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Thomas Meunier : « On n’apprécie pas un artiste pour une œuvre, il y a toute une collection… »

Propos recueillis par Émilien Hofman
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Titulaire à Bruges depuis quelques saisons déjà, Thomas Meunier se positionne de plus en plus pour une place de back droit en équipe nationale. Mais là où ses homologues des prés parlent exclusivement PlayStation, mode et tatouage, lui aime Kandinsky, Kamakurga et la musique classique...

C’était quoi ton rêve étant gamin ?

J’ai eu une période tout jeune où mon rêve était de jouer au football, et à l’adolescence, mon rêve est simplement devenu celui d’avoir un beau métier et de l’argent, réussir dans la vie sans idée précise. C’était au début du secondaire, et le foot était devenu un extra pour moi qui étais encore dans mon petit bled à Sainte-Ode.

Avant cela, tu avais fait un peu de foot-étude…

Oui, c’était obligatoire quand j’étais au Standard. Mais là-bas, j’ai bien vu que je n’avais pas les mêmes priorités que la plupart des autres joueurs qui mangeaient football, vivaient football. Moi, j’étais vite blasé, quand j’étais à l’internat, je faisais tout sauf du foot, ce n’était pas une obsession pour moi et en plus, il y a eu des blessures… C’est sûr que j’avais quelque chose, mais je ne pense pas que j’avais la motivation et l’envie nécessaire pour réussir. Donc quand j’ai quitté le club, je me suis consacré à 100% sur mes études et c’est là que j’ai décidé de tenter l’aventure artistique.

Tu as été bercé dans la culture ou ça t’est venu comme ça ?

Je pense que ça m’est venu comme ça parce qu’il y a un peu de hasard là derrière. J’avais un peu étudié la comptabilité par le passé, c’était quelque chose que j’aimais assez bien, mais je voulais essayer quelque chose d’autre. Il y avait Science ou Art, que j’ai choisi pour faire une nouvelle découverte, et je m’y suis directement accroché.

Généralement, les étudiants en sciences sociales ou en art sont souvent raillés par les matheux. Tu as connu ça ?

(rires) Ça, c’est sûr que ça volait ! Quand les gens me demandaient si ça avait été en art et que je disais « Oui, assez tranquillement » , les réponses fusaient : « Mais bien sûr, vous ne branlez rien, c’est normal ! » Quand les gens pensent à l’art, ils se disent qu’on écoute de la musique classique et qu’on dessine pendant cinq heures d’affilée…
J’ai continué le foot tout en travaillant dans une usine qui fabrique des vitres et des pare-brise

En fait, tu as pu étudier l’art parce que tu n’étais pas dans un grand club à l’adolescence ?

Oui, je n’aurais jamais pu sinon. Quand on voit la plupart des joueurs qui ont « réussi » en étant passé par une école de jeunes, pour les trois quarts d’entre eux, l’école n’était pas du tout une priorité. Ils étaient en qualification ou professionnel – que je ne dénigre absolument pas pour autant –, mais c’était football le matin, football le soir, et l’école le moins possible. Pour moi, ça a été une réelle chance d’être viré du Standard, c’est ça qui a fait que je suis devenu footballeur professionnel !

Dans le même temps, tu as poursuivi ton apprentissage à Virton, en D3. Une fois le lycée terminé, tu as hésité entre des études et la vie de footballeur pro ?

Non. Vers 18-19 ans, j’ai directement été mis dans le noyau A de Virton, il y avait plus d’entraînements, c’était plus exigeant donc, pour les études, ça devenait compliqué, même si c’était mon projet à la base. Mais les villes étudiantes étaient beaucoup trop éloignées de mon club, les trajets auraient été infernaux. J’ai donc continué le foot tout en travaillant dans une usine qui fabrique des vitres et des pare-brise. C’était temporaire en attendant de voir ce que le foot pouvait m’apporter.

C’est par toi-même que tu as ensuite développé ton goût pour l’art…

Oui, mais l’école m’a bien aidé, en ce sens que j’ai eu également des cours d’histoire de l’art en plus de la pratique, j’avais de huit à dix heures par semaine. Je me suis pris au jeu et j’ai eu la chance d’avoir une prof ouverte qui nous emmenait voir des expositions à droite à gauche.

Pour chaque art, dis-moi quels sont tes goûts et ton éventuelle pratique :- Musique : explique-nous comment on peut passer de la house au classique ?

En fait, j’ai l’oreille musicale on va dire, j’aime toute sorte de styles : house, classique, RnB, rock… Les gens qui écoutent rarement de l’électro se disent que c’est juste du boum-boum-boum avec quelque fois des paroles. Mais pour moi, dans la house, tu peux écouter dix fois un morceau, à chaque coup tu vas repérer un son en plus, des alignements, tu sens le travail… Pour moi, la house ne se contente pas d’avoir des paroles et un son derrière.

Tu la considères donc plus évoluée que certaines chansons françaises ?

Ouais, la variété, pour moi… Du Calogero, du Bruel, ce sont des belles chansons, mais le contenu est dans le texte, et moi ce qui me plaît est dans l’instrumental.

Tu joues d’un instrument ?

Non, ma grand-mère a toujours voulu que je fasse du piano, mais je n’ai jamais accroché. Je me souviens à peine de deux notes, donc je ne pourrais même pas jouer Ah vous dirai-je maman.

– La sculpture ?

C’est quelque chose que je trouve beau quand c’est un vrai travail de professionnel, mais ce n’est pas ce que je préfère. Ce n’est pas quelque chose que je trouve très riche comme la peinture ou le dessin qui peuvent partir dans tous les sens. La sculpture reste un peu basique : quand on voit l’histoire de la Grèce, on ne parle que de sculpture et tout se ressemble, c’est lié à l’histoire, certes, mais ça représente uniquement des dieux. Pourtant, j’ai quand même été voir une exposition du sculpteur Constantin Meunier dernièrement, et c’était vraiment pas mal.
Je suis un grand fan de BD humoristiques comme celles de Gaston Lagaffe ou du Chat

– La photo ?

C’est devenu un truc enfantin, tout le monde utilise la photo, il n’y a plus vraiment de recherches. J’ai souvent des contacts avec un photographe de D1 qui fait de très beaux clichés, mais moi, je ne la pratique pas. Tout le monde se croit photographe, c’est devenu médiatique avec les Go Pro, les selfies…

– La peinture ? Y a-t-il un tableau qui t’a ébahi ?

Si je n’avais vraiment pas le choix, je dirais Les montres molles de Dali, mais ce sont plutôt des artistes qui m’ont choqué. On n’apprécie pas un artiste pour une œuvre, il y a toute une collection… Picasso, Rubens, Dali, Kandinsky, tous des styles différents, mais c’est super riche et donc attirant.

À Bruges, on connaît l’importance de Van Eyck. Tu as ressenti une « pression » des Brugeois pour t’intéresser à lui ?

Non non, dans l’équipe, il y a peut-être un ou deux joueurs qui sont un peu intéressés par l’art, mais non, à Bruges, j’ai été voir une expo Dali et une Picasso. Et c’est surtout l’architecture qui compte à Bruges, avec des bâtiments exceptionnels, une histoire unique… Au niveau artistique, il y a de quoi s’intéresser à Bruges, et ça a influencé mon choix quand j’ai signé ici. Je voulais aller le plus loin possible et découvrir quelque chose de nouveau.

– Tu aimes la bande dessinée ?

Ho ouais, je suis un grand fan, surtout des BD humoristiques comme celles de Gaston Lagaffe ou du Chat. Je trouve qu’il arrive à mixer les jeux de mots avec le dessin, on voit qu’il y a de la recherche !

Il y a un artiste plutôt méconnu que tu aimerais faire connaître ?

En Wallonie, on n’en entend pas beaucoup parler, mais en Flandre, il fait des dessins dans les journaux et a ses propres collections, c’est un fan du KV Ostende qui s’appelle Kamakurga. Il a notamment déjà fait des bandes dessinées pour le club et il a reçu des prix d’illustrateur. De l’autre côté linguistique (en Flandre, ndlr), il y a aussi de quoi faire en art, mais c’est frappant de voir que les gens ne connaissent pas ce qui se fait de l’autre côté de la frontière…
Je fais tout à la main, je la joue à l’ancienne, j’ai toujours préféré sentir les matériaux, le papier, le crayon…

Tu vas régulièrement voir des musées et expos ?

Oui quand j’ai un peu le temps je vais au musée d’art moderne à Gand, il y a aussi souvent des expos temporaires à Bruges. Comme on a rarement entraînement l’après-midi, ça me permet de m’occuper différemment qu’en faisant du foot. J’y vais généralement avec ma copine. Elle est super ouverte, donc elle sera toujours partante pour découvrir quelque chose !

Il paraît que tu as tes propres compositions artistiques, en peinture ?

Surtout en peinture et en dessin, ce sont des compositions que je fais pour me vider la tête. Maintenant, on est souvent en mise au vert, donc c’est devenu compliqué en cette période, mais dès que j’ai le temps, je m’y remets. En revanche, en mise au vert et dans le car, je ne prends que des livres, je ne me lance pas dans les portraits des autres joueurs. Ce que j’aime bien, ce sont les dessins un peu design comme on voit dans les magasins, des cubes, de la 3D, des choses assez jeunes, multicolores. Mais je fais tout à la main, je la joue à l’ancienne, j’ai toujours préféré sentir les matériaux, le papier, le crayon, il y a quelque chose de plus attirant.

Tu as d’ailleurs collaboré avec une société spécialisée dans les matériaux de construction, tu as fait quoi exactement ?

Chaque année, ils ont des collections de protections solaires, des auvents pour des toits de véranda, pour les terrasses, etc. Le but était de les illustrer, de faire des designs, quelque chose de beau qui allait avec l’environnement du jardin ou de la ville. On a choisi trois designs qui vont être commercialisés cet été. Les motifs, c’était « hypnose » , « toast » et « cube » , qui est le plus beau d’après moi.

Derrière tout ça, tu penses déjà à une reconversion après ta carrière ?

Non, pas du tout. En réalité, je ne pense pas encore de trop à mon après-carrière, mais je pense que si je dois faire quelque chose, ça restera dans le domaine du foot. Déjà, si tout se passe bien, je vais vivre foot-foot-foot pendant encore 15 ans, donc je vais apprendre énormément à tous les niveaux et je pense pouvoir réussir quelque chose là-dedans après.

Est-ce que l’esprit artistique influence la manière de jouer, permet de réfléchir autrement sur le terrain ?

J’ai toujours eu des facilités à m’adapter à différentes situations, c’est peut-être quelque chose que j’ai appris à faire évoluer grâce à l’art… J’ai toujours eu des sujets différents à travailler dans des domaines différents, je ne sais pas si ça joue énormément, mais ça a peut-être aidé.
Émerse Faé : « J'ai juste fait mon travail »

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