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Sylvain Armand, une décennie parisienne

Tous propos recueillis par Nicolas Jucha
Sylvain Armand, une décennie parisienne

Ce vendredi, Sylvain Armand retrouve le PSG avec Rennes. Un match qu'il coche sur son calendrier à chaque début de saison, car neuf ans à Paris, forcément, cela laisse quelques souvenirs. Et dans la capitale, le défenseur rennais en a également laissé beaucoup, surtout des bons.

« Après une défaite à Toulouse, on est quand même allé saluer les supporters avec Sylvain, et on leur a jeté nos maillots. Celui de Sylvain m’est revenu dans la gueule, et j’ai essayé de le lui cacher, mais il l’a finalement su. C’est dingue, les supporters ne pouvaient pas le saquer. » En début de saison 2004-2005, Jérôme Rothen se souvient d’un accueil glacial pour Sylvain Armand au PSG. « Quand j’ai signé, on m’avait dit que Juan Pablo Sorín serait l’arrière gauche, avec lui l’équipe ne perdait jamais, il était super populaire. » Mais au final, prolonger le prêt de l’Argentin s’avère trop cher pour le club de la capitale, encore loin des fastes de QSI, et le plan B vient de Nantes. « Yepes, l’autre recrue venue de Nantes, et lui ont eu du mal à se faire accepter » , se souvient Alain Cayzac, dirigeant historique du club. Lui ne pense pas forcément aux supporters, mais au vestiaire, pas forcément ravi de voir débarquer les deux Canaris. José-Karl Pierre-Fanfan, défenseur central titulaire alors, s’explique : « On avait mal vécu les départs de Gaby Heinze et Juan Pablo Sorín, même celui de Fred Déhu, car on sortait d’une grosse saison avec eux. Et vu que Sorín avait été exceptionnel sur le terrain et aussi dans la vie du groupe, Sylvain est arrivé sur la pointe des pieds et avec une grosse pression. »

2004-2005, annus horribilis

Les premiers mois sont difficiles, le joueur est « un peu en dedans » pour reprendre les mots de Rothen. Et surtout, il se confronte à la folie du PSG, un club où la pression est démultipliée par rapport à Nantes. « Il a clairement vécu des trucs qu’il n’aurait jamais pu vivre à Nantes, un gros club, mais pas avec l’instabilité alors de mise à Paris et son ultra médiatisation » , analyse Pierre-Fanfan. Il faut dire qu’Armand est gâté : polémique sur les transferts de Frédéric Déhu et surtout Fabrice Fiorèse – avec le vomi de Vahid Halilhodžić en supplément -, un premier Classico où il se fait expulser après 20 minutes pour un tacle trop appuyé sur le « traître » , une découverte douloureuse de la Ligue des champions conclue sur un triplé fatal de Sergueï Semak au Parc ou encore le départ de l’entraîneur qui l’a recruté en février… « Même lorsque que l’on gagne 2-0 contre Porto en Ligue des champions, le tenant, avec un superbe but de Coridon, moi je me pète la cheville et manque 4 mois de compétition, on avait clairement une malédiction cette saison-là » , confirme Rothen. « C’est clair que cela a dû le vacciner vu qu’il a connu le pire d’entrée, après plus rien ne pouvait lui arriver » , estime Pierre-Fanfan, pour qui, cependant, Armand n’a fait que récolter ce qu’il avait semé : « Cette exposition, si on vient à Paris, c’est qu’on la voulait… »

Alain Cayzac : « Il a vécu le meilleur et le pire avec le PSG, c’est ce qui caractérise une légende »

Malgré cette première saison cauchemardesque, Sylvain Armand va pourtant serrer les dents, s’accrocher et durer neuf saisons, quasiment toutes comme titulaire. Comme arrière gauche le plus souvent, en défense centrale sur la fin, mais aussi en milieu défensif à certains moments pour colmater les manques. Et surtout, le joueur va tout connaître à Paris, de ces polémiques de l’été 2004 au titre de champion 2013, en passant par plusieurs victoires en coupes ou une relégation évitée de justesse en 2008. « Il a vécu le meilleur et le pire avec le PSG, c’est ce qui caractérise une légende » , n’hésite pas à affirmer Alain Cayzac, admiratif du joueur et de l’homme. « Avec 380 matchs pour le club, c’est le second joueur le plus utilisé dans l’histoire du PSG, c’est un joueur emblématique pour Paris, tout le montre. » Emblématique car il a vécu les deux premières saisons du projet QSI, mais surtout parce qu’il a traversé tête haute la période qui a précédé, marquée par les limites économiques du règne de Colony Capital. « Il est toujours resté droit, que ce soit dans les victoires comme dans les défaites, cela montre la qualité de l’homme » selon Cayzac. Pour Grégory Coupet, qui a connu le joueur de 2009 à 2011, on touche là au secret de la longévité d’Armand à Paris, un club où il est peu courant de faire partie des meubles : « C’est quelqu’un de très porté famille et amis. Son principe de vie, c’est d’être un être humain avant d’être un joueur de football. » Ce que Cayzac résume en « bon vivant, amoureux de la vie » , mais qu’à l’époque, Jérôme Rothen ne comprenait pas forcément : « Il avait toujours du recul dans les périodes difficiles, donc il n’est pas aussi usé que quelqu’un qui prend tout à cœur. Mais parfois, cela peut énerver, ce recul, on peut croire que la défaite ne l’a pas affecté. » Mais cette capacité à accepter le sort, voire à avaler quelques couleuvres, permet sa longévité à Paris, un club qu’il appréciait avant de devenir pro comme il l’expliquait à son arrivée sur PSG TV. « Lui se mettait des objectifs restreints, ne s’offusquait pas si le club avait moins d’ambition » , se souvient Rothen. « Moi, en revanche, je pétais des câbles, car les promesses sur le recrutement n’étaient pas tenues, lui restait tranquille… »

Une merguez pour David Beckham

Preuve de ce choix de carrière qui consiste à privilégier le bien-être quotidien aux sommets sportifs, en 2007, le latéral gauche choisit de rester dans la capitale malgré les difficultés du PSG, plutôt que de rejoindre la F1 lyonnaise qui lui ouvrirait un accès illimité à la Ligue des champions. « J’ai tout fait pour le retenir, car je ne voulais pas les perdre, lui et Rothen. Ce qui m’a marqué, c’est qu’il a décidé de rester avant même d’évoquer l’aspect financier, se souvient Cayzac. On a signé un nouveau contrat pour la forme, mais il m’a donné sa parole plusieurs semaines avant, pendant la préparation, et cela n’a jamais été une question d’argent, il voulait sentir qu’on tenait à lui, c’est tout. » À Paris, l’époque où il était la tête de Turc des supporters ou un joueur effacé du vestiaire est alors révolue. En quelques saisons, il est devenu l’un des ciments du groupe. Pierre-Fanfan : « C’est un modèle pour n’importe quel joueur, conscient de ses forces et limites, qui ne faisait jamais rien pour pourrir l’ambiance. » Au contraire, l’ex-Nantais se met à assumer le rôle de rassembleur, en étant « attentif aux autres et en facilitant l’intégration de chacun » , assure Coupet, qui se souvient avoir « plusieurs fois refait les matchs autour d’un verre » chez Armand, car « on a souvent du mal à trouver le sommeil après une rencontre, et donc c’était bon de temps à autre d’avoir ce moment de partage » . Un bonheur que même David Beckham expérimentera lors de son court séjour parisien, en dégustant une merguez lors d’un barbecue chez les Armand.

Grégory Coupet : « C’était notre guide Michelin »

« Il ne fait pas de considérations par rapport au CV, Beckham ou stagiaire, c’est pareil » , selon Coupet. La preuve, Alain Cayzac affirme qu’Armand était « l’un des rares joueurs avec qui je me permettais d’aller dîner, en général avec nos épouses » . Pour Coupet, Sylvain Armand laisse le souvenir « d’un être humain extraordinaire, qui aime découvrir les univers des autres et partager les siens » . Notamment sa passion pour la bonne nourriture : « C’était notre guide Michelin, il connaissait les bons restos, mais aussi les endroits sympas pour voir des spectacles ou du théâtre dans la capitale. » Avec Christophe Jallet, Jérémy Clément ou encore Guillaume Hoarau, ils constituent alors une sorte d’épine dorsale de l’esprit PSG pré-QSI, un club encore « familial » et non pas une multinationale. « C’est dingue qu’il ait pu faire aussi longtemps à Paris quand on voit comment il a commencé » , continue de s’émerveiller Rothen. Son départ, après deux ans dans le pharaonique projet QSI a coïncidé avec les arrivées successives de plusieurs monstres en défense. « Il avait conscience qu’il était temps de partir pour continuer à jouer, et que dans un club comme Rennes, il pourrait apporter ce dont Paris n’avait plus besoin » , analyse Pierre-Fanfan, pour qui Armand a eu le mérite de « partir par la grande porte » sur un titre de champion. Au moment de son départ, le président rennais Frédéric de Saint-Sernin passe un coup de fil à Cayzac : « Tu penses quoi de Sylvain Armand ? » La réponse est sans équivoque : « Fonce, tu ne regretteras pas. » Un an et demi plus tard, le Stade rennais est visiblement satisfait de son acquisition, même s’il est peu probable que le défenseur central fasse neuf saisons en Ille-et-Vilaine.

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Tous propos recueillis par Nicolas Jucha

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