste constat, le prolifique Christian Vieri l’a appris à ses dépens lors de ces six années passées à l’Inter de Milan. Soucieux de « contrôler sa vie en dehors du terrain » , les dirigeants du club lombard n’ont pas hésité à le mettre sur écoute à deux reprises en 2001 et en 2004, avec la complicité de Telececom Italia. « Moratti m’a demandé en personne de garder un œil sur Vieri » , balançait Giulano Tavaroli, l’ancien chef de la sécurité de l’opérateur téléphonique : « La première fois pour s’assurer que son comportement était conforme aux clauses de son contrat. La seconde fois parce que le joueur devait témoigner dans une affaire impliquant Pirelli. » En 2006, la police découvre le pot aux roses et finit par prévenir le Bison, qui tombe des nues. Le scandale éclate et Vieri porte plainte deux ans plus tard contre son ancien club. Arguant que le stress provoqué aurait nui au reste de sa carrière décousue, il réclame 21 millions d’euros de dommage et intérêts. Las, au terme du procès qui s’est déroulé en septembre 2012, le serial-clubber ne recevra qu’un petit million d’euros de dédommagement. Pour ce qui est des excuses, il attend encore. « Nous sommes surpris par la sentence et nous ferons appel » , annonçait l’avocat de l’Inter, impassible, au moment du verdict : « Nous voulions seulement savoir s’il respectait les règles de fonctionnement interne à notre club. Nous étions dans notre droit. »

7. Luca de Pra, grillé dans les feuillages

On sait tous que les derbys peuvent conduire les hommes à la folie. Entraîneur des gardiens de la Primavera du Genoa, l’Italien Luca de Pra peut en témoigner. En ce matin du 11 septembre 2013, il grimpe dans un arbre qui surplombe la colline de Bogliasco, le quartier général de la Sampdoria, dans le but d’observer la séance d’entraînement des hommes de Delio Rossi. Combinaison camouflage à l’appui. Le problème, c’est qu’il est mal caché dans les feuillages, et qu’il est rapidement repéré par Giorgio Ajazzone, le manager de la Samp, qui faisait son tour de garde. Prié de quitter les lieux, il force son club à s’excuser dans un communiqué, à deux jours du match décisif. La honte : « Le Genoa CFC assure qu’aucun dirigeant ou membre du staff technique n’a mandaté monsieur De Pra, entraîneur des gardiens de la primavera, pour suivre l’entraînement de Bogliasco. Tout ceci est parti d’une initiative personnelle. De telles méthodes n’ont jamais fait et ne feront jamais partie de nos modes opératoires. En conséquence, le club annonce la suspension immédiate de De Pra en attendant d’éventuelles explications. » La prochaine fois, c’est sûr, Luca n’oubliera pas la boue sur le visage et la couronne de feuilles autour du crâne.

8. Roy Hodgson, espionné par des journalistes

Euro 2012, en Ukraine. L’Angleterre est sur le point d’affronter la Suède, dans un second match décisif pour la qualification dans le groupe D. À l’aide d’un rétro-projecteur, le sélectionneur Roy Hodgson présente à ses joueurs la tactique à adopter. Le problème, c’est que de l’autre côté de la rue, au troisième étage d’un hôtel de Kiev, se trouve le journaliste Ola Billger, qui travaille pour le quotidien Svenska Dagbladet. Armé de ses jumelles, ce dernier se rince l’œil. « J’ai attrapé mes binoculaires et avec mon collègue, on a pu regarder les Anglais pendant près de quarante minutes, à travers la verrière » , a-t-il plus tard expliqué au Daily Mail. « Nous n’étions pas en mesure d’entendre ce qui se disait, mais il était clair que Hodgson était en train d’expliquer comment percer la défense suédoise et qu’il détaillait comment on allait attaquer sur corner. À travers les vidéos présentées, et les tactiques affichées sur le tableau, on a aussi compris qu’Andy Carroll allait être titulaire, tandis qu’Alex Oxlade-Chamberlain serait sur le banc. » Au bout d’un moment, le store censé préserver l’intimité des joueurs est finalement baissé. « Je ne sais pas s’ils ont réalisé que nous étions en train de les espionner. De toute façon, nous avions déjà suffisamment d’éléments pour écrire un super papier. Bien sûr, on a tout de suite appelé la Fédération suédoise. Reine Almqvist était très heureux d’entendre ce que nous avions à dire, surtout à propos de la composition d’équipe. » Bien mal acquis ne profite jamais : sur le terrain, l’Angleterre s’imposera finalement 3-2, au terme d’un match animé.

9. Gerard Piqué, poursuivi par des détectives

Que ce soit Ronaldinho, Eto’o ou Deco, les joueurs du FC Barcelone ont l’habitude d’être surveillés en Catalogne. Mais la palme revient de droit à Gerard Piqué. Tout commence en 2008 quand l’ex-président Joan Laporta engage des détectives privés de l’agence Metodo 3 pour se renseigner sur le défenseur, coupable de trop aimer le poker. Comme l’ont révélé des documents saisis par la police au siège de l’agence, ses sessions de jeu ont fait l’objet d’une enquête poussée. On estime ainsi que Laporta aurait dépensé plus de 500 000 euros pour s’immiscer dans la vie privée de ses joueurs. « J’ai fini par le remarquer » , détaillait en 2013 l’international espagnol, dans les colonnes de L’Équipe : « Je voyais qu’il se passait quelque chose de bizarre, que des types me suivaient dans la rue. C’est quelque chose d’assez moche, qui ne m’a pas plu. » En 2010, rebelote : le défenseur espagnol commence à fréquenter la chanteuse Shakira. Flippé à mort, Guardiola craint que ses sorties nocturnes n’affecte son rendement sur le terrain. Et fait donc de nouveau appel à l’agence de détectives. « Pep était obsédé par le fait que son effectif ait une vie privée bien ordonnée » , explique un ancien membre du staff, cité par El Confidencial. Ce dernier révèle la mise sous surveillance du GPS du joueur, de son téléphone portable, de sa voiture et de l’une de ses cartes bleues. « J’ai du mal à comprendre » , conclut Piqué, flegmatique face aux révélations : « Je pense qu’il faut avoir confiance en ses joueurs et dans le fait que chacun sait ce qu’il a à faire en dehors du club. Tant que tu es performant sur le terrain, que tu t’entraînes, le reste, c’est personnel. » Relégué sur le banc à la fin de l’ère Guardiola, Gerard semble avoir profité, en tout cas.

10. Didier Deschamps, emmerdé par un drone

Déjà repérés en Allemagne, lors d’un entraînement de Nuremberg en octobre 2013, les drones sont la nouvelle phobie des entraîneurs en quête de discrétion. Aussi, quand Didier Deschamps observe un objet furtif survoler le campement des Bleus, aux premiers jours de la Coupe du monde 2014, n’y va-t-il pas par quatre chemins en conférence de presse : « Apparemment, les drones sont de plus en plus utilisés pour espionner. C’est très difficile à combattre, mais nous ne tolérons aucune intrusion dans nos séances d’entraînement à huis clos. » Reste une question dramatique : mais qui est donc le pilote ? Les hypothèses, un poil paranoïaques, fusent d’emblée. Selon la rumeur, largement répandue, il s’agit probablement d’un émissaire de l’équipe hondurienne, venu récolter de précieuses informations sur l’équipe de France, basée à Ribeirão Preto. Ou du moins l’œuvre d’une agence de presse peu scrupuleuse, bientôt chassée par le service de sécurité. Panique générale sur les chaînes d’infos en direct, qui décortique les possibilités. Quelques heures plus tard, pourtant, le scandale dégonfle. Appréhendé par la police locale, le propriétaire du drone n’est autre qu’un simple plouc brésilien sans le sou, qui voulait simplement « s’amuser à regarder l’entraînement puisqu’il ne pouvait pas entrer dans le stade » . Ouf, l’alerte est levée. Pour la peine, le pilote amateur finira accusé de violation de l’espace aérien. Voilà qui devrait lui apprendre à aimer les Bleus.

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

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