Moscou et la tuberculose
Il fêtera ses 28 ans le 22 septembre prochain. Ce jour-là, le PSG se déplacera à Bastia, pour le compte de la 6e journée de Ligue 1. Mais ça, Thiago Silva s'en fout. Lui portera encore le maillot milanais et jouera à San Siro, ou sur une autre pelouse italienne. Son départ aurait été un coup de poignard pour tous les tifosi du Milan AC, qui voient en lui la nouvelle bandiera du Milan AC, après les départs de Nesta, Gattuso et Inzaghi. Après avoir juré amour au club de la Via Turati, le défenseur brésilien n'avait pas le droit de partir. D'ailleurs, ce n'est pas anodin que ses potes Cassano, Zlatan et Boateng aient poussé leur gueulante lorsque son départ à Paris a été évoqué. Il faut dire que Leonardo connaît bien le bonhomme. C'est lui qui était venu le chercher au Brésil en décembre 2008. À cette époque-là, Thiago Silva portait les couleurs de Fluminense et était considéré comme une grande promesse, après une première expérience européenne pourtant peu concluante avec le FC Porto. Le club portiste, qui a le don pour dénicher des pépites en Amérique du Sud et les revendre ensuite à prix d'or, avait flairé le bon coup avant tout le monde, mais avait été confronté à un problème inattendu. Le Brésilien a connu des pépins physiques et a également été victime de problèmes respiratoires. Il est envoyé en équipe réserve. Après 14 matches peu convaincants avec l'équipe B de Porto, il est prêté au Dinamo Moscou.
Même pas le temps d'endosser le maillot du club moscovite que la nouvelle tombe : Thiago Silva est atteint de tuberculose et doit impérativement être opéré sous peine de perdre un poumon. Dans une interview accordée à Sport Week l'an dernier, le joueur raconte ces moments en enfer. « J'ai été à l'hôpital pendant six mois. Je ne mangeais pas et je manquais de force. Le médecin me disait "Va marcher un peu", mais je n'y arrivais pas. La maladie était contagieuse, ils m'ont isolé, je ne pouvais voir personne, alors je jouais toute la journée à la Playstation. Plus tard, on m'a dit que si la tuberculose avait été détectée deux semaines plus tard, j'aurais pu y rester. Aujourd'hui, quand je joue, je pense toujours à ces horribles moments vécus en Russie » , raconte-t-il. De retour au Brésil, guéri, le joueur a du mal à trouver un nouveau club. Il passe une détection avec Flamengo et se fait dégager. « L'entraîneur m'a dit : "Tu peux partir, tu n'es pas plus fort que les jeunes du club." En rentrant chez moi, j'ai dit à ma mère que je voulais arrêter le football » , assure-t-il. Finalement, non, il n'arrête pas. Il rebondit à Fluminense. Et c'est l'explosion.
Maldini le sous-marin
Avec le maillot du club Tricolor, Thiago Silva s'impose comme l'un des tout meilleurs à son poste. Il tape dans l'œil du Milan AC, qui veut en faire le successeur de Paolo Maldini. 10 millions d'euros et l'affaire est réglée. Ironie, il semblerait bien que l'ancien capitaine de la Squadra Azzurra ait tenté par tous les moyens de convaincre Thiago Silva de s'engager avec le PSG. En effet, Maldini, qui n'a jamais été intégré au staff du Milan AC depuis sa retraite, servirait actuellement d'émissaire sous-marin à Leonardo et Ancelotti. Convaincre Thiago SIlva aurait été un gros coup. Un coup de maître, même, qui aurait même pu permettre à Maldini d'être définitivement intronisé au poste de consultant officiel du PSG. Or, en matière de défense, le beau gosse en connaît un rayon. Pendant les quelques mois où Thiago Silva et lui ont cohabité à Milan (même s'ils n'ont jamais été alignés ensemble, puisque Silva n'a pu jouer qu'à partir de l'été 2009), il a pu déceler le potentiel du gaillard.
Un potentiel qui s'est totalement révélé à partir de la saison suivante et surtout lors de l'exercice 2010-11, où le Milan AC remporte le Scudetto et où lui est élu meilleur défenseur de la saison en Serie A. Les autres cadors européens commencent à s'intéresser à lui. Manchester United est sur les rangs, Manchester City aussi. Thiago Silva balaye les offres d'un revers : il veut Milan et c'est tout. Et si, lors de la saison qui vient de s'écouler, il connaît quelques soucis physiques, il n'en demeure pas moins le central le plus impressionnant. C'est décidé : le Barça en fait son objectif numéro 1. De premières offres tombent. Elles sont repoussées. City tente aussi sa chance. C'est non. À l'improviste, Paris surgit. Cette fois-ci, les arguments sont les bons. Thiago Silva et les dirigeants milanais sont sur le point de céder. Mais à Milan, la révolte s'organise. Une fronde menée par les tifosi, les joueurs et même Barbara Berlusconi, qui a tout tenté pour convaincre son père de changer d'avis. Les prières et les invocations ont fini par payer. Thiago Silva reste bien à Milan. Le PSG devra se contenter de Lugano, Alex et Biševac. Mais bon, pas de soucis à avoir. Avec ce PSG-là, tout est envisageable. Même Vincent Kompany.
Eric Maggiori
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