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Takehiro Tomiyasu, adaptation express à Arsenal
Transféré de Bologne à Arsenal cet été, Takehiro Tomiyasu n’a pas attendu longtemps pour faire l’unanimité autour de lui, au point d’être l’un des meilleurs Gunners depuis le début de saison et un titulaire indiscutable à son poste d'arrière droit. La routine pour l’international japonais qui n’a laissé personne indifférent dans chaque club où il est passé.
S’il fallait dresser un bilan à Arsenal après un tiers de saison et distribuer les bons points, Aaron Ramsdale, le nouveau mur des Gunners, serait incontestablement tout en haut de la liste. Et en numéro deux ? Sans doute Takehiro Tomiyasu. Transféré de Bologne vers le club londonien au dernier jour du mercato estival contre un chèque de 18,6 millions d’euros, Tomiyasu n’a eu aucun mal à séduire Mikel Arteta, son coach, ainsi que les fans. En plus d’avoir snobé le rival Tottenham pour renforcer les Canonniers, l’international japonais (28 sélections, un but) ne cesse d’impressionner depuis ses débuts : l’intégralité des matchs disputés en Premier League (hormis le premier contre Norwich où il n’a joué que 62 minutes), des dribbles interceptés à foison (11/14 soit 79%, le quatrième pourcentage du championnat anglais), une première passe décisive contre Newcastle le week-end dernier et un titre honorifique de Gunner du mois de septembre. Des bases très solides et rassurantes pour Arsenal, à la recherche d’un latéral droit fiable depuis plusieurs saisons, sans pour autant être surprenantes au regard du parcours du Nippon.
Presenting our September Player of the Month… Takehiro Tomiyasu pic.twitter.com/FotqGJPWf3
— Arsenal (@Arsenal) October 7, 2021
De la natation au FC Barcelone
Néanmoins, ses qualités footballistiques auraient pu ne jamais se révéler. Benjamin d’une famille de sportifs (son père était joueur de base-ball professionnel et grand pratiquant de kendo, sa mère une athlète de haut niveau et ses sœurs sont nageuses professionnelles), Tomiyasu avait d’abord suivi la même voie que ses frangines avant qu’un évènement ne se produise à ses cinq ans. « En réalité, je ne voulais pas faire de la natation, mais mes deux sœurs aînées en faisaient, donc je les ai suivies, a-t-il expliqué dans une interview pour son club. Mais un jour, en jouant sur un tapis de jogging chez ma grand-mère, je suis tombé et je me suis blessé au menton. Nous sommes allés à l’hôpital, et pendant que l’on me soignait, je n’arrêtais pas de dire :« J’ai chaud ! J’ai chaud ! J’ai chaud ! »Je ne pouvais plus nager pendant un moment, alors j’ai décidé de changer de plan et de commencer à jouer au football. »
Plutôt doué, Tomiyasu intègre l’école de football de Sanchiku à Fukuoka, sa ville natale, et en 2009, alors que le FC Barcelone inaugure une académie à Fukuoka, Tomiyasu est recommandé par un de ses coachs pour y faire un essai. « Takehiro était un joueur très sérieux et réservé, avec une énorme envie de progresser, détaillait Ivan Palanco, directeur technique de cette académie à l’époque, sur le site du Barça en 2019. Il est très complet et a prouvé depuis qu’il peut performer ailleurs qu’au Japon. » À onze ans, il impressionne alors les Blaugrana qui lui proposent de rejoindre la Masia, mais le deal capote en raison de difficultés pour le jeune garçon de quitter le Japon afin de rejoindre le Catalogne. Tant pis, l’Europe attendra.
Une progression sans interruption
Ce n’est finalement qu’en 2018, après trois saisons avec l’équipe première de l’Avispa Fuokuoka, pensionnaire de J-League, que le latéral alors âgé de 19 ans rejoint le Vieux Continent et plus précisément Saint-Trond en Belgique. Là encore, son obsession pour la perfection détonne. « Une fois, je lui avais dit que ses passes devaient être plus fortes et précises, se souvient Issame Charaï, ancien entraîneur adjoint à Saint-Trond, dans les colonnes de The Athletic. Il y a un mur sur le terrain d’entraînement où on peut taper dans le ballon. Du coup, avant et après chaque séance d’entraînement collective, il tapait seul le ballon contre le mur, à chaque fois pendant une demi-heure. Lorsqu’on l’a vu, on lui a crié à la fenêtre : « Tomi, ça suffit. Il reste encore deux séances d’entraînement. Rentre ! »Mais il recommençait le lendemain. » De quoi rendre à la fois dingos et heureux ses entraîneurs.
Une saison plus tard, Tomiyasu déboule en Serie A, à Bologne, et poursuit sa carrière avant d’atterrir donc à Arsenal cet été avec un objectif en tête : se fondre dans la tactique du technicien espagnol. « Le football d’Arteta est très rationnel, et je veux pratiquer ce style de football sur le terrain, mais j’ai encore des lacunes sur le plan technique et dans les prises de décision », avouait-il récemment avec humilité dans sa propre colonne pour le journal japonais Nishi Nippon Sports. Au regard de son passé de nageur, on peut imaginer que même les jours où il prendra l’eau, Takehiro Tomiyasu parviendra à ne jamais être totalement ridicule.
Par Fabien Gelinat