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Tite, le thérapeute

Par Maxime Brigand, à Saint-Pétersbourg
Tite, le thérapeute

Deux ans après son arrivée aux commandes de la Seleção, le sélectionneur du Brésil a débarqué en Russie avec une sélection plus équilibrée et tactiquement affinée. Peut-être parce qu'il sait que la confiance passe avant tout par la sécurité.

C’est un vieux rituel, une histoire de repères : l’entraîneur de foot est une drôle de bête. Jeudi après-midi, entre les gouttes tombant sur Saint-Pétersbourg, Tite, un charmeur quinquagénaire à brosse grisâtre, s’est enfermé dans sa bulle. Une vieille routine : le match à venir, le bruit des passes, les rires de ses joueurs, l’essence du foot. Là, sur le gazon du stade Krestovski, il fallait voir le sélectionneur brésilien marcher en solitaire, un ballon en permanence au pied, et amorcer sa préparation. « Une habitude pour se concentrer, glisse-t-il. C’est ma façon à moi de rentrer dans mes préparations tactiques. » Rien de révolutionnaire à cette dernière pourtant : face au Costa Rica, vendredi après-midi, le Brésil va foncer tête baissée dans sa deuxième rencontre du Mondial comme il a plongé dans la première, bouclée par un nul contre la Suisse (1-1). Soit avec un 4-3-3 sans surprise autour de la taille, où Thiago Silva portera le brassard de capitaine – en Russie, la Seleção n’a pas de capitaine désigné, Tite souhaitant responsabiliser ses gars – et où Neymar tiendra bien sa place, pas de panique. « Ne vous inquiétez pas, a alors expliqué le boss jeudi, face à la presse. Il est dans les temps, il jouera. On veut gagner, c’est la Coupe du monde, mais je ne joue pas avec la santé de mes joueurs. Il faut cinq matchs minimum pour revenir à 100% après la convalescence qu’il a connue. Sa progression est normale. » Circulez, le patron est debout.

L’anti-Dunga

Du coup, c’est autre chose qui s’est invité à l’avant-match des Brésiliens : faut-il s’inquiéter pour cette Seleção ? La raison de ces premiers émois : le passé, les démons, la pression, toutes ces choses, ce que Tite n’a pas caché en sortant du match face à la Suisse dimanche soir dernier. « Je voulais gagner et je m’attendais à gagner. Je ne suis pas content de ce résultat. Jusqu’à leur but, j’étais content, on bougeait bien. Après, on a senti la pression. C’est un enseignement. On doit être plus froids dans la finition. C’est le stress, l’anxiété du premier match. C’est valable de mon côté aussi. » En ça, Tite est profondément humain : c’est l’anti-Dunga, homme (et surtout représentant de la Fédération) qu’il a remplacé en juin 2016 avec tout le succès que l’on sait. Si ce Brésil est aujourd’hui sur pied, c’est bien grâce à ce vieil homme, ancien joueur honnête dont la carrière a pris fin à la suite des blessures à répétition et devenu roi du banc, notamment grâce à ses réussites avec les Corinthians. Ce qu’il a fait ? Là aussi, tout sauf une révolution : Tite a rappelé Paulinho, Thiago Silva, responsabilisé Gabriel Jesus, retapé en vitesse une sélection en quête de confiance, qui a finalement bouclé sa tournée de qualifications avec la meilleure attaque de la zone AmSud (41 buts inscrits en 18 journées), la meilleure défense (11 buts encaissés) et le meilleur bilan. Rien que ça.

Mais le bonhomme dessine un autre virage. Oui, le Brésil s’est surtout remis au boulot parce que Tite a rapidement compris où il allait mettre les pieds. Il s’est même préparé au poste, qu’il aurait dû récupérer à l’été 2014, et aura un jour glissé cette phrase pleine de sens : « J’ai appris comment apprendre. » Ce qu’il a fait en allant étudier en Europe, notamment auprès de Carlo Ancelotti, coach qu’il place dans la case modèle ultime, et en réinstallant rapidement une Seleção plus compacte, plus disciplinée. Au point qu’un soir de victoire contre l’Argentine (3-0, en novembre 2016), César Luis Menotti comparera ce Brésil à celui de 1970. Pas rien, donc.

« Je sais sur quoi mon équipe est attendue »

En Russie, Tite, reflet de la diplomatie poussée à l’extrême, sait que tout le monde l’attend : l’étiquette de favori ? Il l’assume, pas de problème, ce qu’il a répété jeudi en conférence de presse. « Je sais sur quoi mon équipe est attendue, insiste-t-il. Les supporters sont là, la pression est là, et si on joue notre jeu, on atteindra nos objectifs. » Pour ça, le sélectionneur brésilien s’élève, couvre ses joueurs de la critique, prend le « je » pour les critiques, le « nous » pour les louanges. Interrogé sur l’égoïsme supposé de Neymar par un journaliste brésilien avant ce match contre le Costa Rica, il s’est ainsi interposé : « On n’a jamais discuté de ça tous les deux. Chaque athlète a le devoir de jouer pour le collectif et d’être, individuellement, au niveau. Je ne vais pas enlever la possibilité à Neymar d’être un génie dans les trente derniers mètres. Cela s’applique aussi à des joueurs comme Jesus, Willian, Firmino ou Coutinho. Je ne vais pas enlever à mes joueurs leurs principales caractéristiques. » Comme si son cas personnel n’existait pas, si la nation était au-dessus de tout, dans une posture de sacralisation du joueur. Quand on attaque l’un de ses hommes, Tite pointe alors l’interlocuteur du doigt. Une autre histoire de repères. Vendredi, sur le terrain, à Saint-Pétersbourg, c’est une idée de la confirmation qui va se jouer : un retour à la surface, tout simplement.


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