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Tigana-Bordeaux : les raisons d’un échec
Pourquoi l'ancien coach de Monaco ne réussit pas à s'imposer en Gironde ? Voici quelques éléments de réponse.
Une succession difficile à gérer
Jean Tigana est arrivé en plein bourbier. Les Girondins ont vécu une seconde partie de saison 2009-2010 en tous points catastrophique. Au soir de la 19ème journée, Bordeaux comptait huit points d’avance sur Marseille. Les Marine et Blanc termineront au final à quatorze unités du champion olympien, sans qualification européenne à la clé. Jean Tigana a récupéré un groupe en bout de course, essoufflé par trois années passées sous l’ère Laurent Blanc. Une excuse qui ne suffira pas à masquer les carences du coach au cure-dent.
Une philosophie de jeu trop différente de son prédécesseur
L’idée n’était pas si mauvaise. Jean Tigana souhaitait rompre avec le style de son prédécesseur pour créer l’électrochoc nécessaire. L’ex-technicien de Besiktas a mis en place un schéma défensif, basé sur la culture tactique et les longs ballons vers l’avant. Exit les montées des latéraux, place au respect des consignes. Mieux vaut récupérer le point du match nul plutôt que de s’exposer à une éventuelle défaite. Cette philosophie va mettre en furie les Sud-Américains du club, habitués à taquiner la gonfle. Yohan Gourcuff ne mettra pas longtemps avant de partir à Lyon. Les spectateurs de Chaban-Delmas ont vite compris qu’ils allaient assister à un piètre spectacle avec le spectre de Ricardo en toile de fond. Le taux de remplissage 2009-2010 se mesurait à 84,36 %. Il est actuellement à 74,25 %.
Un recrutement désastreux
Les Girondins n’ont plus un rond à l’orée du début de saison. La faute à Jean-Louis Triaud et à son optimisme ambiant. Voyant son groupe caracoler en tête de la Ligue 1, le président viticole décide de prolonger une dizaine de joueurs. Les Bellion, Jussiê et Henrique ont tous resigné de juteux contrats. Marouane Chamakh se barre gratuitement et Fernando Cavenaghi privilégie les Baléares au bassin d’Arcachon. Jean Tigana (en accord avec la cellule de recrutement) choisit alors de s’appuyer sur des jeunes pousses dites « prometteuses ». Vujadin Savic, Anthony Modeste et Moussa Maazou enfilent le maillot au Scapulaire. Fahid Ben Khalfallah en est la tête de gondole. Des joueurs moyens qui arrivent dans une équipe moyenne. Le miracle n’aura pas lieu.
Les jeunes du club écartés
A son arrivée, Jean Tigana clame haut et fort son envie de s’appuyer sur les jeunes. L’heure a enfin sonné pour les Sertic, Traoré, Ducasse, Saivet ou Ayité. Mais Jeannot le taciturne change d’avis lors des matches amicaux. Il écarte le duo Traoré-Ayité et envoie Grégory Sertic en prêt à Lens. Pierre Ducasse squatte toujours le banc, même lors de la suspension d’Alou Diarra. Et Henri Saivet, international Espoirs, finira par partir lui aussi en prêt à Angers. Tigana leur préfère le fantôme de Gouffran ou encore le clone de Wendel. Nouvelle erreur.
Une communication irritante
Jean Tigana n’est pas un adepte des longs monologues. Ses interventions médiatiques se limitent aux conférences de presse. Et sa relation avec les journalistes est quasi-inexistante. Celle avec ses joueurs n’est pas bien différente. Les cadres du club reprochent à leur coach un manque de communication qui tranche avec l’affection que pouvait leur apporter un Jean-Louis Gasset. Tigana se limite à quelques interventions lors des entraînements. Le duo qu’il forme avec Michel Pavon est de surcroît loin d’être idyllique. Les désaccords sont nombreux entre les deux hommes, ce qui n’arrange pas l’actuel entraîneur numéro 1. Pavon est un historique du club, apprécié par la plupart des joueurs. Le divorce est consommé, l’un des deux hommes devra faire ses valises.
Conclusion : Tigana est lâché par ses joueurs
L’inévitable se produit depuis maintenant deux semaines. Les joueurs lâchent leur entraîneur. Des exemples ? Anthony Modeste ne fait plus le même pressing qu’en début de saison. Alou Diarra conteste la moindre décision arbitrale et joue les mains dans les poches. Fernando, repositionné en défenseur central, se moque de son nouveau poste et oublie les consignes en dézonant l’axe. Wendel arrive sur la pelouse la mine déconfite. Et que dire de l’attitude de Moussa Maazou qui préfère courir un 100 mètres plutôt que de jouer au football (ce dernier n’enfilera plus le maillot bordelais). En attendant, Triaud vient de confirmer Jeannot pour le match de dimanche prochain contre Nice. Le président des Gigis ne veut pas tirer sur l’ambulance mais c’est pourtant tout un club qui est bien malade.
Romain Poujaud
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