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Superligue : ce que Florentino Pérez nous réserve pour la suite

Par Pierre Rondeau
Superligue : ce que Florentino Pérez nous réserve pour la suite

La Superligue n’est pas morte. Elle est certes enterrée depuis avril dernier, mais ses partisans n’arrêtent pas de s’activer en coulisses. Alors que le monde du foot est en attente des conclusions de la Cour Européenne de justice, des personnalités du foot arment leurs arguments. Notamment Florentino Pérez, qui n’en a pas manqué une pour dire tout le bien qu’il pense de cette compétition.

Le débat dure et dure depuis maintenant quasiment dix-huit mois. On ne sait toujours pas si la chose va avoir lieu, mais les dirigeants du foot européen n’arrêtent pas de s’opposer sur la question de la Superligue. Des dissidents, en avril 2021, avaient tenté un premier putsch, avant qu’il ne soit écrasé par l’UEFA, remontée contre cette idée de compétition privée, autonome et fermée. Dorénavant, la balle est dans les mains de la justice, et devra statuer, d’ici la fin de l’année, sur la légitimité ou non d’une telle idée, sur la légalité ou non du monopole d’organisation des compétitions de l’UEFA.

Bataille dérangée

En attendant, tout le monde a l’air bien concerné et prépare ses arguments. Côté fédéral, on laisse l’impression que le droit de l’Union européenne, qui défend bec et ongles la concurrence libre et non faussée, devrait donner raison aux partisans de la Superligue. Certains s’en émeuvent déjà, en soutenant que toute la jurisprudence de l’UE continue de détruire le football, après l’arrêt Bosman de 1995. Alors on se prépare. La semaine dernière, lors du congrès de l’ECA, le syndicat européen des clubs, présidé par Nasser al-Khelaïfi, opposant à la Superligue, on annonçait la création d’une joint-venture entre l’UEFA et les 220 clubs de l’ECA chargée d’organiser et de négocier les futurs droits commerciaux des compétitions européennes. Il n’en fallait pas plus pour supposer que la fédération européenne, apeurée par les futures conclusions de la Cour de justice de l’Union européenne, tente de mettre le plus possible d’équipes dans sa poche en leur accordant ce que les gros avaient toujours demandé : un rôle prépondérant dans les décisions économiques continentales. L’UEFA s’achetait une crédibilité, en quelque sorte, en partageant son pouvoir avec l’ECA.

Côté dissidence, rien n’y fait : le Barça, la Juventus et le Real Madrid soutiendraient toujours le projet Superligue et attendraient patiemment la décision de la CJUE. Un modèle serait déjà prêt, avec l’idée d’une ouverture de la future compétition, où la qualification resterait sur le mérite sportif via les championnats nationaux, avec un meilleur partage des dotations financières et une équité respectée et renforcée entre les gros et les petits clubs. Pour Florentino Pérez, il faut clairement s’y préparer, ça va arriver. Dimanche 2 octobre, lors de l’assemblée générale du Real Madrid, il a en effet profité d’une tribune pour faire l’apologie de ce projet, en parlant longuement de l’avenir du football, de ses déboires, de ses problèmes, de ses turpitudes et des solutions pour corriger tout ce schmilblick. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que oui, la Superligue n’est pas morte. Elle ne l’a d’ailleurs jamais été.

Notre sport bien-aimé est malade, dans la vieille Europe, dans l’Union européenne et, bien sûr, en Espagne. Il est en train de perdre sa position de leader en tant que sport global dans le monde.

Pas assez de Federer-Nadal en football

Selon Pérez, le football européen va mal : « Notre sport bien-aimé est malade, dans la vieille Europe, dans l’Union européenne et, bien sûr, en Espagne. Il est en train de perdre sa position de leader en tant que sport global dans le monde. De nombreuses données et paramètres objectifs confirment cette situation. L’élément le plus inquiétant est sans doute que les jeunes s’intéressent de moins en moins au football. C’est une tendance que nous avons le devoir d’inverser avant qu’il ne soit trop tard. » Trop de matchs inintéressants, trop de rencontres ennuyeuses, trop peu d’affiches auraient fait fuir toute une partie du public. Et le phénomène serait croissant. « Les nouvelles générations privilégient d’autres types de spectacles et de divertissement, continue le boss madrilène. Je sais que vous en faites l’expérience à la maison, dans votre vie quotidienne. Leur intérêt se porte sur les plateformes en ligne, les jeux vidéo, les réseaux sociaux, et même cet intérêt se déplace vers d’autres sports. »

Pour Pérez, la solution pour remédier à cela ? La Superligue. « Nous pensons que les compétitions européennes jouées en semaine doivent évoluer afin d’offrir aux fans, tout au long de l’année et au plus haut niveau, des matchs où s’affrontent les équipes les plus fortes et les meilleurs joueurs du monde. Des matchs qui fassent revenir les jeunes au football, et ce, tout au long de l’année, et qui remettent notre sport à sa juste place. » Un exemple pour illustrer son propos ? Alors qu’en tennis, on a pu assister 40 fois en 15 ans à une affiche Federer-Nadal, un Liverpool-Real Madrid n’a eu lieu que 9 fois en 67 ans. « Quel intérêt y a-t-il à priver les fans du monde entier de ces matchs ? À titre de comparaison, si l’UEFA était en charge de l’organisation des compétitions de tennis, nous aurions à peine vu deux ou trois matchs entre Nadal et Federer en tout et pour tout. » Ainsi, il ne faudrait pas, contrairement à ce que prône l’UEFA depuis quelques années, aller vers plus de rencontres et plus de participants, mais, au contraire, resserrer et ne proposer que des grosses affiches, prestigieuses et populaires. « Le nouveau modèle de coupe européenne proposé par l’UEFA ne fera qu’éloigner davantage les amateurs de football et accélérer le déclin du football européen », prédit le magnat de la construction immobilière.

L’argent est toujours un argument

Autre argument, l’incapacité de l’UEFA à valoriser les compétitions européennes du sport le plus prestigieux au monde. Florentino Pérez : « Si l’on additionne les recettes des droits audiovisuels par saison de la Ligue des champions, de la Ligue Europa et des cinq grandes ligues européennes(c’est-à-dire la Liga, la Premier League, la Serie A, la Bundesliga et la Ligue 1, NDLR), il apparaît que le total cumulé de toutes ces compétitions, c’est-à-dire des sept principales compétitions européennes, a été dépassé pour la première fois dans l’histoire par les recettes audiovisuelles annuelles d’une seule compétition américaine, la NFL. » Pourquoi ? Parce que le foot US, comme le voudrait la Superligue, raréfie ses rencontres, réduit les affrontements en transformant chaque match en un évènement à part entière. « En NFL, 285 matchs ont lieu par saison. En revanche, pour les 7 compétitions européennes mentionnées, ce sont plus de 2000 matchs qui sont joués chaque année, compte Pérez. Le diagnostic de la maladie du football est clair : nous avons besoin d’une gestion professionnelle, moderne et transparente, adaptée aux défis globaux du monde d’aujourd’hui, et non basée sur de vieilles structures conçues au siècle dernier. Et nous devons offrir aux fans un produit de qualité et intéressant qui leur rendra leur enthousiasme et leur passion pour le football ». Pérez conclut alors en s’adressant à « la famille du football européen » et invite chaque membre à travailler en bonne intelligence avec « la société Superligue » afin de trouver des solutions pérennes pour « sauver le football ». Enfin, il rappelle la procédure de justice en cours à la CJUE et précise que dès que celle-ci aura statué, les travaux et les réflexions reprendront. L’histoire n’est donc pas terminée, et 2023 s’annonce agitée.

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