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Thomas Phibel : « J’ai gagné autant en Russie en quelques mois que depuis le début de ma carrière »

Propos recueillis par Maxime Delcourt
Thomas Phibel : « J’ai gagné autant en Russie en quelques mois que depuis le début de ma carrière »

Parti de France il y a neuf ans, Thomas Phibel a pas mal bourlingué depuis : Belgique, Pologne et Russie, où il débarque en 2011. Tout juste transféré du FC Amkar au FK Mordovia Saransk, le défenseur revient sur une carrière émaillée de nombreuses blessures et d'affaires extra-sportives.

Tu es né et tu as grandi en Guadeloupe. Quels sont tes premiers souvenirs de foot là-bas ?

J’ai commencé à la MJC des Abymes, près de l’aéroport de Pointe-à-Pitre. Par rapport à mon style de jeu et à ma famille, c’était l’endroit idéal pour faire ma formation et m’habituer au rythme du football. Je leur dois beaucoup. C’est notamment grâce à eux que j’ai pu aller faire des essais en France.

Tu arrives en France à 16 ans à peine. Comment se passe ton intégration à Roubaix, puis à Lens ?

Lorsque je suis arrivé à Roubaix, j’étais assez surpris. Je n’avais que 15 ans et demi, et je faisais déjà partie de l’équipe senior. C’était compliqué parce que je devais m’entraîner le soir et aller à l’école le lendemain, mais j’ai vécu une superbe année. J’ai gagné en expérience et j’ai pu me faire repérer par le RC Lens. Ce qui n’était pas rien. À l’époque, l’effectif comptait quand même dans ses rangs des joueurs comme Diouf et Ferdinand Coly, puis, les années suivantes, Assou-Ekotto, Itandje, Seydou Keita ou Utaka.

Tu es resté cinq saisons à Lens sans véritablement jouer. Tu regrettes de ne pas avoir eu ta chance ?

Non, parce que l’effectif était vraiment très fort et parce que ça m’a permis d’intégrer l’un des meilleurs centres de formation de France. J’ai pu côtoyer beaucoup d’espoirs qui, pour certains, évoluent aujourd’hui dans de grands clubs.

À vingt ans, tu signes en Belgique, au Royal Excelsior Virton. C’était un cheminement logique pour toi ?

Oui, c’était l’occasion de jouer dans un championnat plus élevé qu’on ne le croit et où beaucoup de jeunes joueurs de L1 partent faire leurs armes. Il suffit de regarder la sélection belge aujourd’hui pour se rendre compte que c’est un très bon pays pour se former. En plus, lorsque j’ai signé mon contrat avec Virton, j’avais déjà paraphé un pré-contrat avec le Standard de Liège.

Justement, comment s’est passé ton passage là-bas ?

C’était incroyable, comme dans la plupart des clubs au sein desquels j’ai eu la chance d’évoluer. Michel Preud’homme, l’entraîneur de l’époque, m’a tellement appris. Et puis j’ai eu l’opportunité de m’entraîner aux côtés de joueurs tels que Sergio Conceição, Mbokani, Fellaini, Dalmat, Defour, Mangala ou Witsel, qui est devenu mon meilleur ami. Au-delà de l’ambiance ou de l’effectif, j’ai pu prouver ma valeur au haut niveau et participer à la victoire en championnat, que le Standard n’avait plus gagné depuis 25 ans.
Je pouvais même signer au Legia Varsovie, mais Witsel m’avait vanté le championnat russe, où l’on m’offrait un contrat en or.

Qu’est-ce qui a mal tourné dans ce cas ?

Malheureusement, à chaque fois que je devais jouer ou que l’entraîneur voulait me lancer, je me blessais. Quatre blessures d’au moins deux mois en à peine deux ans, ce n’est pas rien. Ensuite, il y a eu l’arrivée de László Bölöni, qui n’avait pas du tout confiance en moi et qui refusait de me prêter en Jupiler League. J’avais des contacts avec Genk, mais il préférait m’envoyer en D2, à Bruxelles, où j’allais avoir l’occasion selon eux de participer à la remontée du club.

En 2010, des rumeurs circulaient à ton sujet concernant une éventuelle condamnation…

Oui, les médias belges ont raconté n’importe quoi à mon sujet. J’ai eu un accident de voiture, mais ce n’est pas de ma faute. Je n’ai pas foncé sur quelqu’un et je n’ai tué personne. Tout a été amplifié par les journaux nationaux, qui sont très bons pour cela. Du coup, mon image était salie. Le FC Brussels a cassé mon contrat, le Standard ne voulait plus de moi. Il fallait que je parte et, heureusement, Eddy Wauters, le président du Royal Antwerp FC, me voulait absolument. Il a été formidable avec moi, les supporters également ! Tout s’est d’ailleurs très bien passé au début, mais le club a très vite été racheté, et les nouveaux dirigeants refusaient de me faire jouer. Pourtant, j’avais participé à tous les matchs de la première partie de saison. De nouveau, il était temps de partir.

Du coup, tu signes en Pologne et tu n’y restes qu’un an. Ça reste une bonne expérience à tes yeux ?

Totalement. J’ai fait une superbe saison, j’ai joué tous les matchs et j’ai été élu défenseur de l’année. Je pouvais même signer au Legia Varsovie, mais Witsel m’avait vanté le championnat russe, où l’on m’offrait un contrat en or. Le projet du Amkar Perm était donc tentant.

De quelle manière s’est déroulée ton acclimatation au football russe ?

Au début, ça été difficile. Je ne connaissais rien, je ne savais pas qu’il fallait un visa, et la plupart des gens autour de moi ne parlaient pas anglais. Malgré tout, j’ai eu l’occasion de fréquenter un entraîneur comme Stanislav Tchertchessov qui m’a fait beaucoup évoluer sur le plan tactique et physique. C’est un entraîneur très rigoureux, qui gagne souvent les matchs importants et qui parvient à hisser la plupart de ses équipes en haut du classement. Pendant un temps, Moscou était même très intéressé par mon profil, mais, si je me souviens bien, ma clause libératoire était trop élevée.

La suite avec Amkar a été un peu plus compliquée, non ?

Oui. Entre une rupture des ligaments croisés et un contrat arrivant à son terme, je n’étais plus désiré. Je pouvais rebondir au Dynamo Moscou l’hiver dernier, mais le médecin du club a constaté au dernier moment un problème avec mon genou. Apparemment, il n’était pas fiable à 100%. Du coup, je suis parti me faire soigner en Belgique où j’ai fait des séances de rééducation six heures par jour durant six mois. Il fallait que je rebondisse. Plusieurs clubs russes me proposaient un contrat, mais je ne pouvais pas être prêt pour le 17 juillet, date du début du championnat. Heureusement, ça importait peu au coach de Mordovia, qui me voulait absolument dans son effectif et avait l’ambition de me faire progresser. J’ai donc rejoint l’équipe tout en refusant de signer un contrat longue durée : pour moi, le FK Mordovia Saransk est un tremplin. C’est juste le temps de prouver ma valeur et de partir dans un plus gros club.
La France, c’est bien quand tu as entre 20 et 25 ans, pour te faire repérer, sinon autant voyager.

Comment décrirais-tu le championnat russe ?

Pas forcément technique, mais très physique, un peu à l’allemande et à l’anglaise. Les matchs ici sont vraiment très intenses et, il faut bien le dire, c’est vraiment difficile de jouer dans le froid sur des terrains de fait plus compliqués à pratiquer. Enfin, c’est un championnat où l’on exige beaucoup de rigueur et où il y a en permanence des surprises. C’est très difficile de savoir qui sera champion ou qui gagnera le prochain match ici.

Hors des terrains, c’est un pays où tu te sens à l’aise ?

Ouais, c’est magnifique. Saransk est une petite ville moderne qui tend à se développer depuis quelques années. Un stade de 45 000 places est même en train d’être construit pour la Coupe du monde.

C’est un pays fidèle à la réputation que l’on peut en avoir en France ?

Disons que tout est très carré ici. Tout a changé avec Poutine et l’on sent une mentalité très nationaliste. Cela dit, la Russie n’est pas particulièrement raciste. À vrai dire, il y a autant de racisme qu’en France. C’est sûr que les gens ont tendance à me fixer du regard, mais c’est surtout parce qu’ils n’ont pas l’habitude de voir des noirs.

Et le russe, tu maîtrises ou pas ?

Je comprends un peu ce qu’ils disent et je prends des cours, mais je parle essentiellement anglais. Ici, j’ai un chauffeur qui me permet aussi de dialoguer plus facilement et de ne pas trop galérer.

Plus ta carrière avance, plus tu t’éloignes de la France. Tu comptes rentrer un jour ?

Un jour, sans doute. La L1 reste l’un des plus gros championnats d’Europe, mais financièrement, il n’y a pas photo. En quelques années en Russie, je me suis fait autant d’argent que depuis le début de ma carrière. La France, c’est bien quand tu as entre 20 et 25 ans et que tu veux te faire repérer par un club des gros championnats, sinon autant voyager.
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Propos recueillis par Maxime Delcourt

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